I'll scare the sh*t outta you, girl.

Oscar venait à peine de se réveiller. Il trainait lascivement dans son lit, bercé par la douce lumière qui s’aventurait à passer les lourds rideaux gris de sa fenêtre. Il avait mal à la tête. Le contre coup de son overdose était si difficile à gérer, entre sa fatigue persistante et ses pertes de mémoire, le jeune homme souffrait terriblement. Combien de fois avait-il craqué et fini par pleurer alors qu’en temps normal il ne se l’autorisait jamais. Oscar était une personne forte, mais depuis, il n’était plus qu’un château de sable emporté par une vague. Un fragment de lui-même. Il s’étira doucement, puis se frotta les yeux avant de trouver le courage pour se lever. Il savait pertinemment que dans une heure, il serait de nouveau couché. En trois semaines, il avait perdu une dizaine de kilos, il était affaibli et n’avait plus réellement l’envie de se battre. Il se dirigea machinalement vers le coin cuisine et attrapa les flacons oranges de médicaments disposés sur le bar. Oscar secoua doucement la tête, affligé du nombre de produits inutiles que les médecins lui avaient donné. Il les emmerdait tous, un par un. Si il avait eu la chance de les avoir en face de lui, il leurs aurait fait avaler tout le contenu, sans vergogne. En attendant, il les ingurgita à l’aide de son café précédemment préparé.

Quelqu’un frappa à la porte. Oscar hésita à aller ouvrir, il n’était pas habillé. À peine eut-il le temps de prendre sa décision que sa demi-soeur entra telle une tempête dans le calme appartement du brun. Il arqua un sourcil inquisiteur, se demandant bien ce que lui valait cette visite surprise. «On a un problème. On a même un gros, très gros problème. » Déclara Rose sans se soucier de savoir si il était occupé ou bien même si il était disposé à l’écouter. Heureusement pour elle, Oscar était bien trop exténué pour la mettre à la porte. « Ma vie est un problème, chérie, alors balance. » Dit il en attrapant des vêtements propres posés sur son fauteuil. Le garçon les enfila rapidement puis alluma une cigarette tout en s’appuyant contre le bar. Il tira une latte, distrait par les attitudes de Rose. Cette fille avait une fâcheuse tendance à tout dramatiser alors ça ne lui fit pas grand chose de la voir dans un pareil état. Cependant, il pouvait ressentir quelque chose de différent dans l’air. Un stress s’emparait de lui sans qu’il sache réellement pourquoi il subissait de telles émotions. Une sorte de pressentiment. « Je suis enceinte. » Lança-t-elle sans prendre la peine de le ménager. Oscar eut un léger rictus. Son regard bleu se promenait sur sa demi-soeur alors qu’il répondait sans prendre le temps de réfléchir. « Que veux-tu que ça me foute? » Il recracha la fumée inhalée, sans se préoccuper de la nocivité que cela pourrait avoir sur le futur nourrisson. Oscar avança de quelques pas en direction du salon et s’assit sur le fauteuil à côté du canapé, sa place favorite. « Tu fais ce que tu veux, t’es grande. Mais compte pas sur moi pour signer tes putains de papier, gère toi. » Aucune empathie, aucun stress. La réaction d’Oscar n’avait rien d’humaine. En réalité, son coeur battait la chamade. Il savait que pour se sortir de cette galère, il fallait agir ainsi, fuir, se comporter comme un connard. Rose lâcherait sans doute l’affaire. « En tout cas, félicitations. » Dit il en reprenant une bouffée cancérigène. Oscar ne cillait pas, son sourire hypocrite était vissé sur son visage, indéfectible et lourd de sens. Rose devrait quoi qu’il arrive se débrouiller sans lui. Il haussa une épaule et détourna le regard, désintéressé.

I'll scare the sh*t outta you, girl.

