Tu t’rappelles quand t’étais gamine, les livres de coloriages ? Moi j’les aimais pas. C’est vrais quoi, si j’ai envie de dessiner une maison, j’veux pas qu’un abruti décide à ma place à quoi elle doit ressembler !

Mes parents m'ont transmis le goût d'avoir des secrets bien gardés. Car eux, ils sont les maîtres pour en enfermer de nombreux dans leur mémoire et ne les divulguer à personne. Malgré ce que tout le monde pourrait penser à mon égard, je suis née dans une famille aimante et très fortunée. Ma mère travaillait en tant que consultante à la maison blanche. Quand à mon père, russe de pure souche, on ne pouvait pas vraiment détailler ses activités. Elles étaient des plus variées et illicites jusqu'à ne plus pouvoir les nommer. Je n'ai jamais réussit à comprendre l'ampleur de son réseau ni de ses nombreux trafics. Tout ce que je savais c'était que mon père était un homme dangereux, attentionné comme jamais avec moi et pourtant d'une froideur sans pareil. Sûrement ses occupations qui voulaient ça. Je pense être la seule à me dire que je le connaissais par coeur. Pour le reste du commun des mortels qui le connaissait, on pouvait dire qu'il était craint comme jamais dans son milieu et que nombre était les organisations du pays qui auraient voulu lui mettre la main dessus pour prouver ses agissements peu honnêtes. Mais mon père il était très malin et accumulait les pieds de nez. Son pouvoir et son influence lui donnait un tel crédit dans le pays que je fus protégée bien plus que je ne l'aurait jamais imaginé. Mes parents se rencontrèrent lorsque ma mère vint  à une rencontre organisée en Russie. Ils tombèrent sous le charme de l'un et de l'autre mais jamais je ne sus si cette rencontre avait été provoqué volontairement par mon père. Aujourd'hui encore je me pose des questions. Avait-il fait exprès de tomber sur ma mère et d'être aussi affectueux à ses côtés ? Elle travaillait au siège des Etats-Unis et lui était un malfrat de premier ordre. Curieux mélange et pourtant il fut explosif dès le début. Leur amour triompha de leurs différences et même après que ma mère apprit tout de lui. Elle le couvrit du mieux qu'elle pu, mentait sur ses nombreux voyages en Russie. Leur histoire était digne d'un roman, encore mieux que Roméo&Juliette ou encore Rose&Jack. Mes parents ils étaient si fous l'un de l'autre malgré deux mondes qui les opposaient qu'ils auraient pu se mettre à dos tous les gouvernements et grands maîtres de notre monde sans jamais le regretter une seule seconde. Et puis je vins alors au monde. Je fus choyée comme jamais mais élevée dans un secret absolu. Du moins du côté de ma mère du fait de son grade haut placé à Washington et qui surveillait toutes relations des employés qui y travaillaient. Alors mon père était tenu à l'écart et seul les voyages répétés de ma mère lui donnait l'occasion d'apprécier ses bras forts et protecteurs. Lorsqu'elle tomba enceinte et me donna le jour, elle resta en Russie et pour travailler à l'ambassade américaine. Tout aurait pu continuer ainsi. Elle fermait les yeux sur les désagréments qu'occasionnaient la vie de mon père et elle aurait pu élever sa fille en continuant à fermer les yeux. Mais lorsqu'on choisit un homme de ce gabarit des choix difficiles s'imposeront toujours quoi qu'il arrive. Il lui demanda de retourner aux Etats-Unis en me prenant avec elle. Certaines de ses "activités" tournaient mal, il devait éloigner sa famille, c'était le mieux pour nous. C'est donc à mes dix ans que je frôla le sol américain pour la première fois aux côtés de ma mère. A son retour, je la voyais de plus en plus se renfermer. Ayant toujours un grade important au sein du gouvernement, elle semblait assaillit par nombre de questions qu'on lui posait mais elle était forte. Elle élevait une fille dont personne n'avait su l'existence mais résistait à la pression des uns et des autres. L'école se passa bien malgré de grosses lacunes en anglais que j'essayais de combler par une impressionnante capacité de mémorisation. J'étais une enfant bornée, une adolescente des plus chahuteuse. Les professeurs me jetaient souvent de leurs cours. Je n'étais pas impertinente mais je me bagarrais avec les garçons, tentait de faire la loi. Le pouvoir qu'avait mes parents leur ouvrait nombre de portes et je comptais bien jouir de cette opportunité de la même manière.

