~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
De l'époque du lycée, je ne garde qu'un souvenir marquant. Un souvenir qui porte un nom : Kaylee. Elle a marqué mes derniers temps de lycée, par sa seule présence. A l'époque, j'étais un véritable emmerdeur. J'étais bon en cours mais je ne me forçais pas vraiment. De toute façon, je voulais devenir chanteur. Pas besoin d'être une tête pour ça ! Je passais donc du bon temps, profitant de ma jeunesse pour faire très souvent le pitre. Tout ce que j'avais envie de faire, je le faisais sans réfléchir. A quoi bon se retenir ? Je trouvais que la vie était trop courte pour être faite de milliers de regrets parce qu'on n'a pas fait ceci ou cela. Bref, moi je faisais tout ce que je voulais, sans m'inquiéter des conséquences. J'en suis donc arrivé à emmerder Kaylee également. Elle était une parmi tant d'autres que je venais faire chier, dès ses premiers jours au lycée. Mais bien vite, je me suis davantage attardé sur elle. Parce qu'elle me plaisait. Soit, ma technique d'approche n'était certainement pas la meilleure. Mais qu'importe, puisque ça a fini par payer !?

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Je viens de sortir de prison. J'ai pris dix ans pour homicide involontaire. J'aurais pu prendre plus si mon avocat n'avait pas été assez bon pour faire passer ça pour de légitime défense. Ce qui était tout à fait vrai. Je n'ai pas donné le premier coup après tout. Et ce type avait un couteau ... Enfin tout ça n'empêche rien. Je ne suis pas heureux. Je ne le suis plus depuis dix ans. Depuis que j'ai fais cette connerie monumentale qui m'a fait tout perdre. A commencer par ma liberté. Ca m'a également volé ma jeunesse, mes rêves d'avenir, la femme que j'aimais et même ma mère. Puisqu'elle est morte de chagrin pendant que j'étais en prison. J'ai eus le droit à une permission pour assister à son enterrement. Juste une journée, puisque personne ne souhaitait m'héberger pour que je reste quarante-huit heures. Logique. Tout le monde m'a tout simplement tourné le dos. Bref, aujourd'hui je suis sans le sou, sans toit sur la tête, sans ... Rien. Ni personne.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Mort ? Non, sans déconner, à part mort, je ne vois pas du tout. Je n'ai aucun avenir. Personne pour m'aider. Et franchement aucune envie de rester de toute façon. Je vis avec les regrets, les souvenirs horribles ... Non en fait je ne vis pas. J'avance et me force à rester là. Je ne suis qu'une ombre. Qu'un fantôme. Je suis incapable de savoir où je serai demain. Alors je ne risque pas de pouvoir me projeter à dans dix ans ...

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Elodie/Morphine. ÂGE: 24 ans. PAYS: France. PRÉSENCE: Entre 4 et 7 jours. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Kaylee.    PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? C'est un ancien scéna de Kaylee    AUTRE CHOSE À AJOUTER? Promis, je porterai des ava où Jaja fait pas trop vieux   .

Miller, c'est l'heure. Vous sortez ! Mes prunelles d'un bleu délavé, se posèrent sur le visage dur du gardien de prison qui venait d'ouvrir la grille avec un geste sec. Oui, ça je le savais. Je venais de passer mon dernier jour derrière les barreaux. Je pensais à ma sortie depuis des semaines. J'avais aussi peur de sortir de prison, que j'avais eus peur d'y entrer, dix ans plus tôt. Pourtant, c'était une étape obligatoire. J'avais payé pour mon crime. Et à moi de faire une autre connerie, je n'avais aucune raison de rester là plus longtemps. Allez on se bouge, j'ai pas la journée ! Je me redressai enfin pour quitter ma petite cellule. Et le suivis dans les longs couloirs froids de la prison, d'un pas traînant. On me flanqua dans les bras, les affaires que j'avais en arrivant, dix ans plus tôt. Ils m'allaient évidemment toujours. Quoi que je flottais pas mal dedans désormais. Perte de poids magistral et pas le moins du monde surprenante compte tenue de la merde que j'avais mangé ces dix dernières années. Et pour ne pas arranger les choses, je vivais évidemment avec des remords terribles, qui pesaient lourds sur ma conscience. Enfin tout ça n'était rien en comparaison de ce qui était arrivé à l'autre. Celui que j'avais tué ... Bonne chance dans le vrai monde Miller ! Un rire ironique se fit ensuite entendre dans mon dos, avant qu'une porte ne claque. J'étais dehors. Seul. Personne pour m'attendre. Personne n'attendait ma sortie. Personne, même, ne savait que j'étais dehors. J'étais seul. Définitivement seul.

