parfum d'étoiles.
abigail & thybault
Étendu sur la chaussée Thybault, tu contemples le ciel de tes yeux de gamin. Contemple les cieux de tes prunelles, gamin. T'es perdu, déchu, déçu. Toi et tes rêves qui miroitent à ton esprits, vous vous languissez d'un mal intérieur dont t'es bien incapable de te défaire. Petit garçon au coeur amoureux, douloureux. Il t'en es arrivé des choses depuis le début de l'année, et pourtant tu patauges encore dans cet océan. Y'a eu ce drôle de baiser, un peu hasardeux, ces longs regards qui voulaient dire tant de choses. Et puis y'a eu des blancs, des chutes, des sauts de falaises et t'es perdu Oman. T'as des mèches rousses, des mèches de feu plein les yeux, t'as ses yeux verts qui t'éclabousse, et ses lèvres mauves qui t'effarouche. T'as peur Thybault, peur de te perdre là dedans, de t'engager pour mieux te faire jeter. T'y crois pas à ces moments utopiques auxquels t'as eu droit, t'y crois plus à ses prunelles qui te faisaient roi. Dans ton coeur subsiste ce désert solitaire. Agnes n'est pas à toi.

Et toi t'es là, couché sur l'asphalte froid de février, à tenter vainement de te réchauffer en comptant les minutes passer. Quatre heures du matin. Et le froid de l'hiver qui te transit les os. Du haut du ciel tu vois les étoiles descendre. Cette pellicule blanche qui se dépose sur tes lèvres froides, bleuies. Les flocons qui s'éparpillent autour de toi, s'accrochant à tes mèches noires, à tes cils glacés et à ta peau frissonnante. Agnes c'est ton flocon. Ton instant froid, frémissant, frissonnant, au creux de tes doigts, et toi Thybault, toi plus encore t'es le flocon d'Agnes. Le garçon fragile, fébrile, ton corps frissonnant au moindre contact, ta peau s'étiolant sous ses doigts plus aguerri. Agnes c'est un flocon, un ciel, une galaxie. Et toi dans tout ça t'en perd la raison, au milieu des vapeurs d'alcool, couché sur l'asphalte, le bitume, collé au ventre de la terre. Et t'entend que ça gronde sous toi. Que ça se rapproche. La voiture qui gronde, les phares qui s'allument, qui lèchent le bitume. Lentement mais sûrement ça s'approche.

Et toi t'es là, couché sur le bitume, à compter les minutes qui passent et les flocons qui s'écrasent. 

parfum d'étoiles.
thybault & abigail
Les yeux fixés sur la route, Abi laisse s'échapper un bâillement. Elle jette un coup d'oeil à l'heure qu'affiche l'horloge de la voiture : quatre heures du matin. Elle n'a qu'une seule hâte, c'est de rentrer chez elle, enfiler un pyjama et rejoindre son lit. La soirée a été longue. Deux de ses copines se sont prises la tête tout au long de la soirée pour une histoire de garçon, une autre était déprimée et plombait l'ambiance de tout le monde, la musique était pourrie, les nouveaux talons d'Abi lui faisaient un mal de fou aux pieds... Et comme elle était la conductrice désignée, elle n'avait ni pu partir avant que tout le monde en ait envie, ni pu boire quelques verres pour rendre tout ça moins pénible. Heureusement, plus que deux petites minutes et elle sera à la maison. Elle appuie sur les boutons de la radio, à la recherche d'une bonne chanson pour l'aider à rester réveillée. Concentrée à changer de poste, elle oublie la route quelques instants. Puis, lorsqu'elle lève le regard, elle aperçoit quelqu'un couché au beau milieu de la rue. Elle appuie brusquement sur les freins, son coeur sautant quelques bonds au passage. Heureusement, la personne se trouvait à plusieurs mètres encore devant. Affolée, elle se gare sur le côté de la rue et sort du véhicule. Elle coure en direction de la personne, se demandant si elle est blessée ou un truc du genre. « Oh mon dieu, ça va? Qu'est-ce que vous faites là! » Une fois qu'elle s'est rapprochée, Abi arrive à distinguer le visage de ce garçon couché au bout milieu de la rue. « Thybault? » Elle se penche à côté de lui, curieuse de savoir ce qu'il fait ici, à cette heure et surtout, à cette température.  