Me dis pas de la fermer ! Y a des femmes qui ont brulé leurs soutient-gorge c’est pas pour que trente ans après y ait des petits machos comme toi qui nous traitent comme de la merde !

Ma vue brouillée m'offre le spectacle d'une table jonchée de bouteilles et de mégots de cigarettes. Je suis encore en boîte. La même que d'habitude. Avec la même meute qui chasse à mes côtés depuis le collège. On est tout le temps ensemble. Je ne peux pas dire que ce soit tous des amis intimes et pourtant, notre statut rend légitime le fait qu'on ne peut côtoyer n'importe qui. Alors on fait avec, on se contente de cette compagnie qui nous a été imposée de par notre naissance et les noms que l'on porte. On représente une tout autre jeunesse dorée des Etats-Unis. On vit dans une opulence dont on jouit sans aucune limite. On brave les interdits parce qu'on n'a personne pour venir nous dire ce qui est mal ou bien. Ils sont fils de ministres, d'hommes d'affaire, de grands patrons d'entreprise et leur nom ont été cité de nombreuses fois dans Forbes. Rien que ça. Moi ma mère elle est assez gradée pour faire passer mes états d'âme et autres vilénies par une recherche de soit-même. Je ne me cherche pas. Je me suis déjà perdue en route. A partir du moment où j'ai attaqué l'adolescence et que j'ai compris que j'avais des moyens illimités et des possibilités qui l'étaient encore plus. Mon père, je le voyais à chaque vacances. Je faisais des allers retours en Russie pour le voir mais jamais on parlait de ses trafics. Je me taisais et c'était tout aussi bien. J'en voyais pourtant, passer des objets devant moi. Des armes et de la drogue. Des hommes à la mine renfrogné qui s'avançaient vers lui comme s'ils allaient à la mort. En général dans ces moments-là, mon père m'enlaçait et me demandait d'un air grave de m'attendre dans la pièce d'à côté. Je me fous de ce qu'il fait, je l'aimais c'était tout ce qui comptait et je souffrais assez de son absence pour ne pas venir obstruer notre relation par quelques intermèdes violents. Alors je m'octroyais dorénavant le droit de me complaire dans la richesse dans laquelle je vivais. L'argent de ma mère plus celle de mon père se déversait sur mon compte en banque sans que je n'en vois la fin. Alors je claquais de l'argent. A droite à gauche, dans des fringues haute couture. Ma dégaine de pétasse faisait tourner de l'oeil les filles de bonne famille. Moi j'aurais pu en être une mais j'avais décidé de jouer à l'intouchable. Celle qui pue le fric et le pouvoir à plein nez mais qui teste ses limites assez pour que cette adrénaline vienne ébranler toutes personnes autour de moi. Alors je regarde cette table et finit par engloutir le fond de la bouteille devant moi. Je sors ensuite un sachet de ma poche, remplie d'une poudre blanche reconnaissable entre mille. Mon doigt s'écrase dans le sachet et j'aspire avec mon nez une fois en contact de la substance. Je me suis perdue en chemin mais je le vis bien. Une personne s'affale à mes côtés. Un ami, un encore de cette génération d'incrédule, qui perde de leur éducation au contact des différents délits qu'on tente tant bien que mal d'animer par nos actes. Moi, aujourd'hui, je me complais à pousser à leur paroxysme les 7 péchés capitaux. Il me dévisage et j'éclate de rire. Un rire cristallin et complètement fou. Je ne sens qu'à peine mes membres puis il m'embrasse. Je fais de même. Ce soir je vais m'offrir à lui. Un de plus sur la liste. Je ne compte plus et quand je rentrerais, encore d'une manière improbable, que je passerais le pas de la maison, je sais que ma mère sera dans la cuisine, à attendre que sa fille daigne lui faire l'honneur de sa présence après une nuit agitée. Et je sais aussi que le regard qu'elle posera sur moi me terrifiera. Je ressemble de plus en plus à mon père. Elle le sait très bien tout comme moi. Elle l'aime comme jamais mais était-ce vraiment ce qu'elle aurait voulu pour sa progéniture ? Pourtant ce soir quand je rentre, elle a l'air bien plus désemparé que je ne l'aurais pensé. Une femme si brave, cachant les délits de sa famille, c'est rarement que l'on peut la voir aussi détruite. Aux sillons qui creusent ses joues, je sais déjà qu'elle a pleuré. De désarrois, de désespoir. Tout en même temps. Mon maquillage a coulé, je dois avoir une mine affreuse. Mes vêtements sont même désordonnés sur mon corps mais je lâche mon sac pour venir vers elle. Ma mère, elle tourne jamais autour du pot. Elle y va toujours franco mais ses paroles je m'en rappellerais toujours. Mon père avait été prit, il allait aller en prison. Je savais que ce moment allait arriver un jour ou l'autre mais je ne savais absolument pas quand. Je la pris dans mes bras et aucun mot ne fut échangé. Je dormis avec elle ce soir là et les autres soirs aussi. Je n'avais jamais vu aussi grande détresse. Du moins je ne l'avais pas vécu jusqu'à présent.

