walk baby !

Camping : Activité touristique qui consiste à vivre en plein air dans une tente. Ouais c'était donc bien ça que j'allais faire avec Tobias pendant ces deux jours. « Je veux visiter la région », « oh les montagnes sont vraiment belles avec cette luminosité », « oh la vue doit être magnifique de là-haut », il faudrait vraiment que j'apprenne l'art de me taire n'empêche. Dormir dehors à la belle étoile, oui bonne idée sur le papier, mais en vrai, je venais de Chicago et de Philadelphie moi, les seuls « campements » que j'avais fait lors de mes spring breaks au lycée, c'était autour d'un lac pour faire un peu la fête et sans vraiment dormir. Peu importe, ces deux jours étaient prévu depuis quelques temps, et puis ça me permettrait de discuter avec Tobbie, qui j'espère saurait mieux camper que moi ! Sinon, et bien nous n'étions pas rentrés.
La journée venait seulement de commencer, et j'attendais tranquillement sur le parking : notre point de rendez-vous habituel. Oui je n'avais toujours pas de voiture, faute de ressources économiques, et puis ça ne m'était pas indispensable ! Puis entre-nous qui veut une voiture quand on a un Morgenroth sous la main ? Ouais une voiture, il faut passer les vitesses, la faire réparer, la radio ne marche que de temps en temps. L'avantage avec un Tobias, il parle et gentil, et ne grésille pas même lorsque l'on passe sous les ponts, que pourrait-on demander de plus ?
Un grand sourire aux lèvres, mon pantacourt, mes chaussures de randonnées et mon sac à dos poser à côté de moi, j'étais totalement prête, et plutôt fière, je ne ressemblait pas à un touriste du dimanche. On pourrait même se méprendre et croire que j'avais randonné toute ma vie, bien que l'illusion allait vite être détruite. Le soleil commençant à chauffer l'atmosphère, j'entendis une voiture tourner au coin de la rue, et aperçu un jeune homme blond au volant.

made by pandora.

Tu ouvres la fenêtre de ton salon et tu respires un bol d'air frais. Tu adores faire ça, le matin, à l'aube, alors que la ville est endormi et que toi, non. C'est une toute autre ambiance, que tu as tendance à apprécier davantage à celle de fin d'après-midi, où tout le monde rentre du boulot en faisant pétarader son quatre-quatre, aussi inutile en ville que des poumons pour un poisson. Ça pue l'essence et la pollution et les gens font un boucan infernal, avec leurs klaxons. D'ailleurs, c'est à cette heure-ci que le bar commence à se remplir, mais ce n'est pas encore les meilleurs clients, les plus agréables et ceux qui donnent le plus de pourboires. Ce sont les pères de famille fatigués de leur journée de travail, qui rouspètent contre leurs patrons qui les ont énervé toute la journée et contre leurs femmes qu'ils n'ont pas envie de revoir. Au moins, vous en avez une.

Une femme, la quarantaine, peut-être moins, t'as imité et, tout comme toi, a sorti la tête par la fenêtre de son appartement, en face du tien. Tu croises son regard et tu lances un Salut, accompagné d'un hochement de tête. Elle sourit à son tour et te rend le bonjour. Son mari arrive, il l'embrasse et tous deux quitte l'encadrement de la fenêtre. Tu souris. Apparemment, ce sont de nouveaux locataires, car celle qui logeait là-bas avant, bien qu'elle soit du même âge environ, te donnait envie de vomir. Chaque matin, elle se penchait - oui oui, penchait - à la fenêtre et lorsque tu avais le malheur d'aller respirer un coup, elle s'empressait de mettre sa bouche en cul de poule et de remonter sa poitrine en plaçant son bras juste dessous. Tu trouvais ça absolument pathétique et tu es ravi qu'elle a décampé.

Après quelques minutes supplémentaires, tu refermes le battant. Tu avales la fin de ton jus d'orange et te passes la main dans les cheveux. Une demi-heure de préparation plus tard, te voilà fin prêt pour les deux journées qui t'attendent, en compagnie de Sólveig, une fille que tu avais d'abord rencontré en Islande avant de la retrouver ici, à White Oak Station. Vous aviez déjà bien sympathisé à l'époque, mais vous étiez devenus plus proches encore maintenant. La blonde te fais rire, par sa simplicité et sa façon de dire les choses. Pour la faire marrer et puis, parce que la voiture est assez vieille pour que tu te le permettes, tu fais crisser les pneumatiques, en freinant pile devant elle. Tu baisses la vitre et, avec un air volontairement dragueur et les yeux mi-fermés, tu lâches En route bébé. Tu baisses et hausses les sourcils à plusieurs reprises et tu souris. Toujours aussi con.
T'es prête pour deux jours de marche INTENSE ?
Tu regardes en coin ton amie, guettant sa réaction.
Bon, aller, je te fais pas durer le suspens plus longtemps. Je rigole. Enfin non pas que la marche intense ne me plaît pas, plutôt qu'au vu de tes mollets pâles, toi tu ne dois pas trop apprécier.
Tu t'esclaffes de rire et redémarres à toute vitesse.

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