I miss the taste of a sweeter life
I miss the conversation
I’m searching for a song tonight
I’m changing all of the stations
I like to think that we had it all
We drew a map to a better place
But on that road I took a fall
tumblr, .narnienne

La quiétude de la campagne : quelques bruissements de feuilles, quelques oiseaux chantant au loin, preuve que le printemps commençait à montrer le bout de son nez. Mais le mieux dans tout ça ? Il n'y avait personne, aucun voisin à moins de 300 mètres, pas de bruits de voiture, absolument rien. Et pour un solitaire comme Victor, on ne pouvait rêver mieux.  La petite propriété était située dans la campagne de White Oak Station, il s'agissait de la demeure familiale des Breckinridge depuis des générations. Et depuis le décès de son père, et l'hospitalisation de sa mère, Victor avait été nommé propriétaire de l'habitation. Le garde-forestier s'y plaisait, c'était chez lui, et il n'avait aucune envie d'en changer. Depuis son retour dans le comté d'Alberta personne n'était venu chez lui, pas de relations, pas d'amis, même le facteur n'osait plus s'aventurer sous le porche depuis que dans un élan de colère Victor l'avait envoyé boulé. Imaginez alors l'état des lieux, des couches de poussières s'accumulant, et ne parlons pas du rangement.
Le pick-up bleu s'engagea dans l'allée avant de venir se garer à quelques mètres de l'entrée. Victor sorti du véhicule, et ne se soucia même pas de le fermer à clé, personne ici ne viendrait voler quoi que ce soit. La journée dans la forêt avait été longue, avec le retour des beaux jours il fallait remettre les sentiers en état afin de permettre aux premiers touristes de profiter des joies de la nature. Il entra dans la petite maison campagnarde, jeta son blouson sur un des canapés du salon avant de se diriger vers le réfrigérateur. Une routine pour quelqu'un de routinier : logique imparable. Le garde-forestier attrapa une bière, qu'il ouvrit rapidement d'un geste sec. Le thermomètre étant clément, et le soleil en train de se coucher, il sortit sous le porche, et s'adossa à la façade. Depuis qu'il avait croisé Katia au supermarché, il ne pouvait s'arrêter de penser à son retour. Mais malgré ça, il n'avait pas non plus cherché à la contacter essayant de se cacher sous des excuses   plus bancales les unes que les autres. « Elle doit être occupée », « je n'ai pas son numéro de téléphone », « ha mince je le ferais bientôt »... et ce cheminement se répéta pendant quelques semaines.
Victor tout en soupirant remarqua l'arrivée d'un véhicule au loin. Suspicieux, il se demanda lequel de ses abrutis de voisin avait mal indiqué la direction à l'un de ses invités. Dans toute sa splendeur, le garde-forestier commença à marmonner quelques insultes. Le véhicule tourna finalement dans son allée, s'en était trop, qui arrivait chez lui sans prévenir, lui qui avait horreur des visites impromptues ? Il laissa échapper une cascade de jurons, et envisagea même d'acheter quelques chiens pour être sûr que personne ne viendrait jusqu'à chez lui. Le jeune homme espéra encore quelques instants qu'il s'agirait bien d'un erreur, mais lorsqu'il vit que le véhicule s'arrêta aux côtés du sien, et qu'il entendit le frein à main s'actionner, il ne pouvait plus avoir de doutes. Lorsque la portière du véhicule s'ouvrit, il était prêt à passer le savon de l'année à quiconque s'aventurerait, toutefois, ce n'était pas ce « quiconque » qui sortit de la voiture. Et Victor failli prendre ses jambes à son cou.

Il était peut-être temps qu'elle aille le voir. Après tout, elle avait son adresse (et oui, être avocate avait parfois des avantages, avoir des amis bien placé aussi d'ailleurs) alors elle s'était enfin décidé à s'y rendre. Cela faisait des semaines, des semaines qu'elle y singeait. Une fois de plus, il l'avait un poil déçu, ne lui envoyant aucun message, par mail ou un simple texto. « Que tu es sotte, tu ne lui as pas donné ton numéro aussi... » Mais dans la tête de Katia, les choses se présentaient ainsi : il aurait pu se le procurer s’il en avait envie. Après tout, les annuaires serviette à ça non ? Elle avait enfilé une jean, une chemise à carreaux verte et blanche, sa veste en jean et était monté dans sa voiture. Oui, elle avait grillé plusieurs feux, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment, et oui, elle roulait bien plus vite que ce que la loi autorisait. Le stress sans aucun doute. La route, elle ne la connaissait pas vraiment, on pouvait dire merci à google map pour être précis, et pour ses choix d'itinéraire tout fait.

