Les jours, puis les semaines étaient passées depuis notre merveilleuse soirée au restaurant. Skyler n'avait pas fait un seul pas de travers, mettant la police dans le doute : avait-il été mis au courant de notre découverte? Dans ce cas, notre coup d'avance était pipé avant même que nous ayons pu mettre en place notre jeu sur ce grand échiquier. Tout le monde était sous tension, parce qu'une aussi longue période sans manifestation, n'était pas bonne. Etait-il partit? Si il avait quitté White OS, la police ne pouvait pas fermer l'enquête, les viols commis à Miami resteraient en suspens et ma vie à moi, resterait telle qu'elle l'était. Sous constante vigilance, sous constante peur et méfiance. Ce n'était pas possible, pas vivable. Alors, j'avais eu une idée. Il y a plus d'une semaine déjà. Je n'avais pas eu beaucoup de mal à me décider. Continuer de vivre dans la peur, de savoir qu'il pouvait bondir à chaque instant, me chasser à sa guise ou bien, cesser d'agir en victime et chercher à l'attaquer. Comme le dit le proverbe, la meilleure défense restait l'attaque. J'avais donc fait mon choix pour cette option. J'avais néanmoins pris le temps pour réfléchir, avant de commencer à en parler. J'avais longuement réfléchi aux dangers, mais mon choix était fait. Je ne voulais plus continuer ainsi. Je voulais que les choses changent, je voulais retrouver ma vie d'avant. J'en ai d'abord parlé à Shay, naturellement. Notre relation à lui et à moi était devenue particulièrement tendue. On s'infligeait une distance de sécurité que l'on respectait depuis ce fameux soir au restaurant. Nous ne nous étions pas embrassé depuis, ce qui avait été très difficile par moment. Mais on essayait aussi de moins se voir, du moins, pas seuls afin d'éviter les tentations. Il venait avec un collègue, ou bien en présence de Julian. Mais de toutes façons, il venait moins. Il passait tous les soirs, mais comme rien n'avait évolué dans l'enquête depuis des semaines, ma peur s'était dissimulée en habitude et j'arrivais à présent à vivre avec. Il n'y avait pas de raison pour qu'il passe une soirée ou nuit à la maison. Ce qui nous arrangeait tous les deux, mais en même temps personnellement, me faisait aussi du mal. On s'entendait toujours aussi bien, mais devoir se contrôler en permanence était vraiment chiant, pénible et ennuyeux. Mais c'était notre décision à tous les deux -surtout la sienne- et on devait s'y tenir.

Quand Shay apprit ma décision, il n'était absolument pas d'accord. Pour lui, c'était un non catégorique idem pour Julian d'ailleurs. Ils refusaient absolument mon idée, celle de faire venir le poisson jusqu'à nos filets, par le biais d'un appât. Et je vous laisse imaginer celle qui jouerait ce rôle. Les deux, chacun séparément, avaient eu la même réaction, de la colère, de l'inquiétude et surtout : un esprit complètement fermé sur ce débat. Mais je ne comptais pas vraiment obtenir leur permission. Je m'étais donc rendue au poste de police de Shay, pour soumettre mon idée à l'équipe toute entière. Le chef du département, ses collègues, et même, son supérieur à Miami, au téléphone. Tous, étaient clairement conscients du danger et me l'ont à plusieurs reprises, répété. Est-ce que j'étais bien consciente des dangers? J'allais être en première ligne. Je n'aurai aucune défense sur moi. Tout reposerai sur les flics cachés en embuscade. Il y avait bien évidemment, un risque que Skyler ait encore un coup d'avance et qu'il nous berne, ce qui pourrait emmener à un enlèvement de ma personne et pour la suite, on la connaissait déjà. Mais je leur avais répété que j'étais consciente de tout ça et que malheureusement, il n'y avait que moi pour tenir ce rôle et que c'était le seul plan que nous ayons. Là dessus, personne n'avait su trouver mieux à dire. Shay sortait de ses gongs. Je ne l'avais encore jamais vu énervé et j'étais vraiment triste de le voir dans cet état, mais c'était le mieux à faire et je le savais. On avait donc procédé à un vote. La majorité emporterait la décision. A une seule voix prêt, mon idée fut votée comme la bonne.

