literal hell
   you were a vision in the morning when the light came through.

c'était le soir, déjà tard. il y avait mia et lula qui jouent, sagement. lui, il fait semblant d'bosser, comme d'habitude. pourtant ils sont seuls. mais ben doit veiller sur ses sœurs. parce que maman travaille, comme toujours. parce que papa est au bar, comme toujours. alors ben, veille au grain. l'regard protecteur sur ses sœurs. il est peut être insolent et rebelle mais la famille, ça a toujours compté, pour lui. protéger les siens. ses sœurs, sa mère. les protéger d'son père. celui qui rentre toujours ivre, toujours irrité. celui qui lève le poing facilement, contre n'importe qui, pour n'importe quelle raison. et c'est pour ça, que ben n'a pas encore fait l'mur pour rejoindre ses potes au skate-park. pour être là quand il va rentrer. pour protéger sa famille. et il a raison, parce que son père rentre, quelques heures plus tard, en titubant. le visage marqué par les stigmates de l'alcool. ce visage, qu'il connait si bien. et son sang n'fait qu'un tour. c'est ces jeunes sœurs endormies contre lui qu'il réveille rapidement. aller s'cacher, n'pas faire de bruit, puis aller se coucher. scène qu'elles connaissent, trop bien. alors que l'homme s'approche, menaçant. fils ingrat, qu'il dit. pas mieux qu'lui. qu'il aurait jamais du garder. tout ça, c'est la faute de sa conasse d'mère, qu'il répète. gamin qui s'lève, rugissant, la colère brûlant son cœur. la rage. parce que sa mère mérite mieux. parce que ses sœurs méritent mieux. ferme-là putain. tais-toi. il rugit, le lionceau. son petit poing qui frappe son père. trop fragile, face à l'homme, qui abat déjà son poing, lui aussi. sonnant l'gamin, plus ou moins. têtu, trop pour le laisser tituber jusqu'aux escaliers. paniqué, c'est finalement une bouteille cassée sur l'crâne de son paternel qui l'arrêtera. pour la soirée. une de plus. parce qu'il a refusé qu'il touche ses sœurs, sa mère. il a dit que ça serait lui, qui prendrait les coups. personne d'autre.

il y'a eu maria, juliette, sarah, sia, tahlia. et toutes celles dont il ne se souvient guère. celles qui se sont perdues dans sa mémoire, trop souvent embrumée par trop d'choses. et puis il y a eu zoé. petite brune, plus jeune. rebelle, elle aussi. il l'avait trouvée magnétique, dès l'premier regard. c'était mal, parce que c'était une proie facile. une brebis égarée, en mal d'amour, en manque d'attention. trop facilement tombée dans ses bras. et pourtant il adorait ça. elle. son regard azur. son expression sauvage, si différente. elle était encore fragile, plus ou moins. et pendant un long moment, ça a été bien, entre eux. les premiers joints, les quelques shots égarés. les vêtement éparpillés. lui, il était parti d'chez lui depuis de nombreuses années. veillant sur ses sœurs, toujours. mais d'plus loin. s'enfonçant dans les vices offerts par la vie. profitant allégrement de tout c'qui pouvait lui offrir un morceau d'utopie. et zoé, c'était ça aussi. un morceau d’inaccessible. d'une jolie vie. ils étaient jeunes, ils étaient cons. sombrant trop souvent dans la drogue, dans l'alcool. s'aimant à coups d'reins, soufflant la fumée âcre d'un joint, au lieu d'souffler des "je t'aimes". et puis, ben, éternel fugitif, a recommencé. il s'est tiré. lui a dit, qu'entre eux c'était fini. que c'était sympa mais qu'il était lassé. c'était pas vraiment vrai. juste un prétexte. quelque chose comme ça. un moyen de s'enfuir. de pas affronter celle qu'il commençait à trop apprécier.

les souvenirs sont pas morts. ils sont toujours là, enfouis. pas si profondément. il se souvient encore, du parfum d'ses cheveux. du goût de ses lèvres. de la chaleur d'son frêle corps, contre le sien. mais y'a tout le reste. sa vie, partie en lambeaux, depuis longtemps. son corps dépendant d'trop choses. de chaleur féminine. d'alcool mexicain. d'herbe hollandaise. le corps rongé par les remords, peut être bien. par la vie de débauche qu'il mène. ses soeurs qu'il aime, plus que tout. capable de tout pour elles. casser la gueule des garçons qui s'approchent de trop. surveiller leurs consommations. après tout, il faut bien que quelqu'un s'en occupe. qui d'autre, sinon ? parce que c'est resté comme un vieux vice, la violence. imprimé dans ses poings, sous sa peau. comme si ça pouvait tout résoudre. hausser la voix, lever les poings. comme si ça pouvait tout lui rendre, l'amour de zoé, les années perdues à vagabonder.
et peut être bien que c'est pour ça, qu'il a décidé d'se barrer loin de vancouver. c'est pour ça, qu'il a décidé de la rejoindre. d'aller lui dire, qu'elle lui manque. que sans elle, c'est plus pareil. que sans zoé, il est plus vraiment ben.