THESE ARE THE BADLANDS
my ghost, where did you go ?

billie blue.

Elle était la plus belle. Du moins c'est ce que son père ne cessait de lui répéter. Billie, tu es la plus belle des princesses. Et son sourire venait toujours illuminer son visage poupin, alors qu'elle se tenait fièrement devant la glace. Aujourd'hui, c'était son jour. Elle était la princesse, le centre de l'attention de tout-un-chacun. C'était son anniversaire et elle avait enfin l'âge de raison ; elle passait le cap des sept ans. Alors elle devait être la plus belle d'entre toutes. En face d'elle se tenait une petite fille légèrement potelée, les pommettes maculées de taches de rousseur et des longs cheveux bruns ondulés qui dégringolaient dans son dos. Son reflet dans le miroir lui sourit. Oui, elle était belle. Pas aussi belle que les canons de beauté le voudrait, pas aussi belle que toutes ces mini-miss élues dans chaque état d'Amérique et du monde. Mais elle était belle, attachante. Elle avait cette étincelle dans le regard, cette lueur de malice qui n'appartient qu'aux enfants dont l'innocence n'a pas encore été prise. Ce moment où, dans la vie d'un être humain, le Bonheur n'est pas entaché de ce que la vie peut faire subir. Elle fit un tour sur elle-même, admirant sa belle robe rose. Elle était vraiment jolie, parce qu'elle avait des paillettes sur le col et les manches. Elle poussa un soupire avec toute la dignité des grandes dames et se jaugea une dernière fois dans le miroir, avant de sortir de sa chambre. Leur appartement ne payait pas de mine. Un vieux T3 en plein Harlem. Mais elle aimait cet endroit. C'était son chez-elle. Elle alla retrouver toutes ses amies dans le salon. Son père avait vraiment fait les choses en grand. Un magnifique gâteau rose et bleu l'attendait sur la table, entouré de bonbons, de bouteilles de soda et surtout : de cadeaux. Tout sourire, elle s'avança d'un pas gracieux parmi les invitées. « Bonjour les filles ! » Celles-ci vinrent la serrer dans les bras et lui souhaiter un joyeux anniversaire. Même Jessica. Billie n'aimait pas Jessica. Et c'était réciproque. Sauf qu'il ne fallait pas en avoir l'air. Alors chacune était au final, très bonne amie avec l'autre. Billie s'installa en bout de table. Elle avait très faim et toutes ces friandises lui faisaient de l’œil. C'est à ce moment que son père décida d'entrer dans la pièce, un appareil photo à la main. « Allez les filles, ont fait cheese ! » Toutes les princesses posèrent autour de la table et Mr. Richfield prit la photo, tout sourire. « Vous êtes magnifiques ! Et Billie, tu es la plus belle des princesses. » A cette remarque, Billie eut un sourire éclatant de joie. Son père et elle étaient très proches. Et il adorait sa petite fille plus que tout au monde. Il ferait n'importe quoi pour elle. Les autres filles souriaient aussi, car elles savaient que c'était le jour de Billie. Et elles respectaient cela. Toutes, sauf Jessica, évidemment. La petite blonde attendit que le père de famille quitte la salle pour étouffer un rire moqueur, tandis que Billie plongeait sa main dans le sachet de M&M's. « Tu devrais faire attention Billie, parce qu'à ce rythme là tu ne seras bientôt plus la plus belle des princesses... » Elle haussa un sourcil, un rictus ornant ses fines lèvres. Jessica, elle, correspondait plus à la petite fille parfaite. A la poupée barbie à qui tout va. A la petite fille qui joue dans les films qu'on regarde le dimanche à la TV, ou le matin sur Disney Channel. Billie eut du mal à avaler ses M&M's. Elle avait plutôt très envie de pleurer, toutes les friandises restant bloquées dans sa gorge. Mais elle ferma les yeux, contenant ses larmes. Elle sentait le regard de toutes ses petites camarades jauger sa réaction. Elle ne laisserait pas à Jessica le plaisir de la ridiculiser le jour de son anniversaire. Oh ça non. « Une princesse mange ce qu'elle veut. Et ça ne la rendra pas plus ou moins belle. Donc si t'es moche en mangeant des brocolis, c'est très triste pour toi. En attendant, moi je vais pas me priver, parce que dans mon royaume, on mange tous les M&M's qu'on veut d'abord. Et puis t'es plus autorisée dans mon royaume. T'es pas une jolie princesse. » Jessica aussi avait envie de pleurer maintenant, mais Billie avait retrouvé le sourire. C'est drôle, parce qu'elle n'avait que sept ans, mais elle avait déjà compris ce que signifiait la véritable beauté. Malgré les apparences, Billie n'a jamais été superficielle. La beauté a toujours été celle que l'on ne voit pas. Celle cachée à l'intérieur.

