I think I've had enough,
I might get a little drunk
I say what's on my mind,
I might do a little time
Cause all of my kindness,
is taken for weakness.
tumblr, .narnienne

Le chalet Pineshore possédait ce style typiquement montagnard dans lequel il faisait bon vivre. Les pièces étaient toutes ornées de la même façon, du bois recouvrant l'ensemble du mobilier. L'ambiance y était chaleureuse et paisible, sans tension, rien que du calme. A vrai dire en début de soirée se retrouvait seulement quelques skieurs qui n'avaient pas encore succombé aux attraits de leur lit, et qui finissait leur soirée tranquillement devant la cheminée. Victor était un de ceux-là, il aimait la quiétude de l'endroit, personne ne venant le déranger, et il pouvait profiter pleinement de ses vacances. Vacances qui, on pouvait le dire, se déroulaient parfaitement bien, même pour un bûcheron solitaire qui n'était pas friand des voyages organisés. Le véritable point positif du séjour de groupe ? Le chalet était réservé pour les habitants de White Oak, et ainsi, il n'avait que peu de chance de tomber sur un touriste étranger qui ne parlait pas un mot d'anglais. Il n'avait pas à se préoccuper que quelqu'un le dérange en balbutiant des bribes de phrases incompréhensible.

Depuis son arrivée, il passait ses journées à marcher sur les sentiers de randonnée, ou à profiter des joies de la descente du domaine skiable. Ce sentiment de liberté qu'il éprouvait lorsqu'il traversait la forêt tous les jours était décuplé ici. Il n'avait rencontré qu'une seule tête connue depuis qu'il était là : celle de Constance, et c'était largement suffisant. Il était venu en altitude pour laisser tous les soucis du quotidien de côté, le temps de s'éloigner de la ville, de Katia, et d'à peu près tout le monde, juste pour être tranquille. Il n'avait même plus revu Olivia depuis qu'il s'était quittés dans la forêt, et elle avait apparemment tenu sa langue : Victor ne pouvait que se réjouir. Le salon se vidait à vu d’œil, les quelques derniers courageux étaient déjà en train de somnoler dans le canapé, un groupe d'amis venait de finir de boire un digestif et s'apprêter à quitter la pièce pour une marche nocturne.

Victor se leva ainsi de son canapé, se dirigeant vers le petit bar laissé à la disposition des clients. Se trouvait sur le meuble en bois toute une variété d'alcool de différentes sortes, plus ou moins forts, plus ou moins régionaux. Tel le bûcheron qu'il était, il se servit le fond d'un verre d'un alcool local du Mont Pineshore avant de se retourner s'asseoir. La pièce étant maintenant vide, il se laissa aller et commença à fermer les yeux. A vrai dire, il n'avait pas envie de retourner dans sa chambre. Les filles y discutant une grande majeure partie de la soirée, et à vrai dire, il ne tenait absolument pas à les écouter s'esclaffer sur tout et rien. L'ambiance pyjama party, je-vous-raconte-toutes-mes-histoires-les-plus-absurdes : très peu pour lui. C'est ainsi qu'il ne remarqua même pas quand quelqu'un d'autre entra dans la pièce.

