- Et... elle va mieux ?
- Oui ! Arni est venu à la maison, et il l'a guéri !
- …
- Allo ? Peter ?
- Oui, je suis toujours là. Hum, je vais te laisser, merci princesse.

Il s'échoue sur l'herbe, clope au bec, canette à la main. Petite après-midi tranquille, destinée aux éclats de rire et à l'histoire du monde, comme si le temps s'était arrêté sous le ciel orangé. Sauf que le temps semble reprendre le court de sa route, il vérifie son portable, et c'est bientôt l'heure. Alors ce serait bien qu'il ne tarde pas. Quelques minutes et il se lève, check les mains d'ses potes de jardins, et prend le chemin de la sortie. Il passe dans un café, achète deux trois friandises avant d'emprunter le bus. Sac-à-dos sur l'épaule, il s'extirpe de la foule, se maudit pour ne pas avoir pris son véhicule, et se tourne en direction du campus. Il marche longtemps, impatient. Il pénètre dans un bâtiment, dévale les escaliers. Il sourit à quelques connaissances, et enfin, il arrive devant la porte. Il sait qu'elle est là. Elle bosse toujours ses cours le même jour, à la même heure, au même endroit. Et en parfait petit-ami, Peter, il s'en souvient. Alors il tourne la poignée délicatement, ouvre la porte doucement. Sans faire de bruit, il fait quelques pas. Et comme prévu elle est là, assise seule sur une chaise, penchée sur ses bouquins, crayon en main. Il referme la porte, et s'approche à pas de loup. Une fois à sa hauteur, derrière elle, il se penche et dépose ses lèvres aux creux de sa nuque, puis l'embrasse sur la joue. Il profite alors de l'effet de surprise pour prendre place sur une chaise voisine. Il dépose son sac à terre et sourit de plus belle. Je devrais me reconvertir en agent secret., il dit alors en lâchant un éclat de rire. Il interrompt peut-être ses révisions, elle lui en voudra certainement. Mais tampis.
Elle lui a manqué Alma. Beaucoup. Il en a marre de cette distance, Peter. Il voudrait que tout aille mieux. Pourtant c'est pas si simple. C'est pas si simple de comprendre Alma, de saisir comment elle fonctionne. Elle est malade et ne l'appelle pas. Ne lui donne même pas signe de vie. Il sait que leur couple n'est pas au beau fixe. Au fond il est le principal fautif, alors il s'en rend bien compte. Sauf qu'il fait des effort et prend sur lui. Elle a ce don, Alma, ce don de renverser son monde, de bouleverser ses convictions. Et ça le perturbe un peu trop, Peter. Sauf qu'à cet instant, il préfère chasser ses sombres pensées, secouer sa tète de droite à gauche pour se concentrer sur elle, et la bulle qui se crée autour d'eux. Bon, j’espère que t'as faim parce que j'ai des sodas. Et des donuts. Tu sais, les multicolores., il annonce, et d'une main il ouvre le sachet pour le placer sous le nez de la blonde. Qu'elle puisse admirer ses efforts et sa gentillesse. Peter, il aurait pu arriver sans rien, débarquer les mains dans les poches avec sa gueule d'ange en guise de présent. Mais il voulait lui faire plaisir, même un peu. Voir ses yeux briller et son sourire étinceler, avant d'entamer les sujets qui fâchent.

les pages se tournent et se froissent. poupée alma tu rattrapes ton retard, car le temps d'un bonheur médicamenté, le temps d'un arni et d'une semaine au lit et ce sont zola et shakespeare qui te sont passés sous le nez.
toujours au même endroit, toujours au même moment. comme un rendez-vous secret, tu griffonnes et tu notes, tu surlignes et tu soupires. tout ces noms se mélangent, toutes les phrases s'effacent quand tes yeux se ferment, le temps d'une pause, d'un énième soupir incontrôlé, qui s'échappe de tes lèvres pincées. tes pensées convergent vers peter, son image se dessine sous tes paupières closes. cet abruti. il te manque, ça t'en crève le coeur. il te manque mais tu lui en veux, et tu veux qu'il ouvre les yeux, le gamin effrayé qui ne veut rien dire. tu veux qu'il se rende compte que ce secret le consume, pire que son addiction à ces foutus bâtons de cancer, pire que ses bouteilles du passé. tu veux qu'il arrête de se détruire et de se cacher, et qu'enfin il la dévoile, cette vérité.
