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 ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel)

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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

inscription : 24/06/2013
messages : 8363
points : 39
pseudo : vercors. (chloé)
avatar : cora keegan.
autres comptes : biddy la jolie.
crédit : ultraviolences, the vamps.
âge : vingt-trois ans.
statut civil : célibataire, mais son cœur bat de plus en plus fort pour son premier amour.
quartier : fairmount district.
occupation : couturière à hazelnut.

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Message(#) Sujet: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyJeu 3 Avr - 17:32


i thought i'd never see you again.

Assise, les yeux fermés. Captant les bruits alentours, le brouhaha de la foule. Les deux mains sur le ventre. Un enfant pleure à quelques mètres sur la droite, un couple s'embrasse sur la gauche, et une mère et sa fille rigolent, un peu plus en avant. J'ouvre les yeux. Et elle est là.
Devant moi.

« Mais, c'est trop court ça ! » Je pouffe en fronçant les sourcils, tentant d'afficher mon regard le plus réprobateur. « Azel, on va en boîte, pas au bal de ton village. » Je rigole de nouveau et lève les bras en guise de capitulation. « Bon, si tu le dis. » Je me tourne et m'observe dans le miroir de sa chambre. En effet, ce n'est sûrement pas avec cette longue jupe à fleurs et ce débardeur délavé que je vais être acceptée en discothèque. Je ne m'en serais absolument pas préoccupée dans un autre contexte, mais pour ces dix-huit ans, Charlotte tenait à ce qu'on se rende en boîte. Il ne fallait pas que je prenne le risque d'être refusée ; je sais qu'elle m'en voudrait. Je souris. « Prêtes-moi une de tes robes alors. » Elle fouille dans son armoire et m'en tend deux qui pourraient me convenir. Je les jauge, une grimace aux lèvres, et choisis celle qui me semble le plus me correspondre. Je l'enfile rapidement par-dessus mes habits, et enlève ensuite le débardeur, puis la jupe. Je réajuste les bretelles et me tourne de profil.
Mon ventre était plat.


Le médecin a dit qu'il restait encore une semaine, à peine, avant que bébé pointe le bout de son nez. Je suis plus excitée que jamais, et à la fois terriblement anxieuse. Et s'il y avait un problème à l'accouchement ? Et si je n'arrivais pas à la clinique à temps, et si bébé s'étranglait avec son cordon ombilical, et si... ? Je secoue la tête, je ne veux pas y penser. Augustin n'était pas trop pour le fait que je me balade toute seule dans le centre commercial, mais il fallait vraiment que je m'y rende. J'avais envie de passer une dernière journée pour moi, seule. Seule, perdue au milieu de la foule. Je n'aurais pas l'occasion de le faire avant quelques temps. J'avais envie de me faire plaisir, de m'acheter quelques habits, peut-être une paire de chaussures, et manger une glace en marchant. En voyant que cela me tenait vraiment à cœur, il a finit par accepter. Il a décidé de rester dans le centre-ville, au cas où quelque chose m'arrivait. J'ai souris, en le quittant.

Je cligne des yeux à deux reprises. Charlotte ? Ici ? À White Oak Station ? Pourquoi ? Je reste bouche bée, muette surtout. J'ai envie de dire un million de choses qui ne traverse pas la barrière de mes lèvres. Elle se tient debout, devant moi. Elle n'a pas changé. Physiquement parlant. Elle est toujours aussi belle à faire chavirer le cœur de n'importe quel homme, elle a toujours ses longs cheveux et sa taille fine. Je n'en reviens pas. De la voir là. Je pensais que je ne la reverrais jamais.
Et tout est de ma faute.

Mes pensées remontent neuf mois plus tôt. La valise fermée sur le lit, le sac à main sur l'épaule. « Maman, Papa, Grand-mère, on y va. » Je leur fais un dernier câlin, les larmes aux yeux. Ils vont terriblement me manquer. Grand-mère me fait un ultime bisou sur la joue, peut-être le dernier que j'aurais d'elle. Augustin les prend dans ses bras, chacun leur tour et se tourne vers moi. Il attrape ma valise, la place dans le coffre qu'il ferme doucement. Dix minutes plus tard, nous sommes sur la route. La ferme n'est qu'un point minuscule, dans le pare-brise arrière de la voiture. Je jette un coup d’œil à mon téléphone portable. Message de Charlotte : Dis, est-ce que demain tu pourrais m'amener la jupe dont on parlait l'autre fois ? Elle irait trop bien avec mon nouveau débardeur ! J'esquisse une grimace, mal à l'aise. Message d'Azel : Désolée Cha, je vais pas venir demain. Ni les jours d'après. Bisous, ne m'oublies pas. Une larme perle au creux de mes yeux. Augustin me passe la main sur le genou avant de reprendre le volant. Ce sont à peu près les derniers mots que j'ai envoyé à Charlotte. Elle demandera certainement à mes parents où je suis partie. Mais moi, je ne peux pas. Je ne peux pas lui dire. C'est déjà trop dur de la quitter ; j'ai peur que ce le soit encore plus si je continue de lui parler. Je sais que je ferais demi-tour pour courir la rejoindre. Mais il faudrait alors que j'abandonne Augustin.
Et ça, je ne peux vraiment pas.


Mes yeux sont plongés dans les siens. Nous ne nous sommes pas parlées depuis neuf mois environ, et je n'ai aucune idée de ce à quoi elle pense. De moi, de mon départ précipité, de mon silence radio. Je pose les yeux sur mon ventre. Ça non plus, je ne lui ai pas dis. Je me rends compte soudainement que ces neuf mois sont un énorme fossé, entre elle et moi. Il s'est passé tant de choses. Est-elle en colère après moi ?
Je n'espère pas.
J'esquisse un faible sourire.
« Charlotte ? »
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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyVen 11 Avr - 1:32

Tout avait changé. Les neuf derniers mois, elle s'était laissée aller à la dérive. Flottant loin, trop loin du droit chemin. Sa vie s'était transformée. Adieu vie parfaite. Adieu stabilité. Adieu honneur et dignité. Charlotte était tombée si bas. Plus bas que terre, si cela était possible. Elle s'était laissée entraîner. Elle avait perdu le contrôle petit à petit. Elle n'était arrivée dans cette ville que depuis quelques jours à peine. Elle vivait à l'hôtel. Elle passait ses journées à ressasser le passé. A repenser à l'année qui s'était écoulée. Elle avait enchaîné les erreurs. Et cette nouvelle vie qui s'annonçait ne semblait pas être meilleure. Le centre commercial était un endroit où il était si simple de ne pas être vu. Une sorte de cache-cache à travers ce monde. Il suffisait de se faufiler, de se cacher pour passer inaperçu. Ses pieds l'avaient conduite ici sans qu'elle ne sache quoi y faire. Elle n'avait pas suffisamment d'argent pour s'offrir quoique que ce soit. Elle n'avait pas non plus l'intention de trouver un travail pour l'instant. Qui sait si elle allait rester. Elle n'était là que pour changer de vie. Peut-être qu'elle finirait par renoncer. Par retrouver ses vieux démons pour mieux se recentrer. Charlotte n'avait aucun objectif, aucune ambition. Elle était là sans savoir pourquoi. Du moins, jusqu'à voir cette silhouette sous ses yeux ébahis. Des cheveux blonds, un minois joliment dessiner. Sans nul doute qu'elle connaissait ce visage. Sans nul doute qu'il s'agissait là d'une personne qui avait soudainement disparu de sa vie.


« Azel ! » avait-elle dit entre la surprise et l'incompréhension. Son ventre était énorme. Charlotte avait toujours eu ce petit corps frêle qu'elle aimait tant charrier. Aujourd'hui, elle avait perdu son corps parfait. Charlotte, elle, avait perdu son sourire. Sourire qu'elle s'obligeait à arborer pour ne pas sombrer. Pour ne pas périr dans ce trop pleins de sentiments. Rancœur, amour, dégoût, amertume. Charlotte gardait ce sourire comme une façade. Ce sourire était le seul lien qui la maintenait en vie. Sans ce sourire, elle finirait par mourir à petit feu, dans une souffrance atroce causée par la solitude. « Je ne m'attendais pas à te retrouver enceinte. » Elle ne s'attendait à rien du tout. Pas même à des retrouvailles parfaites. Azel l'avait abandonné, neuf mois auparavant. Azel était partie. Charlotte avait dérapé. Pendant longtemps, Charlotte a imaginé Azel comme étant sa stabilité, son point d'encrage. Elle avait rapidement compris qu'elle était plus que cela. Sans elle, Charlotte s'était écroulée.


Elle s'était assise près d'elle. Pas trop proche, mais pas trop loin non plus. Charlotte regardait face à elle, les yeux grands ouverts à observer la fourmilière qui se déroulait dans ce centre commercial. Des gens courraient, d'autres riaient à gorge déployée. Certains discutaient, d'autres se disputaient. Charlotte était là, plus silencieuse qu'elle ne l'avait jamais été. Que dire ? Que faire ? Elle n'avait pas oublié Azel, comme elle le lui avait demandé. Elle avait cherché à comprendre pourquoi elle était partie. Pour vivre autre chose certainement. Azel avait pris son envol, tandis que Charlotte restait à terre. Azel avait fait sa vie, Charlotte l'avait détruite. Elles avaient toujours été très différente. Elles ne partageait que peu de chose en commun. Le même lycée, la même classe. Charlotte se rappelle pourtant d'un temps où elle ne pouvait pas s'imaginer sans Azel. Le bon vieux temps semblait si loin. Les meilleurs moments de leur vie semblaient révolus.


Elle ne savait pas si elle lui en voulait d'être partie sans rien dire. Peut-être un peu. Un peu trop pour que cela lui ressemble vraiment. La surprise de la retrouver était intense, violente. Elle avait l'effet d'une tornade qui ravageait son cœur blessé, meurtri. Charlotte, dans un silence morne, se rappelait les moments passés. Les bons souvenirs comme les mauvais. Qu'étaient-elles devenues ? Qu'était devenu leur amitié ? Charlotte n'en savait rien. Charlotte continuait dans sa confusion. « Pourquoi t'es partie ? » avait-elle lâché après de longues minutes de silence. Charlotte n'avait pas vraiment envie de le savoir. Elle voulait briser cette glace entre elles. Elle ne voulait pas comprendre, elle n'y arriverait pas. Azel avait toujours eu une meilleure vie que la sienne, c'était toujours le cas aujourd'hui.


Dernière édition par Charlotte Salinger le Jeu 8 Mai - 21:13, édité 1 fois
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Azel Novak

Azel Novak
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pseudo : vercors. (chloé)
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autres comptes : biddy la jolie.
crédit : ultraviolences, the vamps.
âge : vingt-trois ans.
statut civil : célibataire, mais son cœur bat de plus en plus fort pour son premier amour.
quartier : fairmount district.
occupation : couturière à hazelnut.

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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyDim 20 Avr - 18:32


i thought i'd never see you again.

