~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Je ris, je souris presque facilement. Je suis ce mec insouciant, l’ange, le beau Heath Morgens Sawatzky que les filles le regarde passé, le beau garçon dans son blouson de joueur de football passé, matent son cul ferment, son postérieur parfait et moi ? Moi j’ai la confiance. Je le sais qu’elle me regarde, je le sais, ces putains de meufs, elles me veulent. Je suis beau, parfait, je peux me permettre de regarder les autres de haut sans avoir de regret.  Mes yeux bleus les charment, mes poings serrés les intimides. J’ai peut-être un petit problème de comportement, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Je suis parfait, invincible. Je me sens fort en me levant le matin et en me couchant le soir entre les bras d’une bouteille de bière accueillante, au fond d’un lit chaud, noyé entre les cuisses d’une ex vierge signée d’un coup de langue tendre et de mon prénom jouit d’entre ses lèvres. Y’a que ça, les potes, le foot, les femmes, un peu de drogue... Un peu trop de drogue. Je sais pas trop où j’ai dérapé... Peut-être là, exactement. Trop fier, trop coq.  Je raccroche mes cahiers, étudier c’est pour les autres, réussir aussi, c’est pas ma vie, c’est celle d’un autre... Le torse bombé comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma, j’ai pas de regret. Est-ce que tu me pardonnes ?


   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Je sais pas trop. Je souris pas vraiment, mais ça m’arrive. Ça m’arrive d’oublier que je vis au crochet de mon frère depuis tout ce temps, j’arrive à oublier que je suis tout seul, que je suis un gros dur, mais en fait non. Je souris pas. Le bonheur c’pour les tapettes c’une question bizarre que tu poses, en plus. Tu sais, je suis pas un marchant d’blé. J’suis un marchant de bleus et d’os brisé. Je sais pas si je suis heureux, mais j’aime être en tout cas. C’trop compliqué comme question, j’aime pas réfléchir, dude.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Mais arrête avec tes putains de questions tordues. Qu’est-ce que j’en sais où je serai dans dix ans. J’aurai 39 ans, pas d’enfants et j’en aurai rien de plus à foutre. Je serai juste le vieux du coin qui vent des trucs. Celui qui est bizarre et qu’a une drôle de réputation t’sais. J’suis juste, ce mec là. Le vieux chiant qui pisse sur les gamins qui s’approche trop de sa porte. J’suppose.

C’est pas la joie. C’est pas le bonheur, l’arc-en-ciel c’est barré en sauvage avec les sourires des princesses et la virginité des gamines. Le farfadet a bouffé tout les céréales et le matin, y’a rien à bouffer : c’est l’heure de pousser. pushing daisies qu’ils disent les anglais. C’est pas trop loin de la vérité quand on y regarde de plus près. Je suis peut-être pas une marguerites, mais j’ai faillis la tuer c’te femme, j’aurais bien aimé tien, j’aurais été assez p’tit pour pas m’en rappeler, mais non, y’a fallut qu’elle vieillisse un peu, que je la vois, que j’apprennes à l’aimer et qu’elle ai un autre bébé avant de crever d’un fucking cancer. J’ai pas assez forcé peut-être, je l’ai pas assez déchiré quand je suis sorti le cul en premier. Sortir les pieds devant comme un cadavre. Un maccabé maquillé de sourire et d’amour. Je suis né comme un mort et j’ai grandis comme un zombie. Aveugle, je fermais les yeux pour pas savoir qui c’était le paternel de la famille. J’sais que je lui ressemble et j’aime pas ça. Le même tempérament dangereux, les mêmes problèmes de comportements qui m’suivent tout le temps et qui m’suivront jusqu’à ce qu’y’m’tuent. On va pas s’le cacher ni s’mentir c’est d’venu super utile plus tard, mais au début... Au début pas vraiment.
Pour ce que ça m’fait de toute façon. Problèmes de comportement, c’vite dit. C’est les francos, les putains de Québecois qu’aiment pas quand ça bouge trop et moi, j’secoue la cage des p’tits indépendantistes fragiles. Pauv’ gamins bousculer par la réalité.

Je voudrais pas jouer les rabats-joies, mais vot’ combat, l’est perdu d’avance. À grands coups de «Ostie de fuck» ou de « Tabarnaque » on alarme que les prêtres toujours trop religieux pour accepter les blasphèmes et les gros mots. Y’a les filles aussi, qui pensent qu’elles sont tellement mieux que les mecs. La révolution leurs a donnés des ailes et même redbull arrive pas à les ramener sur terre. La confiance est trop grande chez elles t’sais, elles se baladent en shorts ultra court, sans dessous et elles s’étonnent que les mecs leurs crient des « HEY BÉBÉ, VIENS-T’EN AVEC NOUS. » en se léchant les lèvres devant la nudité presque acquise. J’dis pas que c’est leurs fautes ou que c’est légitime des mecs, sauf que ouais, voilà, t’aide pas quand t’as le cul au vent. P’t’être pour ça que j’ai jamais eu de copines stables. J’aime les fesses et faire l’amour dans le vent.

