Je venais de finir mon service au restaurant, tout s'était bien passé, il n'y avait pas eu grand monde. Je terminais de ranger mes affaires, la cuisine quand le patron vint m'annoncer que Shay était là. Je souris, contente de cette surprise. Il n'était pas venu me voir au travail depuis longtemps, en même temps, on vivait au dessus de l'appartement donc il n'y avait pas vraiment de quoi. Je retirai mes vêtements de cuistot pour enfiler mes vêtements civils et tout en saluant mes collègues, je retrouvais mon amoureux, qui buvait une bière au bar. Ma main passa derrière sa nuque et nos lèvres se retrouvèrent pour se saluer, avec tendresse. J'étais davantage amoureuse de lui depuis ces derniers temps, je pense que le repas avec mes parents, de voir que tout c'était si bien passé, que mes parents avaient fait un effort et que Shay avait réussi à passer une bonne soirée m'avaient démontré que oui, il était vraiment génial et encore plus que ce que je ne pouvais le penser. Et puis, il fallait bien avouer que notre fin de soirée explosive nous avait conforté dans l'idée qu'il se passait vraiment quelque chose de dingue. Ca avait été tout simplement... woaôw. Et puis bon, cela nous avait vraiment beaucoup rapprochés, on était encore plus forts, soudés et complices qu'avant. Comme si une barrière invisible venait d'être franchie. J'adorais avec ce rôle, ce rôle de première dame pour lui et j'étais heureuse de partager sa vie. Franchement, j'avais beaucoup de chance, parce qu'il était vraiment parfait. Shay m'annonça qu'il m'emmenait au cinéma et que j'avais le choix de film. Je souris alors qu'on quittait le restaurant, pour marcher jusqu'à la voiture où je laissais mes affaires. On avança au cinéma à pieds. Mon bras faisait le tour de ses hanches, nous rapprochant l'un de l'autre. Je n'avais jamais choisi un film au cinéma. A vrai dire, j'y allais jamais car je n'en avais pas pris l'habitude : mes parents ne m'y avaient jamais emmené et quand j'y allais c'était avec Julian et en fait, peu importe le film qu'on allait voir, c'était pour passer du temps avec lui au calme. Du coup, devant le panneau d'affichage de tous les films, j'étais complètement perdue. Mes mains s'enfonçaient dans les poches de mon jeans alors que je soufflais. Franchement... ça me stressait et je préférais laisser Shay choisir. On opta pour un film drôle, qui ne s'avérait pas si drôle que ça, mais c'était pas grave. Comme pour rattraper le coup, Shay m'invita ensuite à la patinoire. Je ne pouvais m'empêcher de le taquiner : « Tu as un truc à te faire pardonner ou quoi? C'est quoi toutes ces surprises? » rigolais-je. Néanmoins pour la patinoire, j'en avais fait plusieurs fois en famille, avec mes parents, ceux de Julian et puis mon cousin. En même temps, on vit au Canada les mecs, ça serait dommage de ne pas en profiter. Une fois les patins enfourchés, je me sentis rapidement à l'aise et je n'en fis pas perdre une miette à mon petit ami. On rigolait bien, franchement, l'après midi était géniale, je n'avais presque jamais eu droit à une telle journée. Où l'on faisait plus d'activités et puis, ça nous faisait du bien de sortir un peu de chez nous. On voyait du monde, de temps en temps, oui, on allait se balader, mais c'est vrai qu'après nos journées de boulot en général, on était crevés et qu'on préférait rester à la maison. Bref, il était aux alentours de dix-huit heures passées quand Shay m'annonça qu'il m'emmenait dîner en ville, mais que vu l'heure, on allait passer par la maison pour se changer et se doucher. Franchement, j'étais aux anges, je souriais de toutes mes dents. Il me couvrait de cadeaux et de surprises depuis le début de l'après midi et je ne pouvais pas ne rien ressentir. Mes bras passèrent autour de son cou, pour venir l'embrasser, manquant alors de nous faire chuter sur la glace. On rigolait, comme deux enfants avant de finalement, décider de rentrer. Je pensais avoir Shay sur mes talons quand on passa le seuil de la porte de notre appartement, mais je me rendis vite compte qu'il était en train de parler. Je le regardais du haut de la mezzanine. Il avait l'air contrarié... Non, j'avais entendu qu'il s'agissait de sa petite soeur, ça devait être grave. Avait-elle un problème à Miami? Un truc administratif peut être? Je descendais les marches lentement, pour rejoindre mon petit ami. « Ecoutes, je suis vraiment désolé mais… Tu sais aussi bien que moi que je ne serais pas le bienvenu et encore moins à ma place… Je ne peux pas venir, mais si tu as besoin tu peux m’appeler. » Il raccrocha, alors qu'il mettait sa veste sur le porte manteau de l'entrée. Il avait le visage fermé, ça n'allait pas, non. Je l'observais sans rien dire, jouant avec le coin de mon tee-shirt quand finalement, je lui demandais d'une voix douce et calme : « C'était ta soeur? Tout va bien?... » Je prenais appuie sur la rambarde de l'escalier, ne le quittant pas du regard. Je voyais bien qu'il n'allait pas bien et qu'il se faisait du souci pour sa soeur. Mais j'étais très loin de me douter de ce qu'il avait pu se passer.

