POURQUOI DONNER UN TITRE A QUELQUE CHOSE QUI N'A PAS DE SENS
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primrose lake

Début octobre, un dimanche après-midi. Ma mère était partie avec mon futur beau-papa voir la famille de celui-ci. Personnellement, je n'avais pas très envie d'y aller, non pas que je ne les aimais pas, loin de là, mais j'avais pas envie de ça aujourd'hui. J'avais passé toute la matinée à jouer sur ma console, sans me lever de mon lit. Gipsy était venu me rejoindre, se couchant à mes pieds pendant que je clopais tout en jouant comme un vrai geek. J'avais pas envie de bouger, de voir du monde, pas aujourd'hui. Non, je voulais juste rester au calme et tout seul. Je voyais peu mes amis ces derniers temps, malgré mon retour d'Europe, chacun menait désormais sa vie alors je ne pouvais pas leur en vouloir. Finalement, sous les coups de 16 heures, je commençais à en avoir marre d'être en pyjama dans mon lit, comme un adolescent de 15 ans. Je jouais un peu avec mon chien, qui finit par quitter ma chambre, excédé par mon amusent envers lui. Je me levais, me rendant aux toilettes, enfilant un jogging noir en coton, un tee-shirt gris tout simple et une veste en coton noire. A l'arrache, mais j'avais pas envie de faire d'effort. Je descendais  la cuisine pour me faire à manger, alors que je constatais que Gipsy avait besoin de prendre l'air. Après tout, une petite balade ne pouvait pas me faire de mal non plus. Aller, réussi le chien, je te suis. Mais hors de question d'aller dans le lotissement, je n'avais pas envie de refaire encore et encore, les mêmes chemins. L'esprit de découverte que j'avais exploré en Europe me manquait, ici, je connaissais tout par coeur. Je pris quelques affaires dans ma chambre, enfila mes chaussures, pris la laisse de mon chien et je l'entraînais dehors pour grimper dans le pick-up que ma mère m'avait offert le jour de mes 16 ans. Il était vieux, énorme et d'une couleur complètement délavé, mais je l'adorais. C'était mon pick-up et j'étais prêt à dépenser des sommes folles pour le garder en vie. On sortit de la ville pour rouler en direction de Primrose Lake. Un endroit au calme, éloigné de la ville, apaisant et vu le temps orageux qu'il y avait aujourd'hui, je ne pensais pas croiser grand monde. Je fini par arriver, le ciel était couvert, les nuages étaient gris, mais il ne pleuvait pas encore. Je n'attachais pas Gipsy, qui se mit à courir devant moi. Laissant ma voiture au parking, je m'avançais vers la forêt qui arborait le lac. Je ne marchais pas longtemps avant d'arriver face au ponton. Gipsy était resté dans les bois, je ne m'inquiétais pas. Je m'assis en tailleur sur le bout du ponton, un peu en biais pour voir si des gens ou mon chien arrivait. Finalement, je mis ma capuche sur ma tête, sortit mon portable pour lancer ma musique, pas trop forte et puis surtout, je sortis mon pétard déjà roulé pour l'allumer malgré le vent qui se levait. Première taffe, mes yeux se ferment sur ce paysage, je soupire, ma fumée s'extirpe rapidement et je profite de ce moment. Je me sens bien. Au calme. A la fois chez moi et ailleurs. Le moment parfait.