C'est bien elle. Charlotte. En chair et en os. Elle se tient devant moi, et je n'en reviens toujours pas. Pourquoi est-elle là ? Qu'elle était la probabilité que l'on se retrouve dans ce supermarché, à des milliers de kilomètres de là où nous nous sommes rencontrés pour la toute première fois ? Le lycée. Je nous revois encore. Je me revois, très clairement, entrer dans la classe, perdue. Tout était bien trop grand pour moi, qui n'avait jamais pénétré dans un bâtiment aussi grand. J'étais allé au collège de mon village, qui se limitait tout bonnement à une seule et unique classe regroupement tous les niveaux. Pour le lycée je n'avais pas eu le choix que d'aller en ville, et même si c'était loin d'être la capitale, c'était plus grand que tout ce que j'avais connu. J'étais entrée dans la salle et la professeure s'était aussitôt approchée pour me guider. Elle m'avait montré la table libre, à côté d'une grande blonde, et m'avait suggéré de m'asseoir là. Je ne la remercierais jamais assez pour ça. J'ai regardé Charlotte, je me suis assise en souriant et on ne s'est plus jamais quitté. Jusqu'à il y a neuf mois.

Je fixe Charlotte, sans savoir quoi dire. Je suis muette. Je suis muette en face de celle avec qui j'avais l'habitude de tout dire, tout faire. Rigoler, chanter, s'amuser, se taquiner. Parler, encore et encore. Elle finit par briser la glace. Ma belle Charlotte. Physiquement, elle est toujours la même. Mais plus je la fixe et plus j'ai l'impression que la lueur dans ses yeux, la courbe de ses lèvres, sont différentes. Pas comme avant. Que s'est-il passé, pendant ces neuf mois ? J'avais pensé, naïvement, qu'une fois que je serais partie, Charlotte continuerait sa vie. Comme si de rien n'était. Que je vivrais ici, et elle là-bas. Qu'elle continuerait de flirter, draguer, rire, profiter de son quotidien. Et si ces neufs derniers mois ne s'était pas passé comme ça ? Il a pu se passer un tas de choses pour elle, pendant ce temps. La preuve en direct. Je suis enceinte, prête à accoucher. À trois milles kilomètres de la ville où je suis née. Et si nous ne nous étions pas retrouvées avec Charlotte, aujourd'hui ? Elle n'aurait jamais su que j'étais enceinte ? J'aurais eu mon bébé, sans jamais le lui dire ? Je n'aurais jamais dis à celle que j'ai toujours considéré comme ma meilleure amie, que j'avais un enfant ? « Je ne m'attendais pas à te retrouver tout court. » Je finis par lâcher, hébétée. Pourquoi est-elle là ? Est-ce que c'est possible que cela soit un hasard ? Je n'arrive pas à y croire. Il y a beaucoup trop de distance entre notre région d'origine et White Oak Station pour que l'on se retrouve selon une pure coïncidence dans le centre commercial. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi serait-elle venue me retrouver ? Je ne quitte pas ses yeux, essayant d'y lire ce qu'elle pense. Je ne sais pas si c'est de la colère, du dégoût, de la surprise, du bonheur. Je ne sais plus. J'ai l'impression de ne plus la connaître. Aucune de nous deux ne parle et je ne fais rien pour y remédier. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais même pas quoi penser.

Charlotte s'assoit sur le banc, à côté de moi. Trente centimètres nous séparent, mais sa proximité me dérange. Je me sens mal. Coupable. Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais penché sur le problème. Je repensais joyeusement aux souvenirs qu'ont avait partagé, toutes les deux. J'y repensais le cœur léger, même si parfois je me disais que, peut-être, je ne la reverrais jamais. Je lui avais envoyé un message, quand j'étais partie, et dans ma tête j'avais pensé que c'était réglé. Je lui avais dis au revoir, je ne l'avais pas abandonnée. Je me rends compte aujourd'hui que je l'ai fais. Je l'ai laissée, sans rien d'autre qu'un ne m'oublie pas par sms. Il faut croire qu'elle ne m'avait pas oubliée. Mais moi, j'avais marché sur notre amitié, je l'avais piétinée, brisée, détruite.
Sans même en être consciente.

Encore une fois, c'est elle qui rompt le silence. « Pourquoi t'es partie ? » Je fronce les sourcils. Je fixe un point, au loin, sans réellement voir ce qui se passe sous mes yeux. Je suis vide. Mon regard est vide. Charlotte sait très bien pourquoi je suis partie. C'est obligé. Elle a dû demander à mes parents, ou grand-mère a dû lui dire. Elle a peut-être même compris toute seule. Elle s'est certainement rendu chez Augustin, pour lui demander où j'avais bien pu partir. Augustin absent, Azel absente, il n'y avait pas trente six possibilités. La question est peut-être, pourquoi je l'ai laissée ? Pourquoi je ne l'ai pas contactée, après ? Peut-être que j'aurais dû, même si ça m'aurait obligé à lutter contre l'envie de faire demi-tour et d'aller la retrouver. Je ne suis qu'une lâche, finalement. Qui savait qu'elle ne résisterait pas à rejoindre sa meilleure amie et qui au lieu de ça a coupé tous les ponts. Silence radio. Je me mords l'intérieur de la lèvre, toujours aussi muette, immobile. « Je ne sais pas quoi te dire, Charlotte. » Je ne la regarde pas, je ne peux pas. C'est trop dur. Je n'ai aucune excuse. Aucune excuse valable. Des minutes se sont encore écoulées, dans le silence. Le centre commercial est bondé, bruyant comme jamais, mais je n'entends rien. J'ai l'impression d'être dans une bulle, une bulle de gêne, d'inconfort, d'angoisse. Je décide d'y mettre un terme, cette fois-ci. Je tourne lentement ma tête vers Charlotte, en me frottant les cuisses pour me donner du courage. Je pose mes mains sur mon ventre et les fixe un instant avant de relever mon regard. « Je pouvais pas laisser partir Augustin. » Au moment où je prononce cette phrase, je me rends compte que ce n'est peut-être pas celle que j'aurais dû dire. Peut-être que désolée aurait mieux convenu.
Pardon de t'avoir abandonnée.
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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyJeu 8 Mai - 22:32

Assise sur ce banc, proche de celle qui était autrefois sa meilleure amie, elle tentait de percevoir dans son regard des réponses. Rien. Avant, elles partageait tout ensemble. Aujourd'hui, elle ne partage plus qu'un banc. Un banc sans grande distinction face à un magasin, dans un centre commercial. Rien d'impressionnant. Pour des retrouvailles, Charlotte aurait aimé autre chose. Autre chose que ce regard perdu d'Azel. « Je suis pourtant bien là. » Elle la regardait de ses yeux bleus remplis d'émotions diverses. Elle ne se sentait pas à l'aise, face à Azel. Elle ne savait pas pourquoi. C'était différent. Rien n'était comme avant. Sans même savoir pourquoi, d'ailleurs, Charlotte n'aimait pas cette sensation de malaise. A croire que la séparation entre elles avait changé beaucoup de chose, à commencer par leur relation. Il ne pouvait en être autrement après ce qu'il s'était passé. Le silence radio avait duré neuf mois. Neuf longs mois durant lesquels Charlotte s'était demandée ce qui l'avait décidé à partir. Elle ne tarderait pas à le savoir, d'ailleurs. « Tu n'es pas difficile à retrouver, tu sais. Même ta grand-mère n'a pas su tenir sa langue. » Cette vieille femme était une personne adorable. Une grand-mère qu'elle aurait aimé avoir. Un amour de femme qu'elle n'avait pas mis longtemps à corrompre pour avoir réponses à ses questions. Elle avait toujours apprécié la famille d'Azel. Ils avaient cette simplicité qu'elle n'avait pas. Ils avaient une vie qu'elle ne connaissait pas. Ils étaient l'inconnus pour elle. Avant de connaître la jeune femme, elle n'avait jamais mis les pieds à la campagne. Elle n'avait fréquenté que la ville, bien que pas très grande comparée à la capitale. La grand-mère d'Azel était formidable. Tout naturellement, elle s'était dirigée vers elle pour retrouver son amie avant de partir elle-aussi, il y a quelques semaines.

Elle se sentit mal. Prête à vomir. Cette nouvelle, cette annonce directe, trop sans doute, venait de se poser sans délicatesse sur elle. Les mots repassaient en boucle dans son esprit. Azel était parti pour Augustin. Elle ne lui avait laissé qu'un vulgaire sms pour lui. Elle l'avait abandonnée pour mener sa vie à l'autre bout du pays pour un homme. Le choc était difficile. C'était comme si un poing s'était abattu contre son estomac. C'était comme un vertige douloureux. Une faiblesse supplémentaire. C'était difficile à encaisser, elle ne le pouvait pas, tout simplement. « Augustin ... » Elle avait tout quitté pour un homme, Azel était partie pour lui. Charlotte, elle, avait fui à cause d'un homme. Ne supportant plus son regard planter dans son dos chaque fois qu'elle devait le croiser, elle avait décidé de partir. Retrouver cette fille qui avait partagé ses années lycées. Elle cherchait désespérément une épaule sur laquelle se poser. Elle s'était trompée de porte. A ce moment même, ses derniers espoirs s'envolaient, loin d'elle. Trop loin pour qu'elle ne songe à les rattraper. Augustin venait de briser ses dernières espérances, sans même en avoir connaissance. Elle fixait droit devant elle, elle demeurait immobile. Immobile et glaciale. Elle sentait la colère. La colère est cette tristesse qui commençait à l'envahir, se propageant à travers son corps. A travers ses veines. Son cœur battait. Fort, si fort. Intérieurement, elle avait envie de partir. De repartir d'ici. Plus rien ne l'importait, elle avait perdu le mince espoir qui lui restait. Elle se souvenait du jeune homme, vaguement. Elle revoyait son visage seulement. Elle ne se souvenait pas l'avoir apprécié, l'avoir détesté. Lui avait-elle seulement déjà parlé ? « Je vois que tu as le sens des priorités. Fuir, ne rien dire, partir sans même te retourner pour vivre on ne sait quoi avec lui. » Une trahison, elle le ressentait ainsi. Une violente trahison la poignardant en plein coeur. Elle avait tout imaginé. Même le pire. Mais jamais elle n'avait pensé à ce Augustin. Elle aurait pu faire le lien. Leur départ, au même moment. Elle n'y avait pas pensé. « J'ai compris tu sais. J'ai compris que tu avais choisi une autre vie que celle que l'on vivait là-bas. » Elle baissait les yeux, laissant un rire ironique s'échappait de ses lèvres rosées et légèrement abîmé. Elle repensait à ce passé. Leur passé commun, leur vie dans cet ailleurs lointain. Elle se rappelait de leur soirée. Elle se rappelait de la petite blonde arrivée fraîchement de la campagne qu'elle avait apprécié rapidement. Trop vite certainement. Azel était différente. Différente d'elle, la fille populaire, la fille appréciée, celle qui faisait rire tout le monde, celle que l'on surnommait souvent dans les couloirs, son prénom avait presque fini par devenir désuet. Azel sortait du lot de ces filles qui la regardaient dans l'espoir qu'elle les apprécie. Azel était cette fille, une parfaite inconnue. Jamais vu auparavant, jamais venue dans un si grand établissement. Une fille qui ne connaissait pas la ville. Une fille des champs, comme elle l'avait surnommé les premiers jours. Ce passé, Charlotte ne pouvait pas l'oublier. Elle ne pouvait pas lui tourner le dos, le laisser tomber. Les meilleures années de sa vie se sont passées avec cette petite blonde au ventre rond. Cette extraterrestre venu de loin qui ne ressemblait à personne. Aujourd'hui, Charlotte devait revoir son jugement. Elle avait changé, elle était devenue comme ces filles qui suivent leur destin sans même se rebeller. Azel avait suivi Augustin parce qu'elle l'aimait. Ou alors, simplement parce que le bébé qui grandit en elle provient de lui. Quel gâchis. « T'as tourné le dos à tout ça. Je devrais peut-être en faire autant. » Cela incluait Azel. Elle l'avait fait, elle, neuf mois auparavant. Elle pouvait certainement en faire autant. Pour aller où ? Avec qui ? Charlotte se laissait bouffer par une solitude assaillante. Dans sa chambre d'hôtel, il n'y avait qu'elle. Elle et ses pensée.