« Oui maman, je skie bien, il y a beaucoup de neige. Et j'ai réservé mon billet, j'arrive dans deux semaines. Ne t'inquiètes pas, je me suis arrangée avec mon patron. Bisous, à bientôt, embrasse papa de ma part. » Olivia raccrocha et poussa un long soupir, exténuée après cette longue journée. Elle a dévalé les pistes toute la journée, ne s'arrêtant que pour déjeuner. La jeune femme profite complètement de son séjour au mont Pineshore, elle adore le ski et se débrouille d'ailleurs très bien. Depuis qu'elle est enfant, elle passe ses vacances d'hiver dans des stations de ski, et même si cette année elle part sans ses parents, elle ne change pas ses anciennes habitudes. Elle n'a jamais été dans les montagnes du Canada cependant, alors quand Constance, sa meilleure amie, lui a appris que le chalet ouvrait ses portes pour les habitants de White Oak Station, elle a sauté sur l'occasion. La jeune héritière a dû, dans le même temps,repousser sa venue chez ses parents et n'a donc pas pu fêter Noël avec eux comme c'était convenu. Sa mère était plutôt déçue de ne pas la voir à cette période de l'année et pour compenser, elle appelle Olivia tous les soirs. En soi, cela ne dérange pas la jeune femme, mais les discussions au téléphone durent parfois longtemps et elle n'a envie que d'une chose : se reposer sur son lit ou dans un fauteuil, au calme, ne plus penser à rien.
Après avoir reçu son coup de téléphone quotidien, la jeune californienne se rend donc au salon, principalement pour profiter de la cheminée et pour détendre ses muscles endoloris par le ski. Constance, de son côté, a préféré aller se coucher directement, et les deux jeunes femmes n'étant pas dans la même chambre, elles se sont données rendez-vous le lendemain pour une nouvelle journée sur les pistes. Il est tard et malgré la fatigue, Olivia a envie de profiter de la salle commune et de  sa chaleur, pensant qu'à cette heure là il n'y aurait pas grand monde. Pourtant, lorsqu'elle entre dans la pièce, son regard est tout de suite attiré par une silhouette assise sur le canapé. Une silhouette qui ne lui est d'ailleurs pas étrangère, puisqu'elle la reconnaît : c'est Victor, le garde-forestier avec qui elle entretient des rapports compliqués. En effet, ils ont eu plusieurs altercations et la dernière en date avait pour cause un acte qu'a commis le jeune homme et dont il avait promis à Olivia d'aller en parler aux autorités. Ce qu'il n'a pas fait, visiblement. La jolie héritière ne s'attendait pas à le retrouver ici, lui qui est si solitaire. En tout cas ce n'est pas une bonne surprise pour elle, ces dernières semaines elle a réussi à ne pas penser à toute cette histoire, et maintenant qu'il est là devant elle, la colère remonte doucement. C'est d'ailleurs avec une agressivité certaine qu'elle s'adresse à lui. « Tu n'es pas encore derrière les barreaux toi ? » Sans un regard de plus, elle va s'asseoir sur le fauteuil, devant la cheminée. La compagnie de Victor ne l'enchante pas vraiment, mais ce n'est sûrement pas elle qui va céder en partant. Et puis, sa curiosité la pousse à rester, elle veut savoir ce qu'il a fait ces dernière semaines, même si elle se doute qu'il n'est pas allé voir la police comme il l'avait dit. Ce qui accentue encore plus l'agacement de la jeune femme.

Victor commençait presque à somnoler, la journée avait été rude. Ce petit moment de solitude, de sérénité ne pouvait lui être que bénéfique. Il laissa même vagabonder son esprit, repensant aux bons moments qu'il passait depuis son arrivée. Le garde forestier ne sourcilla pas quand une présence arriva à ses côtés, pensant simplement que quelqu'un avait oublié sa veste. Malheureusement, à son plus grand désespoir la quiétude ne fût pas de longue durée. Il aurait reconnu la voix entre mille, ce timbre de voix qui lui était si énervant à l'oreille. A premier abord, il ne prit même pas la peine d'ouvrir les yeux et soupira simplement, peiné de voir sa soirée interrompue. Toutefois, aux termes de grands efforts, il regarda son interlocutrice qui n'avait absolument pas changé en quelques mois. Olivia venait de faire preuve d'une agressivité certaine dans ses paroles, ce qui surprit Victor. D'accord ils ne s'étaient pas quittés dans les meilleurs termes qu'ils soient, d'accord il n'avait vraisemblablement pas tenu sa promesse, mais il aurait pensé la jeune californienne plus courtoise. C'était censé être lui le bûcheron quand même. Victor prit une longue inspiration et n'éleva même pas la voix pour lui répondre, c'est dont par un calme légendaire qu'il s'adressa à elle : « Tu n'as jamais entendu parler des prisons dorées ? Voilà la mienne, coincé à la montagne. La vie est d'un compliqué. ». Et d'un joli sarcasme, un ! Victor n'avait pas osé lui dire pourquoi il n'avait pas été voir les autorités. Admettre que ça lui fichait une trouille pas possible était contraire à sa fierté. Et cela montrerait encore un autre signe de faiblesse, et il lui en avait déjà bien assez montré, avec l'épisode des bois.

Le garde-forestier espéra pendant un bref instant qu'Olivia partirait rapidement, et qu'il pourrait oublier qu'elle était ici encore plus vite. Victor n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête avec la jolie blonde. Son objectif principal lorsqu'il avait accepté le voyage organisé ? S'éloigner de White Oak Station et des problèmes. Jamais il n'aurait pensé qu'Olivia serait venue aussi, les voyages organisés par la ville n'étaient pas vraiment du genre de la jeune femme, ou du moins c'est ce qu'il pensait. Mais les faits se suffisent et il avait bien évidemment tord, comme à son habitude, Olivia avait vraiment changé depuis leur première rencontre.
Victor tendit le bras pour récupérer le petit verre sur la table, avant de le boire entièrement, d'une traite. S'il voulait réussir à la supporter, peut-être l'alcool lui serait utile. Ou peut-être que cela allait envenimer les choses, mais c'était un risque qu'il accepta à bras ouvert. « Tu n'as pas d'autres choses à faire que de rester avec moi dans le salon ? Je vais penser que tu ne peux vraiment pas te passer de moi. » dit-il d'une voix nonchalante, essayant de détendre l'atmosphère, et surtout espérant que cela allait calmer la jeune femme. Il essaya d'être le plus cordial possible, ainsi et de ne pas trop élever la voix en gardant un ton monotone. Les événements passés leur avaient bien montrés que leurs violents échanges n'avaient jamais abouti à de bonnes choses.

