have a break (nina)

› **inscription** : 21/06/2014

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nina ✧ joanne

Cette nuit, je n’ai pas dormi chez moi, mais chez Astrid. Heureusement que j’ai quelques affaires chez elle, sinon j’aurais dû courir jusqu’à mon logement, pour ensuite retourner en ville prendre un café avant de me rendre au stade. J’ai beau être sportive, cela ne m’aurait pas trop réjouie. Ma petite amie a déjà quitté son domicile pour se rendre à son boulot, moi je traine encore un peu. Mes horaires sont plutôt tranquille, notamment suite à ma blessure survenue il y a bientôt un mois. Ma préparation matinale n’est jamais longue, ce qui fait que j’ai toujours de l’avance. Si je n’avais pas la phobie d’arriver en retard, je mettrais mon réveil plus tard, mais c’est plus fort que moi. Je claque la porte derrière moi et me voilà partie pour le haven coffee.

Mes yeux parcourent le papier que j’ai entre les mains à la recherche d’une nouveauté, de quelque chose qui changera un peu mes habitudes matinales. Mais après plusieurs minutes à essayer de comprendre ce qui se trouve dans ces nouveaux cafés, je me résous à prendre la même chose qu’hier. Une fois ma commande passée, je patiente. Comme toujours ici, c’est un café réputé en ville et les commandes se font nombreuses. Les minutes passent et j’entends enfin mon nom être appelé, je paye et attrape ma boisson. Je m’apprête à quitter le café quand mon regard se pose sur une jeune femme au visage familier qui rentre dans la pièce. J’arrête ma course et je réfléchis quelques secondes, afin de retrouver quel nom se trouve sur ce visage. C’est au moment où elle arrive à mon niveau que mon cerveau fait tilt. « Nina ? » Cette jeune femme était dans la même école que Sacha et on s’est déjà rencontrée, à plusieurs reprises dans des soirées étudiantes.
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Nina s'étira alors qu'un rayon de soleil lui traversait le visage. « Hmmm » gémit-elle, à moitié endormie, à moitié agacée, avant de se retourner. Il fallait vraiment qu'elle demande à Edi d'installer des nouveaux volets, parce qu'elle n'arrivait jamais à fermer correctement les rideaux, de façon à ce que la chambre soit complètement dans le noir. Il y avait pire réveil que celui causé par le soleil, mais la blonde aurait autant préféré dormir un peu plus longtemps. Elle alluma son téléphone, pour remarquer qu'il était encore tôt, bien trop tôt. Elle n'avait pas cours de la journée et aurait donc eu tout le temps de faire une grasse matinée. Dans un énième soupir, Nina retira cependant sa couverture, ayant toujours du mal à se rendormir une fois bien réveillée. Elle noua ses longs cheveux blond platine en une queue de cheval et descendit dans la cuisine.

Le corps de Nina fut parcouru d'un frisson quand elle mit les pieds dehors. On était plus proche du printemps que de l'hiver, mais les températures n'étaient pas encore très hautes. Le Canada n'était pas au nord pour rien. La maison des enfants Plae - ou plutôt de la fille Plae, la demeure n'appartenant pas vraiment à Edi - n'était qu'à quinze minutes à pieds du centre-ville, et Nina ne prit pas la peine de s'y rendre en bus. Elle avait envie de prendre l'air, de marcher un petit peu. Elle n'était pas à proprement parler sportive, et même si elle était loin d'avoir besoin de faire un quelconque régime, elle savait qu'il fallait quand même qu'elle se ménage si elle ne voulait pas prendre du poids. À peine un quart d'heure après être sortie de chez elle, Nina tourna dans cette rue qu'elle connaissait bien. En réalité, elle connaissait toutes les rues de White Oak Station bien, pour y avoir grandi et vécu pendant dix-neuf ans, mais elle se rendait plutôt régulièrement dans celle-ci en particulier. Elle n'était pas une café addict, mais elle aimait se rendre au Haven Coffee le matin, histoire de bien commencer la journée. Elle y allait souvent avec des amis avant de se rendre à l'université, ou bien seule, quand elle n'avait pas cours. C'était une sorte de sas entre le sommeil de la nuit et l'éveil de la journée. Nina poussa la porte et, instantanément, la chaleur l'envahit. Elle esquissa un sourire, avant d'entendre son prénom. Elle fronça légèrement les sourcils, ne reconnaissant pas la voix, puis tourna rapidement la tête en direction de celle qui l'avait interpellée. Son sourire s'élargit alors, reconnaissant la jeune femme. « Joanne ! » Elle se dirigea vers elle et hésita quelques secondes, avant de finalement lui faire la bise. Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues. À vrai dire, Nina ne l'avait pas vue... depuis le décès de Sacha. Son expression s'aggrava légèrement, au souvenir. « Tu... tu vas bien ? » Elle baissa alors le regard sur le gobelet que la blonde tenait à la main. « Tu allais partir ? »

