~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Alors que pour certains, le lycée figure parmi leurs pires souvenirs, pour moi, il fut synonyme de délivrance. N'étant plus en permanence avec mon frère, j'ai enfin eut la chance de me faire un nom acceptable parmi mes camarades. Avant, j'étais considérée comme une petite terreur qu'on devait, à tout prix, éviter. Maintenant, j'étais devenue la fille qui accueillait tout le monde et avait de bonnes relations avec la majorité des autres élèves. Celle qui n'était pas la plus douée à l'école, mais pas non plus la pire gourde qui n'ai jamais existé. J'étais une fille normale, qui vivait sa vie comme elle le désirait. Toutefois, ce bel idylle ne perdura pas. Mon père décéda alors que j'étais toujours étudiante, me forçant à m'occuper de ma famille en parallèle à mes études. Je n'ai pas besoin de vous clarifier que cette partie de mon enfance ne figure pas parmi mes meilleurs souvenirs. J'étudiais avant de préparer le souper, alors que ma mère dormait dans le salon, verre de bourbon dans la main. Mon frère, lui, critiquait et faisait tout pour m'énerver. Je pense qu'il n'a jamais apprécié le fait que j'ai joué le jeu de la mère de substitution avec lui, lors de la mort de notre père. Pas que la vie avait vraiment changé, puisqu'il était très peu présent dans notre vie. Mais notre mère en a profité pour s'enfoncer deux fois plus vite dans les médicaments, l'alcool et la dépression. Tout ça en nous reprochant notre venue au monde. Heureusement, mes notes n'en ont jamais soufferts.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
J'avoue être mitigée. Je ne le sais pas. Il y a des jours où je suis fière de moi et de ma famille. Des jours où je souris gaiment, avec l'intention de continuer mon train de vie actuel, satisfaite. Mais il y a des fois où j'aimerais me cogner la tête contre le mur, jusqu'à oublier que je ne suis qu'une mère de famille parmi tant d'autres, mariée à un homme qui est toujours absent, comme l'était mon père. Il y a des jours où je suis dégoûtée par mon comportement et d'autres où je suis moins dure avec moi-même. Je vois ma mère tous les ans. Je m'assure qu'elle paie bien ses factures et mange à sa faim, bien qu'elle s'en contrefiche. Ce qui l'importe, c'est que son verre soit plein. S'il a le malheur de se vider trop rapidement, elle fait une nouvelle dépression. Je ne vais jamais au cimetière pour me recueillir sur la tombe de mon père, puisque je ne suis pas croyante et que je trouve ce rituel légèrement macabre.

Ma relation avec mon frère s'est améliorée, quant-à-elle, mais j'ai toujours l'impression qu'il essaiera, tôt ou tard, de recommencer ses anciennes bêtises en prétextant que rien n'est de sa faute. C'est chronique chez lui. Nous sommes devenus très proches depuis la naissance de ma fille Anaïs. Il n'en est pas le parrain, mais il l'aime profondément, je le sais. Je lui demanderai sûrement d'être celui de mon deuxième enfant, lors de sa naissance. C'est un peu comme mon confident. Je devrais peut-être lui parler du secret qui me ronge depuis quelques mois... Mes anciens amis, eux, ne font presque plus partie de ma vie. Étant maintenant mère et devant m'occuper de ma fille, j'ai perdu beaucoup d'amies, qui s'amusent toujours à aller fêter dans les bars et draguer. Je ne suis plus assez colorée pour elles, trop monotone. J'ai tout de même garder quelques contacts, même si je ne les croise que rarement. Je me suis fait un nouveau cercle d'amis, en quelque sorte. Je me compte également chanceuse d'avoir Matthew dans ma vie. Même s'il est plus jeune que moi, c'est un père formidable et un homme incroyable, bien que nous ayons présentement quelques différents à régler. Mais ma plus grande réussite et ce qui me fait sourire chaque matin, c'est mon ange, ma petite Anaïs. Lorsque je la vois, ma journée s'illumine et c'est à cause de cet état de fait que je peux dire qu'en fait oui, je suis heureuse.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Je n'en sais rien. J'espère que tous mes petits problèmes pourtant insignifiants disparaitront bien vite, mais j'en doute. J'ai peur que ces derniers ne me rattrapent bien vite. Les bêtises de mon frère, l’absence de mon fiancé, les problèmes d'élocution de ma fille, l'état dépressif de ma mère, mon commerce qui bat de l'aile.... Un avenir parfait serait de croire que tout sera pour le mieux, que ces petits détails seront bien vite réglés et que je finirai heureuse. Mais j'appréhende le fait de devoir élever ma fille et mon prochain enfant en étant mère célibataire et divorcée. Je sais que mes mensonges arriveront certainement aux oreilles du père de mon enfant, mais j'espère l'éviter le plus longtemps possible. Dans un avenir parfait, je serais avec l'homme que j'aime, libre, entourée de mes enfants, soutenue par ma famille et riche à cause de mon commerce qui prendrait de l'expansion. Mouais.... on peut toujours rêver pas vrai?

