Les cours de médecine. Une vraie galère pour certains, il fallait dire qu'on devait être bien accrochés pour suivre et ne pas redoubler sa première année. Mais en bosseuse de première, dotée de capacités intellectuelles impressionnantes, cela n'avait pas été si dur que ça pour Madeleine. Elle avait passé de nombreuses nuits blanches à apprendre des listes interminables, mais au final, elle était au point dans son éducation où on commençait vraiment à aborder les choses sérieuses. Elle se rendait en auditorium toujours aussi enthousiaste, cela se voyait à la lueur qui dansait dans ses yeux et qui ne s'éteignait que lorsque la journée était terminée. Elle ne parlait à personne à la face, Maddie n'avait que peu d'amis, tellement elle était concentrée sur son projet professionnel. Il fallait qu'elle soit la meilleure, pour elle même et .. surtout pour elle même. Cela ne l'aurait pas tuée de se donner un peu plus de répit, mais elle ne voulait pas l'entendre. Parfois, elle se forçait, mais c'était toujours difficile. Finalement, l'heure annonça la fin du cours et elle rangea ses notes dans son sac. Pas d'ordinateur portable pour elle, de toute façon, elle écrivait beaucoup plus rapidement à la main. Les élèves se dirigèrent vers la sortie et elle les suivait, blâmant leur lenteur.

C'était la fin de la journée et elle pouvait enfin rentrer chez elle. Elle marchait d'un pas vif, comme à son habitude, ne s'autorisant jamais une perte de temps inutile. Madeleine était toujours impitoyable avec elle même, ce qui n'était pas forcément bon pour sa stabilité mentale. Et alors que son regard était plongé dans le vide, et que son rythme de marche ressemblait plutôt à de la course, elle se sentit heurter quelque chose. Pouf, elle tomba en avant et se retrouva les quatre fers en l'air, montrant au passage sa délicieuse culotte aux passants. Madeleine entendit quelques rires et se dépêcha de se remettre sur ses pieds, lançant un regard plus noir que corbeau à ceux qui la regardaient d'un air étrange. « Passez votre chemin. » dit-elle froidement, légèrement honteuse de s'être exposée de la sorte. Finalement, elle lança un regard à la jeune femme qu'elle avait heurté, et qui elle, ne s'était pas tournée en ridicule. Pendant quelques secondes, elle ne la reconnut pas, et là, bam. « Toi ! » dit-elle, surprise. Puis, elle poussa un soupir, et un peu plus agacée, dit « Toi. »

Daphné & Madeleine

ACT GENTLE AND NICE. EASIER SAID THAN DONE.

Faisant acte de présence en cours, une fois de plus, Daphné avait du mal à rester éveillée durant son dernier cours. Ce n’est pas que le cours était ennuyant, bien au contraire, il était très passionnant. Elle était simplement exténuée. Daphné avait veillée tard hier soir, parce qu’elle était en train d’écrire ce fichu chapitre qu’elle n’arrivait pas à terminer. Enfin, si. Elle y arrivait mais à chaque fois elle pensait à des détails de plus ou des petites choses à modifier. De ce fait, elle réécrivait son chapitre. Encore et encore. Dès qu’une nouvelle idée lui venait en tête, elle essayait de prendre des notes avec ce qu’elle peut, pour ne pas les oublier quand elle rentrera chez elle le soir, et qu’elle les mettre dans son livre, son roman. Daphné savait bien qu’il fallait qu’elle se concentre sur le cours, mais elle n’y arrivait pas. De toute évidence, Daphné y pense depuis un petit moment maintenant, à arrêter ses études de langues. Elle sait que cela peut lui être utile, et surtout ses cours sont passionnants, vraiment. C’est simplement qu’elle préférait se donner à fond dans l’écriture de son roman, plutôt que de passer du temps en cours alors qu’elle ne sait pas vraiment si elle pourrait réussir et obtenir des débouchées.

Elle marchait alors dans les couloirs de l’université, tentant de retrouver sa voiture pour rentrer chez elle. Daphné passerait peut-être plus tard à la colocation, mais elle avait des trucs à faire chez elle avant de sortir. Elle était tellement pressée de rentrer, qu’elle ne se rendit pas compte qu’elle était en train de rentrer dans une autre personne. Cette dernière tomba en avant et Daphné voulu l’aider mais la rousse se remise sur pied assez rapidement. « Toi ! » Oh ! Elle aurait pu tomber sur quelqu’un d’autre que Madeleine quand même. « Toi. » Oui, elle avait compris. « Moi… » Wow, c’était de la conversation ! « Ca va ? Tu t’es pas fait mal ? » Oui, elle pouvait se montrer adorable quand elle le voulait.