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Après avoir prononcé le prénom de Nina, j'ai peur de faire un léger flop. Qui sait, peut-être que mon imagination me joue des tours. Mais non, la jeune femme semble aussi me reconnaitre, ouf. Elle s'approche de moi et me fait la bise. « Je vais très bien. Et toi ? » Un large sourire vient se dessiner sur mon visage, alors que le sien s'efface légèrement. « Ça remonte à longtemps notre dernière rencontre. » Il ne faut pas se mentir. J'ai rencontré Nina grâce à Sacha et après son décès, j'ai pris un peu de distance. Il fallait que je prenne du temps pour moi et que je m'éloigne du monde qui l'avait fait sombrer au point de se tuer. La blonde ne tarde pas à me demander si je suis sur le point de partir, je porte alors mon regard sur mon gobelet. « Oui, je partais au travail. Mais si tu veux, on peut discuter un peu. Je suis toujours large le matin, de peur d'être en retard. » Il s'est passé beaucoup de trucs depuis la dernière fois, alors nous avons certainement beaucoup de choses à nous dire. Nous n'étions pas forcément meilleure amie avec Nina, mais j'étais toujours contente de la voir lors de fêtes organisées par le pensionnat, ça me faisait une tête familière. « Prends la boisson que tu veux, je te l'offre. » Je lui souris, une nouvelle fois. Comme je lui ai dit, je vais bien, très bien même et je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète pour moi. Sacha c’est désormais du passé, une très belle partie de mon passé, j’ai Astrid maintenant et même si la page a été dure à tourner, je vais mieux aujourd’hui. Pour que Nina puisse commander sa boisson, nous faisons toutes les deux la queue, derrière ces nombreuses personnes qui ne semblent pas encore réveillées. « Tu habites en ville ? » Je tourne mon visage vers elle, pour l’observer quand je lui parle. « Je ne t’ai jamais vu avant, enfin jamais en un an. Ou alors c’est que j’ai un rythme de vie particulier. » Je rigole légèrement. C’est vrai qu’avec mon métier, c’est parfois compliqué d’avoir la même vie que les autres. Généralement, je commence l’entrainement plus tard, j’ai mon après-midi de libre et je retourne au stade le soir pour un deuxième entrainement. Après, il faut rajouter à ça mes déplacements et mon temps passé avec ma petite amie. En fait oui, je crois que j’ai une vie un peu décalée de celle des autres.
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« Je vais bien aussi, merci » répliqua Nina quand la jeune femme lui retourna la question. Elle allait difficilement mal, après tout. Elle ne pouvait s'empêcher de positiver quoiqu'il arrive, même si elle admettait qu'elle avait bien le droit à quelques coups de mou, de temps en temps. Le sourire de Nina ressemblait plus à une grimace dorénavant, et elle eut soudain peur que Joanne croit qu'elle n'avait pas envie d'être là. C'était simplement que la dernière fois qu'elles s'étaient croisées, ce n'était pas pour la plus joyeuse des retrouvailles et la Plae ne pouvait pas s'enlever cette image de la tête. L'image d'une foule de personnes habillées de noir, d'une foule de personnes aux visages noyés de larmes. Nina n'aurait pas pensé que Sacha connaissait autant de monde, avait autant d'amis, mais après tout les gens se réveillaient toujours une fois que la personne n'était plus de ce monde. Joanne avait l'air d'aller bien, vraiment bien, mais Nina savait que l'on pouvait parfois facilement cacher son chagrin. Et si elle allait réellement bien -ce qu'elle espérait-, cela ne les empêchait pas de parler un petit peu. Au contraire. Nina était curieuse d'ailleurs de savoir comment la jeune femme avait fait pour remonter la pente. Lors de la tempête qui avait surgit à White Oak Station, à la fin de l'année passée, Nina avait failli perdre son petit ami. Leur relation était déjà un peu en suspens à ce moment, mais ils étaient quand même toujours très attachés l'un à l'autre -ils étaient à présent meilleurs amis- et elle avait bien cru que son monde allait s'arrêter, quand la mère du jeune homme avait appelé depuis les urgences. Et s'il était mort ? Comment aurait-elle pu se relever de ça ? « À très loin, oui » souffla Nina, pressée de changer de sujet. Elle était curieuse, avait envie de savoir comment Joanne s'était remis du décès de sa petite amie, mais elle n'était pas encore assez à l'aise pour lui poser des questions. « Si tu as le temps, oui, j'aimerais beaucoup. » Nina esquissa un léger sourire, mimant celui de la jeune femme. Cette dernière lui proposa de lui offrir un café et elle hocha la tête, se glissant derrière deux garçons qui faisaient la queue. Elle eut d'abord envie de refuser et de dire qu'elle pouvait se payer son café elle-même, mais elle avait horreur quand elle proposait à quelqu'un de lui payer telle ou telle chose et que ce quelqu'un refusait, par simple politesse. Joanne reprit la parole et sa question l'étonna ; pas tant parce qu'elle trouvait inconcevable qu'elle ne sache pas la réponse, mais parce que c'était tellement logique pour elle. « J'habite ici, oui. Depuis que je suis née. » Elle rigola légèrement, son malaise s'effaçant peu à peu. « J'ai une maison à Fairmount District. Enfin je te rassure, elle est à mes parents. Mais il n'y a que moi qui l'habite. » Et mon frère. Mais Joanne n'était pas obligé de savoir. « Toi aussi tu es de WOS, j'imagine ? » C'est vrai qu'elles ne s'étaient encore jamais croisées, en un an. Peut-être qu'elles avaient été dans la même boutique au même moment, mais sans le savoir. Il n'avait pas manqué grand chose ce matin pour qu'elles ne se remarquent même pas. L'une qui part cinq minutes plus tard de chez elle, l'autre qui attend trop longtemps que le feu du passage piéton passe au vert. Les rencontres ne se jouaient à rien. « Qu'est-ce que tu fais pour avoir un rythme comme ça ? Tu n'es pas étudiante ? » Au fond, la question était un peu bête. Si Joanne avait été étudiante, elles se seraient forcément croisées à l'université.