Les jours qui suivirent furent intenses en préparation. On m'indiqua le plan, j'avais un code à tenir à la lettre : les placements que je devrais avoir, le jour, l'heure exacte, jusqu'à la tenue vestimentaire à avoir. Tout était réglé comme du papier à musique. Il n'y avait pas de place pour l'erreur. On me répétait les risques, mais on me répétait aussi où se trouveraient les policiers, quand est-ce qu'ils allaient intervenir, de quelle façon, le comportement que je devrais avoir en présence de Skyler, puis quand ils débouleront sur lui. Tout était au milimètre, préparé. Le stress n'avait fait que monter, la peur également. Et puis, il y avait ce risque que le poisson ne morde pas. C'est d'ailleurs ce qui arriva lors de la première tentative. Tout était pourtant bien réglé, mais le poisson ne fit pas son apparition. Nous avions donc laissé tomber, mais on savait très bien qu'après une aussi longue absence, il se méfierait. Alors aujourd'hui, on essayait de nouveau et les chances pour que ça fonctionne, avaient augmenté. J'étais chez moi. Une équipe de la police avec moi, pour me préparer. Shay était présent. On me donna une tenue à porter : une robe de soirée, idéale pour n'importe quelle fille désireuse de choper en boite donc sur moi, ça faisait prostituée, disons le clairement. On me collait un micro contre ma peau, à l'aide de scotch. On m'avait confié un collier, où se trouvait en réalité un GPS, dans le cas où Skyler m'embarquait. Je n'avais rien d'autre sur moi : pas d'arme, pas de gilet pare-balle et c'était sans doute ce qui faisait le plus peur à Shay. Je l'observais du haut de ma mezzanine, une fois ma tenue prête. Il était anxieux et restait sur ses positions. Moi, j'avais insister pour que ça soit lui et son équipe qui soit aux premières loges. Je lui avais confier ma sécurité depuis le début, il était donc normal qu'il me suive, jusqu'à la fin. Etape par étape. J'étais complètement angoissée, mais j'essayais de le camoufler. J'avais envie qu'il me rassure, comme il le faisait si bien, mais Shay m'en voulait d'avoir prit une telle décision et il me le faisait bien savoir. Je n'avais pas mangé de la journée, tellement mon corps était tendu. J'essayais de me calmer avant qu'on me donne le signal. Le plan était simple : je sortais de chez moi à minuit, comme si j'allais rejoindre des amis en boîte. J'avais un trajet à pieds de 5 minutes. Juste 5 minutes, une fenêtre si étroite mais pourtant si large. En 5 minutes, Skyler avait largement le temps d'agir : me capturer dans un coin, ou carrément me kidnapper pour faire son affaire ailleurs. Dans tous les cas, ces cinq minutes seraient les plus horribles et stressantes de toute mon existence. Il était 23h30. Tout le monde était sur le qui-vive. Les talkies résonnaient en trombe, pour que chaque équipe annonce sa position, le bon déroulement du truc. Des équipes sur les toits avaient été mises en place, il y avait vraiment de très gros moyens pour coincer Skyler. J'étais angoissée. Je faisais les cents pas dans ma chambre, quand j'entendis des pas dans les marches. Shay...