Elle se surprit à regarder le ventre de la jeune femme. Rond. Sans mâcher ses mots, Charlotte aurait pu dire qu'elle était énorme, elle qui autrefois avait un corps si fin. Plus elle l'observait du coin de l'oeil, plus elle s'affirmait ne pas vouloir d'enfants. L'idée même de voir son corps se déformait ne lui plaisait pas, ne l'enchantait pas. Et si seulement elle savait, qu'à ce moment même, elle aussi attendait un enfant. Un enfant dont elle n'avait aucunement conscience. Un petit être qu'elle ne désirait même pas, tant sa conception n'avait aucun sens à ses yeux. Une erreur, tout simplement. « C'est pour quand ? » A en juger par son impressionnant tour de taille, Charlotte était certaine qu'il ne restait que très peu de temps à cette grossesse. Une grossesse qu'elle venait d'apprendre. Une grossesse qu'elle prenait en pleine figure tant elle était inattendue.
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Azel Novak

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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptySam 10 Mai - 18:37


i thought i'd never see you again.

Je souris, faiblement, quand Charlotte mentionne grand-mère. Bien sûr qu'elle lui a dit où j'étais. Pourquoi ne l'aurait-elle pas fait, d'ailleurs ? Je n'ai donné aucune règle du type Ne dîtes à personne où je suis. Tout le monde aurait pu me retrouver, aurait pu m'appeler. Pas grande monde l'a fait, si ce n'est personne. Je ne me rappelle plus. J'ai peut-être eu un ou deux messages d'anciens amis du lycée, venant prendre des nouvelles, sans forcément savoir que j'étais à l'autre bout du pays. À eux, je n'ai rien dit d'autre qu'un Ça va bien, et toi ? Rien à propos d'une fuite à des milliers de kilomètres de mon village natal, rien à propos d'un bébé à venir. Vu comment Charlotte regarde mon ventre, j'imagine que grand-mère ne lui avait absolument pas parlé de ça. Mon cœur se serre au fur et à mesure que la culpabilité me prend. Je pensais que tout était normal dans mon départ, alors que rien ne l'était. Je pensais que Charlotte s'était accommodé du fait que je parte ainsi que de mon absence, alors qu'elle ne l'a certainement pas fait. « Je ne cherchais pas à me cacher non plus, à vrai dire. » Pourquoi je dis ça ? Pourquoi je ne pourrais pas être plus... agréable ? Je suis froide. Envers qui ? Envers Charlotte ? Pourquoi serais-je distante envers celle qui fut - qui est toujours ? - ma meilleure amie ? Rien n'est plus pareil. Je le sens. J'ai bien peur que tout ça, elle et moi, cette précieuse relation que l'on avait, mette du temps à se reconstruire. Si tant est qu'elle se reconstruise - peut-être que Charlotte n'en a aucunement envie. Moi, je crois que je le veux. Je pose mon regard sur elle, perplexe. Quand je lui avoue la raison de mon départ, je vois son regard changer. Nous avons été éloignées l'une de l'autre pendant longtemps, mais pas assez pour que j'oublie tout d'elle. Je la connais, encore un peu. Je sais déceler ses changements d'humeur. Ce voile qui obstrue le regard de Charlotte n'est pas bon signe. Je ne saurais néanmoins pas dire ce qu'il signifie ; ou alors, c'est que je ne veux pas savoir. Je ne veux pas savoir pour ne pas culpabiliser davantage. Je détourne le regard et fixe la vitrine du magasin qui se tient à quelques mètres devant nous. Est-ce que c'est bien moi, qui agit comme ça ? Je ne me reconnais pas. Est-ce que je serais prête à me lever et l'abandonner à nouveau pour ne pas culpabiliser ? Faire comme si ce moment n'avait pas eu lieu, et retourner au petit bonheur qui m'entoure depuis quelques jours ? Renoncer pour toujours à l'amitié qui m'a pourtant gardé la tête hors de l'eau pendant trois longues années ? Je ne suis pas sûre. Je culpabiliserais davantage. Je m'en voudrais, tellement. Charlotte était tout pour moi et j'ai toujours pensé, pendant ces neuf mois loin de l'Ontario, que c'était toujours le cas. Quand j'y réfléchis, aujourd'hui, est-ce que Charlotte est aussi importante pour moi qu'elle l'était par le passé ? Je ne peux pas me résoudre à répondre non. Parce que ce serait mentir ; je ne peux pas perdre Charlotte. Pas à cause d'une erreur que j'ai commise et dont je m'aperçois de l'ampleur seulement maintenant.

Elle continue à me parler et j'ai l'impression de prendre une claque en plein visage. Ses mots me prennent au cœur, directement. Charlotte a toujours été franche, du moins envers moi. D'aussi loin que je me souvienne elle ne m'a jamais menti. Ou alors peut-être pour une broutille, une nouvelle robe que j'avais acheté et qu'elle n'aimait pas qu'elle a quand même trouvé jolie quand je lui ai demandé son avis, enjouée. Autrement, elle ne m'a toujours dit que la vérité, même quand celle-ci était difficile à entendre. Rien d'étonnant donc à ce qu'elle me dise en tout honnêteté ce qu'elle pense de mon départ. Ça n'en est cependant pas moins déstabilisant. Je croise le regard de Charlotte avant de détourner la tête aussitôt. Je ne connais que trop bien cette expression. La même, à quelques détails près, que celle que j'arborais lorsque je me regardais dans le miroir le matin, après qu'Augustin m'ait abandonné, huit mois et demi plus tôt. Je me mords la lèvre inférieure. Voilà que je ne vaux pas mieux que lui. Que puis-je répondre à ça ? J'aimerais bien lui dire que ce n'est pas une question de priorités ; mais c'est quoi, alors ? Bien sûr que c'est une affaire de priorités. J'ai choisi de suivre Augustin plutôt que de rester auprès de Charlotte. Ses mots, durs mais vrais, me font mal. Ils sont trop réels, trop proches de ce que j'ai fait que cela me donne mal au cœur. Je me dégoûte. Peut-être que j'ai toujours su au fond de moi que j'avais abandonné Charlotte, et je m'étais lâchement consolée avec ce message que je lui ai envoyé lors de mon départ. J'avais fermé les yeux le reste du temps sur ce que j'avais fait, ce que j'avais laissé derrière moi, trop concentré sur ma propre tristesse, sur l'abandon d'Augustin et la peur qu'il meurt au front. Le rire jaune de Charlotte finit de me déchirer le cœur. J'avale ma salive et lui réponds, amère. En colère contre moi-même. « J'ai choisi cette vie, oui... » Je ne regarde pas Charlotte dans les yeux. Tantôt ses lèvres, tantôt son front, tantôt les gens derrière elle. « Ce n'était sûrement pas le meilleur choix à faire, finalement. » Suis-je en train de dire que je regrette ? Non. Du moins, pas complètement. Je regrette de l'avoir laissée, je regrette de n'avoir pas su retenir Augustin. Mais pour rien au monde je ne regretterais ce bébé qui grandit en moi. Si je n'étais pas partie, est-ce que je l'aurais conçu ? Peut-être avec un autre qu'Augustin, qui sait. Si c'était le destin pour moi d'avoir un enfant, alors peut-être que je l'aurais eu dans tous les cas. Et que j'aurais définitivement fait le mauvais choix, celui de partir.

Je reprends, hésitante. « J'ai choisi une autre vie, mais elle n'est pas forcément mieux, Charlotte. » Je me fais violence pour la regarder dans les yeux. « Je n'ai pas choisi la facilité, ni ce qui m'arrangeait. » Je tourne la tête une fois de plus. Je regarde les gens entrer et sortir dans le magasin, plus ou moins insouciants. Ils ne se doutent probablement pas que se déroulent les retrouvailles de deux anciennes grandes amies, sur le banc, devant la boutique où ils viennent faire leurs emplettes de début de printemps. Ils n'ont aucune idée de l'impact que cette discussion va avoir sur sa vie, ou la mienne. Je ne sais pas quoi dire à Charlotte pour qu'elle comprenne, je ne sais pas si elle pourrait comprendre, je n'attends pas d'elle qu'elle le fasse. Je ne pouvais tout simplement pas laisser aller Augustin. Est-ce que je pensais que s'il partait sans moi, je ne le reverrais jamais ? Alors que je savais que quoiqu'il se passe, je retrouverais Charlotte un jour ou l'autre ? Peut-être bien. Ça n'en excuse néanmoins pas mon départ précipité, ma fuite, mon abandon. Charlotte ne se privera certainement pas de me le rappeler. Alors qu'elle sous-entend l'idée de partir elle aussi, d'abandonner sa vie actuelle, sa famille, ses amis, la sonnette d'alarme sonne quelque part dans mon cerveau. Il ne faut pas que je la laisse filer ; plus jamais. Je me retourne, cette fois-ci pas seulement ma tête, mon corps aussi. Du mieux que je peux, je m'oriente vers Charlotte. Je veux qu'elle comprenne que je ne prends pas ça à la légère, que je ne compte pas la laisser partir, pas cette fois. « Non, tu ne devrais pas. » Je suis sèche et catégorique. Je me radoucie et ajoute « Ce n'est pas parce que j'ai trouvé comme solution à mes problèmes de tout quitter, que tu dois le faire aussi. » Je porte machinalement ma main à mon ventre et le caresse, de façon monotone. « Parfois, ça ne t'attires que des soucis supplémentaires. » Je baisse les yeux. Ce bébé n'est pas un problème à proprement parler. Passer une grossesse entière seule en est un. Je ne peux pas dire que j'étais réellement seule, car Zoe était là pour moi, pour m'aider. Mais peu importe à quel point je l'apprécie, elle ne remplace certainement pas Augustin ; pas en ce qui concerne ce bébé. Je relève mon regard alors que Charlotte me pose une question. Banale. « Bientôt. » Je souris. « C'est une question de jours, maintenant. » Le médecin avait annoncé mon accouchement pour début avril. Nous sommes début avril. Je finis par penser que c'est une belle coïncidence. Si je croyais réellement en toute ces histoires de destin, je penserais que c'est un signe. Charlotte arrive, mon bébé arrive. Peut-être qu'il y a un lien ? Mais, lequel ? En fait, je me rends compte que tout arrive au même moment. Augustin de retour d'Afghanistan, Charlotte en provenance de l'Ontario, mon bébé de l'intérieur de mon ventre. Peut-être que c'est simplement un signe pour me remémorer toutes les personnes qui sont importantes et qu'il ne faut pas que je laisse tomber. Je me promets silencieusement de ne pas le faire - de ne pas les laisser tomber. Sans que vraiment l'idée ne passe par mon cerveau et que j'y réfléchisse beaucoup, je me surprends à lui poser une question. Une qui, inconsciemment, me trotte dans la tête depuis que mes yeux se sont posés sur cette amie qui m'avait tant manquée. « Pourquoi tu es là, Charlotte ? » Si elle a traversé trois milles kilomètres, que ce soit en voiture, en avion ou en bus, ce n'est certainement pas simplement pour le plaisir de revoir mon visage. Alors, quoi ? Que s'est-il passé pour que Charlotte, cette jeune femme si forte, souriante, pleine de vie, ait besoin de parcourir tout ce chemin pour me trouver, moi, la fille naïve, irréfléchie et inconsciente ?
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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyMer 14 Mai - 19:11