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Elle n'avait pas vraiment le droit d'être ici. Pas dans ce quartier qui était le sien, pas dans cette rue mal fréquentée et encore moins dans la file d'attente de ce bar à l'aspect miteux. Une poubelle était éventrée juste à sa droite et des affiches déchirées masquaient une partie du mur de brique rouge qui servait d'enceinte au bâtiment. Le vieux néon indiquant l'emplacement du New Orleans grésillait et éclairait que très faiblement la foule de gens s'amassant devant l'entrée. C'était bientôt à leur tour de passer et Billie serra la main de sa mère un peu plus. Elle avait peur, mais n'osait pas le dire. Pour entrer dans le bar, il fallait descendre une volée de marches crasseuses puis traverser une court couloir sombre, avant de passer une porte tenue par un vigile d'une taille impressionnante. Celui-ci fronça les sourcils en voyant arriver Billie, qui n'était qu'une enfant, au final. Mais elle était la fille de Mr. Richfield, et elle venait d'avoir dix ans. Elle avait maintenant droit d'assister, ne serait-ce que pour une fois, au spectacle de son père. Lorsqu'elles passèrent la porte, ce fut comme un choc pour elle. L'atmosphère du lieu était tout simplement magique. Il faisait sombre, mais la pièce était éclairée de néons roses et bleus. C'était si beau ! Des gens en chemises et en robes moulantes se pressaient devant elle, cherchant une place, commandant un verre. L'air était saturé de vapeurs de cigare et de cigarettes. Elle trouvait ça à la fois vulgaire et chic. Elle adorait. Leurs places étaient réservées au premier rang, où elles partageraient une table à deux juste devant la scène. Quelques minutes plus tard et le jazz bar était plein à craquer, et le spectacle pouvait commencer. Un pianiste ouvrait le bal et Billie fut totalement transportée par la mélodie. En plus, elle avait droit de boire un de ces cocktails de jus de fruits et de sirops très chers. Elle su à cet instant qu'aucun instrument ne pouvait la faire vibrer comme le piano. Elle avait déjà appris à jouer de la guitare depuis ses six ans, et elle adorait ça, mais elle voulait maintenant se mettre au piano. Le musicien suivant était son père. Bien sûr, elle l'avait déjà écouté jouer du saxophone, mais là, ce fut une expérience totalement différente. Magique. Chaque note la faisait vibrer, chaque couleur la faisait voyager. Elle était comme dans un rêve. Une utopie. Voilà ce qu'elle voulait faire plus tard. Ce n'était ni un métier, ni un lieu. C'était juste une sensation. Elle ferait n'importe quoi pour la retrouver.

hurricane.