Olivia, les jambes posées sur un coussin et le dos appuyé contre le dossier de son fauteuil, essaie de prendre une attitude nonchalante, décontractée, alors même qu'elle est totalement crispée intérieurement. Elle a du mal à supporter la présence de Victor. Très rancunière, la jeune femme n'a toujours pas avalé les récentes révélations de ce dernier, et son orgueil reste à vif. Et puis, la jeune californienne le voit comme un lâche et un menteur, et savoir qu'il n'a pas tenu sa promesse ne fait qu'accentuer cette vision. Après une entrée en matière mordante de la part d'Olivia, le jeune garde-forestier réplique en utilisant le sarcasme, ce qui entraîne des pulsions violentes chez la jolie héritière. Il se moque clairement d'elle, du moins c'est de cette manière qu'elle le ressent. La jeune femme, déjà sujette à la colère accentuée par sa fatigue à son arrivée au salon, a maintenant des envies de meurtre. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il court voir les autorités dès le lendemain de leur discussion au bois, mais après plus d'un mois, cela aurait déjà dû être fait. Olivia, de son point de vue extérieur, ne se rend pas compte que se dénoncer est une chose compliquée et que cela entraîne de lourdes conséquences, elle ne se met jamais à la place des autres personnes. Si les rôles étaient inversés, elle aurait sûrement agi de la même manière que lui mais actuellement, tout ce qu'elle voit c'est qu'il n'a pas honoré leur accord, qu'il a pris la fuite après avoir causé un feu de forêt destructeur et qu'il a en plus agi en hypocrite envers la jeune femme, ce qu'elle n'a franchement pas apprécié. Son ton se fait ironique. « Mais quel malheur ! Un séjour au ski, tu es vraiment à plaindre. » Elle soupire de colère, et reprend, piquante. « Tu ne faisais pas autant le fier lorsque tu me suppliais presque de ne pas aller voir la police. Et tu n'as pas tenu ton engagement, ce qui confirme donc ce que je pensais de toi. » Elle le voit qui boit un verre d'alcool, et à vrai dire elle en voudrait bien également, mais elle se refrène, ce n'est pas une bonne idée.
La jeune femme regarde les flammes qui crépitent dans la cheminée, se détournant de Victor en espérant ainsi occulter sa présence. Ils aimeraient tous les deux être seuls, mais personne ne cède en quittant la pièce. Olivia ne lui fera sûrement pas ce plaisir. « Il me semble que le salon est une pièce commune, non ? J'ai autant le droit que toi d'y être, et il se trouve que c'est aussi l'endroit du chalet où je me sens le mieux, habituellement. » Elle sourit, un sourire mesquin, loin de ceux qu'elle avait lors des moments dans la forêt où ils se toléraient et riaient même ensemble. « Et je pourrais très bien me passer de ta compagnie, ne te fais pas d'illusions. » Les tensions qui s'étaient apaisées pendant une demi-journées ont repris de plus belle, et la jeune femme ne désire pas les calmer. En tout cas pas tant que Victor agira comme il le fait, en rompant leur accord.