Madeleine fit de son mieux pour remettre sa chevelure rousse en place, lançant des regards à droite et à gauche pour s'assurer que personne n'était en train de la regarder ou de se moquer d'elle. Mais tout semblait être revenu à la normale, elles n'étaient plus que deux femmes arrêtées dans le couloir. Maddie sentait tout de même les regards sur elle, et se concentra sur le visage de Daphné pour éviter de penser à autre chose. Malheureusement, c'était une fille très angoissée et parfois, un peu paranoïaque. Elle n'était pas exactement ravie de se retrouver face à l'ancienne petite amie de Keallian, même si pour être totalement honnête, elle n'avait jamais rien fait de mal. C'était juste comme ça, elle était jalouse de celles qui s'approchaient de son meilleur ami. Madeleine pensait qu'elle n'était plus là, qu'elle avait déménagé, ou qu'elle avait simplement perdu contact avec tous ceux du lycée. Mais elle était là. Et si Keallian et elle étaient encore en contact ? Cette pensée la fit brûler intérieurement.

Daphné s'enquit de son bien être, et cela prit un peu Maddie de cours. À la représenter comme un démon, elle avait presque réussi à se persuader qu'elle était méchante. Mais la jeune femme ne se départit pas de sa froideur, et serra ses bouquins contre sa poitrine. « Apparemment non. » dit-elle très succinctement. La jeune femme l'observa silencieusement pendant une dizaine de secondes avant de tenter une approche. « Tu as cours, maintenant ? » demanda-t-elle. Même si elle ne l'appréciait pas particulièrement, elle ne voulait pas la faire arriver en retard à un endroit ou quoi que ce soit. S'il y avait une chose importante dans chaque vie, c'était bien les études, pour Maddie. « J'aimerais bien te parler, si possible. » dit-elle, toujours très vague. Son ton était un peu adoucis, mais c'était surtout parce qu'elle doutait que Daphné accepte de rester à lui parler si elle gardait le même ton glacial.

Daphné & Madeleine

ACT GENTLE AND NICE. EASIER SAID THAN DONE.

Daphné n’aimait pas vraiment quand Madeleine était fixée en face d’elle et qu’elle était plutôt froide envers elle. Franchement, la brune se demandait parfois ce qu’elle avait bien pu faire à la rousse pour qu’elle soit ainsi avec elle. Oui, Daphné est sortie un temps avec le meilleur ami de Madeleine, mais est-ce que c’était simplement pour cette raison ? Elle savait qu’elle n’appréciait pas quand ils sortaient ensemble mais cela fait un moment maintenant qu’ils ne sont plus ensembles. Ils se revoient depuis peu. Est-ce que Keallian lui en aurait parlé et de ce fait, elle se montre encore vache envers elle ? Ce n’est pas parce qu’ils se reparlent que forcément ils vont se remettre ensemble. Oui, ils sont très proches tous les deux, mais Daphné n’est pas célibataire, plus depuis plus d’un an maintenant et tout se passe parfaitement bien avec Francis. Dans tous les cas, elle se doutait forcément qu’en revoyant Keallian, elle allait être obligée de revoir aussi Madeleine, la meilleure amie de ce dernier.

Même si l’entente n’est pas présente entre elles deux, Daphné lui demanda tout de même si elle ne s’était pas fait mal en tombant. C’est normal qu’elle lui demande non ? Après tout, elles viennent de se rentrer dedans. « Apparemment non. » « Tant mieux. » Oui, elle s’en serait voulu tout de même si elle l’avait blessée. Elle ne l’avait pas fait exprès en plus. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, Madeleine s’adressa à elle en étant plus agréable. Elle lui demandait d’ailleurs si elle avait un cours maintenant. Daphné trouvait cela bizarre, vraiment. « Non… Non. J’ai terminé. » Elle ne comprenait vraiment pas où elle voulait en venir, et elle arqua donc un sourcil lui faisant clairement comprendre qu’elle voulait savoir pourquoi elle lui disait ceci. « J’aimerais bien te parler, si possible. » Elle était plutôt douce. C’est un peu comme si elle était gentille avec elle, c’est bizarre. « Euh, oui… Si… si tu veux. On… on peut aller boire un café dans celui du coin. » Elle n’était pas vraiment rassurée, mais peut-être qu’elle veut simplement faire la paix avec elle, non ?