Hell sounds better than reality.

T- u es belle. Tu ressembles à ta mère.
- Merci. Mais elle, elle dit plutôt que je te ressemble.
Je dévisage longuement mon père et il me sourit. Parce qu'il sait que je ne parle pas de la même chose que lui. Fière ou non de me voir devant lui, derrière cette vitre blindée, il ne cesse de me dévorer des yeux. Une lueur sombre pourtant, obscurcit son regard et je me demande si c'est le fait qu'il comprenne que je ne suivrais jamais le destin de ma mère. Une vie bien rangée faites de mérite, d'ambition, de réussites. Moi je ne me battais pas pour réussir, je me battais pour me détruire. C'était dorénavant un truc de famille de fuir dans la mauvaise direction. D'amasser du pouvoir pour embraser son entourage et non l'aider à s'élever. Je pose ma main sur la vitre et il fait de même pour tenter de garder un contact avec moi. Je trésaille à ce geste mais tente tant bien que mal de garder pour moi le fait que j'avais hérité de la sensibilité de ma mère mais que je le cachais sans cesse derrière un sang-froid qui semblait inébranlable.
- J'ai ... Eu mon bac. L'équivalence de scientifique pour nous, avec mention.
C'est bizarre de parler de sujets banals avec mon père mais je ne sais pas quoi lui dire. J'aimerais tellement me jeter dans ses bras, lui dire que je m'occuperais de l'amour de sa vie pour toujours. Mais ça c'est le genre de promesse que je ne peux pas lui faire et il le sait très bien pour avoir été aussi, un électron libre.
- Je viens d'entrer en fac de chimie. Je savais pas quoi faire à vrai dire. Je suis même pas sûre que ce soit la bonne voix mais j'aime ça.
Il n'émet aucun jugement. Je ne suis sûre de rien concernant mon avenir. Il est flou et incertain.
- C'est bien ma fille. T'iras peut-être plus loin que moi. Mais faut que t'arrêtes le reste. Pour ta mère au moins.
Mon père il a compris de suite à mes yeux tirés, aux cernes violettes qui s'étendent sous mes paupières que je profite de ma jeunesse bien plus que je ne le devrais. Et là je craque. Une larme s'échappe de ma rétine pour s'écraser sur ma joue sans que je ne puisse la retenir. Mon père n'aime pas les effusions de ce genre et pourtant je le sens sur le point de craquer aussi. Regrette t'il tout ou seulement le fait qu'il ne puisse pas serrer sa fille dans ses bras à ce moment précis ?
- Je t'aime papa. Tu me manques. Non, tu nous manques. Mais je te pardonne.
Rasséréné ou pas, j'avais besoin de lui dire. Je ne voulais qu'il vive dans l'idée qu'il nous avait trahit, blessé, détruit. Mon père était comme ça et je suivais ses traces. Je n'aurais jamais pu le juger car je savais oh combien une destinée noir peut être écrite depuis la naissance.

Quand je sors de la prison Russe, le froid assaille soudainement ma peau. Une morsure typique de l'hiver là-bas. Je resserre mon étreinte sur l'étoffe que je porte et avance vers une voiture qui m'attends en bas des immenses marches que j'ai monté à l'allée pour accéder à l'entrée principal. Ce que je vais faire de ma vie dorénavant ? Je n'en ai aucune idée. Je vais vivre au jour le jour, je ne veux plus être vu comme une de ces filles riches sans coeur. Ce n'est pas ce que je suis. Du moins pas totalement. Je montre une grande force et pourtant je suis faible. Si faible parce que je n'arrive même plus à me regarder dans une glace le matin, que je fais subir à ma mère la vision d'une fille qui ne fera que tourner mal. Mais quand les pneus de la voiture dérape sur la route enneigée et que je ferme enfin les yeux, je me dis que quelque chose fera toujours en sorte que la roue tourne.