Azel a gardé ce sourire qu'elle aimait tant, il est plus faible qu'auparavant et pourtant, il n'avait pas changé. Elle n'avait pas tant changé, physiquement. Elle avait grossi, légèrement au niveau du visage, au niveau des mains aussi. Ses vêtements avaient changé, il semblait plus jolis, plus moderne que ceux qu'elle portait aux lycée. En croisant son regard, Charlotte se demandait pourquoi. Pourquoi tu ne m'as pas donné de nouvelle ? Pourquoi je ne t'en ai pas donné ? Elle n'en avait pas donné parce qu'elle se sentait abandonné. Et Azel, elle en pensait quoi de tout cela ? Elle n'avait sûrement aucune réponse. Elle n'avait pas cherché à la contacter pour l'aurait-elle fait. Elle lui avait simplement obéit en ne l'oubliant pas. Elle repensait souvent à elle. Il suffisait souvent de peu de choses. Quelqu'un de la campagne qui débarque en ville. Une fille perdue qui demande son chemin. Une belle blonde qui déambule dans les rues. Deux amies qui s'amusent. C'était ainsi qu'elle se souvenait d'Azel. Elle ne se souvenait que des bons moments, laissant parfois de côté l'abandon qu'elle avait subi. « Te cacher, peut-être pas. Partir sans donner de nouvelles, si. » Inconsciemment, elle l'avait choisie cette vie. Elle avait choisi de partir et de mourir dans les esprits de beaucoup de gens. Elle avait disparu du paysage, Azel n'était plus qu'un vague souvenir dans les mémoires de certains. Elle n'était plus personne aux yeux de beaucoup. Charlotte finirait comme elle. Elle finirait oubliée si elle ne revenait jamais. Elle sera une nouvelle Azel, une nouvelle fuyarde parmi tant d'autres. Certains diront peut-être que ce n'était que le hasard, d'autres penseront que ce n'était que pour se retrouver. Et dans le fond, ils n'auront pas tort. Charlotte n'était venue que parce qu'elle savait qu'Azel hantait les rues de la ville avec son visage d'ange et ses cheveux blonds. « Y a t-il vraiment un meilleur choix quelque part ? » La facilité ou non. Le chemin le plus long ou non. Les choix définissent les hommes. Ils définissent leur personnalité, leurs besoins, leur vie entière. Azel n'avait pas choisi la simplicité. Charlotte si. Du moins, à ses yeux. Elle n'était qu'une lâche, préférant fuir devant le danger. « Une meilleure vie ailleurs ? » Sans doute pas. Pas dans le monde actuel, un monde fait de dictâtes, fait de guerre. Un monde où l'argent vaut plus qu'une vie. Charlotte doutait du monde, elle doutait de ses capacités à maintenir un équilibre entre ces milliards d'homme. Elle doutait d'elle. D'elle et d'Azel, de leur relation et de ce qu'il se passerait après. Elle ne connaissait pas l'issue de cette conversation, elle ne savait pas si elle allait changer les choses. Elle n'espérait même plus.

Il ne restait que quelques jours à sa grossesse. Elle n'en était pas étonnée. Sans la réponse, Charlotte l'avait déjà deviné. C'était une évidence, comme marqué sur les traits de la jeune femme. Inscrit au fer rouge sur ses joues légèrement rosées, sur ses lèvres pulpeuses humidifiées, dans ses yeux brillants et déconcertants. Elle ne savait que penser de cette grossesse, de cette nouvelle qu'elle apprenait d'un coup, à quelques jours du grand événement. Elle n'arrivait pas à se réjouir. Elle aurait pu, Azel avait l'air heureuse, épanouie. A vrai dire, elle était seulement jalouse d'être passée après un être encore inconnu. « Je devrais dire félicitation, c'est ça ? C'est ce que l'on dit dans ces circonstances, non ? » Elle se jouait de l'ironie. Jamais durant ces neuf mois, Azel n'a pensé à le lui dire. A lui dire qu'elle attendait un enfant. Elle en venait à penser qu'elle aurait pu ne jamais être au courant, si elle n'était pas venue ici. La situation avait dépassé son imagination. Rien, dans cet endroit ne ressemblait aux différents scénarios qu'elle s'était imaginée. Il n'y avait rien de magique. Rien de larmoyant. Rien d'excitant. Charlotte ne ressentait pas grand chose. Pas d'émotion si forte qu'elle manquait de s'évanouir ou de pleurer. Pas de sensation agréable, ni même le contraire. C'était plat. Elle riait pour faire semblant, elle souriait pour se donner bonne conscience. Pour faire plaisir ou pour ne pas faire peur. Elle n'avait aucune raison de sourire à présent, pas de raison valable pour sauter de joie et le montrer aux passants. Non, assise sur ce banc, Charlotte s'enfonçait dans l'hypocrisie mécanique. Elle surjouait un rôle. Elle pouvait songer à devenir comédienne, personne ne verrait la différence entre ce qu'elle était et ce qu'elle laissait paraître.

Elle laissa un rire s'échapper de sa bouche sans pour autant répondre aux quelques paroles d'Azel. Si elle savait seulement ce qu'il avait pu se passer en neuf mois. Quasiment un an avait passé depuis son départ. Un an durant lequel il s'était passé beaucoup de chose. Sans doute ne se rendait-elle pas compte de ce qu'avait représenté son départ, ce qu'il avait pu se passer durant tout ce temps. Elle ne pouvait pas imaginer, ni même penser à ces mois durant lesquels elle ne s'était préoccupée que de sa grossesse. Elle ne lui en voulait pas pour ça, à sa place, elle aurait sûrement fait pareil. Se couper du monde pour vivre dignement une nouvelle vie. Elle avait eu raison. Alors pourquoi sentait-elle encore cette rancune lui envahir le cœur ? Pourquoi ressentait-elle la colère à travers les battements de son pouls dans ses veines ? Ce silence, toujours ce silence. Il n'y avait que le silence qui la mettait dans un état pareil. Elle avait souffert de ce silence. Elle avait souffert de cet abandon soudain. Elle ne l'avait pas compris jusqu'à aujourd'hui. Au final, l'une et l'autre se ressemblaient plus qu'elle ne voulait le penser. Elles avaient fui toutes les deux. Elle était partie elle aussi pour suivre les traces d'une amitié passée, d'une amitié perdue. La question qu'elle attendait, malgré elle, était tombée. Elle laissa un léger sourire imprégné ses lèvres, un sourire hypocrite qui ne lui ressemblait pas. Elle pensait : « Si tu ne m'avait pas tourné le dos, tu le saurais déjà. On aurait continué à se raconter nos vies comme si des milliers de kilomètres ne nous séparés pas, comme si rien n'avait changé. » Elle n'en dit rien. Pour une fois, elle laissa sa colère de côté. Elle ne pouvait s'énerver ici, elle ne pouvait pas cracher son venin comme ça. Azel ne le comprendrait pas, les gens non plus. Il ne comprendrait pour quoi elle se laissait emporter ainsi, sur une femme sur le point de donner la vie. Ça n'avait aucun sens. Pour l'éthique, ce n'était pas correcte. Elle ne pouvait pas se montrer désagréable. « Parce que tout a changé. » Son départ, à Azel, avait créé un bouleversement soudain. Un sms et tout s’effondre. Les projets s'envolent, disparaissent en suivant le chemin de cette belle blonde. Tout change, tout est différent. Elle part, elle s'enferme dans un bulle pour survivre. Si elle ne l'avait jamais avouée réellement, Azel avait été un pilier à sa vie. Un soutien important qu'elle avait perdu au moment où elle en avait le plus besoin. Évaporé le souvenir, fantomatique restait son esprit. Elle sentait parfois encore son parfum flottait dans l'air lorsqu'elle se rendait dans les endroits qu'elles avaient l'habitude de fréquenter. Elle revoyait le corps d'Azel dans certains de ses vêtements. « J'ai fui lâchement. Mais je n'ai pas fui pour la même raison. Tu as fui pour suivre Augustin, j'ai fui pour échapper à un homme. » Dans un élan de confiance, elle se permettait de parler, de raconter ce qui l'avait poussée à partir, à quitter sa vie bien confortable pour le bout du pays. Elle avait tout quitté. Ses études, ses parents, sa vie d'antan. Elle avait abandonné ses espoirs, ses rêves de gloire, ses ambitions pour fuir. Elle n'avait trouvé aucune solution. Ainsi dit, cette fuite représentait un avantage, une nécessité. Et pourtant, elle avait juste voulu couper tout contact avec l'unique homme qu'elle avait réussi à aimer. Elle avait fui son regard tentateur, ses mains si douces, son corps attirant. Elle avait fui un plaisir charnel, un amour sans avenir, des pensées malsaines. Elle voulait se ressourcer ailleurs.  « Tu es la première personne à qui j'ai pensé quand j'ai voulu partir. Il n'y avait que toi. » Elle n'avait jamais réellement accordé sa confiance à ses amis, elle était restée méfiante. Azel avait été la première. Elle s'était confiée à elle, parfois pour des broutilles, parfois pour des choses importantes. Elle s'était ouverte à cette fille qu'elle ne connaissait que très peu, simplement parce qu'elle la considérait comme une amie. Sa meilleure amie. Malgré toutes les personnes qui l'avaient entouré, il n'y avait eu qu'Azel, et ce, dès qu'elle avait franchi les portes de cette salle de classe. Et ce, dès qu'elle avait installé ses affaires à la place à côté d'elle. Elle n'était pas qu'une simple voisine, qu'une simple camarade avec qui rire. Il y avait plus. Charlotte aimait Azel, un amour quasiment fraternel pour elle qui n'était qu'une simple fille unique ballottée entre des parents divorcés. Azel l'avait trahi aujourd'hui, comme beaucoup l'avait fait avant elle. Une trahison qui n'avait de grandes conséquences, si ce n'est la déception d'être la dernière au courant, la dernière à savoir qu'elle était là, enceinte, alors qu'elle était censée être sa meilleure amie.  « Je n'aurais sûrement pas dû. Je ne sais pas si je dois regretter. » Elle se sentait terriblement naïve d'avoir pu imaginer qu'elle l'accueillerait à bras ouverts, le sourire béat et les yeux lourds de larmes. Elle avait été naïve de penser que rien n'avait réellement changé entre elles. Chacune avait commencé à vivre une nouvelle vie, différente, sans l'une, sans l'autre. Chacune avait grandi, mûri. Azel plus que Charlotte, c'était certain. La jeune enfant de la campagne était devenue une femme, une future maman. Et Charlotte dans tout ça ? Une briseuse de mariage, une fille facile, une aguicheuse. Une prostituée n'aurait sûrement pas fait mieux qu'elle, si ce n'est qu'elle aurait au moins eu le mérite de récolter de l'argent pour ses exploits peu glorieux. Charlotte ne pouvait plus se regarder dans un miroir sans voir le visage de son professeur de littérature et de son alliance qu'il portait fièrement. Elle n'arrivait plus à souvenir comment tout avait commencé ? Qui avait fait le premier pas ? Qui avait regardé l'autre en premier ? C'était confus, elle avait voulu oublié. Son esprit voulait effacer de sa mémoire ces derniers mois.  Elle n'arrivait plus à y repenser. Son cœur était brisé, irréparable.  « Ce n'est pas comme ça que j'imaginais nos retrouvailles. Tout a changé maintenant. Tu sais Azel, neuf mois, c'est long. Peut-être pas pour toi. Mais pour moi, ces neufs mois m'ont semblé durer une éternité. » C'était un fait. Comme un film, les images de sa vie passée défilaient. Elle avait été heureuse, un jour. Elle avait réussi à sourire franchement, à ne pas mentir. Elle avait réussi à être une fille normale. Qu'est-ce qui l'avait tant changé ? Le lycée sans doute. Cette popularité qui l'avait envahi d'un seul coup, son comportement qui avait changé sans qu'elle ne rende compte. Tout avait changé. Dans leurs vies. Dans leur relation. Dans ce qu'elles avaient construits toutes les deux. Il était loin le temps où elles s'enfermaient dans sa chambre pour rire, pour parler, pour s'amuser sans penser au lendemain. Elles étaient d'innocentes adolescentes prêtes à refaire le monde, prêtes à tout pour vivre une vie meilleure. Aujourd'hui, elles se retrouvaient après des mois de séparation, leur proximité semblait pourtant les éloigner toujours plus. Les mots qu'elles se disaient n'étaient que de violentes claques. Leurs yeux criaient la détresse sans qu'aucunes n'interviennent. Il est loin le temps où elles se fichaient de tout. Il est loin le temps où elles s'aimaient plus fort que le reste du monde. Neuf longs mois avaient passé. L'éternité avait commencé à se creuser entre elles, entre ces deux corps  autrefois amis. Étaient-ils ennemis maintenant ?
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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyVen 16 Mai - 22:06