Ma bouche se referme contre ce petit cercle formé par le carton enroulé. Mes poumons cherchent à se remplir de cet air enfumé, parfumé, enivrant. Mes yeux se ferment doucement, comme si cela pouvait me donner une force supplémentaire ou bien tout simplement pour ne pas me mettre à loucher sur le spliff qui s'étend devant moi. Mes poumons se remplissent, je sens la fumée caresser ma gorge, envahir tout l'espace qui s'offre librement à elle. Finalement mes lèvres s'entrouvrent légèrement d'abord, mes épaules s'affessent, et mes poumons se vident, extériorisant cette fumée doucement parfumée d'une agréable odeur naturelle. La fumée sort d'entre mes lèvres, happée par mes narines. Finalement, la fumée se voit recrachée à nouveau, devant moi, formant un nuage brumeux et épais qui finit par se désintégrer sous mes yeux semi-ouverts.
Les premières bouffées sont un appel aux sensations qui n'arrivent que vers le milieu du pétard. Cette sensation de ressentir une douceur pétillante dans tous les membres de mon corps. Cette sensation de liberté que prend mon cerveau, me faisant voir des images. Les images de ma vie, les images de ma journée, les images que j'ai vu. Selon mon humeur, cela peut me faire rire, ou bien bader. Aujourd'hui, je me sens peut être névrosé, mais l'effet de la drogue me fait du bien. En réalité, je ne pense pas à pleurer, à me sentir mal, à ressasser ce qui a été douloureux pour moi. J'y pense, vaguement et comme le nuage de fumée présent devant moi, il s'évapore en quelques secondes. Je pense à des détails, qui quand je les vis, n'ont aucune importance et qui maintenant, m'arrache un sourire. Je pense à une vie imaginaire, fantasmée, qui me comblerait totalement. Parfois même, j'aime mettre ma musique à fond, dansant seul comme un con dans ma chambre, défoncé, le sourire aux lèvres. Je me sens bien, cet endroit me fait me sentir bien. Cet endroit remet les choses à leur place, comme elles devraient être sans cesse. J'aime ces éclairs de génie qui me traversent quand je suis dans cet état là. Finalement, alors que je divague à mes pensées, dans ce décor magnifique, j'entends les griffes de mon chien derrière moi. Je me tourne pour l'observer marcher tranquillement vers moi. Je souris avant de l'accueillir contre moi, lui faisant un calin au passage. J'en suis dingue de ce chien. Un peu comme mon meilleur ami. Il est toujours là, ne s'occupe pas de savoir si ce que je fais est bien ou mal, il m'aime inconditionnellement et me fait me sentir important aux yeux de quelqu'un. Même si ce n'est que pour un bol de croquettes pour moi, pour lui, c'est une partie de ce qui le maintient en vie. Il finit par s'asseoir, avant de s'allonger près de moi, posant sa tête sur le ponton, face à la vue que nous offre cet endroit. Je me sens vraiment bien.

Après de longues minutes, un jeune homme se présenta en face de moi, sur le ponton. Il portait des béquilles sous le bras et était accompagné par mon chien. Il me salua et se présenta, me demandant au passage si c'était bien mon chien. Je le regardais un peu suspicieux, avant de lui répondre « Oui c'est mon chien, il a fait une connerie? » C'était le premier truc qui me venait à l'esprit à vrai dire. Mais il me tendait la main alors je la lui serrai, reprenant ainsi donc la parole « Salut Nathan, moi c'est Josh et lui, c'est Gipsy ! » Mon chien s'était assis à son tour, près de moi, invitant sans nul doute le jeune homme à faire de même. J'attendais avec impatience la réponse de ce Nathan, si mon chien avait fait une connerie, il faudrait réparer ça. Gipsy était bien élevé, il avait plusieurs années maintenant. Quand il était petit, il s'amusait à tout mordre et pisser partout, mais maintenant, il était bien plus calme à vrai dire. Je ne voyais pas trop quel genre de bêtises il aurait pu faire, mais ça n'excluait pas le fait qu'il est pu en faire une tout de même. Dans ce cas, il faudrait payer les dégâts et réparer comme je le pouvais. Je tirais encore sur mon joint, j'espérais que ça ne le dérangeait pas. Est-ce qu'il fumait, j'en savais rien, mais je lui proposais mon joint quand même, au cas où.

Nathan me lança que Gipsy était bien élevé, ce qui me fit plaisir. Mon regard se posa sur mon chien, oui, on avait beaucoup travaillé mais aujourd'hui, ça payait enfin et c'était génial. Ma main se posa sur la tête de mon chien pour lui gratouiller la tête énergiquement. Quand je lui tendis mon joint, il le refusa en signalant qu'il ne pouvait pas. Peut être que sa condition physique ne le lui permettait pas? Après tout, il avait des béquilles, peut être que c'était un accident ou alors une maladie? J'en savais rien, j'avais jamais été en contact avec des gens malades en fait. Et puis, j'étais pas trop le genre de gars à poser des questions et encore moins aussi indiscrètes, surtout que je ne le connaissais pas. Mais il avait l'air cool en tout cas, même s'il était encore debout et que je commençais à avoir un torticolis à force de lever la tête vers lui, assis sur le ponton. Il me demanda ensuite si je venais souvent ici. Mon regard vogua sur les flots qui s'étendaient près de moi avant de finalement lui répondre « Avant ouais, je venais souvent... Et puis je suis partis en Europe pendant plus d'une année. Je suis rentré y'a pas longtemps et je t'avoue que cet endroit m'avait un peu manqué... Et toi alors? Tu es du coin? »