« Ca va être l'heure » m'annonça t-il de sa voix. Ma tête se tourna vers lui, pour croiser son regard. Cela me fit bizarre. Il m'avait manqué ces derniers temps, même si on savait qu'on s'était bien comportés et que c'était ce qu'il fallait faire, j'aurai aimé passer davantage de temps avec lui, mais cela n'était pas possible, nous n'avions pas le droit. J'étais angoissée, stressée, je marchais dans ma chambre, jouant avec mes mains pour me calmer comme je le pouvais. Shay se rendit compte que ma nervosité, si bien qu'il ne tarda pas à ajouter « Lorah… Une fois qu’il sera là, il ne pourra plus nous échapper, tu as vu tout ce qui a été mis en place, il n’aura aucun moyen de s’enfuir… Même si je ne suis pas d’accord avec la méthode employé, on va enfin arrêter ce fou. ». En disant ces mots, il s'était rapproché de moi, pour se mettre à ma hauteur, me parlant d'une voix calme. En bas, c'était toujours l'effervescence. Les policiers étaient tous au taquet pour la mission que nous préparions depuis des jours. Des années d'enquête qui allaient peut être prendre fin ce soir. Ou alors, une enquête qui dénombrerait, une nouvelle victime. Nous ne pouvions pas savoir comment la mission allait se dérouler, nous ne pouvions prévoir que des statistiques, des hypothèses. Ce que Shay me dit me fit du bien, mais j'avais besoin de plus. C'était lui, qui pendant 5 minutes, aurait clairement mon avenir entre ses mains, au cas où Skyler arriverait. C'est lui qui serait armé et le plus près à tirer sur l'ennemi. Ce serait lui, qui devrait bondir avec son équipe. J'avais besoin d'avoir confiance totalement, les yeux fermés. Mais étant donné qu'il était contre cette idée, je savais que les choses étaient différentes, il y avait malgré tout, un lien d'affect qui se noyait entre nous, compliquant alors l'enquête. Les sentiments pouvaient entrer en compte -si on peut parler de sentiments- et lui faire perdre ses moyens? J'en savais rien... Je savais que c'était un excellent lieutenant, mais maintenant que ma vie était en danger, littéralement, mes angoisses remontaient à la surface. J'aurai tellement aimé qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me chuchote à l'oreille une phrase qui ferait mouche. Qu'il me dise que même si Skyler était arrêté ce soir, il ne partirait pas. Il resterait. Oui, bon là, j'étais complètement shootée à la peur et je rêvais debout. Non, Shay ne resterait jamais, au pire, c'était à moi d'aller à Miami, mais il ne m'en avait jamais proposé l'idée, c'est que cela ne devait pas lui donner envie. Non, il ne fallait pas penser à ça maintenant. Je ne devais penser à rien d'autre que l'enquête mais surtout : ma mission à moi ce soir. J'en avais beaucoup sur les épaules et je n'avais pas le droit à l'erreur. On s'assit sur mon lit, pour attendre l'heure exacte. Les minutes étaient les plus longues de toute ma vie. J'avais la main de Shay entre la mienne, comme pour me soutenir psychologiquement. C'était un moment pénible. Les minutes défilaient lentement, laissant une place trop importante de peur et d'angoisse envahir mon corps tout entier. Finalement, quelqu'un monta nous chercher. C'était l'heure. Plus aucun doute, plus d'hésitation. Il fallait y aller. On descendit, toujours en se tenant la main, sous le regard de ses collègues mais personnellement, j'en avais rien à faire. Toute l'équipe s'était rapprochée, depuis des semaines. On était devenue, une vraie équipe. On ne se jugeait pas. J'étais devant la porte, la lumière était tamisée, les policiers, cachés dans la cuisine avec leur matériel, pour ne pas être visibles des fenêtres. Tout était prévu. On me donna une pochette, en guise de sac à main. Il y avait un second GPS à l'intérieur, camouflé dans la doublure. Je respirais à fond tandis qu'on vérifiais une dernière fois mon micro. Shay était là, présent à mes côtés quand on me lança le coup d'envoi. « Lorah il faut y aller maintenant » J'observais une dernière fois l'équipe au complet, avant de me focaliser sur Shay. J'aurai aimé l'embrasser, mais non. Je ne le touchais même pas. Restons professionnels. J'éteignis la lumière de mon appartement, ouvris la porte d'entrée. Je me retrouvais dans mon escalier d'entrée, qui donnait sur la rue. Il faisait froid. Je fermais ma porte à clef, les plaçant dans ma pochette et descendis les marches. Je me retrouvais dans la rue, il n'y avait pas grand monde. Quelques flics en civils, jouant au couple parfait, imitant un groupe d'amis partant pour une soirée. Je regardais autour de moi, je ne voyais pas Skyler. Je suivi le plan et m'avança alors vers la boîte de nuit qui était l'arrivée de mon périple. Mes pas étaient ni trop lents, ni trop rapides. Il fallait que tout soit le plus normal et naturel possible sinon, tout était fichu. Je sentais mon coeur battre horriblement fort dans ma poitrine, je sentais la peur dans mon corps tout entier. Finalement, alors que j'allais arriver à la boîte, un homme apparu devant moi. Il était dans l'ombre et je ne pouvais pas voir de qui il s'agissait. Je plissais les yeux « Vous auriez un peu de monnaie mademoiselle ? » Prise au dépourvu par cette demande, je ne savais même pas quoi répondre et alors que je cherchais une réponse à donner à cette personne dont je ne voyais pas le visage, je fus balayée sur le côté par une autre. Détournement d'attention. Skyler. Mais là encore, tout se passa extrêmement vite, il m'avait projeté dans une ruelle en face de la boîte, plongée dans le noir. Son complice, me retenait contre lui, posant sa main sur ma bouche, tandis que Skyler était en face. Mais très rapidement encore une fois, toute cette scène ne dura pas. J'entendis des cris, des lumières qui vascillaient autour de nous, je vis Skyler projeté sur le sol par une immense forme noire. Shay. Une équipe m'entoura alors, visant leurs armes sur l'homme derrière moi, qui me relâcha aussitôt. Je partis me réfugier derrière la lignée de policiers. Quelques uns voulurent m'entraîner hors de la scène, mais je cherchais Shay. Il n'était pas là. Où était-il ? On entendait un raffu incroyable, un bordel sans nom qui rongeait cette rue. Où était Shay?