i thought i'd never see you again.

Aux côtés de Charlotte, sur ce banc, je n'arrive pas à penser clairement. Il y a un écart monstre entre ce que je ressens et ce que je devrais ressentir. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Charlotte était ma meilleure amie pendant mes trois années de lycée et les deux qui ont suivies, celles où elle a continué ses études et où je suis retournée à la ferme. Elle a toujours été au centre de mon attention, et voilà que neuf mois après que je l'ai quitté, je ne sais pas comment me comporter avec elle. Je me suis bien sûr imaginé un nombre incalculable de fois le jour où je la reverrais - mais c'était plus comme un rêve. Un rêve que je pensais impossible, inaccessible. Je ne pensais jamais que je pourrais effectivement la revoir. Ou du moins pas avant un grand nombre d'années ; que nous nous retrouverions, mûries, avec toutes les deux des enfants, se souriant comme auparavant, riant, parlant, comme si nous ne nous étions jamais quittées. Quand je m'imaginais des retrouvailles imaginaires, alors que nous serions encore jeunes, je me voyais apercevoir Charlotte dans l'embrasure de la porte du train, descendre prudemment les marches avant que son regard perdu par l'inconnu de la ville croise le mien. Je me mettais alors à courir, et nous nous prenions dans les bras, des larmes coulant le long de mes joues, le cœur battant la chamade, si heureuse de la retrouver. Parfois, je rêvais que nous nous retrouvions tout à fait par hasard ; je rentrais à Burk's Fall pour rendre visite à mes parents et à grand-mère, je jetais un coup d'oeil sur le chemin entre North Bay et la maison, et j'apercevais une silhouette que je connaissais trop bien. Je tapais l'épaule de mon père qui conduirait la voiture pour lui dire de s'arrêter, j'ouvrais la porte, nos regards se croiseraient et nous courions l'une vers l'autre, pleurant même avant de s'être atteintes. Aujourd'hui, rien ne s'est passé de cette façon. Je ne comprends toujours pas pourquoi. Pourquoi mon coeur n'a pas battu la chamade ? Pourquoi je ne me suis pas mise à pleurer ? Pourquoi je ne déborde pas de bonne humeur ? Je ne sais pas, je ne sais pas. « Je... je ne pouvais pas te donner de nouvelles. C'était trop dur. » Je baisse les yeux. Je ne suis même pas sûre qu'elle comprenait. Je ne veux pas lui expliquer davantage, tant qu'elle ne me le demandera pas ; je sais que je suis en tort sur toute la ligne, et je ne veux pas passer pour une victime. Je ne veux pas m'attirer sa compassion, je n'attends pas d'elle qu'elle me pardonne tout de suite. Je veux prendre le temps de me rendre clairement compte de mon erreur, de l'encaisser, avant de pouvoir me répandre en excuses.

L'atmosphère qui règne entre Charlotte et moi est très particulière. Il n'y a pas de tension, plutôt un malaise mutuel. Nous ne savons pas comment nous comporter, quoi dire, comment nous regarder. Les questions de la blonde me prendre un peu par surprise. Elle semble... différente. Détachée, beaucoup moins enjouée que je l'ai connu. Ses interrogations sont défaitistes. Bien sûr qu'il y a un meilleur choix, qu'il y a une meilleure vie. C'est bien le seul espoir dans lequel je n'ai aucun doute. Il y aura toujours mieux, ailleurs ou ici, il y aura toujours mieux. Que ce soit en grandissant, en voyageant, en rencontrant d'autres personnes, en en quittant certaines ; la vie s'améliore à un moment ou à un autre. « Bien sûr. » Je réponds en soutenant le regard de Charlotte. Je souris faiblement. « Il y a toujours un choix qui est meilleur que l'autre. Il y a toujours une vie meilleure, si ce n'est pas déjà celle que tu vies actuellement. » Je ne suis pas certaine d'être compréhensible, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours possibilité d'avoir une vie plus belle que celle que l'on a, si tant est que l'on est déjà pas heureux avec la vie qu'on mène. Par exemple, je reste accroché à l'espoir que ma vie s'améliorera avec le temps ; qu'un jour, j'aurais cette petite maison dans la campagne que j'ai toujours rêvé d'avoir, avec un mari, plusieurs enfants et un beau jardin. Cela peut paraître idiot mais ce serait la vie idéale, pour moi.

J'observe les traits de mon amie - ou de celle qui le fut, en tout cas. Ils semblent tirés. Est-ce le voyage ? Ou ce qu'elle a vécu pendant ces neufs mois où je n'étais pas là ? Elle est toujours aussi belle, bien sûr, mais une beauté beaucoup plus triste. Nostalgique. Tous ces moments que nous avions, toutes les deux, me manquent terriblement. Je regrette de ne plus me rendre chez elle, de plaisanter avec son père et de voir les yeux ébahis de sa mère quand je rappliquais chez eux avec ces robes bizarres assorties de bottes tirées d'une autre époque. Je souris à ce souvenir. Evidemment, ce qui me manque par-dessus, c'est Charlotte. Sa chambre, son ordinateur, la webcam avec laquelle nous nous prenions en photo en train de rire aux éclats, son pouf sur lequel je m'asseyais tout le temps, la voir se déhancher pour me montrer une de ses nouvelles robes, ou lui brosser les cheveux. Qu'est-ce qui a donc bien pu se passer pour que sa joie de vivre s'échappe ? Je vois bien que les sourires qu'elle me donne là n'ont aucun rapport avec ceux que je recevais par le passé. Est-ce que ce serait simplement parce que c'est justement moi, qu'elle a en face d'elle, et qu'elle ne voudrait pas me sourire chaleureusement ? Je ne sais pas, je ne sais toujours pas. Ses yeux se portent sur mon ventre une nouvelle voix, alors qu'elle me demande combien de temps il me reste avant d'accoucher. Je lui réponds, avant qu'elle pose une nouvelle question. J'étire les lèvres en ce qui s'apparenterait certainement le plus à une grimace. Je ne sais pas comment interpréter ses paroles. « Je... je sais pas. » Je murmure, contrite. « Je crois. » J'ajoute, presque triste. « Certaines personnes m'ont dit félicitations, en effet, mais elles le pensaient. » Je ferme les yeux et appuie mes paupières. Bien sûr qu'elle ne peut pas me féliciter en toute honnêteté. Comment pourrait-elle féliciter la grossesse jusqu'alors inconnue, de celle qui fut sa meilleure amie, qui à l'époque lui disait tout ? Je porte instinctivement ma main à mon ventre et fait des ronds. Ça m'a toujours détendu, quand j'étais un peu angoissée. Là, ça ne suffit pas. J'ouvre la bouche pour me justifier, puis je la referme. J'ai dit que je ne me répandrais pas en excuses pour le moment. Pas avant d'avoir compris l'ampleur du mal que j'ai pu lui faire. Ce ne serait pas respectueux de chercher son pardon, sans connaître les réelles conséquences de mon départ - si tant est qu'il y en ait.