J’étais très bien comme j’étais, occupé à me détruire, et puis tu t’es pointée et tu m’as dis de me bouger, et pour la première fois de ma vie j’ai eu l’impression que quelqu’un en avait quelque chose à foutre de ma gueule et que cette personne méritait que je fasse des efforts.

Mon regard bleuté n'avait de cesse de toiser l'assemblée qui me faisait face pendant que j'appréciais l'idée que mon sourire carnassier me donnait un air sauvage et désirable. Je bois mon verre cul sec et le dépose sur le comptoir du bar auquel j'étais accoudée. J'ai finis ma seconde année de chimie. Je suis deuxième de ma promo même en enchaînant les nuits blanches. Est-ce que j'en retire une satisfaction quelconque ? Aucunement. Lorsque je finis des examens, je pense plutôt aux soirées que je vais enchaîner les jours prochains. Aux hommes que je dégagerais d'un coup de pied aux fesses de mon lit. Des lignes de coke qui s'accumuleront devant mes yeux hagards. Je suis intelligente mais je gâche mes capacités. Voila ce que les profs pensent de moi. Mais je m'en fous. Là ce soir j'ai envie d'une nouvelle proie. Alors je commence à parler à un homme, banal, affreusement banal. Mais mon regard est de plus en plus attiré par une autre personne. Un peu plus loin. Lui aussi m'a remarqué. Il me dévisage comme s'il me jaugeait. Faisait peser dans la balance ce que je valais. Moi quand quelqu'un m'attire de cette manière, j'abandonne tout derrière moi pour me jeter vers lui corps et âme. et c'est ce que je fais. Je laisse tomber mon compagnon de fortune sans un mot pour prévenir de ma bassesse et traverse la foule agglutinée sur la piste de danse pour voler à son auditoire, cet homme qui me jette de nombreux coups d'oeil entre deux rires polis. Je m'interpose entre lui et les personnes qui m'entourent et lui offre mon plus beau sourire angélique. "C'est à ce moment-là que tu m'offres un verre". Ce soir la Allison elle est d'humeur impétueuse et se fiche éperdument des problèmes qu'elle pourrait causer. Est-il en couple, seule, accompagnée d'une délicieuse créature ? Peu importe, ce soir je serais son fruit défendu et il sera le mien. La discussion se fait assez courte. Mes mains courent sur le tissu de son tee-shirt, sur l'arrête de son menton tout en inspectant son visage sculpturale. Ses yeux dévorent les miens et j'en fais autant. Bizarrement, plus rien ne compte autour de nous. Autour de moi. C'est la première fois que je ressens cette adrénaline, ce frisson qui s'intensifie à chaque contact de son corps contre le mien. Je suis hypnotisée, prise à mon propre piège mais il est trop tard pour faire demi-tour. Main glisse dans la sienne, mes doigts se mêlent au sien et avec un sourire malicieux je l'entraîne à travers les néons pour finir par sortir de l'ambiance étouffante de la soirée. Une fois dehors, l'air de la nuit n'arrange pas pourtant à mes idées confuses. Mes lèvres cherchent les siennes, mon corps plaqué contre le mur trouve enfin le sien. Nos souffles se mélangent. C'est enivrant, terriblement excitant. Il est différent de tous les autres. Je brûle entre ses doigts d'un feu ardent qui ne s'était que très rarement ravivé ces derniers temps. Et puis il m'entraîne chez lui. C'est la suite logique des choses. Nos corps se mêlent, sa présence est encore pire qu'une drogue. La meilleure qui soit cette nuit là. Et ce fut le début de tout. D'une passion incontrôlable qui serait encore bien plus destructrice que les drogues que je prenais. Il fut vite au courant. Après tout le lendemain, je ne me cacha en rien pour sniffer une dernière ligne avant de filer à l'anglaise. Parce que j'avais l'habitude d'agir ainsi. Pourtant cette fois-ci, je n'avais qu'une envie, c'était qu'il me retienne. Et rien que cette sensation, ça m'effrayait. Mon indépendance était ma plus grande force. Ou faiblesse ... Au moins, ne pas avoir de compte à rendre, ne pas être attaché, ça vous permettait de continuer à foncer tête baissée. Mais lorsqu'il m'embrassa pour me convaincre qu'il n'allait pas en rester là, qu'on allait se revoir, je laissa tomber toutes les murailles que j'avais tant bien que mal, essayé d'ériger entre nous. Tant pis pour moi. Tant pis pour nous, j'allais en faire ma pire drogue. J'allais en faire mon héroïne, ma coke, mon tout et j'allais le laisser avoir un poids si important dans ma vie que cette relation finirait forcément par imploser malgré moi...