Elle s'engagea dans une allée, où une autre voiture stationnait déjà, sans doute celle du principal intéressé. Elle se gara justement à côté, coupa le moteur et sortit de la voiture. Et il était là. Il tombait à pic, comme toujours. Il avait l'air assez grogna, sans doute parce qu'il ne s'attendait pas à avoir de la compagnie à cet heure là (il était vrai qu'elle aurait pu choisir un autre horaire) mais elle cru lire aussi de la surprise sur son visage. Était-il réellement surprit de la voir ici ? Il aurait du se douter qu'elle se montrer bientôt, puisqu'elle n'avait pas eu de ses nouvelles pendant quelques temps. Elle claqua la porte de se portière, attrapant son sac à main et se dirigea vers lui, un immense sourire au lèvres. Il fallait que tout est l'air naturel même si au fond, Katia cherchait encore comment justifier sa présence ici.

«  Tu ne m'as pas rappelé Victor ! »

Bon, pour les salutations on repassera. Arrivé à sa hauteur, et ne sachant franchement pas si faire la bise ou quoi était approprié, elle se contenta de croiser les bras sur son torse. Penchant la tête sur le côté, elle se demanda alors si tout compte fait, elle avait bien fait de se pointer. Bah, elle se disait qu'il n'allait pas oser la renvoyer chez elle, c'était pas très classe après tout. Sauf que le Victor qui se tenait devant elle, elle ne le connaissait pas si bien que ça, au final.

« Je commençais à me demander si oui ou non on allait finir par se revoir » lâcha t-elle dans un petit rire. « J'ai apporté des gâteaux, tu m'invite à entrer ? »

Entreprenante ? Non non, pas du tout. Juste pressée de voir à quoi pouvait ressembler sa maison, juste pressée de ne pas pus avoir de la touriste qui débarque.

hj : désolé désolé désolé, j'étais sous le travail, et j'ai pas prévenu mais normalement ça devrait revenir à la normal, et puis je ne t'abandonne pas

Ses jambes étaient lourdes, et il resta planté là quelques temps, laissant la silhouette sortir de sa voiture et se rapprocher. Sur un malentendu, elle en l'avait peut être pas vu, et elle avait voir les voisins.. Ha non, pas de voisins, pas d'âmes qui vivent aux alentours. Il en remarqua pas tout de suite qu'il avait encore sa tête d'ours mal léché, même lorsque Katia lui adressa la parole il avait encore les sourcils froncés. Oh Victor, un jour tu apprendras les bonnes manières.
Il ne se radoucit que lorsque Katia arriva à sa hauteur, et essaya d'esquisser un sourire, coupable, mais un sourire quand même.  « Ouais, je savais pas trop si je devais t'appeler ou passer te voir » dit-il gêné en se grattant le dos. Il prit une inspiration et dit d'une voix plus posée, essayant d'intégrer une petite pointe d'humour :  « et puis tu le sais, je suis pas la plus grande preuve d'intelligence de ce monde.