« Non… Il a… Il est parti courir pendant sa pause déjeuné… Il faisait ça tous les midis et… Son cœur a lâché, il a fait une attaque cardiaque… Mon père est mort… » A entendre ces mots, mon coeur râta un battement. Mon dieu. Une vague de stress et de tristesse m'envahit subitement. Le visage de Shay était fermé, perdu, il ne savait pas où regarder, il cherchait ses mots, il était sous le choc. Personnellement, je trouvais l'annonce de cette nouvelle totalement abominable. Il venait d'apprendre la mort de son père. Instinctivement, ma main s'était posée sur sa joue mal rasée, comme un geste maternel, un geste tendre, pour lui montrer que j'étais là. Pour le rassurer aussi, parce qu'il semblait être totalement perdu face à cette terrible nouvelle. Même moi, j'étais choquée par cette nouvelle, ce n'est jamais le genre d'info à laquelle on s'attend et puis connaissant leur situation familiale, c'était bien compliqué. « Oh mon dieu... Heu... viens par là... » On s'installa sur le canapé et je lui pris la main. Il fallait que je réagisse vite, ce n'était pas à moi d'être en état de choc. Simplement je n'osais pas imaginer ce que je pourrai ressentir à l'annonce de cette nouvelle pour moi. Si mon père venait à mourir, je serai totalement effondrée, mais voilà, Shay et son père ne s'entendaient pas. Ils ne se parlaient pas depuis de longues années. Mais ça n'était pas une raison... Une partie de moi, même si je ne les connais pas et les connaîtrai probablement jamais, respectait énormément ses parents. Parce que sans eux, je n'aurai pas connu le bonheur que je connais aujourd'hui. Ils l'avaient engendré et quoi que puisse t-être leur influence sur lui, il était devenu ce qu'il était, un peu grace / à cause d'eux. Et je l'aimais. Donc, je leur étais reconnaissante quelque part. Toujours avec la main de Shay dans les miennes, j'essayais de calmer mes idées, la surprise de la nouvelle et ma sensibilité inconditionnelle pour trouver mes mots. « Je suis désolée Shay... Je suis désolée que ça t'arrive... Et... et je sais que c'était compliqué entre vous deux... mais... » Je me perdais dans mes phrases, oui c'était compliqué, Shay ne m'avait pas tout raconté en détails, je savais que son père s'amusait à le descendre constamment, je savais que Shay avait prit pendant longtemps, son rôle d'emmerdeur très à coeur aussi. Bref, quand on est plus jeune, on fait des conneries. Son père avait merdé avec lui, oui, mais Shay ne lui avait pas non plus permit de se rattraper plus tard. Et puis la fierté... Si Shay était comme son père à ce niveau là alors c'était mal barré pour qu'ils fassent un pas vers l'autre. Ils étaient plus du genre à bouder chacun dans leur coin en minant l'air de rien, que tout allait bien, alors que non. « Et ta soeur? Ta famille?... Tu comptes faire quoi?... » Je ne savais pas du tout s'il allait se rendre en Floride, d'après ce que j'avais entendu, il ne comptait pas y aller. Mais non, je lui interdirai de commettre cette erreur. Il fallait qu'il y aille, même s'ils ne s'entendaient pas, pour toutes les raisons du monde, il fallait qu'il soit présent. J'étais maladroite, je n'avais encore jamais perdue quelqu'un de proche de moi, je n'avais jamais eu à réconforter quelqu'un dans cette situation. J'avais très peur de dire quelque chose qu'il ne fallait pas et de le blesser sans le vouloir.