J'écoute attentivement ce que Charlotte me dit, sans forcément la regarder dans les yeux. Je n'y arrive plus. Ces yeux qui semblent me fuir... je ne le supporte pas. Mon cœur se serre quand elle dit qu'elle a fuit, elle aussi. Qui a-t-elle fuit ? Quelqu'un qui lui a fait du mal ? L'inquiétude que j'ai pu éprouver par le passé concernant ma meilleure amie resurgit. J'ai l'impression que ces sentiments que j'éprouve me rapproche un peu de la Charlotte que j'ai connu, mais la dernière phrase qu'elle prononce me jette de nouveau à des kilomètres de cette blonde. Je n'aurais sûrement pas dû. Pourquoi ? « Tu as bien fait. » Je réponds aussitôt. L'inquiétude refaisant surface. Je suis celle à qui elle a pensé après quelque événement qu'elle a vécu, et je ferais tout pour l'aider de mon mieux, comme j'aurais pu le faire à l'époque du lycée. « Je suis toujours là pour toi Charlotte. » Je me mords l'intérieur de la lèvre, avant de reprendre en la regardant dans les yeux. « Je sais que j'ai foiré un bon nombre de choses avec toi, mais tu peux toujours compter sur moi. » Je tente de sourire mais ça ne vient pas. Je suis prise par la peur. Et si elle partait ? Si elle se rendait compte qu'elle a parcouru trois mille kilomètres pour rien, et qu'il vaut peut-être mieux qu'elle retourne d'où elle vient ? Non, non, je ne pourrais pas le supporter. Je sens les larmes monter aux yeux. Voilà, ça commence. La réaction normale que j'aurais dû avoir quelques minutes plus tôt, en croisant le regard de ma blonde préférée. Ce que je redoutais se confirme ; le fait que si j'ai l'occasion de voir Charlotte, de parler à Charlotte, je ne pourrais plus jamais la quitter. C'est bien pour ça que je ne lui ai jamais donné de nouvelles. Je savais que je ne pourrais pas supporter son absence si je restais en contact avec elle. Il fallait que je coupe tout, que je tente d'oublier sa présence, pour ne garder que les meilleurs souvenirs - comme si c'était des souvenirs lointains, auxquels je pourrais penser avec nostalgie, comme on se remémorerait des vacances particulièrement agréables passées au bord de la plage. Il n'y avait que comme ça que j'aurais pu - que j'ai pu - survivre à l'éloignement. À présent, tout était remis en question. Je ne pourrais plus jamais me conditionner à son départ ou même au mien, je ne pourrais plus être prête psychologiquement à qu'elle ne soit plus près de moi. « Moi non plus, je n'imaginais pas nos retrouvailles comme ça. Même si je ne pensais pas avoir la chance de te revoir un jour, je me suis imaginé te retrouver un bon paquet de fois. » Je souris et porte mon regard sur elle. « Beaucoup de choses ont changé, oui. » Je ne serais pas d'accord pour dire tout. Pour ma part, j'ai un enfant. Certes. Mais je pense être toujours la même, au fond de moi. Toujours la même Azel, avec le même caractère, la même façon de parler, de m'habiller, de marcher. « Il s'est passé quoi, pendant cette éternité ? » Je veux savoir. Il semble qu'il lui est arrivé un tas de choses - et pas forcément des plaisantes - pendant ces neuf longs mois. Longs mois pour elle... Est-ce qu'ils l'ont été pour moi ? J'ai l'impression qu'ils sont passés incroyablement vite, et pourtant j'ai souvent trouvé le temps long. Notamment les premiers mois, après qu'Augustin m'ait abandonné. Je ne savais pas quoi faire de mes soirées ; je n'avais plus personne à qui parler en rentrant, plus personne avec qui rire, plus personne avec qui me balader le week-end. Alors oui, il y avait Zoe - et s'en elle je ne m'en serais peut-être pas sortie. Mais ce n'était pas Augustin. Et puis, une fois ma tristesse un peu apaisée, les choses se sont améliorées. Et le temps est passé. Normalement. Comme il passait avant.
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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyDim 18 Mai - 13:27

Dans son esprit, diverses pensées s'entrechoquaient. Un véritable méli-mélo avait lieu. Tout se mélangeait, rien ne correspondait plus. Il était difficile de tout saison, de tout assimiler. Trop d'informations prenaient formes, trop de choses venaient d'arriver. Charlotte se sentait mal, elle manquait d'air. Les images étaient floues, son ventre était noué. Trop de donner des nouvelles, trop dur d'en prendre. Azel l'avait dit. Elle ne le comprenait pas. Un message, un e-mail, une lettre. Elle se serait contentée du minimum, même quelques mots griffonnés sur un papier chiffonné. Elle avait vainement attendu dans son coin qu'un miracle apparaisse. Elle avait finalement dû se déplacer d'elle-même pour comprendre, pour s'assurer qu'elle allait bien. Et effectivement, elle allait bien, si ce n'est l'impressionnant tour de taille qu'elle arborait à ce moment précis. Sans doute ne lui disait-elle pas ce qui s'était réellement passé. Il manquait une pièce au puzzle. Une pièce importante qui répondrait à toutes les questions. Mais à ce moment précis, Charlotte ne pensait qu'à son abandon. Elle se sentait comme un enfant qu'on avait déposé devant un orphelinat très jeune. Cette sensation était douloureuse, comme un couteau violemment planté dans le creux de l'estomac. « Trop dur. Bien entendu, c'est toujours trop difficile. Qu'est-ce qui était trop dur ? Me dire que t'était tombée enceinte ? Que t'avais choisi une autre vie ? » Elle avait gardé un ton calme. Trop sans doute. Ses mains étaient tremblantes. Sa voix était chevrotante. Charlotte sentait son cœur battre trop vite. Ses poumons se remplissait mal. « Mais merde … J'aurais compris. Qu'importe la raison, j'aurais compris. » Ses mains s'étaient crispées sur le bord du banc. Son dos s'était voûté, sa tête s'était baissé. Elle cherchait une issue. Elle voulait se libérer. Sans même s'en rendre compte une larme à quitter le coin de ses yeux bleus, venant s'écraser sur son genou, imprégnant le tissus de son jean clair. Charlotte ne pleurait jamais pourtant. Elle avait cessé de pleurer il y a bien longtemps. Les larmes montraient la faiblesse. Elle se montrait faible à ce moment précis. Avant, elle pleurait de rire. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Ses larmes représentaient sa déception, sa colère. Elle lâchait prise. D'un revers de manche, elle essuya ses yeux pour relever la tête. Elle levait les yeux vers Azel. « T'es toujours aussi optimiste. » avait-elle soufflé. Azel souriait. De vrais sourires de ce qu'elle voyait. Elle ne lui offrait que des grimaces, des sourires sans émotions ni sincérité. Azel parlait d'une belle vie, de meilleurs choix. Charlotte ne voulait pas y croire. Le bonheur, la joie, elle n'en avait jamais vraiment eu. Elle avait vécu, voyageant entre l'amour de deux parents. Voyageant entre deux maisons. Elle avait partagé son temps entre une mère définitivement bloquée au stade de l'adolescence et un père trop protecteur. Elle s'était construit seule. Le bonheur, l'amour, c'était finalement des notions trop abstraites pour qu'elle s'abjure à y croire. Rien que des foutaises à ses yeux.

Rien ne l'étonnait dans les paroles d'Azel. Elle avait compris son ironie sans mal. C'était le but. Charlotte ne voulait pas être méchante, ni même désagréable. Elle avait sans doute besoin de temps pour encaisser, pour comprendre les raisons de celle qui avait été sa meilleure amie pendant cinq années de sa vie. « Je suis désolée, je ne peux pas être enthousiaste. » Elle secoua la tête, comme désespérée par la situation. Elle aurait aimé lui dire qu'elle était heureuse pour elle, qu'elle ferait une maman formidable. Elle n'y arrivait simplement pas. Pas sincèrement en tout cas. Ces deux derniers mois, Azel avait sûrement rencontré de nouvelles personnes. Ces gens qui avaient aujourd'hui de l'importance dans sa vie et qui avait pu se réjouir de sa grossesse. Des gens d'ici qui avait remplacé les gens de là-bas. Charlotte avait perdu sa place dans la ville d'Azel, ou peut-être était-ce l'inverse. Azel n'avait plus la même place dans sa vie.  « Cette grossesse ne me concerne pas. Mais si tu es heureuse, tant mieux. Tant mieux pour toi et pour lui. » Elle ne doutait pas que cet enfant serait heureux, qu'importe les conditions de sa venue. Azel était maternelle. En faisait le choix de le garder, elle avait réfléchi aux conséquences, à ce qu'un enfant apporterait à sa vie. A ce que ce bébé détruirait sur son passage.

Les yeux d'Azel s'embuent de larmes. Elle semble vouloir pleurer. Mais pourquoi ? Charlotte sentait l'énervement l'envahir. Cette fois, elle ne pourrait pas le contenir. Elle ne pourrait pas s'empêcher de crier. Elle en avait besoin, elle voulait le faire. Hurler sur cette pauvre Azel. Ouvres les yeux, merde. Elle voulait lui dire que pleurer ne changerait rien. Alors qu'elle disait qu'elle était toujours présente, Charlotte la regardait. Elle n'avait était là que dans son esprit, une image vague. Mais physiquement, Azel n'était pas là. Elle n'était là pour la prendre dans ses bras, pour la faire rire. Elle n'était pas là pour l'entendre parler, pour l'écouter. Si elle était restée, elles auraient vécu sa grossesse ensemble. « Et pendant neuf mois, tu étais là ? » Ses yeux s'étaient plongés dans les siens. Aujourd'hui, elle était là. Mais hier, elle ne savait pas encore qu'elle avait décidé de débarquer dans sa ville, de venir s’incruster dans sa vie. Hier encore, elle menait sa parfaite petite vie de future maman. Ces neuf derniers mois, Azel avait été absente dans sa vie. Elle avait perdu l'unique personne à qui elle aimait parler. Elle s'était retrouvée seule à affronter la réalité. Une réalité trop violente. Cinq avec Azel ressemblait à un monde idyllique. Neuf mois sans elle et tout s'écroule. Le monde devient l'enfer. Sans Azel, sa vie n'avait plus réellement de sens. Elle ne savait pas où elle, quel chemin suivre. Elle avait perdu un point de repère. « Non. Pas d'Azel à la ferme, ni même à la ville. Encore moins dans ma chambre à me faire rire. T'étais pas là. » Elle criait, faisait se retourner les passants, interloqués. Oui, elle criait sur une femme enceinte, oui, elle s'énervait. Mais qui étaient-ils pour la juger ? Aucun d'eux ne la connaissait. « T'étais pas là … » Sa voix n'était plus qu'un murmure. Un souffle léger après la tempête qui venait de passer. C'était un moyen de s'excuser. Ou bien de retrouver son calme tantôt disparu.

