Les sensations étaient décuplées. Je me sentais tellement bien. Laisser libre cours à son désir, le laisser s'extérioriser, le laisser vivre sans retenu. Je n'avais jamais fait ça, mais qu'est-ce que ça pouvait faire du bien. Nous ne cessions de nous embrasser, je pouvais sentir ses mains remonter le long de mes cuisses, atteignant ma robe puis ma nuque, cela me faisait frissonner. Ses mains étaient toujours aussi chaudes, j'adorais l'effet qu'il avait sur moi, à tous les niveaux. J'avais tout simplement l'impression d'être vivante. D'être bien. Je ne voulais penser à rien d'autre. Mais comme toute les bonnes choses, il y avait une fin. Shay finit par me faire reculer de quelques centimètres, assez pour que ses lèvres libèrent ces quelques mots : « Lorah, ce n’est pas du tout… Raisonnable. »
J'ouvris les yeux et me retrouva à plonger dans les siens, magnifiques. Son visage était en attente, dans l'attente d'une réaction. J'étais une personne raisonnable. J'avais passé toute ma vie a être raisonnable. Sauf pour ce soir, ces quelques heures où j'avais laissé parlé mon coeur plutôt que ma tête. Cela m'avait fait du bien, beaucoup de bien et peut être que j'allais le regretter, mais pour le moment, je ne le réalisais pas. Du moins, avant qu'il ne vienne me dire ces mots. A présent, ma tête avait remis la chaine autour de mon coeur, reprenant les rennes de ma vie. Il avait raison. Ca n'était pas raisonnable. Notre histoire ne pouvait pas durer. Elle pouvait marcher c'était évident, mais pas durer. Nous ne vivions pas dans le même pays. Et puis, pour des détails plus techniques, j'étais vierge et il était hors de question que ma première fois soit ici, au milieu du parc de la place centrale. Je n'avais même pas pensé à aller jusque là, pour le moment, nous nous embrassions juste mais voilà la différence entre lui et moi. Pour moi, il était évident que ça n'irait pas plus loin, car j'étais vierge. Mais lui... il y avait déjà goûter et après un baiser comme le nôtre, c'était la suite logique des choses, en tout cas, je croyais. Je baissais la tête, me redressant alors complètement pour me tenir assise, droite, sur lui. Mes mains avaient glissées de sa nuque, pour son torse avant que finalement, je me relève. Qu'est-ce que j'avais fait? J'étais une allumeuse. Pour le coup, le voir allongé sur l'herbe avant qu'il ne se relève, m'avait fait prendre conscience de la position dans laquelle on se trouvait, mais surtout, à la vue de tous -même s'il n'y avait personne à cette heure, hormis quelques personnes-. Cela ne me ressemblait pas. Ca n'était pas moi. Et puis pour le coup, je me sentais un peu honteuse et aussi un peu gênée. Avec sa phrase, je ne savais pas s'il avait pensé à ma virginité, ou bien à la relation sans avenir -ou même les deux au final- mais je me sentais bête. J'étais vierge, il me l'avait rappelé. Je n'avais plus cette impression géniale d'être une femme et de me sentir femme. Non. J'étais redevenue une enfant aux yeux de tous, à ses yeux; et ça, c'était un peu douloureux et humiliant. Il l'avait déjà fait de très nombreuses fois, c'était évident. Et même s'il était mon premier, je ne serai jamais sa première. En avais-je seulement envie? De toute façon, pour trouver un homme comme lui, vierge à 28 ans, je ne risquais pas de mettre la main dessus. Mes idées commençaient à s'embrouiller, ce n'était pas bon signe. Je remis mes cheveux en place puis constata l'état de ma robe. J'avais de la glace partout et même dans les cheveux, quelle souillon. Finalement, je me mis en quête de mes chaussures, que j'avais lâchement abandonné je ne sais plus trop où. Je me sentais idiote et encore plus idiote parce que j'avais l'impression d'avoir gâché la soirée, qui était pourtant si fabuleuse. Je levais les yeux vers le ciel. Il était dégagé, il y avait des milliers d'étoiles qui brillaient. C'était absolument parfait, j'adorais regarder le ciel étoilé. Je trouvais ça magnifique, splendide. Je fini par me tourner vers Shay, qui devait se demander pourquoi je devenais si soudainement, froide. « J'suis désolée, j'aurai pas dû... Tu as raison » J'osais à peine le regarder dans les yeux, encore honteuse de ce que je pouvais ressentir vis à vis de moi même. Aller, il fallait se mettre en route. Demain, je travaillais, je voulais être en forme. « Tu me ramènes? » Lui demandais-je alors. J'avais pas envie de le quitter, mais il le fallait. Tout serait beaucoup plus simple, en tout cas, c'est ce que je pensais. J'avais envie de lui demander de rester cette nuit, mais je savais que je ne coucherai pas avec lui alors avais-je le droit de lui demander ça? Non, je ne crois pas. S'il avait envie de rester, il me le ferait savoir, dans le cas contraire, il aurait raison aussi. Ca serait éviter la tentation pour lui, ce que je pouvais comprendre, même si j'étais vierge.