mais c'est pete.
et tu sais qu'à force de ne pas t'écouter, tu le feras à sa place. c'est toi qui brisera le silence et remuera le couteau dans la plaie.
millième soupir.
tu baisses la tête, sans rouvrir les yeux. un souffle, des lèvres. elles te marquent la nuque, te donne des frissons incontrôlables. sa bouche se pose sur ta joue rosie, tes cheveux volent alors qu'il a disparu, le mystérieux amant, l'amoureux épris, assis à tes côtés.
je devrais me reconvertir en agent secret.
peter. tu as envie de rire, tu as envie de l'embrasser. ton palpitant bat plus fort, tandis que tes joues sont devenues rosées. bonne idée reed. au moins j'éviterais de frôler la crise cardiaque quand tu m'attaques avec tes baisers.
tu lui pointes le stylo dessus. les sourcils froncés et la bouche pincée, tu tentes une moue boudeuse, faussement fâché. si seulement il savait que c'était impossible pour toi de le détester.
même en pleine révision.
même si ton monde s'écroulait.
bon, j’espère que t'as faim parce que j'ai des sodas. et des donuts. tu sais, les multicolores.
et dans la main, l'objet qui éveille sa curiosité. peter a pris tes préférés. tu le regardes, touchée. parce que malgré toutes les disputes et toutes les épreuves que vous endurez , peter se souvient.
mes préférés... un sourire illumine ton visage. tu viens chercher sa main, abandonnant les poètes à leurs amours déchirés.
le tien est là, devant toi.
merci pete. en plus, j'avais vraiment faim.

Une semaine c'est trop. Sept jours, cinq appels. Zéro réponse. Deux coup de pied dans un sac. Et un Peter sur les nerfs.
Quelques billets pourtant dépensés dans des friandises et des boissons aux bulles qui explosent. Pour un sourire. Un seul. Chaque minute, chaque seconde qui défilent, il ne pense qu'à elle. Bonne idée reed. au moins j'éviterais de frôler la crise cardiaque quand tu m'attaques avec tes baisers., sa voix, son timbre, ses mots, tout résonne comme une mélodie. Fais pas ta rabat-joie, je suis sûr qu'un de tes romanciers aurait adoré mourir étouffé par des baisers., il se représente la scène et s'en veut quelque peu de parler une nouvelle fois de mort. Il en a bien trop l'habitude ces derniers temps. Elle aborde une moue, fronce les sourcils comme elle sait si bien le faire. Impossible de résister à ce visage, Peter il ne peut que se montrer tendre parce qu'il fond. Arrête, c'est moi qui devrait faire la tête., il lance sur le tas sans qu'elle ne le remarque de trop. Puis il enchaîne sur les beignets. Et un sourire naît sur ses lèvres. Alors il se souvient pourquoi il est là, à sans cesse courir après la belle, à encaisser les remarques, à taire ses reproches. Parce que c'est Alma. Encore et toujours. Merci pete. en plus, j'avais vraiment faim., pete, pete, il n'y a qu'elle pour l’appeler comme tel. Et il l'aime l'entendre de sa bouche. Je t'aurai bien kidnappée quelques heures, mais la littérature... européenne n'attend pas à ce que je vois., il dit taquin, en tentant de déchiffrer ses notes, baladant ses yeux sur les mots colorés et surlignés. Lui aussi devrait réviser. Peter aussi entame bientôt ses examens, mais nul doute que son talent fonctionnera encore. Il tente de s'en convaincre du moins, c'est ce qu'il dit à ses amis. Mais il sait qu'il ouvrira ses bouquins tard le soir pour réviser, lorsqu'il n'aura plus vraiment le choix. Il attrape une canette pendant qu'elle ouvre le sachet. Il décapsule la boisson, et le pshit raisonne entre les murs. Ça va, toi ? T'as quelque chose de prévu ce soir ? Ça fait longtemps qu'on n'a pas passé du temps ensemble. Rien que tout les deux., une éternité même. Les seuls moment où ils se sont vus dernièrement, ils étaient accompagnés de leurs amis en communs. Puis il y a eu le décès de Bill, et Alma qui tombe malade. Au fait est-ce que j'ai le droit à une explication ? Ou... on prétend que tout va bien ?, il dit ironiquement, avec une pointe d'agacement. Il en a marre de cette situation, alors il se lance finalement dans la bataille. Il n'est pas armé, entre eux c'est Alma la guerrière. C'est elle la plus forte, la gagnante. Celle qui a toujours raison, qui triomphe sur le mal. Sur son copain meurtrier. Pourtant Peter n'aime pas se disputer avec elle. Il n'aime pas hausser la voix, ou s'énerver contre elle. Alors il espère que pour une fois, ils pourront avoir une discution sereine, sans mot de travers, ni regard qui fâche.