L'éternité avait représenté neuf mois dans leur cas. Neuf mois sans même sentir l'odeur du parfum d'Azel, sans entendre sa voix. L'enfer autrement dit, lorsqu'on passe cinq ans au paradis. Une vague avait ravagé leur vie, petit à petit. « Rien qui ne soit aussi important qu'un bébé à mettre au monde. » Elle marqua une pause, baissant les yeux. Son histoire ne valait rien. Elle n'était pas marquée physiquement par les événements. A quoi bon lui parler de sa vie. Au fond, elle ressentait le besoin mais elle ne voulait pas le faire. Pas tant qu'elle ne saurait pas pourquoi elle n'avait rien dit, pourquoi elle n'avait pas cherché à la contacter. Charlotte aurait sans doute pu l'aider, même à des milliers de kilomètres de White Oak Station. Elle aurait voulu participer à la grossesse, dépenser l'argent de ses parents dans les magasins pour enfants, organiser une fête pour l'arrivée de ce nouvel être humain. Des choses qu'une meilleure amie faisait dans ce genre de circonstances. « Rien qui ne soit aussi bien à raconter ou à montrer qu'un futur nouveau-né. »  Elle ne voyait pas comment lui parler de Monsieur Artman, lui parler d'Enzo Artman. Son professeur de littérature était entré dans sa vie à la rentrée de septembre. Elle ne savait pas comment tout avait commencé. Des rendez-vous pour des conseils, puis ils se retrouvés après, souvent tard le soir et un premier baiser pour que le processus soit lancé. Lui était marié, il semblait heureux dans son couple. Elle était jeune, elle voulait profiter de sa vie, s'amuser. Et ils se sont aimés. Une relation uniquement charnelle, à l'abri des regards, à l'abri de tous les soupçons. Il risquait sa carrière, elle risquait sa réputation. Il risquait son mariage, elle risquait sa vie future. Souvent il lui disait des je t'aime au creux de l'oreille, parfois même il lui disait qu'il allait quitter sa femme, qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Aujourd'hui, il avait brisé son cœur. Elle avait fui loin de lui pour ne pas succomber une nouvelle fois. Elle avait tourné le dos à cet amour malsain, sans avenir. Leur histoire avait suffisamment duré. Cette histoire n'avait plus d'intérêt à présent. Pas face à Azel et son futur bébé. Elle essayait de s'imaginer mère. Une blague, rien que d'y penser. Azel le pouvait, elle. S'occuper d'un enfant, retrouver une vie calme. Charlotte aimait trop s'amuser pour songer à avoir un enfant. Elle n'avait pas la carrure, pas le quotidien pour ça. Elle n'avait pas de stabilité. Les hommes n'avaient plus vraiment de place dans sa vie, elle avait besoin de s'en éloigner. Elle était de toute manière trop jeune pour songer à la maternité. Elle avait le temps d'y penser. Elle aurait besoin de se préparer, au préalable. Azel était prête, sans aucun doute.
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Azel Novak

Azel Novak
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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyLun 26 Mai - 22:29


i thought i'd never see you again.

Je ne reconnais plus Charlotte. J'ai l'impression qu'elle n'est plus celle que j'ai connu auparavant, il y a pourtant seulement quelques mois. D'habitude, elle était compréhensive avec moi. Elle ne faisait pas d'histoires quand j'arrivais en retard chez elle, parce qu'une vache avait mis bas ou que la vieille bécane de mon père était soudainement tombée en panne. En même temps, la faute que j'avais commise était bien plus conséquente qu'une simple panne de voiture et quelques heures de retard à un dîner. La durée de mon erreur s'étalait sur neuf mois et impliquait un abandon. Cela n'empêche pas ses phrases cinglantes de me transpercer le cœur. Je tente de lui répondre le plus clairement possible. Le plus sincèrement du monde, sans en faire des tonnes. Je la regarde dans les yeux. « Non » J'attaque sèchement, avant de reprendre beaucoup plus doucement. « Ce qui aurait été trop dur, ça aurait été de te parler, tout simplement. » Je me mords l'intérieur de la lèvre. « Je sais que je n'aurais pas pu résister à l'envie de faire demi-tour... » Je laisse ma phrase en suspension. Qu'est-ce qui m'aurait empêché de faire demi-tour, justement ? De retourner en Ontario, après qu'Augustin m'ait abandonné ? L'argent. Autant à l'aller j'avais sauté dans la voiture de mon meilleur ami, sans rien payer de l'essence ou de l'autoroute, autant j'aurais dû me payer moi-même le trajet en sens inverse. Au moins une voiture et l'essence, si je ne prenais que les routes de campagnes. Je n'en avais pas les moyens à mon arrivée et quand j'aurais pu les avoir, je n'étais plus en état de conduire. Je me mettrais à chercher une petite voiture peu chère, lorsque j'aurais accouché de bébé. Je fixe les jointures de mes mains avant de tourner la tête de nouveau vers Charlotte. « Je sais bien que tu aurais compris. Tu aurais compris l'idée. Mais tu aurais voulu me retenir. En tout cas, si ç'avait été toi, j'aurais voulu te retenir. » Je marque une petite pause. Est-ce que j'étais aussi importante pour elle qu'elle l'était pour moi ? « Encore une fois, je n'aurais pas résisté et je serais probablement restée. » Ça aurait sûrement été la meilleure des choses à faire, d'ailleurs. Rétrospectivement parlant. Si j'avais su.

Une larme coule sur la joue de Charlotte et mon cœur se serre. Je me demande si je l'ai déjà vu pleurer. Peut-être, une fois ou deux, mais très rarement. C'était souvent moi, qui pleurais. Je pleurais souvent, pour les garçons. Charlotte ne pleurait que de rire. Je me fais violence pour ne pas essuyer cette larme solitaire. Ce serait certainement mal placé. Je souris pour la rassurer, espérant lui remonter un peu le moral. Pourquoi pleure-t-elle ? Pour son avenir ? Elle en aura un beau, je le sais. Elle le mérite tellement. « Ne t'excuses pas. » Je finis pas répondre, quand le sujet se porte sur ma grossesse. Je ne peux pas lui en vouloir, je peux imaginer qu'elle ne soit pas enjouée. Après tout, je ne sais pas comment j'aurais réagis si ma meilleure amie m'annonçait trois jours avant d'accoucher qu'elle est enceinte. Très mal, certainement. Vexée, blessée. « Je suis heureuse avec ce bébé qui va arriver, oui.» Je détourne le regard et fixe devant moi, une boule se formant dans ma gorge. « Le père n'est pas au courant depuis longtemps. » Je rectifie, en fronçant les sourcils. Je ne sais toujours pas vraiment ce qu'il en pense. Je ne sais même s'il est heureux de cette nouvelle. Je peux imaginer que sa réaction ait été pire encore que celle de Charlotte, même s'il ne l'a pas montré... après tout, il a lui aussi appris que j'étais enceinte, alors que cela faisait huit mois que je l'étais. Le détail, c'est qu'il n'est pas qu'un ami, il est le père de cet enfant.

Le ton de la discussion change ensuite du tout au tout. Il n'y a même plus de discussion, en réalité. Plutôt un défoulement de colère de Charlotte sur moi. Je me pince les lèvres et tente de ravaler mes larmes, l'écoutant sans broncher. Je fixe mes pieds. Qu'est-ce que je pourrais répliquer à tout ça ? Bien sûr qu'elle a raison. Elle a juste sur toute la ligne. Je n'étais pas là. Je n'étais pas là dans des moments certainement importants de sa vie. Comment pourrais-je donc me racheter ? J'engrange toute sa colère, toute sa souffrance. A-t-elle autant souffert de mon absence ? J'avais peut-être sous-estimée la place que je prenais dans sa vie. Je pensais sincèrement qu'elle pourrait se reposer sur d'autres amis, et j'apprends que ça n'a apparemment pas été le cas. Je finis par murmurer, après avoir pris une grande inspiration. « Non, je n'étais pas là. Je n'étais pas là mais je te jure que je serais là, à présent. Et jusqu'à la fin des temps. Je ne te quitterais plus. » Mes yeux se relèvent à la fin de la phrase, et ma voix se fait implorante. Je ne veux plus jamais perdre Charlotte. « Ce n'est pas vrai » J'ajoute alors, soutenant son regard. « On ne peut pas comparer une naissance à un autre événement ; il n'y a rien de similaire. » Mon cas n'est pas plus important que le sien. Il est simplement différent. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Je demande de nouveau. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression d'avoir manqué quelque chose d'immense. Je m'en mords les doigts. Je frissonne et rabats les côtés de mon manteau sur mon ventre.
Dorénavant, je ferais tout pour l'aider. Tout ce qui est en mon pouvoir.

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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyMar 24 Juin - 1:09

En entendant Azel, elle se rendait compte de la difficulté qu'elle avait évoqué. Elle n'avait jamais pensé à cela, jusqu'à présent. A ce qu'Azel avait pu ressentir. Au fond, n'avait-elle pas pensé qu'à elle ? Qu'à sa déception ? Elle n'avait pas imaginé ce qu'Azel avait vécu en quittant sa ville natale, sa famille, ses parents pour l'autre bout du pays. Des milliers de kilomètres la séparent de ce cocon dans lequel elle avait grandi. Tout semble différent dans cette ville. Les gens, les mentalités, la vie quotidienne. Charlotte se sentait égoïste, actuellement. Une garce qui ne pense qu'à son intérêt. Qu'à sa vie, en premier. A ce moment précis, elle essayait de se mettre à la place d'Azel. Et effectivement,  c'était difficile. « Je ne t'aurais pas retenu, Azel. » avait-elle dit d'un ton ferme mais doux. Elle ne pouvait pas en être certaine. Mais en revenant neuf mois en arrière, elle aurait pu la suivre. Étudier dans cette petite ville, la soutenir. Se réjouir pour ce nouveau-né. Elle aurait pu trouver une solution,   elle aurait pu éviter d'être là aujourd'hui à être méchante, à être égoïste. «  Je t'aurais suivi, je t'aurais rejointe avant même que tu n'aies eu le temps de me le demander. » Après tout, qu'avait-elle dans l'Ontario. Quelques amis, avec qui elle pourrait garder contact. Ses parents, l'un absent, l'autre trop présent, limite étouffant. Elle n'avait rien, pour ainsi dire. Elle pouvait partir, du jour au lendemain pour recommencer ailleurs. Comme elle l'avait fait en venant ici. « Que tu sois partie, finalement, c'est pas le plus dur. C'est d'avoir été mise à l'écart de tout ça. De ta vie. De ton nouveau monde. » Que savait-elle à présent d'Azel ? De sa nouvelle vie, de ses nouvelles fréquentations ? Un faussé s'était creusé entre elles. Pas si profond, pas infranchissable. Suffisamment pour qu'elles se perdent de vue, qu'elles s'éloignent, qu'elles deviennent des étrangères.

Une unique larme comme elle n'en avait plus versé depuis longtemps. Cette seule larme qui signifiait beaucoup. Une perle salée qui s'accordait la liberté, ainsi que la mort. Une seule larme mais il n'en fallait pas plus pour que son cœur se serre. Elle se désolait de ne pas pouvoir être heureuse pour celle qui avait été sa meilleure amie. Elle se sentait terriblement mal de ne pas avoir été présente pour Azel, pour vivre cette grossesse avec elle. « Tu seras une mère formidable, Azel. Avec ou sans le père. » Elle esquissa un maigre sourire, si maigre qu'il devait être à peine visible. Elle était certaine de ce qu'elle disait cependant. Azel, malgré son jeune âge, avait tout pour être la parfaite mère. Du moins à ses yeux. Sans doute dû à leur amitié. « Tu t'en sortiras très bien. Comme toujours. » Azel s'en sortait toujours. Pas forcément du premier coup, ce n'était pas forcément inné, chez elle. Mais en tant que maman, elle serait parfaite. Charlotte en était persuadée.