« Rien… Je ne serais pas à ma place là-bas et ils seront encore moins ravis de me voir débarquer comme si de rien n’était après sa mort… Je ne peux pas… » Je baissais mes yeux sur nos mains. Je n'étais pas de son avis, je m'attendais bien évidemment à ce qu'il me réponde un truc de ce genre, mais j'aurai tellement aimé qu'il me dise le contraire. Je le laissais parler, il était encore sous le choc, ce n'était peut être pas le bon moment pour essayer de le convaincre d'y aller malgré tout. Ma main passa dans son dos, le caressant d'une façon rassurante et maternelle alors qu'il venait de répéter la phrase choquante de cette soirée. Oui, son père était mort et devoir le dire à voix haute devait tout simplement être horrible, je pense que personnellement, je n'y serai pas arrivée dès l'annonce. Non, il m'aurait fallu plus de temps pour y parvenir, mais voilà, je n'avais pas du tout la même relation avec mon père que Shay avait avec le sien et du coup, rien n'était comparable. « Je… Je suis capable de beaucoup de chose pour ma sœur, mais… Etre en Floride… Avec eux… Ca ne ferait qu’aggraver la situation et honnêtement… Je n’ai pas envie d’y aller. » Il n'était pas bien du tout, je ne savais pas vraiment quoi dire, ni même comment le dire. Devais-je être douce et tendre, bienveillante? Ou bien alors un peu plus dure, histoire de le secouer? J'en savais rien, j'étais de nature douce, mais j'avais peur qu'il ne m'écoute pas si je l'étais. Mais la nouvelle était trop choquante pour tenter la manière forte. « Chéri... tu ne te sens peut être pas capable ce soir d'y aller, ce que je peux comprendre, mais je pense que tu devrais y aller... » J'essayais d'amorcer mes idées, laissant un peu de temps pour qu'il assimile ce que je lui disais. Mes mains étaient dans les siennes, se mélangeant. On ne se lâchait pas, je sentais qu'il en avait besoin, il avait besoin de moi, de mon aide, mes conseils et mon soutient. Pour la première fois depuis que nous étions ensemble, il avait besoin de moi, en tant que femme forte et je serai là pour lui. Je ne me posais même pas la question, ça se faisait naturellement. « Je sais que c'était compliqué entre vous, que tu avais fait une croix sur lui... Mais ça restera ton père et le père de ta soeur. Elle est importante pour toi et désormais, tu vas devoir jouer ton rôle de grand-frère et celui d'un père pour elle. Quelle image elle aurait de toi si tu n'y allais pas? Tu ne crois pas qu'elle se sent déjà suffisamment abandonnée? Elle a besoin de toi... » J'avais peur d'aller trop loin dans mes paroles et de le blesser, mais je voulais tenter le tout pour le tout. Il risquait de s'énerver, surtout que ça faisait partie du deuil, mais j'étais prête à l'affronter, pour son bien. « Ne fais pas les mêmes erreurs que lui... Le temps a passé depuis... Tu n'es pas cet homme qu'il pensait que tu étais. Shay, tu es un homme bien, tu es responsable, fort et tu affrontes les choses. C'est le Shay que j'ai rencontré et que j'aime... tu es bien loin du portrait qu'il faisait de toi avant et c'est peut être le moment de leur montrer, tu ne crois pas? » Ma voix était douce, mes doigts caressaient la peau de ses mains, dans un geste tendre et amoureux. Je ne voulais pas le brusquer, je ne voulais que son bien, mais j'ignorais si mes paroles lui faisaient du bien, ou du mal. « Il est peut être temps de lui pardonner et de tourner la page?... Tu traînes cela encore aujourd'hui... ça te bloquera toujours... il faut que tu y ailles et que tu règles ces vieilles histoires une bonne fois pour toute... » A mes derniers mots, j'essayais de trouver son regard, j'étais prête à affronter sa colère, s'il en avait besoin. J'étais prête à le voir partir, si j'avais été trop loin. Je savais que mes mots, ils les avait entendus. Je le savais. Maintenant, il fallait juste qu'ils fassent leur chemin. Je croyais en lui, je n'avais pas de doute sur l'homme qu'il était aujourd'hui.