« Je sais bien, je fais que me plaindre d'ailleurs, les autorités sont dures ces derniers temps », il continua sur sa lancé, bien qu'à l'intérieur il ne faisait pas vraiment le fier. Olivia enchaîna rapidement avec une autre pique, la jeune femme était fulminante. Victor soupira, il était à la fois triste et blasé, il était encore en tord, c'était une certitude mais l'attitude d'Olivia l'exaspérait au plus haut point. Mais malgré tout il resta calme, il s'était promis de ne pas hausser le ton et repartir dans une querelle. Qui plus est, dans un chalet si une dispute éclatait tout le monde allait être rapidement au courant, et cela ne ferait qu'empirer sans aucun doute. Et Victor n'avait encore moins envie de se retrouver dehors, valise sous le bras, avec les températures négatives qu'offraient la station la nuit. Le garde-forestier regarda la jeune femme, s'il lui lançait un nouveau sarcasme il y a fort à parier qu'elle lui sauterait dessus pour le frapper (ce qui pourrait être à la fois cocasse et compréhensible). Il opta pour une réponse fataliste, toujours sur le même ton monotone,  »ho tu sais tu n'es pas la première que je déçois, et tu ne seras absolument pas la dernière, c'est une certitude, et ce que tu penses de moi, et bien je ferais avec. »Aucun des deux n'allait partir, une question de fierté qui n'allait pas se résoudre avant un bon moment. Victor haussa les épaules, il était dans un canapé confortable, il pouvait attendre sans aucun problème. il s'enfonça encore un peu plus dans le fauteuil, il se serait bien assoupi s'il ne ressentait pas les mauvaises ondes d'Olivia à côté. « Et bien bonne soirée à toi, et attention je ronfle » dit-il essayant de détendre l'atmosphère en vain. Il commença à clore ses yeux, bien qu'avec autant de proximité, il n'était pas des plus détendus qu'il soit.

Un silence apparu, Victor commença à voir un peu de lumière au bout du tunnel, un espoir qu'Olivia était partie discrètement pendant qu'il s'était assoupi. Malheureusement, il entrouvrit un œil, et elle était toujours dans la même position. Il soupira et se rassit sur son siège, au moins il n'avait pas ronflé, ou du moins il ne s'en était pas rendu compte, et Olivia n'avait pas essayé de l'étouffer avec un coussin. C'était une avancé.

Victor savait pertinemment pourquoi Olivia lui en voulait autant. Malheureusement il n'était toujours pas prêt à faire ce qu'elle exigeait. Bien que soyons clair, il ne le serait jamais vraiment, c'était une certitude. Qui de sain d'esprit serait prêt à aller voir les autorités au risque de finir ses années en prison? Le garde-forestier commença à réfléchir afin de savoir comment sortir de cette impasse. Peut être que l'alcool commençait à faire ses effets, ou la fatigue le rendait totalement inconscient, mais Victor rompit le silence en une phrase qu'il prononça de manière claire et distincte, presque comme déterminée :  « peut être que, en fin de compte, tu devras aller les voir toi ».

La jeune femme soupire, Victor est vraiment exaspérant. D'habitude c'est plutôt elle qui a tendance a tenir ce rôle, avec ses manies et ses attitudes, mais actuellement les sarcasmes de Victor dépassent largement les travers d'Olivia. Au final, elle décide de l'ignorer et pince les lèvres, regardant ailleurs furieusement. Il fait nuit et les éclairages extérieurs lui permettent de distinguer légèrement le paysage enneigé, ce qui a tendance à l'apaiser. Elle passe de très bonnes vacances ici au chalet Pineshore, et elle aurait bien aimé attendre son retour à White Oak Station pour revoir Victor et éviter ainsi qu'une altercation gâche sa semaine de rêve.
Il lui dit ensuite qu'il a l'habitude de décevoir les personnes, mais qu'il se fiche de ce qu'elle peut bien penser de lui. Son ego en prend un coup, elle a été habituée à ce que tout le monde se soucie d'elle et soit à ses petits soins, alors dès que quelqu'un lui montre clairement un manque de considération, la jeune héritière se sent vexée, même si elle ne le porte pas dans son cœur. « Si tu agis de cette manière avec tout le monde, alors cela ne m'étonne pas. » Sa voix est calme mais tranchante. Le garde-forestier lui annonce qu'il va dormir et Olivia fronce les sourcils, outrée qu'il se permette de faire un somme alors qu'elle est dans la même pièce et qu'ils ont un problème à régler. Elle marmonne une phrase d'insulte qu'il n'a sûrement pas entendu, et se tourne de son côté. La jeune femme sait qu'elle ne va pas dormir, elle ne peut pas dans un fauteuil, elle a donc tout le temps de réfléchir à la situation.
Elle se rend compte qu'au final, elle ne souhaite pas qu'il aille voir les autorités pour un acte qui date de plusieurs années, mais elle veut le punir d'avoir menti et d'avoir été hypocrite envers elle. C'est égoïste de se part de chercher la vengeance plutôt que de vouloir rétablir la justice, mais elle ne va pas abandonner cette idée et surtout pas depuis qu'il lui a assuré qu'il allait se rendre aux autorités. Selon elle, ils ont un accord et cet accord doit être tenu. Elle ne peut pas céder et le laisser partir sans contrepartie, sans s'être vengée de l'hypocrisie du jeune homme. Sa fierté lui dicte ses actes et ses paroles, et ce n'est pas toujours une bonne chose. Mais en dehors de cela, qu'il se dénonce à la police permettrait tout de même de clore l'histoire de l'incendie dont le coupable n'a jamais été retrouvé, et même si ce n'est pas l'intérêt premier d'Olivia, c'est toujours bien.
Après de longues minutes de réflexion et un silence total, le jeune homme ouvre les yeux et brise le calme du chalet. Sa phrase fait écho dans l'esprit de la jolie californienne, il lui dit qu'elle devrait aller voir les autorités. Elle secoue la tête pour montrer son refus, elle ne veut pas aller au poste de police. Elle a de très mauvais souvenirs avec les autorités et n'a jamais eu de bons rapports avec elles, et ne veut donc plus rien avoir à faire avec la police. Il faut dire que lorsqu'elle était encore à Los Angeles, elle avait fait pas mal de bêtises et certaines incluaient des policiers, comme lorsqu'elle avait frappé un agent et vomi sur un autre. Ce n'est pas très glorieux, et les voir lui rappelle la mauvaise partie de son passé. « Pourquoi j'irais les voir ? Ce n'est pas moi qui ai mis le feu à la forêt ! » Ils se retrouvent dans une impasse, puisque aucun des deux ne semble vouloir se rendre chez les autorités.