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: littlerabbit/Roxanne ÂGE: 21 ans. PAYS: Oooooo Canada PRÉSENCE: 6/7. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Je crois que c'était par un partenaire.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? un magnifique scénario. AUTRE CHOSE À AJOUTER?  <- c'est une tortue.  

On ne peut pas demander à une petite fille d'user de logique. Ne pas être jalouse lorsqu'on est à peine âgée de 4 ans, est quasiment impossible. Je ne faisais pas exception à la règle, lorsque mon frère est né. Immédiatement, j'ai ressenti une certaine jalousie envers lui. Si petite, mais pourtant si important pour mes parents. J'avais l'impression d'être laissée de côté à ses dépends, bien que ce n'était pas le cas. À bien y penser, je ne lui ai pas laissé beaucoup de chances à cette époque. Peut-être est-ce ce qui a contribué à pourrir notre relation dès le départ. Nous ne nous aimions pas, mais alors là, pas du tout. Je boudais sans arrêt lorsqu'il était le centre d'attention et dès qu'il a eut l'âge de parler, il m'en a fait voir de toutes les couleurs. Une petite vengeance de sa part. À chaque bêtise qu'il commettait, il répliquait n'y être pour rien et me pointait du doigt. Moi, trop docile pour répliquer, je le laissais faire et j'écopais des punitions à sa place. Il barbouillait sur les murs, mentait en disant que j'avais traité notre mère de trainée, maltraitait le chien et disait que c'était ma faute... évidemment, tout le monde le croyait. Avec sa petite tête d'ange et mon air caractériel, ils ne pouvaient faire autrement alors que la vérité était toute autre.

La vie à l'école était, pour moi, un calvaire. J'appréhendais chaque retour à la maison et chaque bêtise que mon frère pouvait commettre, pour ensuite me désigner comme étant la fautive. Le pire de toute fut la fois où il cacha la tortue du professeur de biologie dans les toilettes pour filles. Personne n'a jamais retrouvé la pauvre bête et comme de raison, à cause d'un mystérieux délateur, on m'a accusé d'être la kidnappeuse de Citronnelle, pour ne pas la nommer. Avec du recul, je pense qu'elle a fini dans les égouts. Le directeur et le professeur de biologie m'ont passé un savon, mais ce n'était rien à côté de mon père. Je n'avais pas beaucoup d'amis, puisque j'étais la fille non fréquentable, je voyais le psychologue pour mes supposés problèmes de comportement et les professeurs me surveillaient sans arrêt. Je n'étais pas très aimée, et puisque j'étais introvertie, je ne dénonçais jamais mon frère. Je passais donc pour une petite hypocrite dont les autres se méfiaient.