Billie s'installait pour son premier cours de maths de 7th Grade. Elle détestait cette matière plus que toutes les autres. Elle n'aimait déjà pas l'école de base, mais les mathématiques constituaient sa pire crainte. Elle avait l'impression que son cerveau bloquait dès que son regard rentrait en contact avec des chiffres. Ou des symboles. Bref, c'était pas son domaine de prédilection et elle appréhendait toujours les cours de maths, en particulier ceux de début d'année, quand le professeur n'était pas encore habitué à son niveau catastrophique et qu'il s'imaginait encore qu'il pouvait faire quelque chose pour elle. Elle s'assit donc à une table un peu excentrée, placée sur le côté droit, au quatrième rang. Là, elle tenterai de se fondre dans la masse. L'enseignant arriva pile à l'heure, la porte s'ouvrant au beau milieu de la sonnerie. Ce détail ne lui plu pas vraiment, car il témoignait de l'exactitude militaire donc faisait preuve son futur bourreau, qui serait par conséquent quelqu'un d'exigeant. « Bonjour à tous ! Je suis Mr. Johnson, votre nouvel enseignant de mathématiques. » L'estomac de Billie se noua en entendant le nom de la matière. L'année allait être longue. « J'aimerais d'abord avoir une idée générale de votre niveau d'ensemble, donc je vais me permettre de poser aléatoirement des questions à chacun de vous. J'espère que vous n'y verrez aucun inconvénient. » La panique s'empara soudain de la jeune Richfield. Elle n'allait pas y réchapper. Ça allait forcément tomber sur elle. Elle croisa les doigts et tenta de prendre un air décontracté, afin que Mr. Johnson ne voit pas directement à quel point elle était en mauvaise posture. « Commençons pas... Mr. Kidd. Question facile d'abord : qu'est-ce qu'un hypoténuse ? » Facile ? Même à cette question Billie n'aurait pas pu répondre. Elle serra le poing pour se détendre et penser à autre chose. En vain. « Le côté le plus long d'un triangle rectangle Monsieur. » L'enseignant hocha la tête d'un air impassible. Seul un maigre sourire poli adoucissait les traits de son visage. « Exactement. Mais aussi le côté opposé à l'angle droit du triangle rectangle. » Billie fit mine de chercher un stylo sous sa table pour éviter le plus possible de croiser le regard du professeur. Ce dernier inspecta la liste des noms et lança : « Mlle Richfield maintenant. » Il la chercha du regard dans la classe et celle-ci se releva tant-bien que mal de dessous son bureau. Son cœur battait vite. Très vite. « Pouvez-vous me citer le théorème de Pythagore ? » La panique. Elle se souvenait bien avoir entendu parler de ce gars-là quelques fois, mais de là à se souvenir de ce qu'il avait bien pu dire... « Je sais pas Monsieur. » Le conserner poussa un soupire. « Allez, faîtes un effort, je sais que vous le savez. » Déjà quelques rires se firent entendre au fond de la salle. « Je ne sais pas, désolée. » Nouveau soupire. Nouveaux rires. « Ça risque d'être problématique... Vous viendrez me voir à la fin de l'heure, je vous prie. Mr. Bradford, à vous maintenant. » Si Billie pouvait disparaître dans le mur à côté d'elle, elle le ferait. Elle se sentait si mal, si honteuse en cet instant. Et les regards moqueurs braqués sur elle ne l'aidaient pas vraiment. Elle avait parfois l'impression d'être une blague pour beaucoup. Tout le monde savait que les cours, c'était pas son truc. Tout le monde la pensait complètement stupide, juste parce qu'elle n'était pas scolaire et qu'elle aimait un peu trop les magazines people. Et il n'y avait pas que ça. On la charriait souvent sur son physique aussi, la jugeant parfois un peu trop potelée. Elle tâchait d'ignorer la critique mais, bien sûr, ça l'atteignait à chaque fois. Elle devait également vivre avec le rejet des communautés noire et blanche. Elle était blanche de peau, alors la communauté noire de son collège ne la considérait pas comme une des leurs. Mais son métissage bloquait la communauté blanche. Au final, Billie était extrêmement seule. Elle avait des amis, bien sûr. Des gens qui ne la jugeaient pas et qui l'aimaient telle qu'elle était. Mais elle n'était pas heureuse. Parce que trop de gens autour d'elle ne supportaient pas la différence. Sa différence. Il ne s'agissait que d'appartenir à un groupe, une entité. Même les gars du club d'échec se soutenaient les uns les autres. Elle n'était qu'un pion isolé, victime facile pour tous les abrutis en quête de popularité. Mais elle restait forte, refusant de leur donner une victoire facile. Seulement elle avait déjà perdu au fond d'elle. Sa confiance en soi avait disparu et elle peinait à s'accepter telle qu'elle était. A se découvrir comme tous les jeunes font à cette époque. Parce qu'on ne lui en laissait pas la chance.