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La dernière fois que j'ai vu la jeune femme remonte à plus d'un an maintenant, à l'enterrement de Sacha. Ce n'est pas le meilleur souvenir que j'ai d'elle, c'est sûr, mais c'est la dernière image que j'ai. Après ça, j'ai tracé un trait sur cette période de ma vie, je me suis petit à petit éloignée des personnes du pensionnat, de tous les amis de mon ancienne petite amie. J'avais besoin de faire le point, d'oublier que mon premier amour avait préféré se droguer, plutôt que de passer du temps avec moi. Je lui propose de rester quelques minutes avec elle, le temps de discuter un peu. Elle accepte et nous nous engageons dans la file d'attente pour éviter de se faire piquer une place supplémentaire. Le temps je l'ai, surtout en ce moment. Je reprends tout juste l'entraînement suite à mon entorse et mon emploi du temps est aménagé entre les séances de reprises musculaires et les séances avec le kinésithérapeute. Je lui demande si elle habite en ville, car nous n'avons jamais eu l'occasion de nous revoir. Elle répond à ma question qui semble d'ailleurs un peu idiote. « Vraiment ? Tu habites à Fairmount District ? » C'est dans ces moment-là que l'on peut dire que le monde est petit. Elle me retourne la question initiale que je lui ai posée. « J'habite également à Fairmount District. Dans une maison qui est plus ou moins la mienne. » Mon métier me permet d'avoir une grande maison sans avoir à payer un loyer élevé, il est payé pour moi. « C'est dingue ça. On habite dans le même quartier et on n'a jamais eu l'occasion de se voir ! » Je lui souris. Il faut avouer que le quartier est large et que je ne connais même pas mes voisins, alors si elle habite à plusieurs rues de la mienne, c'est tout à fait normal que nous ne nous soyons jamais vues. On continue d'attendre dans la file et elle me questionne au sujet de mon occupation. Elle mentionne mon rythme de vie qui je l'avoue, n'est pas du tout ordinaire. « Non. Je suis sportive professionnelle. Je fais du football. » Je souris à mon interlocutrice. Ça aussi, ce n'est pas ordinaire. Et puis, souvent ça surprend un peu les personnes, ils n'ont pas l'habitude de voir une femme faire du foot. « Je sors de blessure, alors mon planning est un peu allégé, c'est pour ça que je suis là d'ailleurs, j'ai le temps.» C'est enfin notre tour. Je reste un peu en arrière le temps que Nina passe sa commande, puis, une fois le moment venu, je me rapproche et paye la boisson. Nous attendons quelques minutes, le temps que sa commande arrive et nous nous dirigeons vers l'une des nombreuses tables disponibles. « Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ? Tu étudies à White Oak Station ou tu es toujours dans une école à l'extérieur de la ville ? » Je porte pour la première fois depuis ma commande mon café à mes lèvres.
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« C'est vrai ?! C'est fou qu'on ne se soit jamais croisées, alors ! » Alors comme ça, Joanne habitait aussi à Fairmount District. Certes, le quartier était assez étalé, mais quand même ! Comment s'étaient-elles débrouillées pour ne pas se voir une seule fois en un an, alors qu'elles n'habitaient sûrement pas à plus de trois rues d'écart ? Joanne semblait avoir une occupation prenante et Nina ne passait elle-même pas sa vie dans les rues de Fairmount