J'avais couru droit à ma perte, tout seul, comme un grand, dix ans plus tôt. C'était une soirée tout à fait normale, pour ne pas dire banale. Un bar, avec des amis et ma petite amie. Tout allait pour le mieux. La bonne humeur était de la partie. Pendant un bon moment. Malheureusement, alors que nous étions dehors en train de prendre l'air et de fumer une clope, un gars nous a rejoint. Et l'alcool aidant, le ton est rapidement monté. S'en est suivit un échange de coups particulièrement virulent. Enragé, je suis vite parti dans l'excès. Au point de ne pas cesser de flanquer des coups de poings dans la tronche de ce gars, même quand il perdit connaissance. Je frappais. Encore et encore. J'extériorisais un trop plein. Je me défoulais. Des gens finirent par me faire cesser de force, en me poussant. Le poing endolori et en sang, je réalisai enfin ce qui venait d'arriver. Mais le temps pour moi de réaliser, et je me retrouvais avec des menottes aux poignets. Paniqué, mon regard avait cherché celui de Kaylee. En vain. Je venais de mettre fin à une vie heureuse. De la façon la plus stupide et la plus inconsciente qui soit. Je perdis ma petite amie ce soir là. Mais pas seulement. Je perdis tout le monde. Absolument tout le monde. Même ma mère qui était mon unique pilier depuis toujours. Plus précisément, depuis son divorce d'avec mon père qu'elle avait laissé tomber parce qu'il faisait passer son emploi avant sa famille. Je n'avais qu'elle. Mais je venais de la trahir, d'une certaine façon. Elle se laissa sombrer dans le chagrin. Et deux ans après mon emprisonnement, j'appris son décès. Raison pour laquelle, à ma sortie, je ne trouvai personne au dehors.

Pas besoin d'être un grand détective pour trouver une adresse. Il suffisait d'avoir le nom de famille de la personne et quelques vieilles informations en ce qui la concernait. Dans le cas de Kaylee, je devinais qu'elle était devenue vétérinaire comme elle en avait toujours rêvé. Et des vétérinaires du nom de Thompson, il n'y en n'avait pas des milliers. Je du me foutre un bon coup de pied au cul pour trouver le courage d'aller frapper à sa porte. J'ignorais moi même pourquoi je faisais un truc aussi stupide. Dans le fond, j'espérais réaliser qu'elle était foutrement heureuse sans moi et qu'elle était parvenue à refaire sa vie. A son âge, elle était sans doute épouse et mère. Et ce serait parfait pour elle. Parce que c'était là tout ce qu'elle méritait, tout simplement ! Mais à côté de ça ... Bien sûr que ça me ferait un mal de chien de réaliser qu'elle était parvenue à avancer, malgré ma disparition. Egoïste ? Non, amoureux. Enfin non. Plus aujourd'hui. Dix années étaient passées tout de même ! Si j'avais la sensation d'éprouver encore ce genre de sentiments pour elle, c'était uniquement parce qu'on ne pouvait pas dire que j'avais souvent eus l'occasion d'avoir des relations amoureuses, au cours de cette décennie. Je n'avais jamais envisagé de changer de bord. Je n'avais pas subis le coup du savon dans les douches -détail non négligeable !-. J'étais donc totalement perdu. Pendant toutes ces années, elle était la seule personne à laquelle j'avais pensé. Elle était tout ce qu'il me restait de mon passé, puisque ma mère était morte. Soit, mon père ne l'était pas. Mais j'avais rapidement compris qu'il ne voulait pas prendre le risque que j'entache sa réputation d'homme d'affaires influent. Quant au reste de ma famille ... Elle m'avait rapidement tourné le dos également.

Je ne pouvais reprocher tout ça à qui que ce soit. Quand bien même je n'avais pas choisis de tomber de ce côté là. De commettre une telle atrocité. J'allais devoir vivre le reste de mes jours avec la culpabilité. Le jour de mon procès, j'avais demandé pardon à la famille de la victime. Je n'avais eus droit à aucune réponse. de toute façon, je n'en attendais pas. Mais ils avaient fini par venir me voir directement au parloir. Pour me pardonner. Ce n'était pas pour autant que j'avais cessé d'éprouver ce dévorant sentiment de culpabilité. C'était une chose qui n'allait jamais me quitter, je le savais parfaitement. Mes nuits n'allaient pas cesser d'être hantées par les cauchemars. Le sourire n'allait pas me revenir en un claquement de doigts. Et moins encore, mon envie de vivre. Aucun risque que je me suicide, ça non. Parce que ce serait trop facile. Je voulais continuer de souffrir. J'aurais ainsi la sensation de payer encore pour mon geste atroce et impardonnable. Même s'il était évident que je méritais bien pire encore. J'aurais du finir avec la prison à vie. Mais ce n'était pas ce que j'avais à payer pour mon crime. Au vu des circonstances, blabla blabla, j'avais pris vingt ans. Dont dix avec sursis. Sorti pour bonne conduite. Tu m'étonnes, quand tu ne parles pas, ne lèves jamais les yeux de tes chaussures, obéis aux ordres donnés par les gardiens ... Franchement, même la prison c'était peu payer pour un crime pareil ! Le rejet de Kaylee. Ca, ce serait une sacré bonne punition ! C'était peut-être dans l'espoir qu'elle m'envoie chier et m'envoie dans la tronche que j'étais un foutu enfoiré de meurtrier, que je m'étais rendu chez elle quelques semaines après ma sortie. Je tendais la nuque à mon bourreau, attendant juste la sentence. Encore une fois.