Onze heures pm et j'étais encore au lit. Je dormais, je dormais profondément, je ne sais pas depuis combien de temps précisément, mais j'étais bien, j'étais tellement bien dans mon sommeil que je n’avais aucune envie de me réveiller. J'étais dans mes rêves, là où tout est beau, tout est clair. Je me tapais une bonne gueule de bois suite à ma soirée improvisée avec des potes la veille. On s'est vraiment bourré la gueule jusqu'à en perdre toute notion. Trop fatiguée pour aller en cours, j'avais pas du tout eu la foi de quitter mon lit aujourd'hui. Avec une tronche pareille et un mal de crane insupportable, je préférais rester calée chez moi. J'ignorais ce que j'allais faire de ma journée mis à part glander. Entre ma console, mon pc et mon pack de weed, j'avais eu de quoi faire. Pas du tout eu le temps de m'ennuyer en gros. Et surtout, il fallait peut-être que je range un minimum le bordel de la veille. Parce que là pour le coup, j'allais galérer rien que pour me frayer un chemin dans la cuisine. Mon chien dormait durement au pied de mon lit en renflant comme un porc. À huit mois, il m’impressionne encore avec la grosseur qu’il a pu avoir.

En prenant mon courage à deux mains, je me levais enfin. Soudainement, je sentis la nausée s’emparer de moi. Il ne m'a pas fallu longtemps pour me précipiter comme une dingue aux toilettes et me prendre la porte en pleine épaule par la même occasion. En deux temps trois mouvements, je vidais mon estomac dans la cuvette. Je me dégoûtais. Habituellement, je ne vomissait jamais et c'était bien un de mes points fort lors des soirées un peu trop arrosées. A croire que je me faisais vieille, ca me déprimait encore plus. Je restais là, appuyé sur les chiottes tel un déchet. Je m'essuyait la bouche avec le papier wc avant de finalement prendre une douche. J’avais perdu mon blond que j’avais dans mes cheveux. Tant mieux, ma couleur naturelle commençait à me manquer. Une fois sortie de la salle de bain, j'enfilais un slim noir, un débardeur blanc simple et me posais à nouveau dans mon lit, un spliff glissé entre les lèvres. Je rêvassais un peu, yeux tournés vers le plafond, quand quelqu'un frappa à ma porte. Je me demandais de qui pouvait-il s'agir à cette heure-ci. Je me levais bien vite et me dirigeais vers la porte d'entrée. Ne prenant même pas la peine de demander l'identité de la personne qui se tenait derrière la porte, je l'ouvris aussitôt. C'était elle, Capucine. Elle se tenait droit devant moi. Choquée, je laisse mon spliff glisser de mes lèvres et finir au sol. Après six mois d'absence et le manque de nouvelles de sa part, je me demandais comment je devais agir. Lui sauter au cou et lui dire à quel point cette enfoiré m'avait manqué ? Ou lui mettre un poing dans la gueule et lui claquer la porte au nez ? La deuxième solution me semblait la bonne. Mais je ne fis rien, je restais planté là, comme un légume. En reprenant mon souffle, je finis par lâcher d'un ton froid et hautain « Tiens.. Une revenante. Ça va, tu sais toujours comment je m’appelle enflure ? » Je la fixais droit dans les yeux bien que ce n'était pas mon fort de soutenir le regard de qui que ce soit.

◊ Passer la nuit dehors, à errer tel une âme en peine, dans la ville de White Oak Station, Capucine n'a pas eu l'occasion de le faire depuis une décennie. C'est fortement exagéré, pourtant c'est comme cela que la petite blonde le perçoit. Elle adorait faire ça, avant, juste marcher, se poser sur un banc, regarder les étoiles, si le ciel n'est pas trop encombré de nuages, et puis forcément si la soirée est accompagnée d'un petit extra c'est encore mieux. Ce soir-là, Capucine a eu ses petits extras, elle a passé une très bonne nuit jusqu'au moment où son téléphone a vibré, normalement il n'aurait du pas y avoir l'ombre d'un problème, hors le message qu'elle y a trouvé ne lui a pas du tout plus. Son frère veut savoir où elle est. Soi disant qu'il faut prévenir lorsqu'elle découche. Elle n'est plus chez papa et maman et pourtant il faut encore qu'elle rende des comptes aux gens, elle qui pensait qu'elle allait vivre un petit rêve éveillé, tranquille loin du monde des adultes avec pour seul soucis savoir si la couleur de ses chaussures va avec celle du reste de ses vêtements. Mais non, elle est encore est toujours dans le monde de l'autorité, quand allait-il y avoir personne au-dessus d'elle pour la commander ? À croire que cela n'arrivera jamais. Ce message brisa la soirée de la jeune fille, enfin soirée est un grand mot puisque le soleil vient de se lever, mais maintenant qu'elle a lu ses mots elle ne veut et ne peut plus rentrer à l'appartement de Lennon. Parce que si elle met les pieds là-bas elle sera obligée de lui rendre des comptes, même s'il lui que le contraire il est curieux ce gosse, et ça il en est hors de question. Son ventre gargouille.La jeune fille roule des yeux, elle a faim et n'a nulle part ou aller. Elle sort son téléphone de la poche de son jean pour faire le tour de ses amis Canadiens. Non, non, non, non, il doit dormir... Oh Harper, bb. Un grand sourire se forme sur le visage de la jeune fille. Mais bien sûr, en plus elle a pensé à elle, plus tôt dans la soirée, c'est l'occasion idéal pour renouer contact. Bon il est vrai qu'elle n'avait donné aucune nouvelle, absolument aucune, mais, au fond, elle non plus. Aucun message facebook, rien, tristesse. Quoi qu'il en soit, la jeune fille se mit en route vers l'appartement de la belle Harper.
Une fois devant la porte, Capucine prend une grande inspiration et frappe à la porte. Elle ne reste que quelques secondes à attendre, debout dans le couloir. Harper lui ouvre la porte. « Mon amour d'eucalyptus » lance la jeune fille lorsque son amie ouvre la porte. Pourtant, Harper n'a pas bougé, c'est à la limite si elle respire d'ailleurs. Est-ce que Capucine arrive à faire autant d'effet auprès des personnes qui la croisent ? Elle aimerait bien. N'empêche que ça la fout légèrement mal à l'aise. Alors, pour détendre atmosphère, elle fait une petite tête de bébé. Pourtant, vu les paroles que la blonde lui lance, on pourrait croire qu'elle n'est pas des plus ravies de la voir pourtant Capucine espère au plus profond d'elle-même que Harpie est contente de la revoir. « Fait pas cette tête ma petite harpe des îles, ça va te donner des rides et tu vas devenir moche après. » Capucine embrasse la blonde sur la joue avant de rentrer dans l'appartement. Elle n'est pas prête à rester dehors, sur le pas de la porte, pendant une éternité plus un jour. Non elle a super faim. « Ça va, tranquille, t'es à l'aise ici ! Tu me fais visiter ? » Demande Capucine en se promenant dans l'entrée, inspectant chaque recoin, trouvant l'appartement des plus charmant.