District, puisque soit elle était à l'université, soit elle travaillait chez elle, soit elle voyait des amis à l'extérieur, généralement au parc, mais bon, la blonde était quand même étonnée de n'avoir pas croisé la jeune femme davantage. « Faudra qu'on remédie à ça, alors ! » lança-t-elle ensuite, enjouée, avant d'ajouter « Tu passeras à la maison, un de ces quatre. » Elle avait proposé ça comme ça, sans réfléchir. Les deux filles n'étaient pas particulièrement proches, mais Nina se moquait un peu de ça, à vrai dire. Elle n'avait pas besoin d'avoir fait un pacte de confiance à la vie à la mort pour inviter quelqu'un chez elle ; et heureusement. « Peut-être que j'organiserais une petite soirée, un jour ou l'autre. » Elle avait cette idée depuis plusieurs jours, et elle avait de plus en plus envie d'en faire une. Elle ne savait pas si Joanne était toujours dans cet esprit-là et, elle réalisa quelques secondes plus tard que cette histoire avec Sacha l'avait peut-être complètement dégoûtée des soirées étudiantes ; mais Nina n'était pas comme Sacha, elle ne se droguait pas, et ses amis non plus. Si elle organisait une soirée ce serait quelque chose de simple, avec de la musique pour danser et un peu d'alcool, bien sûr, mais certainement pas la grande débauche à coup de comas éthyliques et overdoses. C'était loin d'être la tasse de thé de la Plae ; et quand bien même ce le serait, ses parents seraient vite mis au courant, et cela voudrait dire adieu à la maison gratuite et à tous les avantages qui lui accordaient, ce que Nina ne souhaitait vraiment pas. « Du football ? C'est génial, ça ! » Elle n'avait jamais connu l'occupation de Joanne à vrai dire, elle avait toujours cru qu'elle étudiante, comme elle, comme Sacha. Il fallait croire que non. C'était vraiment amusant de savoir qu'elle faisait du football parce qu'à première vue, si elle avait dû lui attribuer une profession, elle aurait bien vu la jeune femme styliste, parce qu'elle s'habillait toujours très bien. Après, cette réflexion était plutôt clichée, il fallait l'avouer ; mais le contraste entre son apparence très féminine et son métier de footballeuse était d'autant plus intéressant. (Un cliché supplémentaire, d'ailleurs ; en quoi être footballeuse ne serait-il pas féminin ?) « Oh mince, qu'est-ce que tu t'es fait ? » lui demanda-t-elle, lorsqu'elle lui précisa qu'elle sortait d'une blessure. C'était les risques du métier, sûrement. Nina commanda ensuite sa boisson, un café glacé comme elle aimait bien, une fois l'hiver passé, et laissa Joanne payer, légèrement gênée. Elle murmura un merci, avant d'aller s'asseoir sur une table. « J'étudies ici, à WOS, à l'université. J'ai presque fini ma deuxième année de mathématiques ! » Deux ans... deux ans qu'elle avait quitté l'internat, deux ans qu'elle étudiait à White Oak Station. Elle n'arrivait pas à réaliser que le temps passait si vite. « Je n'ai encore aucune idée de ce que je vais faire avec ça, mais on verra bien. » Elle pouffa légèrement avant de reprendre « Et toi, tu sais ce que tu vas faire après ? Enfin je veux dire, les sportifs de haut niveau ont une retraite assez tôt, non ? » Pour tout dire, le métier de la jeune femme l'intéressait et l'intriguait. Elle ne connaissait absolument pas ce milieu et était curieuse de savoir comment cela se passait, au sein du sport professionnel.