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« Oh pardon, excuse-moi. Je regardais pas où j'allais et... » Billie se redressa tant bien que mal après avoir percuter une inconnue dans un restaurant. En réalité, elle ne lui était pas si inconnue car quelques temps plus tôt, elle était au même collège qu'elle. Mais les années avaient passé et, maintenant que Billie était en dernière année, à l'âge de quatorze ans, la jeune fille, Hanna si ses souvenirs étaient bons, devait être en deuxième année de lycée. C'était une fille extrêmement jolie. Des longs cheveux bruns lui descendaient en cascade dans le dos, elle était relativement mince et athlétique et était toujours parfaitement maquillée, détail que Billie regardait souvent chez les femmes. Elle avait aussi l'air bien plus heureuse que lors de son passage au collège. « Y a pas de souci Billie, je regardais pas non plus. » Billie haussa les sourcils, surprise qu'elle connaisse son nom. Elle se contenta de lui rendre son sourire, et les deux jeunes filles passèrent leur chemin. Billie alla ensuite retrouver son petite groupe d'amis avec qui elle avait rendez-vous. Ils se saluèrent, commandèrent à boire et, en attendant que leurs boissons arrivent, discutèrent un peu. « T'as vu comme elle a changé Hanna ? » « Oui ! Je l'avais pas reconnu au début. » « A une époque j'voulais trop sortir avec elle en plus, mais elle ne m'a jamais calculé. » « Haha, pauvre Josh. Mais t'inquiète, t'aurais eu aucune chance de toute façon. J'ai entendu dire qu'elle était gouine. » Billie, qui n'écoutait que distraitement la discussion, tortillant ses cheveux nouvellement roses entre ses doigts, fut ramenée à la réalité par ce dernier mot. Un mélange étrange d'émotions l'envahit soudain. « Dis pas ça, Elsa, c'est super péjoratif comme terme. » Billie était d'accord. Bien qu'elle conservait son silence, tâchant d'analyser tous les sentiments contraires dont elle était victime, elle était profondément agacée par le terme employé par son amie. Celle-ci se contenta d'hausser les épaules. « Si tu le dis. » Le regard de Billie se perdit dans le vague. Outre son agacement, elle se sentait étrangement... euphorique ? Comme si on venait de lui annoncer une bonne nouvelle. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Le serveur arriva avec leurs verres et elle profita de l'occasion pour s'éclipser aux toilettes. Ils étaient vides et elle se posta en face du miroir. Que penser ? Elle sentait que quelque chose en elle voulait sortir, une vérité qui se dissimulait dans ses entrailles sans qu'elle puisse mettre le doigt dessus. Il fallait croire... Qu'elle était d'une façon ou d'une autre heureuse d'apprendre qu'Hanna aimait les femmes. Le pire c'est que rien n'était sûr. Mais pourquoi serait-elle heureuse d'une telle chose ? Elle devrait s'en moquer, prendre l'information comme si on lui avait dit que la reine d'Angleterre n'aimait pas les spaghettis bolognaise car ça lui causait des problèmes de digestion. Mais elle se sentait soudainement... Moins seule ? Il est vrai qu'elle avait parfois eu des doutes sur elle, sur ce qu'elle aimait. Mais jamais elle ne s'était imaginé pouvoir être réellement attirée par les femmes. Pour elle, elle était purement hétérosexuelle. Ouverte d'esprit, mais uniquement attirée par les hommes. Et ses petits écarts de conscience n'étaient dus qu'aux hormones, ou à des conneries comme ça. Mais pourquoi était-elle heureuse d'entendre une chose pareille, dans ce cas ? Peut-être... Peut-être qu'elle avait toujours refusé d'ouvrir les yeux et d'accepter la vérité. Peut-être... La vérité la frappa alors avec une telle force qu'elle eut du mal à respirer pendant quelques secondes. C'était maintenant si évident. Elle était bisexuelle. Jamais elle n'y aurait pensé. Elle pensait même que les bisexuels n'étaient qu'une bande de gens qui voulaient s'essayer à de nouvelles choses. Mais maintenant elle comprenait que ce n'était pas le cas. Elle comprenait que c'était quelque chose qui avait toujours fait partie d'elle sans qu'elle ne l'accepte. Un large sourire s'empara de ses lèvres alors qu'elle s'acceptait enfin pour qui elle était. Elle n'avait qu'une envie : retourner auprès de ses amis leur dire la vérité, afin qu'ils l'accepte, eux aussi, pour ce qu'elle était réellement. Mais c'était étrange et elle ne pouvait pas débarquer comme ça. Ils ne comprendraient pas. Et puis elle se demandait toujours si le fait que c'était Hanna, dont on parlait, qui changeait quelque chose, ou non. Elle l'avait toujours trouvée jolie mais, y avait-il plus ? Billie poussa un profond soupire, tâchant d'évacuer tout ce mélange d'émotions et de questionnements. Aujourd'hui était un grand jour pour elle. Le jour où elle pouvait enfin se regarder dans la glace sans mentir.