J'étais parmi la foule, perdue entre l'effervescence des policiers autour de moi. Il y avait un bruit retentissant, entre les alarmes, les voix des hommes qui donnaient des ordres a tout va. Les policiers étaient tous occupés à une tâche précise : sécuriser le périmètre, retenir les gens qui venaient voir ce qu'il se passait attirés par la bruit, les voitures de police et toute l'agitation causée par la mission. J'étais dans un coin, comme un personnage secondaire qui n'avait plus de rôle à tenir. Les gens courraient dans tous les sens. Mais soudain, je vis deux policiers amener un homme menotté. Ce n'était pas Skyler, mais son complice. Il était âgé d'environ 40 ans, le visage marqué par des traits fins et abimés. Il ne souriait pas, comprenant sans doute que ce soir sonnait la fin de son horrible périple. Son histoire était désormais fini. Il me regarda et me sourit, ce qui me glaçait le sang. Les policiers l'emmenèrent dans une voiture, suivi très rapidement par Skyler. Enfin. Son visage était tuméfié. Il s'était prit un coup de point qui lui avait fait sauter son arcade sourcilière, libérant ainsi un filet de sang qui coulait sur son visage. Il me sourit alors qu'il passait devant moi, menotté lui aussi. Je retiens ma respiration le temps qu'il passa devant moi. Il m'avait torturé pendant si longtemps. Il avait fait de mal a tellement de personnes mais le voir ainsi, en fin de course, prit au piège, m'apporta un sentiment de satisfaction. C'était désormais fini. Je l'observais jusqu'à ce qu'il soit lui aussi enfermé dans une voiture sous mes yeux. Je ne sentais pas encore de sentiment de soulagement ni de libération. Mais quelque chose m'inquièta très rapidement. Ou était Shay ? Pourquoi n'était il pas encore la? Avait il été blessé? Je le cherchais dans la foule de policiers, en poussant certain tant la foule était épaisse. J'étais inquiète et j'avais besoin de le voir. C'était notre moment à nous. Celui de notre victoire commune. Rapidement, je le vis de loin. Lui aussi était blessé au visage mais il était debout. Il parlait avec un de ses collègues. Je l'approchais alors et rapidement à son tour, il me vit. Il du s'excuser auprès de son collègue car il le laissa rapidement lui aussi pour marcher vers moi, d'un pas rapide. On se retrouva bientôt face l'un à l'autre. Je n'avais pas besoin de lui parler, je lui souris. Comme pour lui dire : on a réussit, ça y' est, c'est fini... Finalement, je m'approcha rapidement de lui pour me nicher dans ses bras. Mes mains dans son dos, mes bras autour de lui, je me laissais aller. Enfin, le sentiment de soulagement m'envahit d'un coup, comme une vague de chaleur, de bien être. J'haussais les épaules pour humer son odeur, sentir son corps et sa présence contre moi. J'étais heureuse qu'il ne soit pas grievement blessé et que l'opération se soit bien déroulée. Nous en avions fini avec toute cette enquête. Je me rendais à présent compte a quel point je tenais à lui, à quel point il m'avait manqué durant ces quelques jours d'éloignement. Il allait bientôt partir. Ça y' est. L'enquête était terminée et bientôt il repartait pour Miami. Un immense sentiment de tristesse m'envahit, me gâchant alors mon soulagement de libération. Je ne voulais pas le quitter, je ne voulais pas continuer ma vie en l'oubliant. Faire comme si toute notre brève histoire n'avait jamais exister et qu'elle ne comptait pas. Elle comptait tellement à mes yeux. J'en prenais conscience maintenant que je savais qu'il partirait bientôt. Mon corps se colla davantage contre lui. Je le serai de toutes mes forces. Je voulais le sentir contre moi, je voulais le retenir comme je pouvais, pour ces derniers instants ensemble. C'était peut être la dernière fois que cela