« Pauvre con ! » Cracha Rose avec colère. Oscar jeta son regard bleu sur elle avec dédain. Un sourire narquois s’étirait sur ses lèvres, moqueur et satisfait de la mettre dans cette état. Le jeune homme n’avait jamais eu aucun problème avec le fait de se faire insulter de la sorte, très conscient qu’elle n’avait fait qu’énoncer une vérité. Le jeune homme tira une dernière latte puis se pencha sur la table basse afin d’écraser son mégot dans le cendrier, sans lâcher Rose du regard. Il voulait la faire craquer, l’entendre dire qu’elle ne comptait pas le garder. Le coeur d’Oscar commençait à palpiter fort à mesure que la prise de conscience grandissait en lui. Il s’était encore une fois mis dans de beaux draps. Il avait l’impression qu’il n’arriverait pas à être tranquille une seule seconde, que la terre entière lui en voulait. « Non mais tu t’entends parler ! Tu ne crois quand même pas que je vais assumer tes conneries toute seule ! Prends tes putains de responsabilités une fois dans ta vie. » Ses conneries? Oscar arqua un sourcil interrogateur. Il ne pouvait pas s’empêchait de se demander si elle se moquait de lui. Il secoua la tête et appuya son dos dans le moelleux fauteuil, essayant tant bien que mal de prendre une attitude détendue. « C’est vrai qu’on était deux mais là, regarde nous. Qui est en mauvaise posture? Pas moi. Et mes putains de responsabilités, comme tu dis, je n’ai aucune attention de les prendre. Réfléchis deux secondes, Rose. Un père qui sort, qui boit, qui se drogue. On va peut-être laisser un peu de répit à cet enfant qui aura déjà une mère hystérique. » Lança-t-il en pouffant de rire. Oscar avait cette fichue tendance à tout prendre par dessus la jambe. Pourtant le garçon voyait bien que le visage de Rose était dégouté par ses manières de faire. Mais ça ne l’arrêtait pas. Pour Oscar, la vie était un jeu et peu importe qui il emportait sur son passage, ça n’avait aucune importance. Il n’y avait que lui et son bien-être. « C’est bien simple je ne m’en irai pas tant que tu seras pas foutu de prendre tes responsabilités. » Dit la jeune femme avec colère. Oscar rit doucement, tout en craignant un peu de finir par s’en prendre une. Son comportement était tout bonnement insupportable et il n’aurait pas été étonné que Rose veuille le frapper. « Très bien, fais comme tu veux. Tu peux dormir sur le canapé quelques jours. Je changerai pas d’avis, tu risques d’attendre un moment. Mais bon, je suis grand seigneur… » Il se mordit la lèvre et envoya un petit clin d’oeil en sa direction. Oscar avait agit comme si il lui faisait une fleur en l’invitant à dormir chez lui. En réalité, il n’en était rien. Il voulait à tout pris que Rose s’en aille avec l’idée en tête qu’Oscar ne serait jamais là pour elle maintenant qu’elle était enlisée jusqu’au cou. « Et ne me fais pas croire que si je ne rentre pas chez moi c’est toi qui te tires, je ne te croirais pas. Vu comme tu es maigre je te donne deux mètres avant que tu ne t’écroules. » Cette remarque tira un pincement au coeur d’Oscar. Souligner ses faiblesses lui était insupportable, encore plus par sa demi-soeur qui avait la fâcheuse tendance de l’enfoncer dès qu’elle en avait l’occasion. D’ailleurs, si le brun agissait comme un parfait connard depuis qu’elle avait posé un pied dans son appartement, c’était bien parce que Rose n’avait jamais eu l’habitude de lui faire de cadeaux. Il ne voyait donc aucun intérêt à la ménager non plus, même dans un des moments les plus difficiles de sa vie. « Encore une raison pour ne pas me charger de ça. » Répondit-il beaucoup plus sérieusement, le regard noir. Il ne démordrait pas. Peut-être avait-il perdu en condition physique, mais Oscar gardait un mental d’acier, au grand désarroi de la jolie jeune femme. « Oh et si ça venait à arriver compte sur moi pour t’achever. » Oscar eut un rictus en remarquant le petit sourire forcé de Rose. Puis il leva les yeux au ciel avant de les porter sur elle, toujours aussi sûr de lui. « Je préfère que tu m’achèves à coups de pelle plutôt que d’entendre parler d’enfant. Alors vas-y, je t’en donne l’autorisation. » Rétorqua-t-il. Il poussa un soupir. « Bon, et si on arrête ce petit jeu cinq minutes, ça donne quoi? Sérieusement, qu’est ce que tu veux que j’y fasse, Rose? Ça se trouve, ce n’est même pas le mien te connaissant, alors je ne comprends pas bien ce que tu fiches là, au milieu de mon salon, presque à me demander en quelle couleur on va peindre sa chambre. Qu’est ce que ça peut me foutre? »