~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
J'étais une élève normale. Tout ce qu'il y a de plus normale. J'avais de bon résultats, puis je me suis orientée vers une filière littéraire, préférant ce domaine aux sciences (beurk les sciences !). J'avais quelques potes, mais pas de très bons amis. Disons que j'avais beaucoup de mal à accorder une confiance totale aux gens, m'ayant déjà prise d'énormes claques de la part de personnes que je croyais proches de moi. Avant le lycée, j'étais souvent charriée par d'autres élèves pour mes bons résultats. J'étais "l'intello" de service. Je préférais ne rien dire, me laisser faire, ce qui m'a rendue très méfiante et timide. Arrivée au lycée, les mauvaises langues me laissèrent tranquille (soit parce qu'ils étaient trop bêtes pour entrer au lycée, soit parce qu'ils commençaient à comprendre qu'il faut bosser pour réussir). Du côté de mes parents, c'était pas la joie. Ils divorcèrent quand j'avais 12 ans parce que ma mère a trompé mon père. La garde partagée a été décidée, et j'ai eu beaucoup de mal à trouver un terrain d'entente avec ma mère après tout ça. Je n'ai plus eu de réelle complicité avec elle depuis ce divorce, même si elle m'aime assez pour participer au financement de mes études. C'était dur de gérer les cours et la relation avec mes parents. Heureusement que j'ai toujours été proche de mon père, ça m'a aidée.

   ~ ES-TU HEUREUSE PRÉSENTEMENT?
Franchement, je suis plutôt heureuse. Avoir quitté le cocon familial m'a fait beaucoup de bien. Je me sens plus libre, je rencontre plus de monde, et je me rends compte à quel point ma solitude me pesait. Étant fille unique, je me sentais plutôt seule, malgré 3 ou 4 amis proches. A présent, je suis adulte, et je n'ai plus cette impression d'enfermement. C'est comme si tout devenait possible. Je téléphone régulièrement à mon père, et ma relation avec ma mère est toujours tendue, même si nous nous aimons. Je continue mes études et je viens d'arriver à White Oak pour ma dernière année de formation au métier de journaliste. Pour ne pas avoir à payer de logement, je travaille comme fille au pair chez Keira Opsington, qui est devenue ma meilleure amie. Aimant beaucoup écrire, je rédige de petits contes ou de courtes nouvelles. Mon imagination n'a pas disparu en grandissant ! Pianiste (depuis près de 15 ans) à mes heures perdues, je n'ai pas non plus abandonné ma passion pour la musique. Mais pour le moment, je me consacre un maximum au journalisme. Étant très sensible et engagée, je m'intéresse aux causes humanitaires, aux droits des hommes et des femmes, aux inégalités, au réchauffement climatique et tous les problèmes de ce genre. Je me tiens prête à participer à des manifestation et travailler comme bénévole dans des associations !

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Une fois mes études finies, je compte continuer dans le journalisme ; rédiger des chroniques, des articles, que ce soit sur internet ou dans les journaux. En ce qui concerne mes contes et mes nouvelles, j'aimerais bien les travailler encore un peu pour pouvoir éventuellement les publier. Pourquoi pas, hein ? Puis j'envisage sérieusement de me mettre à écrire un roman. Le terminer et trouver un éditeur serait le pied ! Voyager me plairait bien aussi... Mais je pense que je ne quitterai pas White Oak pour autant. Je m'y plais, et si je devais m'acheter une maison, ce serait ici. Quite à devoir me lever tôt le matin pour aller bosser à 70km. Côté cœur, j'ai plutôt peur de m'engager. Je ne suis pas sûre d'être à la hauteur pour la vie de famille, d'être une bonne mère et de savoir m'occuper d'enfants (même si je les adore), de pouvoir faire confiance à celui que j'aime... J'ai peur de ne pas pouvoir faire tout ça. Mais je suis encore jeune, j'ai le temps. Je me rassure en me disant ça.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Marine ÂGE: 17 ans PAYS: France PRÉSENCE: 5/7j minimum COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? un partenariat AUTRE CHOSE À AJOUTER? Brocoli

« Maman ?
- Oui, ma chérie ?
- Est-ce que tu aimes papa ?
- C'est compliqué, ma chérie... »
Papa avait fait sa valise et m'avait déposé un baiser sur le front avant de partir. Il n'a pas donné de nouvelles pendant plusieurs jours. Maman ne voulait rien me dire. Je sentais qu'elle respirait, mais qu'elle en avait honte. Finalement, papa m'a téléphoné. Je l'ai supplié de revenir. Il m'a expliqué que les choses n'étaient pas aussi simples. Que c'était compliqué. Que l'amour peut disparaître, et que dans ce cas, il est préférable d'arrêter pour ne pas empirer les choses. Je n'oublierai jamais le jour où papa est parti.