Katia n'avait pas l'air décidé à partir, et puis, il n'allait pas la mettre à la porte, et puis, il y avait des gâteaux quand même. Victor s'avança vers la porte de la maison qu'il ouvrit, et fit signe à la jeune femme d'entrer,  « tu sais qu'avec des gâteaux je ne peux rien te refuser » ! Victor la suivit de près, et l'attrapa avant qu'elle ne bifurque vers le salon. Avant de pointer du doigts la véranda qui donnait de l'autre côté de la maison. Si elle voyait l'état du salon, Katia partirait en courant, sans aucun doute. La petite véranda paraissait dans un état plutôt correcte par rapport à tout le reste de la maison, tout ça, parce que Victor n'y mettait jamais les pieds. Toutefois, lorsque Victor se laissa tombé dans le canapé, une couche de poussière bien compacte s'envola. Le garde-forestier devint tout rouge, ouais il ne s'attendait pas vraiment à recevoir quelqu'un. Il se releva d'un coup, et commença à inonder la jeune femme de plates excuses. Bon, la véranda n'était pas praticable, le salon encore moins, l'entrée, bah c'est une entrée quoi. Dehors ? Ce n'était pas très poli.
Il prit donc les devants et s'aventura dans la cuisine en premier, regardant rapidement s'il y avait quelque chose à retirer avant que Katia ne rentre. Il l'invita à s'asseoir sur l'une des chaises, et se positionna pile devant un tas de bouteilles de bières vides essayant de cacher la misère des lieux. Totalement décontenancé, il essaya de se sortir de ses ennuis en essayant de faire la conversation :  « Et du coup tu te souvenais de l'adresse de la maison ? ». Ils avaient pu en faire des conneries étant plus jeunes dans cette maison. Cependant depuis le décès de son père, et l'absence de sa mère de la maison, la propriété avait comme perdu son âme et paraissait tout de même bien triste.
Toujours adossé devant les décombres de bouteilles, Victor se rappela ses devoirs d'hôte et demanda poliment à la jeune femme ce qu'elle voulait boire, tout en essayant de ne pas trop bouger pour que rien ne se voit.

Finalement il l’entraîna vers la véranda. Alors comme ça monsieur n'avait rien rangé ? Elle ne pouvait pas lui en vouloir, c'était elle qui passait à l'improviste après tout. Elle haussa les épaules et se se laissa guider. Oui, depuis la dernière fois qu'elle était venue le lieux avait bien changé. Elle se souvenait de tout le moments qu'ils avaient passés ici, enfants. Que de bons souvenirs. Elle hocha la tête, oui, elle se souvenait de cette adresse. Quelque part ce lieu faisait partit d'elle, elle s’en souviendrait toute sa vie. Comment l'oublie,r petite, cette demeure était une véritable parenthèse dans sa vie. Elle était avec lui, et elle était aux anges. Elle manga un gâteau, se laissant tomber dans un des fauteuil le plus proche. Elle regarda les bouteilles devant lequel dressait son ami. Il n'avait pas à es lui cacher, c'était sa vie après tout, il faisait ce qu'il voulait, ils étaient des adultes maintenant.

- Tu sais pourquoi je me suis sentie triste Victor ? Quand tu es partis...

Pourquoi dire ça maintenant, ici, en mangeant un gâteau ? Très bonne question. Elle lui coula un regard doux, le fixant.

- J'ai cru que j'étais devenue une amie trop collante. Que tu ne m'appréciait plus ou pire, que tu m'avait juste toujours vu comme la petite nana collante qui voulait toujours passé du bon temps avec toi. Au début, je me suis dis que tu étais partis à cause de ça. Et à me retourner les méninges dans tout les sens, je me suis aussi peut-être dit que tu étais le coupable de ce qui s'était passé cette nuit là. Mais c'était complètement stupide ! Le Victor que je connaissais j'aurais jamais fait une telle chose, ou du moins, pas volontairement. Je me suis voilé la face, durant toutes ses années. Alors dis le moi Victor, tu es partis à cause de moi ou c'est pour autre chose ? Je veux pas que tu recommencer aujourd'hui. Que l'on redevienne de vrais amis pour ensuite tout briser.

Elle baissa la tête, légèrement confuse. Sa voix tremblait sur la fin, mais elle resta droite, l'air fière. C'était tout elle, elle voulait toujours tout savoir, la cause de tout ce qui se tramait dans sa vie. « Parce que je t'aimais Victor, tu étais tout pour moi, mon meilleur ami, et tu m'a laissé seule... » pensa t-elle. Elle lui tendis un autre gâteau, un sourire timide au lèvres. Il la connaissait, il pouvait se confier à elle, tout comme autrefois.