my ghost.

Hanna sourit à pleines dents tout en remettant une des mèches bleues de Billie derrière son oreille. Cela faisait maintenant un mois qu'elles se voyaient en cachette. C'était assez étrange comme situation. Billie s'était finalement rendue compte qu'elle était homoromantique, c'est-à-dire qu'elle n'éprouvait de sentiment qu'envers les femmes. Elle s'était également découvert des sentiments pour Hanna, qu'elle avait recroisée plusieurs fois dans ledit restaurant, ou dans d'autres lieux, comme à la piscine municipale. Elles avaient fini par créer un lien solide toutes les deux, sans jamais en parler à personne. Il ne s'était jamais rien passé, Billie n'osant pas faire le premier pas. Mais elle sentait que ce jour était différent. Qu'elles ne pouvaient pas continuer ainsi indéfiniment. Alors, n'écoutant que son cœur, elle se pencha jusqu'à ce que ses lèvres touchent celles d'Hanna. Un baiser simple, court, chaste. Elle ne voulait pas la brusquer. Elle n'était sûre de rien. Quand elle se redressa et jaugea la réaction de la jeune fille, elle remarqua tout d'abord sa surprise. Peut-être qu'elle s'était trompée, qu'elle s'était fait des films dans sa tête, comme à chaque fois et qu'Hanna, malgré les rumeurs, n'était pas du tout attirée par les femmes. Mais un sourire amusé vint rapidement s'emparer de ses lèvres, et elle glissa une main dans la chevelure bleue de Billie, avant de l'embrasser à la fois tendrement et passionnément. Billie sentit son cœur avoir quelques ratés mais elle savoura l'instant, avant qu'Hanna ne les sépare. « Tu voulais essayer un truc ? », demanda-t-elle avec ce même sourire amusé. Billie ne su pas vraiment quoi répondre, alors elle pris un air malicieux. « Ça fait un moment que je voulais essayer ce "truc". » Hanna pouffa légèrement de rire. « C'était amusant. » Billie n'aurait pas forcément employé ce terme mais bon... « Oui. » Hanna s'étira avant de s'allonger sur son lit, le regard rivé au plafond. « Au moins maintenant je sais que je suis purement hétérosexuelle ! » ... Billie eut l'impression qu'un mur de brique venait de lui rentrer en pleine face. Elle avala avec difficulté et tenta vainement de garder contenance. « C'est sûr. » Elle poussa un léger rire nerveux qui aurait certainement dû mettre la puce à l'oreille d'Hanna, mais celle-ci ne remarqua rien, ou du moins fit tout comme. Billie se mordit la lèvre avec violence. Elle avait très envie de pleurer mais tâchait de contenir ses larmes. « Je vais te laisser... » Hanna se redressa, surprise. « Déjà ? » Avec un sourire gêné, Billie se leva et se dirigea vers la porte, son sac sur l'épaule. « J'ai un exo de maths et je bloque dessus alors faudrait pas que je tarde trop. » « A bientôt alors. » Hanna lui lança un sourire triste en la regardant quitter la pièce. Billie, quant à elle, se sentait tout simplement stupide. Stupide d'avoir cru aux rumeurs. Stupide de l'avoir laissée rentrer dans sa vie et dans son cœur. Elle ne commettrait pas la même erreur une seconde fois.

