Cher journal,

Ma vie a toujours été une vraie croisière. Je suis née à Barcelone, j’y ai toujours vécu. Je suis issue d’un milieu plutôt aisé mais mes parents nous ont toujours appris, à mon frère et moi, que l’argent avait une valeur. Ca ne tombe pas du ciel et il faut travailler pour l’obtenir. On a toujours entretenu de bons rapports dans la famille : mon frère et moi on a toujours été proche malgré nos trois années de différence. Ils nous arrivaient de nous disputer mais c’est comme dans toutes relations frère/sœur. Avec mes parents, on rigolait tout le temps. On a toujours su que quoi qu’on fasse, on pouvait compter sur eux. On aurait pu faire un meurtre qu’ils nous auraient toujours protégé. On est le centre du monde pour eux. J’ai toujours été complice avec ma mère. Seulement, j’ai deux ans lorsque les médecins découvrent que j’ai une maladie de cœur. Il faut que je fasse des aller-retours à l’hôpital pour qu’on me fasse des examens de façon régulière. J’ai toujours eu peur de ces endroits : la couleur des murs, l’odeur, les clowns qui étaient soi-disant là pour nous divertir dans le pavillon des enfants. Quand j’étais petite et que je savais que je devais aller à l’hôpital, je pleurais. Je ne voulais pas y aller et encore moins si mon frère n’était pas là.

Les années ont passé et je n’ai jamais échappé à cette phobie des hôpitaux. Que ce soit en primaire, au collège ou au lycée, les professeurs ont toujours été au courant de ma maladie. S’était une mesure de sécurité soi-disant. Moi je ne voulais pas qu’il me prenne en pitié, ni même qu’il me traite d’une façon différente parce que j’avais une maladie. Je voulais être normale. Sachant que je n’aurais pas une vie aussi longue que mes camarades, j’ai choisis de jouer la carte de l’amusement : profiter de chaque seconde de ma jeunesse tant qu’il en ait encore temps. La plupart de mes amis ne savant pas que j’ai une maladie : j’ai du mal à en parler, je ne veux pas être différente. Mes meilleurs amis sont au courant mais ça s’arrête là. Au collège, je suis rapidement une fille populaire, qu’on apprécie pour sa joie de vivre. Je suis la première à faire des conneries, la première à donner des idées à la noix pour passer un bon moment. En me voyant, personne ne peut se douter que j’ai une maladie. Je profite, je respire la joie de vivre et surtout je ne jour pas les victimes. J’ai toujours refusé de me faire prendre en pitié. Quatorze ans, c’est le début de l’âge bête et c’est là où j’ai commencé à fumer. Je savais que ce n’était pas bien, mais j’avais envie de tester. Mon frère m’a engueulé mais il n’a rien dit aux parents pour pas les inquiété. Je ne l’ai pas écouté parce que je considérais que s’était ma vie et non la sienne.

J’ai quinze ans quand mon père obtient une promotion. Il travaille dans une grande entreprise internationale, qui va créer de nouveaux bureaux dans une petite ville des Etats-Unis. Une dernière semaine de cour à faire n’importe. Une dernière soirée sur la plage. Des tonnes de larmes versés parce que j’allais être loin de mes amis et me voilà partit. J’ai toujours gardé avec mes amis d’Espagne. Ils ont toujours été mes piliers : un regard et on se comprenait. Pour mon frère, ça a été plus dur, il avait une copine, il a été obligé de la quitté. J’étais là pour lui. Il savait que s’il avait besoin de parler, il pouvait compter sur moi. D’ailleurs à cause de ce déménagement il redouble sa dernière année de lycée. Mes années lycée ont sans doute été les meilleures pour moi. J’ai tout de suite été intégré dans mon établissement bien que je ne sois pas une américaine pure souche. Beaucoup me demandait de leur parler en espagnol « pour voir comment ça fait ». Je prenais un malin plaisir à dire des trucs dans ma langue sans qu’ils puissent comprendre. De fil en aiguille, je suis devenue populaire. Passionnée de musique et chant depuis ma plus tendre enfance, c’est mes amis américains qui m’ont poussé à aller chanter dans les bars. Ma guitare à la main, j’ai commencé à faire quelques petits concerts qui, au début, n’était pas rémunéré.

Une année plus tard, je passe mon permis et mes parents m’offrent une voiture. J’ai choisis une voiture de sport, une Audi R8 Spyder. L’un de mes amis m’a fait comprendre qu’avec une voiture comme celle-là, je pouvais faire des courses illégales et que ça pouvait me rapporter. Au début, j’ai commencé par refuser parce qu’abîmer une voiture dont le prix dépasse les 100 000 dollars, je n’étais pas certaine que mes parents soient franchement d’accord. Et puis, il y avait ma maladie, je savais que ça pouvait être dangereux. Mais il a réussi à me convaincre. Une course, puis une autre, puis une troisième, j’étais plutôt douée. Les concerts que je faisais dans les bars de la ville commençait à me rapport un peu d’argent. C’est mon frère qui a découvert que je faisais des courses de voiture. Lorsqu’il m’a dit que s’était dangereux, je ne l’ai pas écouté. Je le savais très bien. Je voulais juste me sentir vivante. Voyant que je pouvais mourir d’une seconde à l’autre, il en a parlé aux parents. Chose que, sur le coup, je n’ai absolument pas apprécié. Les parents ont essayé de me faire changer d’avis mais en vain. S’était simplement hors de question que j’arrête de vivre l’une de mes passions à cause d’une maladie de cœur. Je partais du principe qu’on finit tous par partir un jour. C’est pendant cette période que j’ai annoncé à mes parents que je ne ferais pas d’études. La chanson et les courses de voiture, c’est ça mon avenir. Ils ont accepté pensant que j’allais me restreindre à la chanson. Malheureusement pour eux, il était hors de question que j’abandonne l’une de mes passions.

A l’heure actuelle, je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre. Un mois ? Six mois ? Un an ? Plus ? Je n’en sais strictement rien. Ça fait dix-sept ans que je vis avec cette maladie et énormément de temps que j’attends une greffe du cœur. Mon frère m’a annoncé qu’il voulait se sacrifier pour moi. Pour que je vive ma passion à fond. Il n’en a pas parlé aux parents. Il sait qu’ils ne seront jamais d’accord. Moi non plus je ne suis pas d’accord. Ca me touche qu’il veuille se sacrifier mais c’est mon frère. On a toujours été proche. Il a toujours été là. Il m’a toujours protégé. Moi sans lui ce n’est juste pas possible et ce, même si on se hurle dessus pour pas grand-chose. Je refuse qu’il se sacrifie pour moi. Je préfère mourir que de savoir que je vis grâce à lui. Je sais qu’il reviendra à la charge, il n’abandonnera pas son idée comme ça. Mais faut aussi qu’il se mette à ma place : qu’est-ce qu’il ferait si la situation était inversée ? Il réagit exactement de la même façon. Il ne peut pas m’en vouloir de refuser.