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Nina semble aussi étonnée que moi quand je lui annonce que j'habite dans le même quartier qu'elle. C'est vrai que Fairmount District est grand, mais de là, à ne jamais se voir, c'est un peu fou. Peut-être que si je me rends à l'une des réunions du quartier, j'aurais d'autres surprises. Après tout, je me rendrais sûrement compte que je connais plus de voisins que je l'imagine. Très enjouée, la jeune blonde me propose de passer un jour. D'abord surprise par sa proposition, je finis par accepter, ça me fera voir de nouveaux visages. Elle enchaîne et ajoute qu'elle ferait bien une petite fête. Dois-je comprendre que j'y serais invitée ? Je n'ai plus fait de fête avec les personnes de l'internat depuis que Sacha nous a quittés, je n'ai jamais eu le courage d'y remettre les pieds. Mais bon, il faut évoluer et maintenant cette histoire est du passer, il faut arrêter de la remettre toujours sur le tapis. « Ça fait très longtemps que je n'ai pas revu toutes les personnes de l'internat ! Tu es la première. » Alors que la file se réduit, je lui annonce que je suis footballeuse professionnelle et je vois la surprise dans son expression de visage. C'est souvent la réaction que ça entraîne, c'est un métier peu commun qui a des avantages et des inconvénients. Quand j'annonce à Nina que je sors de blessure, elle s'y intéresse et me demande ce que j'ai eu. « J'ai eu une mauvaise réception. J'ai dû me promener en béquilles pendant trois semaines à cause d'une entorse. » Je grimace légèrement. Je commence à avoir l'habitude maintenant et tant que ça reste des entorses, ça me va. La jeune femme commande et nous partons nous installer à une table. Des mathématiques ? Quel courage elle a ! Je me rappelle que c'était l'une des matières que je n'aimais pas du tout. Alors que je vais lui demander ce qu'elle compte faire par la suite, elle m'annonce qu'elle n'en a aucune idée. « Des mathématiques ? Tu es courageuse quand même ! » Elle rigole doucement et j'en fais autant. Très vite, elle s'interroge à mon sujet. Tout le monde sait que l'on ne peut pas être sportif professionnel toute sa vie, c'est un métier qui demande beaucoup d'effort et à partir d'un certain temps, le corps ne suit plus. « Oui, tu as raison. Mais j'espère pouvoir jouer encore un peu, je n'ai que vingt ans après tout. » Je sais très bien que ce n'est pas un métier qui m'emmènera jusqu'à mes cinquante ou soixante ans. « Le plus tard sera le mieux. En plus, je ne sais pas trop quoi faire après. Une fois mon diplôme de fin de lycée obtenu, j'ai arrêté d'aller à l'école, donc je n'ai pas beaucoup de qualification. » Mes parents avaient toujours mis cette limite, si je voulais faire du football mon métier, je devais au moins finir le lycée. « J'aime cuisiner, mais je ne sais pas si cela me conviendra pour la suite et puis, j'ai le temps de me retourner. Être footballeuse m'a permis de mettre pas mal d'argent de côté. »
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« La première ? Eh bé. C'est marrant, on est pourtant toutes à White Oak. » Nina esquissa un sourire tout en prenant une nouvelle gorgée de son café. Cela lui faisait toujours étrange de se rendre compte à quel point les relations venaient et repartaient. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elles avaient été réellement amies, les filles de l'internat et Joanne, mais elles avaient tout de même fait plusieurs soirées ensemble et s'étaient bien entendues à chaque fois. Elles avaient bien dû se croiser une ou deux fois en ville aussi, pendant les vacances. Et à présent, elles se retrouvaient après deux années complètes sans s'être vues, alors même qu'elles vivaient toutes au même endroit. « Quand on se fera cette soirée, ça sera l'occasion pour toi de les retrouver ! » Nina était enjouée à l'idée d'organiser une soirée chez elle. Il faudrait qu'elle prévienne ses parents bien sûr, mais elle était persuadée qu'ils seraient d'accord. Elle s'imaginait déjà organiser tous les préparatifs en compagnie d'Abi et Jadyn, qui se feraient très certainement un plaisir de l'aider.