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Elle ne parvenait pas à détacher son regard de la vieille télé posée contre le mur. Elle n'avait rien de spécial et pas grand intérêt, mais elle faisait partie d'un ensemble, de chez elle. Billie tenait à se rappeler de tous les détails de chez elle à la perfection. Parce que d'ici quelques minutes, cet appartement ne serait plus que son lieu de résidence secondaire, pendant les vacances. La vie au collège avait été bien trop désagréable pour qu'elle retrouve les mêmes personnes au lycée aussi. Alors Billie et sa famille avaient suivi toutes les procédures pour permettre à la jeune fille d'obtenir sa double-nationalité canadienne et de poursuivre sa scolarité dans la province de l'Alberta, au Canada. Elle irait dans un pensionnat mixte près de la petite ville de White Oak Station. Elle ne connaissait personne là-bas. Ni même qui que ce soit dans cet immense pays. Billie allait être seule. Elle perdait en quelques sortes ses amis, sa famille, toute sa vie à New-York. Elle n'était pas prête, mais elle n'avait pas le choix. « Allez Billie, papa vient de mettre tes valises dans la voiture. Il est l’heure. » Sans un mot, Billie jette un regard triste sur sa mère. Elle a vieilli depuis que Billie était petite. Elle n'avait jamais fait attention, mais la peine exprimée sur son visage en faisait ressortir toutes les rides. Le temps avait passé si vite. Aucune d'elles n'avait fait attention. Et maintenant elles seraient séparées par des kilomètres de terres inconnues. Elles allaient vivre, évoluer, changer l'une sans l'autre et ne se reconnaîtraient peut-être pas à l'arrivée. La page serait tournée. Et plus rien ne serait jamais comme avant. Toutes deux avaient la gorge serrée mais aucune ne se laissait gagner par les larme, afin de ne pas faire craquer l'autre. Après ce long regard, Mrs. Richfield reprit la parole. « Tu vas louper ton avion ma chérie. » Au fond c'est ce qu'elles désiraient toutes les deux. Que Billie rate l'avion. Mais il fallait être forte. Alors Billie se leva lentement et poussa un soupire chargée de tristesse. Elle se dirigea vers l'entrée, la main de sa mère se posant tendrement son ses épaules et l'incitant à continuer, elle jeta un dernier regard sur sa maison. Sur son enfance.

hold me down.