Faire l’amour. Ouais. Baiser plutôt, genre, partout, dans les vestiaires, sur le terrain de football après que les lumières se soient éteintes, la tenant par les hanches, couchée sur mon blouson en d’ssous d’elle pour pas que les brindilles d’herbe la chatouille ou lui rentre dans le cul. Une princesse j’te dis. Une princesse toute nue et pas chaste. Une danseuse aussi, dans les toilettes d’un bar et sa copine la barman après son shift aux foufounnes électriques. La belle vie pour mes couilles aussitôt pleines aussi tôt vidées. Yep’.

Sauf qu’c’est beau comme c’est, mais faut payer les factures un jour. Tu d’viens adulte et si je continues de tremper dans toutes sortes de femmes, j’ai envie d’autres choses. Je me sens opprimé, enfermé entre deux virgules en français. J’me laisse aller, mes p’tits problèmes de comportements ont empirer. J’me soigne pas, j’ai pas envie. Alors j’bosse dans les bars à putes. Je tabasse les cons qui s’en prenne à strawberry la salope aux cheveux rose avant de la baiser gratuitement, juste parce qu’elle est tombé amoureuse de moi.
Les filles c’est un tas de problèmes de toute façon. Elle, encore plus que les autres.

«Tu m’fais du bien, Mon gros. »
Quelle me disait. Sale conne. Elle s’prend pour une beauté fatale, mais elle a rien pour elle sinon ses faux seins et sa bouche de suceuse professionnelle. Je sais pas comment elle a aboutit dans le milieux, je sais pas et je veux pas savoir. Les histoires tragiques me font chier.
Ce que je sais c’est que si j’étais pas amoureux, je l’aimais comme un gros con. Le constipé des émotions, il a aimé, putain. On m’y reprendra plus. Les relations stables c’pour les gens qui le mérite. On récolte ce que l’ont sème.

Elle était enceinte en plus. Comme une grosse chatte, sauf qu’elle a rien dit, je l’ai sus à l’autopsie. Si c’était moi le père, j’ai jamais rien sus. Si c’était pas moi, je veux même pas le savoir. Ouais, elle est morte et j’étais là.
On s’en ai prit à elle alors mon job à prit tout son sens. Elle servait les boissons, string au cul et pastilles sur les tétons. Ses boucles tombaient et j’avoue que c’te nuit là, je la trouvais belle. Belle comme une vraie femme t’sais. Pas sexy comme une salope, pas le genre « Hey, t’es bonne, tu baise ?, un genre de « Tu es belle, ce soir, Stra’. » et pis lèvres contre lèvres, on aurait fait baiser sur le lit, par devant même, pour que je puisse la dévorer des yeux. Ouaip’. Elle était belle.
Enfin bref, le mec l’a faisait chier et quand il l’a gifler, moi je me suis énervé. On frappe pas les princesses, vieux pervers sadique de québecois salaud et stupide.
Je l’ai chopé par le bras pour le sortir du bar. « Chez Margot » que ça s'appelait. J’m’en souviens encore parce qu’j’y r’tournerai jamais. Faut se rapp’ler des noms des endroits où on r’tourneras pas pour pouvoir éviter les portes quand on les revoit.

Je l’ai sortit de chez Margot, Stra’ sur mes talons. Comme elle aimait me voir les sortir par les oreilles de crisse. Il a essayé de me frapper et je l’ai étalé parterre d’un seul coup de poing. Moi, j’ai des pelles à la place des mains et au bout de mes pelles, j’ai dix marteaux piqueurs. Crève enculé de francos.
Il a sortit une arme et je pensais qu’il allait me tirer dessus. Ce serait pas la première fois r’marque.

On m’a tirer dessus deux fois avant ça. Une fois parce que j’me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment et l’autre parce que les motards aiment pas la morale des gens moins placé qu’eux pour la faire.
Sauf qu’il était bourré ce mec. Bourré comme le rail de cocaïne qu’il a dû sifflé avant d’débarqué dans ma ruelle. Il était trop énervé et d’un coup.

D’un coup.

Elle est tombé. Elle à même pas crié, elle est juste... Tomber comme une guenille toute molle, toute tachée de sperme et de sang.
Alors je me suis barré.

On me cherche encore.
Mais moi, j’ai pris ma moto et je suis partit. J’suis aller aux usa et au Mexique voir comment c’est plus beau ailleurs avant de revenir au canada. Pas Montréal, non, c’est dégueulasse Montréal. White Oak. Je savais que mon frère y serait. Mon petit frère stupide. Il est obligé de m'aider, je suis la famille, je suis sa seule famille. On envoie pas la famille en prison. Nope. Je suis un suspect quand même. Un suspect qu’on finira par arrêter de chercher de toute façon.

J’ai vendus ma moto et j’en ai racheté une autre avec l’argent liquide de la mafia.
Et pis.