« Si j’y vais, la seule chose qu’elle pourra retenir de ma présence, c’est que ça n’aura fait qu’empirer les choses… » Il était devin? Il lisait les cartes, l'avenir dans les boules de cristal? Cette réponse ne me plaisait pas, cela me faisait beaucoup de peine. Il était négatif, il était renfermé. « Non… Je pourrais venir habiller en pingouin en leurs disant tous ce qu’ils ont toujours voulu entendre de ma pars que les choses ne changeraient pas… Je serais toujours le même à leurs yeux, je ne pourrais jamais changer, je resterais toujours cet homme irresponsable, qui n’avait même pas besoin de forcer dans la vie pour réussir et qui aura préféré être complètement inconscient et devenir policier… Parce que pour eux, mon boulot ne va pas avec responsable. » J'aurai voulu parler, mais il se sépara de mes mains, pour me laisser là, toute seule sur le canapé alors qu'il se levait en soufflant. Je n'aimais pas le voir comme ça, aussi mal. Ca me faisait beaucoup de peine, de savoir que non, la page n'était pas tournée comme il le disait si bien. Il m'avait dit avoir fait son deuil d'une famille parfaite, mais c'était faux, complètement faux. Il ressemblait plus au petit garçon perturbé par les paroles de son père et je m'en voulais de lui faire la leçon sans avoir une seule petite idée de ce qu'il avait du subir, entendre et vivre au cours de toutes ces années. Je ne disais rien, je ne voulais pas en rajouter une couche. Il commençait à s'énerver, probablement à cause de ce que j'avais dit qui avait réveillé de vieilles douleurs du passé. « La dernière fois que je l’ai vu, il a été aussi clair que moi, il me voyait comme son fils, aussi bien qu’il était mon père à mes yeux… J’ai eu plus de conversation avec ton père en une soirée, que j’en ai eu avec le mien depuis que je suis rentré au lycée… Alors non, pour tout ce qu’il s’est passé entre nous, pour tout ce qu’il m’a dit et tout ce qu’il m’a fait subir, je ne pourrais jamais lui pardonner et encore moins tourner la page… Il a eu assez de temps pour réparer ses torts quand il était vivant et il ne l’a pas fait, je ne pourrais pas lui pardonner et tourner la page parce qu’il est mort, ce n’est pas de cette façon que ça va faire de lui le père de l’année… » Une partie de moi le comprenait et voulait arrêter la conversation là. Une autre partie de moi, celle proche de ma famille, la petite enfant naïve mais la femme combattive que j'étais devenue c'étaient réunies. Non, il fallait qu'il y aille. Il le regretterait... Je repris donc la parole, soutenant son regard « Alors quoi? Tu vas faire comme si ta soeur ne t'avait rien dit? Tu vas aller travailler, rentrer manger ici le soir normalement alors que ta petite soeur a besoin de toi? Qui es-tu pour savoir ce qu'ils peuvent bien penser, hein? Tu le dis toi même, tu ne leur as pas adressé la parole depuis des années. Les choses ont changées, il n'a pas eu le courage de venir s'excuser de son vivant, mais toi non plus tu n'as pas essayé de faire un effort, tu as préféré jouer la carte de l'enfant blessé, de l'enfant qui attend des excuses, inlassablement. Sauf que tu n'es plus cet enfant que ton père malmenait Shay. » Je me levais, alors que mes mots étaient durs et je le savais, mais je voulais le faire réagir, lui éviter de faire une connerie. « T'es un homme, un homme brillant et je ne te reconnais pas. Elles sont où tes valeurs, ton courage, tes responsabilités? On s'en fout de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils pourront dire ! Tu auras fait un premier pas, tu n'auras pas claqué la porte. Non, tu y seras allé, tu les auras affronté et tu auras tenté une dernière fois, comme un homme le ferait. Tu n'as pas à leur répondre, tu n'as même pas à leur parler. Si on te gifle, tends l'autre joue. Tu seras là pour ta soeur, elle a besoin de toi ! » Je me dressais devant lui, lui faisant face, je n'avais pas peur d'être franche, honnête et même si c'était dur à entendre. La manière douce n'avait pas fonctionnée alors je tentais la manière forte. « Il est où l'homme que j'aime dans cette réaction, hein? Et oses me dire droit dans les yeux que si j'avais besoin de toi, comme ta soeur a besoin de toi ce soir, tu me tournerai le dos sous prétexte que les gens autour de moi te boufferont le nez, oses me dire ça droit dans les yeux Shay. Parce que si vraiment c'est ta réponse, c'est que je me suis trompée sur toute la ligne sur toi. » Je sortais de mes gongs car je savais qu'il avait besoin de cette claque et que là, actuellement, il n'y avait que moi pour la lui donner. Quitte à m'en prendre plein la gueule ensuite, je m'en fichais. Je faisais ça pour lui.