stylo pointé comme une arme, pourtant de vous deux c'est lui qui fait couler les larmes. peter il est là après une semaine sans nouvelles, après cinq appels sans réponse. peter il est là et tu t'en vas de ne pas répondu que ça n'allait pas. il a fallu que tu appelles arni, parce que tu avais mal, mal que peter s'énerve à chaque fois, mal de ses mots, mal qu'il s'en aille sans un regard, juste en te tournant le dos. fais pas ta rabat-joie, je suis sûr qu'un de tes romanciers aurait adoré mourir étouffé par des baisers. t'hausses les épaules, toujours avec cette moue boudeuse, charmeuse malgré elle. c'est vrai, ils ont tendance à mourir vite, mais là on parle de toi et de moi, j'aimerais bien rester quelques années encore avec toi, non? tu me veux plus? alma t'as une bouille d'enfant à bouder comme les mômes, les blonds aux yeux marrons. arrête, c'est moi qui devrait faire la tête. t'entends à moitié, parce qu'il a déjà enchaîné sur les beignets. de toutes les couleurs, de toutes les formes. surtout rondes, parce que c'est les meilleurs. enfin tu souris. c'est vrai t'avais faim, faut croire qu'en hantant ton esprit, pete il avait deviné que t'étais affamée, épuisée à travailler autant pour te chasser de la tête tout ce qui te hante et tout ce qui te fâche. alors de tes petites mains t'attrapes un de ces fameux donuts, croquant dedans avec appétit. t'en as parti autour de la bouche, du rose et du bleu. ton visage ressemble à un bonbon lumineux. je t'aurai bien kidnappée quelques heures, mais la littérature... européenne n'attend pas à ce que je vois. pete il ricane, faut croire que lui n'a pas besoin de travailler pour se débrouiller. il a tout pour lui peter, alors parfois, alma tu te demandes comment il peut aimer une fille comme toi. t'es pas une top model, t'es pas la plus intelligente. comment il a pu venir à toi, peter reed? comment? t'en sais rien. son attention se reporte sur toi tandis que tu manges goulûment, avec appétit. ça va, toi ? t'as quelque chose de prévu ce soir ? ça fait longtemps qu'on n'a pas passé du temps ensemble. rien que tout les deux. c'est vrai, ça fait longtemps qu'ils ne se sont pas retrouvés ainsi, en tête à tête. à chaque fois il y avait une tierce personne, que ce soit des amis ou non. et puis bill est mort, et t'es tombée malade, appelant arni à ton chevet. t'avais pas envie de te disputer avec pete, t'étais trop fatiguée, et tu savais que les mots allaient dépassés ta pensée si le sujet revenait sur le tapis. oh tu sais, ça va, je.. mais t'es coupé par la mine agaçée de peter, qui te lance avec ironie au fait est-ce que j'ai le droit à une explication ? ou... on prétend que tout va bien ? ton visage se décompose lentement; tandis que tu avales ta dernière bouchée de donuts, baissant les yeux. peter, je.. je suis désolée de pas avoir répondu quand tu as appelé. j'étais malade, voilà tout. tu arranges la vérité, ne mentionnant pas le nom d'arni pour ne pas le fâcher, pour ne pas qu'il te tape une crise de jalousie. tu le connais pete, et pour ça t'as pas envie de t'emporter, pas quand vous vous retrouvez. pas maintenant.