Elle s'était emportée, laissant les mots dépasser sa pensée. Charlotte s'emportait contre Azel, sans réfléchir au conséquence, sans penser à ses mots. La colère résonnait dans sa voix, virulente. Des paroles blessantes qu'elle balançait sans se rendre compte. Azel a été absente durant ces neuf mois, cela aurait sûrement duré plus longtemps si Charlotte n'avait pas débarqué comme une fleur dans cette petite ville paisible. Azel lui promettait de ne plus la laisser et une nouvelle fois, un maigre sourire s'accrocha à son visage. Elle avait toujours le petit mot pour ça. Pour apaiser Charlotte, dans n'importe quelle situation. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'analyser ses paroles. Allait-elle rester à White Oak Station pour toujours ? Resterait-elle près d'Azel pour toujours ? Elle n'en savait rien, l'avenir restait indécis. Flou. Elle venait d'arriver, pensant retrouver sa meilleure amie comme avant. Ce n'était pas le cas. Avait-elle des raisons de rester ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Mais elle ne pouvait pas rester sur ces retrouvailles. Elle ne pouvait pas repartir en mauvais terme avec Azel, elle ne le voulait pas. Elle ne le pouvait pas. « Je ne resterais peut-être pas ici, Azel. Je suis arrivée ici mais je n'ai rien. Je vis à l'hôtel, je n'ai pas de travail, je ne connais personne. Ce n'est pas mon monde, Azel. » Tout était différent ici. Rien ne correspondait à ce que Charlotte avait auparavant pu voir, pu vivre. Elle avait eu l'habitude de vivre entourée, d'avoir de la popularité à revendre. Jamais elle ne s'était sentie aussi seule que depuis qu'elle était arrivée. Elle était venue sans réel but, sans savoir ce qu'elle fera une fois qu'elle aurait revu Azel. Elle se trouvait dans une impasse. Son père ne lui offrirait pas une vie à l'autre bout du pays sans résultat. Pas indéfiniment en tout cas. Elle ne pouvait pas rester sans avenir, sans ambition. Elle avait besoin d'un objectif pour ne pas sombrer. Et pour le moment, aucun ne lui venait. « Peut-être que c'est moi, qui te quitterait cette fois. » Comme une bombe. Une grenade. Elle avait regardé Azel droit dans les yeux, sans cillé une seule fois. Elle l'avait dit, sans froideur ni enthousiasme. Et si les rôles étaient inversés ?

Azel parlait d'événement. Charlotte aurait aimé en rire. Ce mot n'avait aucun sens lorsqu'il s'agissait d'un couple sans fondement, sans base. Ce n'était pas un événement. C'était simplement une belle connerie. « Je suis tombée amoureuse, Azel. Voilà, ce qu'il s'est passé. » Ce sentiment, étrangement nouveau, l'avait frappé. Violemment. C'était inattendu. Surprenant. Douloureux. Un sentiment que l'on souhaite partager, hurler. Que l'on souhaite montrer. Et pourtant, jamais Charlotte n'a pu se mettre dans cette position. Celle de l'amoureuse. Un amour caché, un amour privé. Sans fenêtre sur l'avenir. Sans avenir tout simplement. Elle s'était laissée prendre à ce jeu, d'adolescente éperdument naïve. Éperdument stupide. Malgré tout, il n'y avait rien d'intéressant dans cette histoire. Rien si ce n'est son cœur brisé, sa fuite et sa venue ici avec un espoir finalement vain. Elle était venue dans l'espoir de voir Azel, de partager avec elle une nouvelle vie, une nouvelle expérience. Il fallait cependant se rendre à l'évidence, Azel avait commencé sans elle. Loin d'elle. Elle devait regarder la vérité en face et se dire qu'il l'attendrait peut-être. Qu'il l'aimait peut-être vraiment. Peut-être pas au point de quitter sa femme. Seulement au point de briser sa vie entière. De briser son mariage, de briser sa carrière. Il l'aimait peut-être assez pour la retrouver. Elle ne pouvait pas y penser. « Comparée à toi, ce n'est rien. Ça ne vaut rien. » L'amour est plus compliqué que l'on ne peut l'imaginer. Et pour Charlotte, cette expérience avait changé quelque chose.
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Azel Novak

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Message(#) Sujet: Re: ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) ﻬ i thought i'd never see you again. (charlotte,azel) EmptyMar 22 Juil - 17:21


i thought i'd never see you again.

Plus Charlotte parle et plus je me rends compte à quel point j'ai été égoïste. Dans toute cette affaire, je n'ai pensé qu'à moi. Depuis le moment où je suis partie jusqu'à présent, je n'ai pas songé aux conséquences que mes actes pouvaient avoir sur les autres. J'ai quitté mon village natal, parce que j'étais certaine de ne pas survivre sans Augustin à mes côtés. Je n'ai pas appelé Charlotte, parce que j'étais certaine de ne pas résister à l'envie de la retrouver. Cette fameuse nuit, je n'ai pas dit à Augustin de mettre de protection parce que je voulais profiter du moment présent. Quand j'ai appris que j'étais enceinte, je n'ai pas essayé de le contacter parce que j'étais blessée qu'il ne m'ait donné aucune nouvelle de lui. Je m'étais considérée pendant ces neuf mois comme une victime, celle qui n'avait pas de chance, alors que j'étais la principale actrice de mon malheur. « Tu as raison. » Je finis par lâcher, amère envers moi-même. « Je suis désolée. » Je plonge mon regard dans celui de Charlotte pour qu'elle enregistre la portée de mes mots. Je suis profondément désolée, et je ferais tout pour me racheter. Je ferais tout pour l'intégrer de nouveau dans ma vie, dans mon monde - pour reprendre ses mots. Je souris devant les encouragements de la blonde sur ma position de mère. J'aimerais la croire, j'aimerais être certaine de ce qu'elle avance. Serais-je réellement une bonne mère ? Et si Augustin m'abandonne de nouveau, est-ce que j'arriverais à surmonter son absence une fois encore, avec en plus un enfant sur les bras ? Je choisis néanmoins de garder en tête sa dernière phrase. Peut-être même que je me la répéterais en cas de coup dur. Je m'en sortirais très bien. Comme toujours. Et c'est vrai que d'une façon ou d'une autre, je suis toujours arrivée à garder la tête hors de l'eau. Après toutes mes ruptures, il y avait Augustin pour me consoler. Après l'abandon d'Augustin, je me suis jeté corps et âme dans ma boutique - où j'ai rencontré une merveilleuse femme en la personne de Zoe. Et puis, Augustin a finit par revenir. Que peut-il m'arriver de pire, à présent ?

La bombe qui cliquetait depuis quelques minutes détone enfin. Je m'imaginais, maintenant que Charlotte était en face de moi, qu'elle resterait pour une durée indéterminée. Je n'avais même pas pensé au fait qu'elle puisse repartir à un moment. Je ne sais pas quoi répondre. Savoir qu'elle vit à l'hôtel me serre le coeur, mais que puis-je y faire ? Si ça n'avait tenu qu'à moi, je lui aurais aussitôt proposé de venir habiter avec moi. L'ennui, c'est que je vis chez Augustin, et j'ai déjà l'impression de m'imposer. Alors ramener une amie ? Même s'il la connaît, je serais bien trop gênée de lui demander une nouvelle faveur. Et où dormirait-elle ? Augustin a semblé plutôt clair sur le fait que nous dormions en chambres séparées. Je ne peux pas proposer à Charlotte une chose que je ne suis pas sûre de pouvoir lui donner. Ce serait égoïste, plus que je ne l'ai déjà été avec elle. Je ne peux pas non plus l'embaucher dans ma boutique : je peine déjà a payer convenablement Zoe, alors une deuxième personne ? N'y pensons même pas. Lui faire connaître d'autres personnes ? Oui, mais qui ? Je pourrais la présenter à Zoe, à Ellie, à Sawyer ou bien à Shane. Voilà à quoi se limite mes amis dans cette ville. Les apprécieraient-elle ? Je me mords l'intérieur de la lèvre. Peut-être que c'est moi, qui te quitterait cette fois. Non. Non, elle ne peut pas faire la même erreur que moi. Alors, je me redresse et hausse la voix. « Non. Je t'aiderais à trouver un logement, un travail. Je te présenterais aux quelques amis que je me suis fait. Je t'intégrerais ici, dans la ville. Je ferais tout pour t'aider, mais s'il-te-plaît, ne repars pas. » Ma voix se brise sur les derniers mots. Je viens à peine de la retrouver, pourquoi voudrait-on me l'enlever ?

« Je suis tombée amoureuse, Azel. Voilà, ce qu'il s'est passé. » Je souris faiblement, malgré moi. Je ne sais pas encore si cela s'est bien terminé, et peut-être qu'à mieux y réfléchir, j'aurais pu comprendre que non. Sinon, pourquoi aurait-elle fuit ? Mais l'espace d'un instant, je suis heureuse. Heureuse qu'elle soit finalement tombée amoureuse. « Ce n'est pas vrai, ce n'est pas rien. Certainement pas. » L'amour implique forcément des choses, positives ou négatives. Il y a toujours des choses à dire, toujours des choses à raconter. Je m'apprête à lui demander des précisions, quand je sens mon téléphone vibrer, dans la poche de mon pantalon. « Excuses-moi. » Je murmure à l'attention de Charlotte. Je décroche rapidement, un peu frustrée de devoir mettre court à la conversation. « Oui ? » Je hoche la tête à plusieurs reprises, murmure quelques mots, et finis par raccrocher. Je me tourne vers Charlotte, dépitée. « C'était Augustin. Il a une course urgente à faire, et apparemment ça ne peut pas attendre. Il est garé sur le parking, en bas. » Je fais tourner mon téléphone portable entre mes doigts, nerveuse. Je ne pensais pas avoir à la quitter si précipitamment. « On... on se reverra, hein ? » Je chuchote presque. Par peur d'une réponse négative, je me lève rapidement et dépose un baiser sur sa joue, avant de m'en aller en direction de la sortie. Ce n'est qu'en arrivant à la voiture que je me rends compte que je ne lui ai pas demandé dans quel hôtel elle dort, ni où est-ce que nous pouvons nous revoir. Prise d'un élan de panique, je fais défiler les contacts de mon téléphone, espérant ne pas l'avoir effacé sur un coup de tête, pour être certaine de ne pas être tentée de la contacter. Alors que je m'assois sur le siège passager sans prendre garde à Augustin, mon sourire s'élargit. Je ne l'ai pas supprimée.
Charlotte est là.
Il n'y a plus qu'à espérer qu'elle n'ait pas changé de numéro. Je clique sur la petite bulle à côté de son prénom et tape rapidement sur le clavier du téléphone. « Tu m'as retrouvé... comptes sur moi pour ne plus te lâcher. » Envoyé. Le premier message depuis mon arrivée en Alberta.
Mais certainement pas le dernier.
RP TERMINÉ.
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