Nina mima la grimace de Joanne quand le sujet dériva vers son métier et plus particulièrement sur la blessure qu'elle s'était faite. Une entorse, ce n'était jamais agréable. Nina en avait sûrement eu une quand elle était petite, mais rien de comparable avec ce que la jeune femme avait dû subir. La conversation changea de thème une nouvelle fois, basculant vers les études de Nina, puis vers leur avenir respectif. « Oh tu sais, tu peux toujours reprendre des études après coup. Du moment que tu as le bac, c'est le principal ; et encore. Il y en a, des personnes "âgées", qui reprennent des cours de cuisine sur le tard. » Travailler dans la cuisine devait très certainement être difficile, au niveau des horaires en décalé avec le reste du monde, mais ce devait être aussi très intéressant. « J'espère que tu trouveras ce que tu veux faire, mais en effet si tu as de l'argent de côté tu auras le temps de retomber sur tes pattes. » À peine avait-elle finit sa phrase que son téléphone sonna. « Excuse-moi » murmura-t-elle. Elle décrocha et porta l'iPhone à son oreille. Elle hocha la tête à plusieurs reprises, s'étonna une ou deux fois, demanda à son interlocuteur si c'était vraiment nécessaire, puis raccrocha en soupirant. Elle prit une demi-douzaine de gorgées d'un coup, se brûlant un peu au passage, avant de reposer son gobelet de café peut-être un peu trop brusquement sur la table. « Je suis désolée, je vais devoir y aller. Mon frère a un problème et va savoir pourquoi, il n'y a que sa petite sœur qui puisse l'aider. » Nina secoua la tête, désabusée. « On essaie de ne pas mettre trop longtemps avant de se revoir ? »

rp terminé

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