~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
A l'école, tout se passait plutôt bien. Tadeck était un enfant assez sage, il ramenait des résultats scolaires corrects sans pour autant être dans les meilleurs de sa classe. Il chahutait parfois un peu, comme tous garçons adolescents. Mais les professeurs l'aimaient bien, car il était dynamique, il participait toujours en classe et était toujours de bonne humeur. Enfin presque en tout cas. Ils avaient parfois un peu de mal à le gérer quand il arrivait fâché en cours, là il devenait plus désagréable et assez grognon, mais heureusement ça n'arrivait que de façon occasionnelle. A la maison par contre, c'était plus difficile. Tadeck admirait son père plus que tout au monde, il était marine et le trouvait tellement fort, tellement courageux. Pour lui, marcher dans ses traces était une évidence, il voulait le rendre fier. Malheureusement, il était rarement là et sa présence lui manquait souvent. Surtout qu'avec sa mère, ce n'était pas la joie. Femme infidèle, tout la maisonnée le savait mais personne ne disait rien, ce qui rendait Tij malade. Ils ne se sont jamais très bien entendu.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Pas besoin d'être devin pour comprendre que Tij n'est absolument pas heureux. Il s'est exilé au Canada après avoir été rapatrié en urgence aux USA pour ses blessures. Désormais il boite, la douleur se fait souvent ressentir et son traumatisme psychologique est pire encore. Il n'a plus aucun contact avec ses anciens amis et à peine avec sa famille à vrai dire. Seul son père a le droit à quelques mails de temps en temps. Il ne travaille pas, ne fait rien de ses journées, il déprime tout le temps, s'énerve contre tout le monde, bref, c'est l'horreur. Il ne supporte pas sa nouvelle condition physique qui le limite énormément. De plus, l'armée c'était toute sa vie, alors ne plus pouvoir être un soldat lui mine le moral et pour lui, sa vie ne rime plus à rien sans l'uniforme. De plus, une culpabilité terrible l'écrase, dû à sa dernière intervention en Irak (cf. histoire).

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Toujours dans son canapé, à glander devant des émissions télévisées toutes plus débiles les unes que les autres. Selon lui, il n'a plus d'avenir. Il ne travaillera jamais, il ne rencontra personne, il ne fondera pas de famille. Il ne se passera rien, absolument rien. Toujours le même petit train-train quotidien, à se remémorer l'époque où il pouvait marcher, courir, conduire tranquillement. L'époque où il se voyait déjà monter en grade dans l'armée, faire la fierté de son père. Mais tout ceci lui semble bien loin maintenant, presque irréel même.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: mackles. ÂGE: 21 ans. PAYS: France. PRÉSENCE: Presque tous les jours. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Bazzart.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? Inventé. AUTRE CHOSE À AJOUTER?  

« Taddy ? Nous mangeons. » Alors que sa mère s'installait à table, l'enfant lui restait dans sa chambre, écoutant en boucle ses CDs de Ray Charles. « Tadeck ?! S'il vous plait, ne m'obligez pas à venir vous chercher. » Ignorant les appels de sa mère, le garçon à l'époque âgé de 10 ans restait allongé sur son lit. « Judith, s'il vous plait, allez le chercher le repas va refroidir. » L'employée de maison hocha la tête et monta à l'étage pour chercher le petit garçon. Frappant poliment à sa chambre, elle attendit son autorisation pour rentrer. « Tadeck, le repas est servit. Votre mère vous attend. » Il haussa les épaules en lui faisant signe de se taire avec son index. Il se redressa sur son lit quand la chanson prit fin. D'un air suppliant, il demanda : « Judith, ne puis-je pas manger dans ma chambre ? Oh, s'il vous plait ! » La jeune femme soupira tristement. Elle pénétra un peu plus dans la chambre et vint s'assoir à côté de lui. Posant une main réconfortante sur son épaule, elle répondit : « Ce n'est pas possible Tadeck. Je sais que vous n'aimez pas manger en tête à tête avec votre mère, mais ce n'est pas facile pour elle non plus vous savez. Et quand votre père est absent, c'est vous l'homme de la maison. Soyez gentil, descendez la rejoindre. » Le petit garçon roula des yeux et croisa ses bras sur sa poitrine. Son père, Charles Nosborn était un marine et il n'était que rarement à la maison. Tadeck souffrait beaucoup de son absence. Très attaché à lui, les peu de fois où il était là, ils étaient inséparables. Et malgré ses absences, aux yeux du garçon il restait le meilleur père qu'il soit. Il avait souvent peur qu'on vienne lui annoncer un jour que son père ne rentrerait jamais du combat. Mais en même temps, il l'admirait, le trouvait courageux et paradoxalement, voulait suivre ses traces. Ce qui rendait son père très fier.
Se résignant, Tadeck se leva et quitta sa chambre pour rejoindre la salle-à-manger. « Ah, Taddy, enfin ! Si vous continuez ainsi je vais finir par m'abimer la voix. Vous savez que nous passons à table à 12h15 tous les jours. J'aimerais ne pas avoir à aller vous chercher à chaque fois. » Imperturbable, l'enfant répondit : « Judith. C'est Judith qui est venue me chercher, pas vous. » Le visage de sa mère se froissa face à la réponse de son fils. Elle conserva par ailleurs le silence, tandis qu'on lui servait de la salade dans son assiette de porcelaine. Un silence pesant s'installa autour de la table, puis sa mère reprit la parole. Ils discutèrent quelques instants de la bourse qui ne connaissait pas ses meilleures heures, de cinéma puis de Charles. Arrivant au dessert, sa mère brisa le nouveau silence pour demander : « Vous avez des occupations cet après-midi Taddy ? » L'enfant se bloqua subitement. Il lâcha sa petite cuillère alors qu'il relevait la tête pour poser un regard froid et agressif sur sa mère. Il serra les poings et répliqua : « Ne vous en faites pas mère. Je ne serais pas là pour déranger vos "conversations" avec monsieur Richards. » Sa mère posa sur lui des yeux horrifiés et honteux. Elle bredouilla quelque chose d'inaudible, ne sachant plus quoi faire. Il se leva alors, sentant une colère violente s'écouler dans ses veines. « Je n'ai plus faim. Puis-je quitter la table ? » Sa mère hocha précipitamment la tête, lui faisant un léger signe de main lui indiquant qu'il pouvait partir. En arrivant en bas des marches, il intercepta Judith, les yeux gonflés de larmes. « Judith, voudriez-vous bien m'accompagnez au centre équestre cet après-midi s'il vous plait ? » Peinée, la jeune femme accepta aussitôt alors qu'elle le regardait filer dans sa chambre.

Ce fut ça l'enfance de Tadeck. Vouvoyer ses parents, un père admirable mais absent, une mère plus préoccupée par ses amants que par son fils, des bonnes manières, peu d'émotions. Il ne lui restait plus que la musique et ses rêves d'avenirs auxquels se raccrocher.