serait possible. Je me dressa sur mes pieds, afin d'atteindre son cou. Mes lèvres y déposèrent un tendre baiser rempli d'affection. Mes bras remontèrent à ses épaules pour le serrer encore contre moi. Cet instant aurait du être d'une joie intense mais non... Je n'étais pas heureuse. Je me sentais tellement triste. Je voulais sentir son corps contre le miens. Entièrement. Je ne voulais pas qu'il se recule, qu'il parte. Je voulais rester ainsi encore des heures. Une de mes mains passa dans ses cheveux. Ils étaient doux, je lui massais la nuque, alors que mes lèvres se posèrent à nouveau sur sa peau. Je me fichais que tout le monde nous voit. Tout le monde le savait déjà de toute façon (ou du moins, s'en doutait). Je sentis la tristesse de son futur départ me submerger. Même en nous étant contenu, l'idée qu'il parte m'était insupportable. J'avais envie de lui demander de rester, de nous laisser une chance d'exploiter cette relation prometteuse. Mais non, s'il en avait envie, il m'en parlerait. Ce n'était pas à moi de lui dire, de lui demander.

(Je suis encore chez ma sœur, elles jouent a un jeu tout pourrit alors je t'ai répondu :p Je suis sur mon portable alors je sais pas mettre les couleurs et je sais pas si j'ai beaucoup écrit ou non, mais c'est toujours ça :p)

« Tu es libre désormais, ils ne pourront plus rien te faire. » Cette phrase qu'il venait de me dire, aurait du me rendre heureuse, j'aurai du me sentir libre, serreine. Et pourtant, j'en étais loin. Je me sentais libérée d'un poids, mais attaché d'un nouveau. Celui de le laisser partir. « Je suis libre oui... » J'avais envie d'ajouter : dommage que tu ne restes pas. Ou même un Merci. Un merci pour tout. Il avait quitté son pays pour cette enquête, il s'était investi à fond, il avait vraiment tout fait dans les règles de l'art, pourtant, je n'arrivais pas à lui dire merci à cet instant, car je savais qu'il allait repartir et avec lui, emporter une partie de mon coeur. Je ne l'aimais pas, je n'étais pas amoureuse de lui, mais je savais que si on se donnait une chance, notre histoire pouvait marcher. Du moins, j'avais envie d'essayer, plutôt que de ne garder d'un beau souvenir et un immense regret. Je n'arrivais pas à me décoller de lui, si bien que lorsqu'il m'embrassa, je ne pu qu'appuyer davantage mes lèvres contre les siennes. Ma main était sur sa joue et la pressais contre mon visage pour le garder près de moi. Je ne voulais vraiment pas qu'il parte. Je sentais une boule de tristesse dans ma gorge et dans mon ventre. Je me sentais réellement triste. Alors qu'il était encore là, que j'avais peut être encore une chance pour le retenir, mais je n'avais pas envie de le retenir, je voulais que ça soit lui, qui décide de rester. J'avais envie de lui murmurer de rester. Mais ici ou ailleurs, je m'en fichais. Très honnêtement, j'avais déjà quitté WOS pour Miami, durant 5 ans et j'étais revenue à cause de Skyler, qu'est-ce qui m'empêchait d'y retourner? Je n'en savais rien, seulement, il n'avait jamais émis l'hypothèse de rester ou que je vienne avec lui. Pour lui, ça n'avait été que "Je rentrerai après mon enquête" et ce, depuis le tout premier jour. Nos lèvres se capturaient, nos langues ne se quittaient pas. Finalement, nos bouches se détâchèrent l'une de l'autre, pour que je niche mon visage dans son cou. J'étais plus petite que lui, qui en plus d'être grand était assez costaud, ceux qui se trouvaient derrière lui, ne devaient même pas me voir. Mes mains se serraient contre lui, une de mes mains passa sous sa veste, son gilet et son tee-shirt, juste au dessus de son pantalon pour y caresser sa peau, chaude, comme à son habitude. Pourquoi devait-il partir? Toute cette histoire n'était pas juste... Et moi, j'étais