Et puis à quoi bon, Victor soupira et se rapprocha de son amie. De toute façon, il était trop tard pour essayer de masquer que la maison n'était que l'ombre d'elle-même avec ce bordel dans tous les coins. Il fallait l'avouer, il s'était totalement laissé aller ses derniers temps (il avait même quasiment tout abandonné).
Le garde-forestier resta sous la choc, elle pensait vraiment qu'il avait fui White Oak Station à cause d'elle? Elle, sa meilleure amie depuis toujours? Le jeune homme savait qu'il lui avait fait du mal en partant, il en avait fait à tout le monde. Mais jamais, au grand jamais, il n'avait pensé lui en avoir fait autant. Jamais il n'avait pensé qu'elle aurait pu se blâmer pour son départ. Rapidement, il devint confus, comme s'il en pouvait plus aligner trois mots. Malgré tout ses efforts il balbutia simplement : « stupide, c'est complètement stupide ..». Avant de se reprendre et de dire d'une voix ferme qui ne laissait pas la place pour une discussion :  « Je ne suis pas partie à cause de toi, loin de là. Tu étais, tu es ma meilleure amie Katia. Victor resta de marbre, son air sévère pouvant presque faire peur. Il se rapprocha lentement de la jeune femme et attrapa le gâteau qu'elle lui tendait avant de s'asseoir sur une chaise en face d'elle. Le bûcheron soupira et prit sa tête entre ses mains, tel un gamin. Victor était face à un dilemme, que devait-il lui dire ? Il avait tellement de mal à avouer ce qu'il avait fait. Mais s'il ne le faisait pas leur amitié en pâtirait à coup sûr et Katia continuerait de s'en vouloir, de penser qu'elle était la cause de sa fuite. Et puis à quoi bon ? même Olivia l'avait appris et n'était pas allée voir les autorités. Victor s'avachit sur sa chaise, prit une longue inspiration et commença.  « Tu sais quand je suis parti, ce n'était ni à cause de toi, ni à cause de personne. Je suis parti, ou plutôt j'ai fui vers le Nord du Yukon pour éviter le regard des autres si vous aviez appris ce que j'ai fait ». Le jeune homme fit une pause, il n'était pas vraiment doué pour raconter les choses, et encore moins pour avouer ses crimes.  « Tu te souviens quand on était plus jeune, la soirée qu'on avait fait dans la forêt au beau milieu de l'été ? Celle où tout à basculé parce que la forêt est devenu un brasier géant. Cette nuit-même où vous aviez tous pensé que j'étais un héro d'avoir donné l'alarme. En l'espace de quelques heures, une grande partie de la réserve a été réduite en cendre, et jamais le coupable n'a été retrouvé. Jamais mon père n'a pu dormir sereinement parce que le feu était d'origine criminel, et aucun indice n'a pu être retrouvé. » La voix de Victor s'entrecoupait par moment, mais de toute façon, Katia se souvenait sûrement des événements, à vrai dire l'histoire avait fait le tour du monde tellement le feu avait ravagé la forêt et mis en danger un grand nombre de personnes. Le garde-forestier prit une dernière grande inspiration avant de lancer sa tirade finale : « Katia, c'est moi qui ait mis le feu cette nuit ». Il ne regardait même plus Katia, craignant sa réaction, il ne voulait pas croiser son regard, peur de son jugement.

- Tu...

Elle secoua la tête. Jamais elle l'aurait jeté pour ça. Il était tout pour elle à cette époque là. Tout. Et tout chez Katia-Isabel Delage ce n'était pas rien. Elle l'aurait défendu, elle l'aurait caché... Certes un peu voulu car elle avait eut assez peur cette nuit là mais de là à carrément à mettre fin à leur amitié. Elle croisa les bras sur son torse et fronça les sourcils. Bon, maintenant elle réfléchissait à comment réagir dignement à cette... Déclaration. « Avoue, tu avais toujours eu un petit doute ma chère » Elle chassa cette vilaine pensée de son esprit. Elle lui posa une main sur l'épaule.

- Victor... Je t'aurais défendu, tu sais ? Jamais je ne t'aurais jeté la pierre, dit elle d'un ton doux.

Surtout quand on voyait le métier qu'elle faisait à présent. Elle défendait les gens, c'était sa passion. Certes, elle en défendait une partie qu'elle n'aurait jamais aimé défendre, mais certains le méritait et si jamais un jour son ami avait été confronté à ça, elle l'aurait soutenue jusqu'au bout.  Cette nuit là le danger avait été grand. De nombreuses personnes avaient été mises en danger. Pour cela, elle se demandait quand même ce qui lui était passé par la tête. Elle le prit dans ses bras ( la Katia tactile reprit le dessus) et soupira.