« Tu sais très bien que je ne pourrais pas te tourner le dos, peu importe la situation je serais là pour t’aider et te soutenir mais… Si je vais là-bas, s’ils me giflent comme tu me dis, je ne serais pas capable de tendre l’autre joue… Je ne peux plus faire ça, pas avec eux. Tu as raison je ne suis plus le gamin a qui mon père s’adressait, mais je… Je m’étais fait à l’idée de ne plus avoir de père, parce que cette décision, c’était la mienne… Maintenant, l’homme que je déteste le plus est mort et je me rends compte que… Cette partie de ma vie je ne l’ai jamais vraiment tourné, sauf qu’aujourd’hui, je n’ai vraiment plus de père, pas parce que je l’ai décidé, mais parce qu’il n’est plus là…J’aurais tout donné pour qu’une fois dans ma vie il me prenne dans ses bras et qu’il me dise qu’il était fier de moi, une fois et il n’en a même pas été capable… Si je vais là-bas, sa mort deviendra vraiment réel pour moi et je ne veux pas que ça le devienne, ça voudrait dire que jamais mon père ne m’aura vraiment aimé... » Voilà, il venait enfin de le cracher le morceau. C'était bien plus qu'une simple histoire de fierté, bien plus qu'une histoire d'orgueil. Il était profondément blessé, bien plus que ce que j'aurai pu penser. Je m'en voulais d'avoir été aussi dure avec lui, mais peut être que de cracher enfin le morceau lui faisait du bien? Je l'espérais. Je baissais la tête, pour me calmer à nouveau. Je m'approchais alors de lui, caressant sa joue de ma main. Je cherchais son regard pour finalement lui dire doucement « Je suis désolée d'avoir haussé le ton chéri... Simplement... Il faut que tu y ailles... Il faut que tu trouves la force d'y aller... Même si c'est dur... et... si tu as besoin de moi, là-bas, je viendrais. La question ne se pose même pas. Si tu veux que je vienne avec toi, pour te soutenir et te rappeler à quel point ton père avait tord sur toi, montrer quel homme tu es devenu auprès de ta famille, je viens, ça ne se discute même pas. Tu n'es plus tout seul... » Ma voix était calme, mes mains saisirent son visage tendrement, et je plongeais mon regard doucement dans le siens. Je ne pourrai jamais comprendre sa douleur, ses regrets et sa peine. Je ne pourrai jamais traverser ce qu'il avait du vivre pendant sa jeunesse. Non, c'était trop tard pour ça, moi, j'avais eu la chance de naître dans une famille où mes parents étaient présents, m'aimaient et ne voulaient que mon bonheur. Pas lui et je repensais à toutes ces choix où j'avais critiqué mes parents, je me sentais tellement conne... « Padsky Shay... et... » Je marquais une pause, cherchant mes mots, avant de reprendre « Peu importe le passé, je sais que c'est facile pour moi de te dire ça, je ne pourrai jamais ressentir ce que tu ressens, ce manque que tu as eu, ces regrets sur une famille parfaite... Et je m'excuse pour toutes ces fois où j'ai critiqué mes parents... Mais... c'est derrière toi mon amour. Tu es un homme génial, tu t'es construit tout seul, tu es vraiment quelqu'un de bien, tu me l'as montré depuis tout ce temps. Tu n'as jamais baissé les bras, tu n'as jamais douté, tu m'as toujours soutenu. Aujourd'hui c'est à moi de te soutenir. C'est à moi de te montrer à quel point tu es devenu une bonne personne. Moi je le sais, je suis convaincue depuis le premier jour. Tu as réussi à convaincre ma famille, tu réussiras avec la tienne et je serai là, pour t'aider, pour te soutenir. Quoi qu'ils puissent dire, quoi qu'il puisse arriver, ça ne me fera pas changer mon avis sur toi. » Je lâchais son visage pour prendre ses mains et les saisir à leur tour, les apportant à mes lèvres pour les embrasser. « Je serai là... Le passé appartient au passé... aujourd'hui, c'est nous. Nous sommes un jeune couple, nous ne sommes que deux, mais je sais que c'est un foyer solide, que nous sommes stables. Il n'a jamais su te le dire, mais il t'aimait, car tu étais son enfant. Sa chair, son sang, peu importe les choix que tu as fait, c'est son orgueil qui parlait et au fond de toi, tu le sais... Mais aujourd'hui, moi je sais qui tu es. Je suis fière de toi Shay... Je suis fière d'être ta petite amie et que tu partages ma vie. Tu me remplis de bonheur et je ne laisserai jamais personne prétendre que tu es une mauvaise personne. Crois moi, cette personne aura à faire à moi. »