Mr. Wilson posa la feuille sur son bureau et Billie eut l'impression qu'il lui jetait une enclume. D-. Voilà la note qu'elle venait d'avoir à son dernier contrôle de sciences appliquées. Elle ferma les yeux un instant, encaissant le coup. « Vous feriez bien de vous ressaisir Mlle Richfield. Vos notes ne cessent de chuter. » Elle soupira en un petit sourire gêné. Elle avait honte de son niveau, de devoir toujours se justifier. Et ses parents qui se ruinaient pour elle, malgré leur prêt. « Je sais Mr Wilson, je fais vraiment ce que je peux. » Mais l'enseignant était déjà partit rendre sa copie à un autre élève, affichant un sourire poli et désolé. Billie prit sa copie et la regarda de plus près. Elle était couverte d'inscriptions en rouge. Elle la reposa d'un air las sur son bureau, ne comprenant pas pourquoi elle avait autant de difficultés. Elle ne se sentait pas plus bête qu'une autre. Elle n'y arrivait tout simplement pas. Au moins personne ne se moquait d'elle dans son nouveau lycée. On la prenait parfois en pitié, mais c'était toujours mieux que quarante regards moqueurs fixés sur elle. La cloche sonna quelques minutes plus tard et elle sortit parmi les derniers, n'ayant pas le moral au plus fort. Elle se dirigea vers son casier, ses cheveux argent flottant derrière elle alors qu'elle tenait ses affaires serrées contre sa poitrine. Elle sentit alors son portable vibrer contre sa jambe et s'arrêta près du mur pour le sortir. C'était son père. Retrouvant son sourire, elle décrocha aussitôt. « Coucou papa ! Vous allez bien ? » Comme à chaque fois qu'il appelait et qu'elle lui répondait ainsi, elle put presque l'entendre sourire à l'autre bout du fil. « Je vais bien ma chérie. Et toi, comment se passe ta journée ? » « Bien, bien. Pourquoi tu m'appelles si tôt ? » Elle l'entend hésiter, pousser un soupire puis, quelques secondes après, reprendre la parole. « Tu te souviens quand je t'ai dis que ta maman passait un examen de routine la semaine dernière ? » « Euh... Oui. » « Il s'est avérer que les médecins ont trouvé que quelque chose... clochait dans ses résultats d'analyse. » « Comment ça ? » La peur commençait à s'insinuer sournoisement en elle. « Elle a passé un scanner mardi dernier et... Ils ont remarqué des taches dans ses poumons. » Un long silence s'en suivit. Billie ne savait pas quoi penser. Elle restait pétrifiée, au beau milieu du couloir, sans que personne ne fasse attention à elle. Mais tout ce dont elle pensait, c'était à sa mère et à la panique qui la gagnait peu à peu. « Je suis désolé, Billie. On a diagnostiqué à ta mère un cancer du poumon. »