- J'ai une question, pourquoi ?

Elle le connaissait, elle espérait que tout cela ne soit qu'un tragique accident, que Victor n'ai pas, d'un seul coup, eu envie de mettre le feu aux bois, juste pour le fun. Quoi que, les gens comme ça existaient, il y en avait pleins même. Brr, elle préféra ne pas y penser. Peut-être que certaines personne de leur groupe d'amis auraient été cruels envers lui, Katia en mettait sa main à couper. Mais pas tous, à commencer par elle. Enfin, surtout elle. Parce qu'elle était trop gentille et qu'elle avait toujours eu du mal à en vouloir à son ami le plus cher.

- C'était juste un accident, hein ?

Elle croisait les doigts derrière son dos pour que cela le soit. Elle se souvenait encore de la véritable polémique que cet incendie avait provoqué en vile. Oh, oui, on avait bien cherché un coupable mais les forces de l’ordre avaient été incapable de mettre un nom sur une liste. Les preuves avaient sois disant disparues avec le feu, les cendres... Bref, l'incendie. Elle se souvenait encore, des gens qui en parlaient que de ça dans la rue, comme si c'était la chose la plus folle qui leur soit arrivée depuis es siècles. Et quelques temps après, elle perdait Victor. Elle pensait aussi au père de ce dernier, si proche de ses bois. Quelle torture cela avait du être pour lui. Elle se demandait si Victor le lui avait dit. Non, sans doute que non. Il aurait sans nul doute ruiné sa vie, ses relations avec lui aussi. Il avait dû cacher cela si longtemps et à tout le monde. Tout le monde avait ses vilains petit secrets. Lui avait brûlé une forêt, et elle c'était montré lâche auprès d'un homme qui souhaitait passer le reste de sa vie auprès d'elle.

Le visage très expressif de Victor n'essayait plus de cacher sa culpabilité, il avait l'air d'un gamin de quartier qui venait d'arracher tout le parterre de fleurs de la voisine. Le jeune homme frissonna lorsque Katia posa sa main sur son épaule, gentiment. Elle n'avait même pas essayé de la frapper, c'était plutôt une bonne chose, elle ne lui en voulait donc pas autant. Sa première pensée fût confirmée par les dires de son amie, et ce n'est qu'à partir de ce moment là qu'il osa enfin relever la tête et regarder Katia. Le garde-forestier avait les yeux rougis, comme s'il était au bord des larmes. Il prit une grande inspiration pour essayer de se contenir, et ce tant bien que mal. Victor esquissa un brin de sourire, bien qu'il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Il avait donc bien été stupide cet été là à partir. Le bûcheron se sentait d'autant plus coupable qu'il avait cru quelques années auparavant, que son amie ne le soutiendrait pas.  « J'étais, tu sais à l'époque, tellement déstabilisé, je n'ai pas vraiment réfléchis à tout ça, tu sais, je n'ai jamais été le plus intelligent des deux. »
Lorsqu'elle le prit dans ses bras, Victor se laissa aller, il était plus paisible qu'il ne l'avait jamais été ses dernières années. Sa meilleure amie ne lui en voulait pas, et était là aujourd'hui après tout ce qu'il lui avait fait endurer. Le cœur de la jeune femme était énorme, plus que ce qu'il ne méritait. Toutefois, la jeune femme n'en resta pas là, lorsqu'elle demanda pourquoi, il leva un sourcil interrogateur, ne comprenant pas la question, ou du moins espérant ne pas la comprendre. Victor se redressa rapidement, et balaya d'un geste la conversation.  « Non, non, Katia, je n'ai pas mis le feu à la forêt juste par plaisir, je, tu sais, ce n'était pas un acte de rébellion contre mon père, ou du moins ce n'était pas voulu ». La phrase de Victor était à moitié incompréhensible, pour sûr, jamais il n'aurait voulu détruire tout ces hectares de forêt, toute le dur labeur de son père. La question de Katia était néanmoins plus que justifiée, il était normal qu'elle ait un doute, tout le monde aurait douté. « Tu sais, ce soir là, je me suis absenté avec quelques amis, on est allé fumer en s'enfonçant dans la forêt pour que personne ne nous voit. Et comme des imbéciles alcoolisés, on a jeté les mégots sur le sol, et on est malheureusement revenu, sans réfléchir qu'une petite étincelle aurait pu embraser la forêt. Ce que mon père me répétait tout le temps. » Victor tremblait à moitié en racontant exactement comment cela s'était passé. Il était dans l'âge con, et avait décidé de fumer pour contrarier ses parents, mais jamais il n'avait voulu faire tant de mal.
Le jeune homme se leva vers la cuisine, en demandant si la jeune femme voulait encore quelque chose. Lui se resservit une bière, bien qu'une bouteille de whisky aurait été parfaite. Mais bon, la bière ferait l'affaire, pour le moment. Victor s'adossa au cadrant de la porte et dit d'une voix plate, se souvenant de l'instant :  « tu sais je l'ai avoué à mon père, quelques temps avant qu'il meurt, il m'a aussi pardonné, bien que sous le choc, mais son souhait était que j'aille le dire aux autorités. » Sa voix se brisa. Jamais il n'aurait le courage de le faire, surtout si cela lui vaut de la prison. Lâche comme il était, Victor ne pouvait même pas exaucé les dernières volontés de son paternel. Il continua en se rapprochant de Katia :  « qu'est-ce que je devrais faire à ton avis ? » La jeune femme avait toujours été un bon conseil.