Comment ça il va partir ? Pourquoi ses bagages sont faites sur le côté ? Pourquoi il me regarde de cet air condescendant, presque de pitié ?! Putain mais c'est quoi ce délire ?! Mes mains se mettent à trembler, j'ai qu'une envie, foncer vers mon sac pour me faire un rail histoire de lutter contre l'envie incontrôlable de lui mettre ma main dans la figure. En plus il ne sourcille pas une seule seconde lorsqu'il m'explique qu'il doit partir. Et moi je suis quoi dans tout ça ?! Je lui fais comprendre sans même réfléchir une seule seconde que je veux partir avec lui. Damian je l'aime comme jamais. Il ne me connaît pourtant presque pas. Il sait de moi que ce que je lui ai donné. Il sait que ma mère à un job de rêve mais ne sait pas vraiment où. Je n'ai jamais parlé de mon père et il sait que mes études me conduiront dans un mur car je fais ça par dépit. Mon argent, d'où il vient, il n'a jamais posé la question. Il fait avec mes secrets, c'est sûrement tout ce qui fait que je suis désirable à ses yeux. Que je laisse planer le mystère sur cette folie qui m'habite, sur ce qui fait qui je suis aujourd'hui. Mais là c'est trop. Je me suis attachée à lui bien plus qu'il ne pourrait l'imaginer et il choisit aujourd'hui de me laisser tomber. Sans même réfléchir une seconde sur ce qu'il veut lui, je me proposais de partir avec lui. Il avait accepté mais je ne me sentais pas mieux pour autant. L'initiative venait de moi. M'aimait-il vraiment pour partir sans me proposer de l'accompagner ? En avait-il simplement marre que je détruise ma santé à tout va ? Mais j'étais dépendante. De tout ce qu'il représentait dans ma vie à présent. Alors j'allais partir avec lui en commençant à laisser grandir ce sentiment d'insécurité au creux de ma poitrine. Je l'aimais plus que lui. L'idée allait germer, s'agrandir, me bouffer de l'intérieur mais c'était de ma faute. J'étais une gamine apeurée, effrayée par un nouvel abandon alors j'allais le suivre et tant pis si je n'allais pas y survivre.

- Ma vie est vraiment pourrie. Tu ferrais quoi si ta vie était foutue toi ?
- Je mangerais plus jusqu’à ce qu’on me conduise aux urgences.

Une nouvelle crise éclate, toujours plus violente. Et je sais aussi que lorsque nos visages cesseront d'être défigurer par la rage, il s'approchera à grand pas, entoura mon visage de ses deux mains et m'embrassera comme jamais, mordant ma lèvre inférieur pour me faire mal autant que pour attiser ce désir fougueux qu'avait fait surgir nos cris. Et je me laisserais faire, comme toujours. De la haine à l'amour il n'y qu'un pas. Nous on mélange tout. Plus je me sens incertaine, plus je doute de nous plus je tombe dans l'oubli. Depuis que j'ai abandonné mes études en troisième année et pris ce job de serveuse pour rester avec lui, je mélange toutes les substances, je tente de nous briser, de le repousser mais un lien invisible nous projette toujours dans la même direction. Mais cette fois-ci c'est bien plus grave. le suivre au Canada était sûrement la pire idée qui soit. J'étais pire qu'avant. En plus de vouloir me faire du mal, je voulais lui en causer aussi juste pour qu'il comprenne que son manque de communication me brisait de l'intérieur. J'étais une vraie gamine qu'avait juste besoin de savoir que l'homme qu'elle aimait était sûr, fiable, qu'il la laisserait pas en plan le lendemain. Mais j'étais tombée enceinte. Et avait perdu l'enfant. Encore une fois à cause de mes conneries, du fait d'être contaminé par tout ce qui pouvait mener à l'enfer. J'y fonçais dorénavant, je courrais comme si j'avais le diable aux trousses. Et je n'étais tellement plus sûre de ma relation avec Damian qu'avoir perdu le bébé tétanisait chacun de mes membres. Dorénavant j'avais peur parce que, le lui annoncer pourrait vouloir dire la fin de notre relation. Je n'étais plus sûre de rien, je doutais constamment, je m'enfonçais. Je meurs peu à peu et tue tout ce qui fait de lui l'homme de ma vie. Mais il a ses tords, je n'ai pas choisit la facilité. Ce serait bien trop simple. Exactement le genre de relation qu'aurait pu entreprendre mes parents après tout ...