Jules ne travaillait pas cet après-midi. Elle avait des horaires très souples, si bien qu'elle pouvait parfois passer une semaine se rendre au travail et travailler le soir chez elle, à son rythme, tout en rendant son oeuvre finie le lundi matin, première heure tapante. Elle avait donc choisi de faire un petit tour dans le dowtown. Après avoir débarrassé son repas du midi, elle prit son appareil photo, son carnet, sa petite trousse, fourra le tout dans son sac en bandoulière et sortit de chez elle. Elle fit rapidement le tour du quartier. Le vent soufflait assez pour la faire frissonner sous son gros pull de laine et sa veste en jean. Elle s'arrêta dans un café où elle avait l'habitude d'aller. Elle regarda l'heure. Il était trois heures passés. Un petit espoir grandit en elle quand elle passa la porte du café.

Elle avait l'habitude de venir ici, en milieu d'après-midi car un jeune homme venait souvent ici. C'était innocent au départ, elle était venu prendre un café, comme à son habitude, seule, s'était assise dans un coin assez reculé de la salle et avait observé tous les clients. Ce n'était pas un côté stalker de sa personnalité. Disons plutôt l'habitude du dessinateur, en plus de ça, travaillant dans la communication. Elle étudiait les gens autour d'elle, s'amusait à leur inventer des histoires. Et quand un personnage de ce monde lui plaisait, elle le dessinait, sous une forme incongrue, qui ne leur correspondait probablement pas. Et un jour, elle est tombé sur ce gars, qui devait avoir son âge. Costard cravate bien taillé, impeccable. Il faisait jeune et pourtant si sérieux. Sa mâchoire contractée, ses sourcils froncés en lisant elle ne savait quoi sur sa tablette, le tableau entier avait fasciné Jules. Inconsciemment, elle s'était mise à le dessiner. Deux jours plus tard, elle est revenue dans ce café, juste pour voir s'il était là. Il était là. Habillé de la même façon, les cheveux un peu plus défaits à force d'y passer la main. Depuis, Jules espère le revoir, pour pouvoir le dessiner. Elle est... comme fascinée, intriguée, subjuguée. C'est bel et bien la première fois qu'elle dessine autant une seule personne. Qu'elle ne connait même pas.

Et aujourd'hui, il est là. Il est entré peu de temps après que Jules ait reçu sa deuxième dose de café. Comme à son habitude, elle a reprit son carnet. aujourd'hui, il avait un quelque chose de différent. Elle l'avait fixé, longuement, sans s'en rendre compte, juste pour savoir quel détail avait changé. Et ce n'est que lorsqu'il s'est levé qu'elle sut : il l'avait remarqué. Jules avait rougi, discrètement. Elle n'était pas habituée à ce qu'on la prenne en flagrant délit. Il voulait s'asseoir avec elle. Oh mon dieu. Jules referma rapidement son carnet, et sourit au jeune homme, les joues toujours rouge. « Oui, bien sûr. » Jules n'était pas intimidée. Elle était timide avec les gens qu'elle ne connaissait pas, encore plus avec ceux qui la surprenait à dessiner. C'était comme si elle avait été surprise à le voler. Elle était en train dans son intimité sans permission.