parfum d'étoiles.
abigail & thybault
Le moteur gronde toujours au dessus de toi. Monstre de ferraille aux yeux brûlants. Pourtant t'as plus peur Thybault quand les pas se rapproche et que cette voix résonne dans la nuit. « Oh mon dieu, ça va? Qu'est-ce que vous faites là! » T'as un sourire idiot qui s'échappe de tes lèvres. Suivit d'un rire. Un rire nerveux provoqué par la bouteille de vodka qui t'échappe des doigts pour aller rouler un peu plus loin. Déchet de l'humanité. « Thybault? » Un nouveau rire égratigne tes lèvres. « C'est moi. » T'es dans un délire que toi seul perçoit. Pauvre gamin au coeur décroché, au palpitant disloqué. Tu te redresses maladroitement pour lever tes yeux ambrés, pétillant d'une fausse lucidité vers les mèches couleurs de blés qui te contemplent. Tu lèves un main qui s'écrase dans le vide pour aller taper le bitume au lieu de l'hallucination que tu viens d'avoir. Non Thybault, tu n'allais pas checker Abigail. « Hé Abi. Beauté. Mais qu'est ce que tu fais là ? » Tellement éméché que t'en as déjà oublié que c'était elle qui t'avais trouvé là. « Dis donc ça caille un peu tu trouves pas ? » Et ce sourire hagard qui germe au coin de tes lèvre alors que les spasmes alcoolisés te donnent déjà des hauts le coeur.

Spoiler:

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thybault & abigail
Abi est là, à s'inquiéter qu'il lui soit arrivé quelque chose, qu'il ait fait un malaise ou quelque chose comme ça. Et Thybault lui, qu'est-ce qu'il fait? Il rit. Elle ne comprend plus rien, Abi. Puis sa confusion s'estompe un peu lorsqu'elle entend une bouteille de vitre rouler à côté de lui. Il en reste moins de la moitié. Elle espère qu'il n'a pas bu tout ça à lui seul, mais son regard et ses mouvements maladroits semblent indiquer que oui. « Je m'apprêtais à rentrer. » Elle ne peut s'empêcher de trouver toute cette situation très drôle. C'est la première fois qu'elle voit Thybault dans cet état. Mais elle est aussi un peu inquiète pour lui, on ne boit pas une si grande quantité d'alcool tout seul comme ça, à moins d'avoir quelque chose qui nous rend si malheureux qu'on a besoin de l'oublier. « Dis donc ça caille un peu tu trouves pas? » Elle acquiesce et s'assoit à côté de lui, posant son bras autour de ses épaules, espérant que ça les aidera un peu à se réchauffer. Puis elle se penche et attrape la bouteille de vodka un peu plus loin, avant d'en prendre une gorgée. Tant pis pour sa voiture, elle pourra toujours rentrer à pied. « Alors, tu veux bien me dire ce qui te met dans cet état? » Elle le regarde droit dans les yeux, tentant de lui témoigner toute sa compassion. Il peut tout lui dire, elle espère qu'il le sait.

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abigail & thybault
Elle s'inquiète la jolie blonde. S'inquiète pour toi. S'inquiète pour ce petit bout de garçon qui ne tourne plus très rond. Tu pousses un long soupire alors que ses bras remplis d'une douceur amer se posent sur tes épaules. Douceur amer d'un manque crevant. Elles sont où putain les filles douces, les filles gentilles, les filles qui t'échappent à toi, pauvre môme. Elle imite tes gestes la jolie poupée Abi. Elle boit avec toi, comme pour te dire tout bas t'inquiète plus, maintenant j'suis là. On est deux et tout ira bien, tu verras. Mais tout ne va pas bien, ça tourne dans ta tête, ça papillonne dans ton ventre gamin. « Alors, tu veux bien me dire ce qui te met dans cet état? » Tu voudrais bien. Mais ça se vide dans le creux de ta poitrine à ce moment là. Pourquoi t'es comme ça ? Parce qu'Agnès ne veut pas d'toi. « Le tambour Bee. Le tambour là dedans. » Et t'imites ce tambour qui fait sursauter ta poitrine. T'imites ce gong qui te dérange, ce coeur brûlant qui se resserre un peu plus à chaque instant. Tu lui souris bêtement à cette poupée de velours qui recouvre tes épaules. Tu lui souris bêtement, et bêtement ça dévie, de ses yeux de Colombine à ses lèvres carmins. « Dis Bee ? Tu m'fais un bisous ? » Gosse a la langue déliée par l'alcool. Pourquoi tu te mets dans cet état ? Tu l'oublies pas Agnès, tu la vois toujours, ses yeux fauves au loin. Mais ce soir, ils sont loin, très loin, distancés par le goût virulent de la vodka. Ils sont beaucoup trop loin. Et devant toi y'a Bee, la jolie poupée aux cheveux miel. Et à Abi tu lui souris comme un pauvre con.