Il s'approcha de moi, après que j'ai fini ma longue tirade et déposa ses lèvres sur mon front, pour m'embrasser tendrement, avant de finalement me dire tout bas « Et tu peux pas savoir comme je suis fier que tu sois ma petite amie… ». Je souris. J'étais contente. Il avait l'air d'être plus détendu, mes mots avaient eu l'effet es-contés, il les avait entendu en tout cas. La colère passagère de toute à l'heure nous avait quitté, pour laisser place à une incroyable tendresse. « Je ne veux pas te forcer ou t’imposer de venir avec moi, je… C’est vrai que je ne les ai pas vu depuis plusieurs années, mais je sais comment ils étaient avec moi et je comprendrais que tu n’es pas envie de venir… » Il se recula légèrement, me gardant quand même contre lui, où je me sentais bien. Ce qu'il avait dit était touchant, mais ma décision était prise et j'allais le lui faire savoir « Shay, je viens. Tu m'imposes rien du tout, tu as besoin de moi et je suis là. J'ai jamais pu te le montrer avant, j'aurai aimé que ça soit dans d'autres occasions, mais je ne te lâcherai pas maintenant » Je souris avant de venir chercher doucement ses lèvres pour un tendre baiser chaste. « Et s’il te plait, ne t’excuses pas d’avoir critiqué tes parents devant moi pour des choix qu’ils ont fait avec toi… On a tous sa famille et ce n’est pas parce que les notre sont différentes que ça fait que tu n’as pas le droit de ne pas être d’accords avec eux. » « Oui je sais... mais j'avais jamais réalisé ce par quoi tu avais du vraiment passer. Je n'ai jamais connu ça et je me rends compte, du moins j'imagine un peu mieux, à quel point ça a du être horrible... Mais je t'assure, il avait tord. Moi je te connais. Je sais comment tu es et tu peux être très fier de toi... » Je lui souris encore une fois avant de venir me coller contre son corps, le serrant contre moi. C'était décidé, je partais avec lui. Je ne le laisserai pas tomber, il avait besoin de moi et ce n'était nullement une contrainte pour moi de l'accompagner, loin de là. Je pourrai le soutenir, car je savais qu'il en avait besoin. Il ne m'avait jamais montré des blessures comme il venait de le faire et cela me montrait à quel point il avait confiance et à quel point il se sentait bien avec moi. Je réussirai à le mettre à l'aise, peu importe la situation, peu importe sa famille. Je ne réalisais pas une seule seconde à ce moment là, que j'allais rencontrer sa famille, non seulement ma belle-famille mais surtout : une famille complètement à l'opposée de la mienne. Je n'y pensais pas une seule seconde, au fait que cela puisse peut être me perturber, que ces quelques jours là bas soit une vraie catastrophe, que je ne veuille plus jamais les revoir ensuite, non. Je n'y pensais pas et j'ignorais totalement ce à quoi je devais m'attendre. Pour l'heure, il s'agissait juste de Shay et de son bien être. Il avait l'air d'aller un petit mieux, et je ne tardais pas à le lui demander « ça va un petit mieux? » Je lui souris tendrement avant de lui demander « On annule le restau? Je te fais ton plat préféré et tu cherches des billets? Et... rappelles ta soeur. » Je lui souris tendrement en déposant mes lèvres sur le bout de son nez. Mes lèvres glissèrent sur ses joues, y déposant des baisers, avant de finalement me reculer pour retirer mes chaussures, que je jettais dans le coin de l'appart. Me dirigeant vers la cuisine, je commençais à préparer un bon dîner. Rien de mieux après une telle nouvelle et de telles réfléxions. Un bon repas lui ferait du bien et l'aiderait à se sentir mieux, je le connaissais par coeur.