Un simple accident, ce n'était qu'un simple accident, juste une affaire de mégot mal éteins, jeté au sol, dans une forêt. Vu comme ça l'affaire avait l'air parfaitement simple. Elle lui en voulu sur le coup, quelle idée d'aller faire ça au beau milieu des bois ! En plus quand on avait un père garde forestier qui avait du le bassiner de dizaines et des dizaines de fois sur ce genre de danger et d'accidents stupides. Elle secoua la tête et le regarda prendre une bouteille de bière. Elle l'imita sur le champ, c'était pas vraiment son genre mais là, tout de suite, elle en avait vraiment besoin. Il lui confia alors qu'il avait tout dit à son père quelques temps avant son décédé et Katia sentit son cœur faire un bond. Le brave homme avait donc pardonné à son fils d'avoir mis le feu à la forêt, et lui avait conseillé de... Se dénoncer ? Sur le coup elle resta muette. Certes, cette option était celle de l’honnête, mais cette affaire avait quand même eu de grandes retombés sur la ville.

- Mon avis ?

Elle avait parlé d'une voix faible. Il lui demandait quoi faire. Allons bon, il s'en remettait à son jugement et soudain la jeune femme s'en voulu d'avoir mit les pieds dans le plat et d'avoir voulu tout savoir comme d'habitude.

- Je...

Elle pouvait l'aider,bien sûr. Mais elle n'avait as envie de voir son ami traîné en justice. Le savoir en prison, ou même dans un tribunal... Non, il en était hors de question. Une part d'elle l'incitait à lui dire de ce rendre. C'était ce qui était juste. Et l'avocate en elle lui soufflait de lui répondre gentiment cela. Mais la partie meilleure amie effondré ne voulait pas ça, non. Elle voulait que son ami continu de vivre sa vie. Oui, mais... D'un côté, si ne pas dire la vérité lui pesait. Elle pouvait comprendre, vivre avec un tel fardeau tout les jours devait être plus que pénible.

- Est-ce que ça fait mal, Victor, de cacher tout ça depuis cette nuit là ? Si oui alors... - sa voix se brisa – le mieux à faire pour soulager sa conscience serait de suivre le conseil de ton père – elle refusait de dire « te rendre aux autorités » - et... Je te défendrais, sache le. Jusqu'au bout. Si ce n'est pas le cas, ne fait rien. J'ai peur de voir ta vie gâcher, et on vient tout juste de se retrouver...

C'était pile ou face. Peut-être en réalité tout se passerait bien, il serait brillamment défendu, ne serait pas puni ou du moins, pas très lourdement. Ce qui allait être dur par contre, c'était la suite. Les bruits se rependaient vite en ville. Il suffisait d'une seule commère pour que tout un quartier soit au courant. Et les gens ne le regarderaient plus jamais pareil. Il ferait la tête des unes pendant un temps. Les gens diraient des horreurs sur lui, s’il faisait cela, il pouvait dire adieu à sa discrétion habituel.