Il la regarde elle et son arme, épée du jour, seule et unique défense contre son intrusion. Il a le sourire en coin, l'intérieur qui palpite. S'il avait été spectateur, Peter, il aurait crié bouffon de la reine. Celui qui s'ramène le cœur sur la main dans l'unique but de faire plaisir à sa bien aimée. Mais est-ce vraiment ça ? Seulement ? Peter ne veut-il pas pardonner quelque chose ? Se faire passer pour ce qu'il n'est pas ? Valeureux guerrier des temps modernes. Il sait qu'Alma a raison. La raison des montagnes de reproches, des disputes à n'en plus finir, c'est lui. Lui et rien que lui. Son comportement, ses mensonges et ses secrets. Il n'en a pourtant aucun pour elle, il n'y a rien qu'il puisse lui dissimuler, et pourtant, pourtant il a peur. Peur qu'un jour elle s'en aille avec un autre. Quelqu'un de mieux pour elle, quelqu'un de bien. Quelqu'un qui n'est pas lui. Alors, il est effrayé Peter, terrorisé à l'idée de perdre les personnes qui lui sont le plus chère. Arni. Alma. Ses liens deviennent fragiles de jour en jours et ne tiendront bientôt plus qu'à un fil. C'est vrai, ils ont tendance à mourir vite, mais là on parle de toi et de moi, j'aimerais bien rester quelques années encore avec toi, non? tu me veux plus?, lui ne plus la vouloir ? Lui ne plus la désirer ? Il voudrait répondre, crier, qu'elle et lui c'est pour la vie. C'est l'éternité et bien plus encore. Mais il n'le fait pas, parce que Peter c'est pas un canard. Il a sa fierté, son côté macho, ce truc qui ne veut pas le rendre vulnérable. Mais pour Alma il fait des efforts en baissant les armes. Écoute, pour l'instant ça va. Je te supporte. Il essaie du moins. Alors quand elle croque dans le beignet, qu'elle s'étale du sucre rose et bleu autour des lèvres, il rigole un peu. Peter il peut pas s’empêcher de se pencher. Il rapproche son visage, effleure sa joue rosie et lèche la moustache sucrée de la belle. Ça répond à ta question ?, il dit en s'éloignant un peu avec son éternel sourire en coin.  Oh tu sais, ça va, je.., pendant qu'elle répond à sa question Peter, il s'demande combien de temps encore son manège continuera de fonctionner. À quand le lever de rideau ? Lorsque qu'Alma aura tout révélé ? Lorsqu'elle aura tout raconté à son meilleure ami ? Non, Peter a confiance. Même si elle le menace, elle ne peut pas. Pourtant, elle l'appelle à l'aide. Alors de but en blanc, il la coupe. Il n'y va pas par quatre chemins et lance ça comme s'il commandait du pain dans la boulangerie du coin. Il veut pas en faire une affaire d'état, même si dans sa tète c'est hiroshima. Alors lorsqu'elle lui dit, Peter, je.. je suis désolée de pas avoir répondu quand tu as appelé. j'étais malade, voilà tout., il n'en croit pas ses oreilles. Il recule un peu sur sa chaise, écarte les jambes pour se donner de la contenance, comme un vrai bonhomme. Il pose ses yeux sur sa canette de soda, l'attrape entre ses deux mains. Voilà tout. Elle était malade, point. Il comprend au fond, qu'elle puisse avoir une vilaine grippe au point de ne pas pouvoir attraper son téléphone pour lui donner des nouvelles quelques jours. Elle est grande Alma, elle sait se débrouiller. Ce qu'il ne saisit pas cependant, c'est qu'elle appelle Arni plutôt que lui. Oui, c'est tendu entre eux deux. Oui, ils se prennent la tète sans arrêt. Mais bordel, Peter il voit que le mal. Tu sais, j'en n'ai rien à faire que tu me donnes pas de nouvelles pendant plusieurs jours., il dit pour ne pas passer pour le mec éperdument amoureux des films romantiques, bien que le sachet de donuts le décrédibilise totalement. Mais j'ai appelé chez toi ce matin. C'est qu'ils sont plutôt bavards les petits Baltz., il n'a pas envie de jouer le jeu ou de faire semblant de ne rien savoir. Peter, il fonce dans le tas comme toujours. Il n's'agit pas seulement de toi et moi. T'essaies de me faire culpabiliser c'est ça ? T'obtiendras rien du tout en l'invitant chez toi. On en a déjà parlé, et on en arrive toujours à la même conclusion, c'est mon meilleur pote bordel., alors il n'peut pas tout avouer. Même si Alma fait ami-ami avec lui, même s'ils s'entendent bien. Sauf qu'il se rend pas bien compte Peter, qu'il est entrain de fissurer son couple par la même occasion.