Heureusement, tout sembla se régler une fois déménagés au Canada. À ma grande surprise, mes parents décidèrent de nous séparer, ce qui fait que j'allais fréquenter un lycée différent de celui de mon frère. Mais cela ne l'empêcha pas de faire de ma vie une misère. Je me rappellerai toujours de la fois où il s'était amusé à cacher les poupées de notre voisine Emily. Apprenant ce qu'il avait fait, je lui avais fait un sermon et lui avait demandé de me dire où il les avait planqué. Il m'avait répondu avec un air faussement désolé et je l'avais cru. Je m'étais enfoncée dans la forêt et je m'étais perdue. Mon père a appelé la police cette nuit-là, David lui ayant fait croire que je lui avais confié vouloir fuguer parce que je les détestais. Bien évidemment, ce n'était pas le cas. J'étais beaucoup trop jeune pour les détester à cette époque. J'étais juste une enfant qui cherchait les poupées de la voisine dans la forêt, pleine de boue et de sueur. Lorsque j'ai retrouvé mon chemin, j'ai été puni, encore pas sa faute. Heureusement, n'étant plus considérée comme la fille à éviter à l'école, je pouvais me confier à mes amis. Bien que plusieurs me conseillaient de lui retourner la pareille et que d'autres m'affirmaient être sûrs que c'était un psychopathe, j'ai laissé couler, une fois de plus. Les années se succédèrent sans trop d'embûches, jusqu'au jour où le directeur vint me chercher en plein milieu du cours de français. C'est lui qui m'appris la mort de mon père. Étant un camionneur, raison pour laquelle il n'était pas très présent dans notre vie, il avait eut un accident de voiture. Le chaos qu'engendra cette mort fut des plus prévisibles. Ma mère, déjà habituée de la bouteille, sombra également dans la dépression, cessant de s'occuper de nous et nous reprochant notre venue au monde. Deux petits moins que rien, selon elle. Décidant de reprendre les choses en mains, ne voulant pas terminer comme elle, j'ai donc entrepris de jongler entre mes études et les tâches de la maison, le paiement des factures... bref, je me demande encore comme j'ai réussi cet exploit sans sombrer dans la dépression à mon tour. Sûrement parce que je ne désirais pas terminer comme ma mère, que je devais porter dans sa chambre toutes les nuits, puisqu'elle était trop soule pour se déplacer seule.

La relation que j'entretenais avec mon frère ne s'améliora pas durant ces quelques années. Il ne voyait pas pourquoi je m'évertuais à vérifier ses notes et jouait à la mère avec lui. Il me prenait pas une espèce d'usurpatrice qui profitait de l'état de notre mère pour gérer la maisonnée. Ce qu'il n'a jamais compris, c'est que j'aurais tout donné pour ne pas avoir à le faire. Elle empira ensuite, après le lycée. Lui n'avait pas réussit à décrocher un diplôme, alors que moi, j'avais décroché une bourse d'études et commençais à prendre des cours en pâtisserie. Je crois qu'il m'en veut, bien que je le mérite sûrement, puisque je l'ai nargué longtemps à ce sujet. Lui a commencé à travailler au commerce de notre grand-père alors que moi, je commençais une idylle d'amour avec un homme de 3 ans mon cadet. Il avait 19 ans et moi, j'avais 22 ans à l'époque. C'était l'ami de mon frère. Une relation qu'on tenta de lui cacher durant quatre mois, avant que je ne tombe enceinte et ne doive l'avouer à mes proches. Mon entourage se fit encourageant, me conseillant de garder le bébé et me félicitant d'avoir trouvé un homme aussi mature pour son âge. David, lui, bouda durant plusieurs mois avant de débarquer à l’hôpital pour assister à la naissance d'Anaïs. La première année fut difficile pour moi et Matthew, lui se déplaçant souvent puisqu'il avait débuté un métier de publiciste pour une compagnie exigeante et moi, parce que je devais concilier travail et enfant. Contre toute attente, c'est mon frère qui m'aida le plus. Il garda un oeil sur ma fille lorsque je ne pouvais le faire, m'aida à organiser ses rendez-vous. Quoi qu'il en soit, nos liens renouèrent peu à peu. Je peux affirmer sans prétentions que c'est grâce à ma petite princesse que mon frère et moi sommes devenus aussi proches aujourd'hui. Je dirais même que nous sommes amis... peut-être confidents aussi. J'ai souvent envie de lui parler de ses nombreuses conquêtes sans lendemain. Depuis qu'il a l'âge de regarder la gente féminine sous un autre oeil, il change de copine comme de chemise et j'ai de gros doutes quant à son orientation sexuelle. Ou peut-être est-ce parce qu'il a des sentiments non avoués envers Emily? Il la regarde d'un drôle d'air. Une petite discussion s'impose entre nous, mais pas pour l'instant, je dois d'abord trouver le courage de lui parler de mes problèmes.

Fiancée depuis 1 an à Matthew, je ne sais plus si mes sentiments pour lui sont aussi sincères qu'ils ne l'étaient auparavant. Lors d'une dispute ayant éclatée entre nous, il y a de cela 8 mois, ce dernier a lancé un verre dans ma direction, sur le coup de la colère. Bien qu'il se soit excusé par la suite et n'ai jamais recommencé depuis.... cette explosion de colère a brisé quelque chose entre nous. Surtout qu'Anaïs a assisté à la scène. Nous sommes devenus distants. Si distants que j'ai commencé à regarder ailleurs. Pour être tout à fait honnête, je crois être enceinte de mon amant, et non de mon mari.