« Tu es vraiment sûr que c’est une bonne idée d’y aller ? » Je me retournais alors pour lui sourire. J'aurai pu lui sortir une vanne, mais non, je préférai lui répondre sérieusement « Oui je suis sûre, peu importe à quoi on aura à faire là-bas, on sera tous les deux » Oui, Shay je ne le laisserai pas tomber. Il avait toujours été d'un grand soutient, depuis que l'on se connaissait, il avait toujours su trouver les mots, les gestes et les attitudes. Alors aujourd'hui, c'était à mon tour et je ne le laisserai pas envie et de plus, j'étais "contente" de pouvoir l'aider, le soutenir, et l'accompagner. C'était un moment difficile pour lui, très dur et aujourd'hui, nous étions en couple alors les problèmes, on les réglait à deux désormais et j'étais heureuse qu'il ne me mette pas à l'écart, cela voulait dire qu'il voyait les choses comme moi et surtout, qu'il me faisait confiance, qu'il croyait en moi et en nous. Je l'entendais appeler sa soeur, je me mis donc à la préparation d'une recette. Je sortais les ustensils, les ingrédients, histoire de commencer dès maintenant un bon repas. Cela allait sûrement prendre du temps. J'étais en pleine recette et préparation quand Shay me lança, alors qu'il était sur le canapé en train de regarder les billets d'avion, après avoir raccroché avec sa soeur.« Lorah, est-ce que tu es vraiment sûr de vouloir venir ? … Ce n’est pas que je ne veux pas que tu viennes, mais… Ma famille est tout le contraire de la tienne et ils ne feront pas l’effort d’apprendre à te connaitre même si je le demande. Quand on apprenait à se connaitre tous les deux, que j’ai dormis ici, sur ce même canapé la première fois, tu m’as dit que tes parents étaient possessifs et surprotecteurs avec toi, les miens ils sont plutôt… Hautain et méprisant et encore je ne pense pas que ce soit les deux adjectifs qui les définissent le mieux… Je ne t’en voudrais pas si tu préfères ne pas venir, je comprendrais… » Je me tournais alors pour lui faire face, toujours en cuisinant. Je ne perdis pas plus de temps à lui répondre alors « Ecoutes Shay, je m'en fiche de savoir comment ils sont, je le verrai bien par moi-même. Mais tu as besoin de moi, et... et je ne peux pas te laisser partir tout seul là-bas après t'avoir poussé à le faire. J'ai envie de t'accompagner, pour toi et c'est ma seule raison. » Il s'occupait de sa soeur, mais qui était là pour s'occuper de lui? Pour l'écouter, le soutenir et sourire aux remarques blessantes que sa famille feront peut être? Moi. Je serai là et je me sentais prête à les affronter s'il y avait besoin. Point.

Nous continuions de discuter de notre départ, alors qu'il réservait les billets. Je continuais ma cuisine et après avoir mis le plat au four, j'appelais mon patron pour le prévenir de ce qu'il s'était passé ce soir et de mon départ pour quelques jours. Il me donna ma semaine, ce que j'appréciais. J'envoyais également un message à mon cousin et mes parents, pour les prévenir de ce qu'il se passait. Après quoi, on attendit que le repas soit prêt pour dîner et monter nous coucher. Demain matin, il faudrait que l'on fasse nos valises pour ensuite prendre l'avion. On avait notre avion à 13 heures.

FIN