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Le bras de Cosme passa derrière ses épaules et la serra un peu fort. Billie avala une bouchée de pizza puis tourna une page de son magasine people préféré, alors que son meilleur ami continuait de lire sa bande dessinée. Encore un accro aux Marvels. Ils venaient de terminer votre cours de boxe, où ils s'étaient d'ailleurs rencontrés presque un an auparavant. Ils étaient épuisés, mais c'était le week end, et ils pouvaient passer une bonne soirée tous les deux. Mais c'était bien sûr sans compter sur leurs amis. La sonnerie de l'entrée retentit et Cosme, rechignant, se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et Hézio, Issa et Cali passèrent le seuil. Ils avaient tous un sac à dos, de la bière, des chips et des marshmallows à la main. « J'ai apporté Little Miss Sunshine ! » Hézio brandit son DVD d'un air fier. Et voilà, toute la bande était au complet pour une nouvelle soirée Suicide Squad. Le nom de la bande leur était venu de Cosme et d'un délire entre eux. Ils s'étaient tous fait passer pour des tueurs en série, s'attribuant à chacun des surnoms du style Black Mamba pour Issa, The Fist pour Cosme ou encore The Mermaid Poisener pour Billie. Ils étaient tous très différents, venus de nombreux horizons, tous étrangers. C'était ce qui les avait uni au départ, d'ailleurs. Une amitié incroyable. Chacun se pointait chez l'autre sans prévenir, pour partager une peine de cœur, l'aider à bosser ou simplement pour se faire une partie de GTA en mangeant des pop corns. Depuis qu'elle était avec eux, Billie était heureuse. Elle avait toujours quelqu'un à qui parler quand elle était triste pour sa mère, pour confier ses soucis financiers sans jugement, ou pour l'aider à remonter ses notes, ce qui arrivait réellement d'ailleurs. Ils étaient toujours là pour défendre un des leurs face aux moqueries. Malgré leurs différences, ils étaient unis, et se rendaient meilleurs. Ils pouvaient toujours compter les uns sur les autres. « Je t'empreinte ta salle de bain Cosme. » Cali disparut dans le couloir pour enfiler son pyjama. Hézio lui n'avait pas attendu plus longtemps pour se mettre presque à poil devant ses amis - il était très confiant quant à son apparence et n'était vraiment, mais alors vraiment pas pudique. Comme toujours, Billie regardait ailleurs d'un air gêné, Issa s'agaçait et Cosme rigolait. « Allez, fais pas ton innocente, Blue. » Blue. C'était ainsi que tout le monde l'appelait maintenant. A cause de sa couleur de cheveux. Billie était donc réservé à ses parents désormais. Et à un passé qu'elle préférait oublier. « Désolée de te décevoir Hézio, mais tout le monde ne tient pas à te découvrir dans les moindre détails... » Sur ce Hézio rigola et vint la serrer dans ses bras, simplement vêtu d'un jogging qui serait certainement son seul habit pour la nuit. Blue ferma les yeux mais ne retint pas son sourire. Elle adorait Hézio. Comme elle adorait tous les autres. Ils étaient sa seconde famille, désormais.

new americana.

Blue avait enfin quitté le lycée. Elle n'y avait pas sa place. Comme elle n'avait pas sa place dans une quelconque université. Désormais elle vivait dans un loft assez modeste, en centre ville. Elle gagnait de quoi vivre en bossant au Red Blossom Salon, où elle avait été formée sur le tas. Elle avait toujours adoré toucher les cheveux des gens. Elle-même était plutôt connue pour ses excentricités capillaires et c'est d'ailleurs ce qui l'a rendue crédible auprès de son employeur. Elle savait se teindre les cheveux à la perfection, alors elle devint la préposée aux colorations dans le salon. Ce qui ne l'empêchait pas non plus de faire des lavages, des soins, ou des coupes. Mais la couleur a toujours été son truc, son domaine de prédilection. Mais sa véritable passion était bien entendu le chant. La musique. Ça avait toujours été le cas, depuis sa plus tendre enfance. Elle commença donc à se produire dans des bars. A chanter et jouer du piano ou de la guitare. Elle attend que son moment vienne. Que quelqu'un la remarque enfin et vienne lui dire qu'il ou elle a un contrat à lui proposer. Qu'elle deviendra une grande star, fera le tour du monde, achètera un château à ses parents et palliera la faim dans le monde. Mais en attendant que ce jour arrive, elle se contente de vivre sa vie comme elle l'entend, avec ses amis, ses problèmes, ses joies et ses moments de doute. Elle tâche juste d'être humaine, dans ce monde trop grand, trop compliqué pour elle. Un monde qui, malgré toutes les horreurs qu'il renferme, malgré toute la tristesse qu'il engendre, vaut la peine d'être découvert. Et sa vie, elle entend la vivre à fond. Car elle sait par expérience qu'on ne peut jamais prévoir ce que demain nous réserve.

cause you know:

Blue Richfield a écrit:

chloé; t'as vu ? cette meuf est parfaite sérieux. en tout cas j'suis contente de te l'avoir fait découvrir, j'avoue que moi ça fait longtemps que j'étais pas aussi "fan" de quelqu'un en plus son album est sorti aujourd'hui faut absolument que je me l'achète merci beaucoup en tout cas et ravie que le début te plaise. et oui il nous faut absolument un lien avec nina c'est juste obligé !
merci merciii