en train de m'accrocher à lui, encore plus que je ne le devais, alors qu'il allait partir demain probablement. Mais qu'est-ce que je faisais? Vu comment j'avais mal, là ce soir, je savais que le moment de son départ allait vraiment me faire énormément de mal. Même si on s'était retenu, il fallait que l'on continue. Nous ne pouvions pas craquer maintenant. Non. Je me reculais alors lentement, essuyant un début de larme sous mes yeux. J'avais envie de lui demander quand est-ce qu'il comptait rentrer, sans doute pas ce soir, vu l'heure, mais je pensais sans doute demain. Il lui resterait la journée pour préparer ses affaires, faire son rapport et puis prendre l'avion le soir, afin de dormir chez lui demain soir. Demain soir probablement, il serait chez lui, à des milliers de kilomètres, dans son lit, dans son appartement. Moi, je serai là. Dans l'appartement où j'avais tous ces souvenirs avec lui, de cette enquête, de cette histoire. Très honnêtement, je n'avais même pas envie d'y mettre un pied. Ca allait vraiment être dur de m'y retrouver seule et de me dire qu'à présent, je ne le verrai plus ici, entre ces murs. Sur ce canapé, assis sur mon lit, son équipement sur la chaise du salon, en train de faire la vaisselle ou de me préparer ma tasse de thé. Non... Je ne le verrai plus faire tout. Je ne le verrai plus me sourire, poser sa main sur ma joue, plonger ses yeux clairs dans les miens, me mettre sa glace sur le bout du nez, rigoler avec moi comme deux enfants, se courir après, s'embrasser comme il savait si bien le faire. J'allais vivre ma première rupture amoureuse, sans aucune relation. J'étais quand même très forte. J'avais envie de lui prendre la main, de lui demander de passer la nuit avec moi, de lui demander de rester, de nous laisser une chance mais les mots étaient coincés dans ma gorge, je ne pouvais pas faire ça. Ma timidité me rongeait de l'intérieur, j'étais morte de trouille à l'idée de me mettre à nue devant lui et de prendre ce risque et puis même, si cette décision de rester devait être prise, c'était de lui même et certainement pas par moi. Non. Je m'y refusais. Néanmoins, je pris tout de même sa main dans la mienne, gardant une distance de sécurité. Je plongeais mon regard dans le sien, pour une dernière fois très certainement. Ma voix était brisée, les gens autour de nous était toujours en effervescance mais nous, on était comme sur pause. Ailleurs. « Merci pour tout Shay. Vraiment... Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, pour l'enquête et pour tout le reste. Tu es... tu es génial. Et... et je suis heureuse d'avoir pu te rencontrer... sincèrement... » J'aurai voulu en dire plus, mais j'en étais incapable sans pleurer. Je n'avais pas envie que ça se passe comme ça, mais il m'était impossible de rester face à lui plus longtemps, sachant ce qui nous attendait. Je m'approcha une dernière fois de lui, déposant mes lèvres tendrement sur sa joue, alors que les larmes coulaient déjà sur mes joues. Ce soir était la fin de l'enquête, autant qu'elle soit également, la fin de cette histoire. Ma main vint caresser sa joue et finalement, je tournais les talons, vivement. Je traversais la foule d'un pas rapide. On n'avait plus besoin de moi ici, toute cette histoire était désormais bouclée. Je pressais le pas pour finalement, retirer mes talons de mes pieds, les prenant à la main et pour me mettre à courir. Je courrai, laissant mes larmes couler sur mes joues, sans me retourner. Je ne dormirai pas chez moi ce soir, non. Je n'en avais pas la force. Il était presque une heure du matin et je courrai me réfugier dans la maison familiale. Je n'avais pas le courage d'affronter mon appartement ce soir, pas après tout ça. J'étais incapable d'être seule.