hj : et encore plus désolé de ma part

La jeune femme n'irait pas voir les autorités non plus, c'était à la fois un soulagement pour Victor qui au moins était en sécurité, mais par la même cela impliquait qu'il allait devoir le faire tout seul comme un grand. En s'enfonçant dans son fauteuil, il se laissait penser comment aurait été sa vie si rien de tout ça ne s'était produit ? S'il n'était pas allé à cette foutue soirée, s'il n'avait pas commencé à fumé, et surtout si la forêt ne s'était pas embrasée en quelques minutes. Victor serait sûrement là dans ce même canapé, en train d'essayer de s'endormir pour oublier les petits soucis du quotidien. Lesquels auraient pu être une dispute anodine avec Katia qui ne lui en aurait jamais voulu, puisqu'il ne serait pas parti au fin fond de l'Alberta. Ou bien, il serait peut être là avec Olivia, en train de discuter joyeusement. Parce qu'au fond, sans tout ces drames, ils auraient peut être bien pu s'entendre qui sait ? Olivia n'aurait pas été aussi têtue, et lui aurait été plus civilisé. A vrai dire, si rien de tout cela ne s'était passé sa vie aurait été sans aucune doute bien plus sympathique, et il ne serait pas l'ours mal léché qu'il est aujourd'hui.
Victor se surprit à ronfler, un bruit sourd qui n'avait absolument rien de mélodieux. La conséquence fût un réveil rapide du garde-forestier alerte. Il espérait qu'Olivia n'aurait pas entendu, mais bon c'était peine perdue : lorsqu'il dormait il avait tous les traits (et les sons) d'un ours. Le jeune homme se leva d'un bond et traversa la pièce pour se dégourdir les jambes. Il n'allait pas partir tout de suite, mais s'il restait assis plus longtemps, le concert sonore qu'il allait produire serait mémorable. Victor retourna vers l'endroit clé de la pièce : le bar ! Olivia était toujours dans le fauteuil, à faire il ne savait quoi. Il maugréa ainsi, « tu veux quelque chose ? », assez fort pour qu'elle l'entende, mais à moitié dans sa barbe pour ne pas qu'elle se sente obligée de répondre.
Le garde-forestier s'adossa contre la fenêtre, la tête tournée vers l'extérieur. Il recommençait à neiger à l'extérieur, un épaisse couche de neige recouvrait déjà le manteau neigeux présent. L'hiver était bien installé, et il semblait parti pour rester. Les skieurs allaient être heureux demain. Même si Olivia et lui étaient dans une impasse qui n'était pas prête de se résoudre, Victor se sentit quelques instants apaisé par l'ambiance chaleureuse du chalet et se surprit à penser à voix haute « tu crois qu'on aurait pu être ami dans d'autres circonstances ? ». Le bûcheron réalisa rapidement ce qu'il venait de dire, et devint tout rouge, bordel pensa-t-il. Qu'est-ce qui venait de lui traverser l'esprit ? Un verra de cognac ne faisait pas cette effet quand même, cela ne rendait a priori pas les gens pacifiques, et encore moins un canadien habitué aux hivers froids. Le jeune homme regarda aux alentours furtivement, et dans ces situations, il regrettait ne pas pouvoir se cacher derrière le rideau.