Spoiler:

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thybault & abigail
Les yeux toujours fixés sur Thybault, elle l'écoute attentivement. « Le tambour Bee. Le tambour là dedans. » Il pointe son coeur en disant cela et en le voyant ainsi, Abi ne peut s'empêcher de se ressentir une immense vague d'empathie pour lui. Elle sait pas pourquoi, ça lui brise le coeur de le voir dans cet état. Il dégage tellement de bonté, d'amour, le petit qu'on ne peut pas lui vouloir du mal. « Ah, mon pauvre. C'est difficile d'avoir un grand cœur comme le tien, mais faut pas que tu laisses quiconque changer ça, ok? Je détesterais te voir devenir un connard, t'es beaucoup trop bien pour ça.  » Elle plonge de nouveau son regard dans ses jolis yeux bruns. Elle est très sérieuse. Elle sait bien que les filles sont plus facilement attirées vers les mauvais garçons, ceux qui font semblant de se foutre d'elle, mais ça ne dure jamais très longtemps. Au final, ce qu'elles veulent vraiment, c'est un garçon comme Thybault. Qui a plus d'amour à donner qu'il n'en a pour lui-même, qui ferait tout pour celle qu'il aime, peu importe si elle le mérite ou non. Sauf qu'à force de se faire malmener, Abi a peur que son pauvre petit coeur ne soit plus capable d'offrir cela et qu'il se referme, devienne lui aussi un con comme les autres. Elle reprend à nouveau une gorgée de vodka et dépose la bouteille assez loin pour que Thybault ne puisse pas l'atteindre facilement. Elle se dit qu'il en a eu assez. « Dis Bee ? Tu m'fais un bisous ? » Elle sourit et approche ses lèvres de sa joue, où elle dépose un baiser. « Comme ça? » qu'elle lui demande, l'air malin et un petit sourire en coin. Elle n'est pas certaine que ce soit de ce type de bisou qu'il parlait, mais c'est ce qui lui paraissait le plus approprié pour l'instant. Elle sait que c'est l'alcool qui parle pour lui et même si elle n'a aucun problème à aller plus loin elle, elle ne voudrait pas que lui le regrette plus tard.

Spoiler:

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abigail & thybault
« Ah, mon pauvre. C'est difficile d'avoir un grand cœur comme le tien, mais faut pas que tu laisses quiconque changer ça, ok? Je détesterais te voir devenir un connard, t'es beaucoup trop bien pour ça.  » Il grimace un peu le gamin. Oui c'est dur Bee. C'est dur parce que personne le voit à part toi. C'est dur de pas se laisser aller à la facilité de cette société qui n'a rien d'autre dans les yeux que les dollars et les paillettes, les gonzesses et les body builders. C'est dur de vivre dans un monde où l'apparence à un prix et où la profondeur des sentiments est relégué au second plan. Sa grimace se transforme peu à peu en un léger sourire. Un sourire de gosse bienveillant. Il voudrait aussi lui dire merci Bee. Mais l'alcool dérive dans ses veines, faisant de Thybault ce drôle de mec pas très réglo, un peu déviant, un peu rigolo. Qui demande des bisous aux filles. Des vrais bisous, des bisous d'amour. Elle fait semblant de pas piger la jolie blonde. D'être ailleurs, pas dans le même monde. Celui de la réalité, des deux pieds ancrés, parallèles et sans avoir de défauts. « Comme ça? » Il secoue doucement sa tête de pantin, de droite à gauche comme un enfant prix en faute. Non Bee. Plus que ça. Et il lui dit, souriant de ses lèvres malicieusement retroussées. « Non Bee. Plus que ça. » Il la laisse pas faire, il se saisit du fin menton de la poupée, de ses doigts maladroits, engourdis d'alcool. Il effleure ses lèvres, il sombre dans les étoiles, ça se dérobe dans son esprit alors que son souffle se perd un peu. Il a onze ans, il embrasse pour la première fois. Il en a vingt bien passés, et c'est toujours le même effet.