La faute n'était pas assez grave pour ne pas autoriser la garde partagée à ma mère. Une semaine sur deux, j'allais chez l'un ou l'autre. Je préférais largement aller chez mon père. Les disputes avec maman se multipliaient. Elle mettait cela sur le dos de la crise d'adolescence. Mais quelque chose s'était vraiment brisé entre elle et moi ; la confiance. Mon père essayait de me faire comprendre que ma mère ne m'avait jamais trahie en allant voir ailleurs. Mais je n'arrivais pas à penser comme lui. J'étais sans doute trop jeune. Qu'importe. Je n'oublierai jamais ce que ma mère a fait.

« Sors de cette maison !
- Pourquoi ?!
- Parce que tu me tapes sur les nerfs !
- Tu pourrais presque me demander de sortir de ta vie. »
Après le divorce, ma mère a beaucoup changé. Elle était plus sévère avec moi, moins présente, sortait plus et se montrait moins douce. Mais elle n'a jamais levé la main sur moi. Nos disputes devenaient parfois violentes, j'ai même fugué deux fois à cause de ces conflits. Elle me reprochait d'être ingrate, d'être égoïste... Accusations totalement fausses. Il n'y a pas plus altruiste que moi. J'ai essayé de parler plusieurs fois avec elle de nos problèmes, et aussi de la cause du divorce. Mais elle n'a jamais vraiment voulu coopérer, restant vague et s'énervant vite. Notre relation était des plus froides qu'on puisse imaginer. Je n'oublierai jamais cette période de ma vie.

« Hé ! Jade a encore eu 18/20 !
- Ah ! Intello !
- Elle a dû fayotter avec le prof ! »
Le collège n'a pas été une période facile. En plus des tensions à la maison, je devais recevoir des critiques d'autres élèves dans la journée et les encaisser. Je devais continuer de travailler et ne pas me laisser abattre par les jugements négatifs. Pour m'évader, j'aimais écrire des histoires, imaginer des choses, me demander comment serait le monde s'il n'y avait pas ça ou ça... Je prenais une feuille et un stylo et laissais libre cours à mon imagination. Et tous les soirs, je m'asseyais devant mon piano pour travailler des morceaux. Mélomane, j'aimais - et j'aime toujours - beaucoup ça. Je n'avais pas beaucoup d'amis, juste une fille un peu comme moi et un garçon plutôt gentil. Mon cercle d'amis s'est davantage étendu au lycée, mais aucun n'a jamais vraiment eu mon entière confiance. Je n'oublierai jamais que les gens sont capables de tout.

« Jade Elyse Meyer. Reçue mention Très Bien. »
J'ai poursuivis mes études dans une école de journalisme. Je m'en sortais plutôt bien. Je continuais d'écrire et de jouer du piano lorsque je ne travaillais pas. Je sortais, je me suis faite d'autres amis, mais encore une fois, je ne suis pas certaine d'avoir su leur accorder ma confiance. On s'amusait beaucoup ensemble, mais nous n'étions pas assez matures pour pouvoir se confier tout et n'importe quoi, je le savais très bien. Et comme mon père disait souvent : « Les vrais amis qu'on aura eu dans la vie se compteront sur les doigts d'une seule main. ». Aujourd'hui, le seul ami qui, j'en suis certaine, ne me trahira et ne m'abandonnera jamais, c'est mon père. Il n'y a personne d'autre. Sauf peut-être Keira Opsington...

« Bonsoir... Vous devez être Keira Opsington ? »
" Tu te souviens de ce jour où tu es venue sonner à ma porte ? Il neigeait, les flocons se déposaient dans tes jolis cheveux couleur d'or. J'ai croisé ton regard, et j'ai su immédiatement que tu aurais une place énorme dans ma vie. On était faites pour se rencontrer, mon âme cherchait la tienne. Ma fille t'a serré dans ses bras, et aussitôt tu étais adoptée. Tu vis avec nous, tu m'aides à l'élever et grâce à toi je retrouve un second souffle. Je me sens de nouveau en vie. Parce que tu me soulages de ma peine, mais aussi parce que tu es là. Ta seule présence suffit à m'apaiser, et ma présence t'apaise. Je suis la sœur que tu rêvais d'avoir, tu es la mienne. Pourtant tu ne resteras pas éternellement, nous le savons toutes les deux. Et j'ai peur, j'ai peur si tu savais, de voir venir le jour où tu me diras que tu dois partir loin de moi. Ce jour où tes yeux couleur de ciel ne croiserons plus les miens, ce jour où tu ne seras plus qu'un fantôme de mon passé. Viens, prend-moi dans tes bras, laisse moi pleurer au creux de ton cou et pleure avec moi. Nous sommes immortelles. "
Je n'oublierai jamais Keira Opsington.

Arrivée à White Oak pour ma dernière année d'études, je travaille aussi comme fille au pair. Je ne regrette pas. J'appelle mon père tous les jours et le vois parfois. Je sors de temps en temps avec ma mère, même s'il nous arrive encore de nous crêper le chignon. Mais j'ai gagné en maturité, j'ai à présent pris beaucoup de recul. Mes parents m'aident à financer mes études, et je suis plutôt gênée de constater que cela leur coûte cher. L'argent ne tombe pas du ciel, chez moi. Enfin. L'argent ne fera jamais mon bonheur.
Je n'oublierai jamais d'être heureuse.