~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Elle n'était ni bonne ni mauvaise. Ayant perdu mes parents à treize ans, à partir de là je me suis renfermée, je suis devenue très mystérieuse, plus froide, plus dure, plus distante, et je sais que personne ne m'appréciais. Mais au fond, je crois que personne ne s'apprécie réellement. Les trois quart étaient des menteurs invétérés, le seul petit truc c'est que eux avait toujours un petit tic qui les trahissaient alors que moi j'étais excellente à ce petit jeu. Ils cherchaient à tout savoir, ils auraient voulu que j'expose ma vie pour mieux pouvoir se moquer de moi sans doute, après tout vous connaissez autant que moi la cruauté des hommes. Ne croyez pas ce que l'on vous dis. Les années de lycée ne sont pas les plus belles de votre vie, vous avez les mêmes emmerdes qu'au collège, avec un stress de plus, bref, rien ne change vraiment. Et pour les moins chanceux d'entre vous, prenez garde... un viol est vite arrivé. Je le sais. Je suis passée par là.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Oui et non. Oui parce que j'ai presque réalisé mon rêve, et non parce... et bien justement, mon rêve n'est réalisé qu'à moitié, mais aussi parce que j'ai perdu mes parents et que, même si depuis le temps j'aurai dû cicatriser, ce n'est toujours pas le cas. Je n'ai pas eu droit à une enfance normale. Tant d'élèves disaient vouloir se débarrasser de leur parents alors que moi, je savais qu'ils ne diraient sûrement pas cela si leurs propres parents étaient morts. Quant à mon rêve qui est à moitié accompli, et bien... il ne me manque que New York et tout sera parfait de ce côté.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Je me vois à New York, avec ma fille. Je me vois sur une scène de Broadway, à la même place où se tenait Barbra, en impressionnant le public par ma voix. Je me vois seule, dans une grande maison, seule, mais aussi heureuse que je peux l'être compte tenu des circonstances. Je me vois célèbre, mais pas prétentieuse comme d'autres stars peuvent l'être. Je me vois moi, Phoebe Lea Parker, la même et pareil, l'unique, mais cette fois, je me vois à ma véritable place.

Je m'appelle Phoebe Parker. Je suis née à New York, dans le Queens, lors d'une belle soirée de décembre, et j'ai grandis là bas. Que vous dire de mon enfance ? J'avais une vie calme et paisible, tout allait bien. Je savais déjà ce que je souhaitais faire plus tard, être l'une des plus grandes vedettes de Broadway. Mes parents n'étaient pas d'accord. Selon eux, je n'avais que très peu de chance d'y parvenir, et peut-être est-ce vrai dans le fond, je n'en sais rien. Mais ils ont dû reconnaitre au fil des années que j'étais pourtant faite pour cela. A l'âge de huit ans, je chantais déjà de manière remarquable, sans vouloir me vanter. Seule la danse me posait problème, mais je m'acharnais à apprendre, car je savais pertinemment que l'un ne va pas sans l'autre, qu'on le veuille ou non. Bref, les années ont passées et au final, mes parents m'ont encouragée dans ma passion, ils m'ont payé des cours de chant ( et un peu de danse ), ils m'ont laisser m'inscrire aux clubs du lycée tout allait bien. Et puis... un jour, mes parents et moi avons eu un grave accident de voiture. Mon père est mort sur le coup et ma mère a été brûlée au troisième degrés. Evidemment, elle n'a pas passé la nuit. De mon côté j'ai eu plus de chance... du moins c'est qu'on dit. J'ai été éjectée de la voiture, je ne sais comment, mais je m'en suis sortie avec une jambe cassée et un poignet en miette, plus quelques égratignures. Mais je ne me considère pas chanceuse pour autant, j'aurai préféré mourir aussi ce jour là. Mais le destin en a décidé autrement visiblement... Et ce jour là, les derniers mots que j'ai prononcé à ma mère avant qu'elle ne meurt est " je t'aime ". Je devais avoir... treize ans à l'époque. Bref, depuis ce jour là, je suis incapable de dire je t'aime à quelqu'un peut-être... par peur de perdre cette personne aussi, je n'en sais trop rien. J'ai aussi une peur panique des voitures, même si je ne l'ai jamais avoué à quiconque. Alors je me force à conduire, à monter dans un bus, à laisser quelqu'un me conduire d'un point à un autre, mais au fond de moi je suis complètement paniquée. Il en va de même pour les hospitaux, je me sens très mal à l'aise là bas. Bref, pour en revenir où j'en étais, je suis restée quelques jours à l'hospital après la mort de ma mère, le temps de me rétablir. Lorsque j'ai enfin pu sortir, j'ai été envoyée chez ma grand mère maternelle, toutefois, n'étant plus en mesure de s'occuper d'une adolescente, elle m'a envoyé chez ma tante, à White Oak Station. Pratique quand on pense que Broadway est à New York... Enfin bref, elle m'a accueillie chez elle et m'a bien aidée à surmonté la perte de mes parents. Lorsque j'avais 15 ans, j'ai été droguée et violée. Et oui, disons que être rebelle ne m'a pas toujours été bénéfique, mais cela m'a rappeler ce que je ne devais jamais baissé la garde, ce que j'avais pourtant fait ce jour là. Et voilà le résultat... comme si ma vie n'était pas assez merdique. J'ai accouché l'année suivante, lors de mes 16 ans, en janvier... et j'ai gardé l'enfant. Une ravissante petite fille, Jennifer Barbra Parker. Comme... toute ma vie depuis la mort de mes parents, je l'ai cachée. Je n'en parle pas, je prétend que j'ai abandonné mon enfant à la naissance pour ceux qui savaient que j'étais enceinte, et je n'en parle jamais, même si elle est la chose la plus précieuse que j'ai, même si pour l'avoir, j'ai dû être traumatisée un peu plus. Et maintenant ? Et bien... je continue, je m'accroche, et... je survie.