• Nolan & Venus •

Aujourd'hui, cela avait été une journée comme tant d'autres, ni véritablement bonne, ni réellement mauvaise. La routine. J'avais été attentive aux cours, j'avais pas mal avancé dans mes projets artistiques. J'avais également reçu des félicitations pour l'un de mes derniers travaux. Bien sûr, j'en suis heureuse. Mais je me dis que j'aurais pu faire tellement plus... Comme si j'avais été contrainte de peindre dans un cadre déjà posé. Ceci dit, lorsque l'on peint sur une toile, c'est un peu le cas : elle est la limite de ce que l'on peut faire... C'est pour ça qu'un jour, si j'en ai l'occasion, j'aimerais bien expérimenter une surface plus... Grande. Mais je divague.

Je disais donc que ma journée avait été banale. Les mêmes personnes, les mêmes petites habitudes. Si ce n'était pas forcément pour vivre des choses extraordinaires, j'aimais les observer car elles constituaient une grande source d'inspiration. En plus, ce soir, je ne travaillais pas. C'était l'un des jours où je ne dansais pas et j'avoue que ce soir, cela m'aurait peut-être fait du bien...

Sortir. Me montrer. Paradoxal lorsque l'on sait que les spectateurs ne m'identifient pas réellement. Ils voient Operetta et non Venus. Pourtant, je suis un peu les deux...

Néanmoins, le son de mon téléphone me sortit de ma rêverie. Plus que le fait que j'étais arrivée devant la porte de mon appartement depuis déjà une minute sans l'ouvrir pour entrer, d'ailleurs. Un message de Nolan.

Parfois, je me demandait si ce garçon n'avait pas un don pour choisir ses moments, bons ou mauvais, d'ailleurs. Je ne prenais même pas la peine de lui répondre, pénétrant dans mon antre, un léger sourire au lèvres. Un sourire assez peu visible, mais qui voulait tout dire.

Je suivais la procédure habituelle pour me préparer : d’abord la douche rapide après la journée de cours, puis je m'occupais de mes longs cheveux. C'était probablement la partie la plus longue de la préparation si je ne voulais pas qu'ils partent dans tous les sens : pour la journée, je me contentais de les attacher de manière rapide et pratique, plus qu'esthétique. Le soir, c'était différent, je prenais soin de me coiffer de façon attirante, sans trop en faire pour autant. De la même façon, si en journée, je n’étais pas ou peu maquillée, je devenais une autre personne la nuit, tout en gardant une part de moi-même... La dernière partie, d'ordre vestimentaire, était celle qui était à la fois la plus facile et difficile : je n'avais pas énormément d'argent, c'était un fait. Je ne pouvais donc pas me permettre d'acheter des robes hors de prix. Néanmoins, j''avais la chance d'avoir une amie styliste. Entre "artistes", on se rendait service souvent et elle me permettait de porter ses créations.

Ce soir-là, j'arrivais sans trop d'effort à l'heure au lieu de rendez-vous, comme d'habitude. Ma robe correspondait à la définition de "sexy", sans pour autant tomber dans le vulgaire. En fait, elle conservait un certain côté ingénu, ce qui rendait l'ensemble assez convainquant, du moins, c'est ce que j'ai supposé en voyant le regard d'un homme passant non loin de moi, alors que j'attendais Nolan.

Et finalement, il arriva. Je ne comprenais pas trop pourquoi à chaque fois, je ressentais un étrange picotement dans le corps, comme une décharge électrique et ce, à chaque rendez-vous. Je devrais le détester. Il me fait chanter. Et pourtant, ce n'est pas le cas. Du moins, je ne le crois pas.

Il ne sort pas de sa voiture, je n'attend pas pour entrer, d'un air détaché. Je n'ai jamais été très expressive, après tout. Mais je pense que c'est aussi pour ça que l'art m'a attirée... Je le regarde, je souris à peine.

- Alors comme ça, tu ne voulais pas t'ennuyer ?

Même pas un bonjour, juste ces quelques mots, teints de malice.

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