Des mauvaises habitudes, Gabriel en avait toujours eu. S'attirer des emmerdes, ici et là, fumer, pas toujours que du tabac d'ailleurs, et surtout, remettre Ainsley Hoover dans son lit. Il savait très bien que c'était une mauvaise idée mais chaque fois qu'il tentait de s'en éloigner, elle finissait toujours par croiser son chemin et il ne parvenait pas à s'empêcher la ramener chez lui. D'ailleurs, l'emmener au loft aussi, était une mauvaise habitude. Il ne ramenait jamais de filles chez lui pour la simple et bonne raison qu'il ne désirait pas que toutes les nanas qu'il avait sauté puis quitté au beau milieu de la nuit se pointent chez lui. La ramener à son appartement signifiait qu'elle était importante, en quelque sorte, et que c'était sérieux, ce.. truc avec elle. Or, Gabriel avait l'engagement en sainte horreur et fuyait toute relation comme la peste. Il ne s'attachait pas aux gens. C'était plus sûr, dénué de toute crainte d'être déçu ou pire, blessé. C'était elle, qui s'était attachée, elle qui revenait alors qu'il cherchait à s'en aller. Il avait laissé Hoover entrer une fois et c'en avait été fini de sa tranquillité. Elle était entrée et elle s'était installée. Il l'avait repoussé pourtant. C'avait été très clair. Il l'avait jetée dehors comme une malpropre, comme une merde même mais elle était revenue. Trois semaines plus tard, certes, mais elle était tout de même revenue. Et il l'avait laissée entrer. Encore une fois.

Une deuxième fois qui avait un parfum de long terme, de définitif, à la voir couchée sur son lit, au beau milieu du loft. Gabriel s'était levé immédiatement après avoir ouvert un œil, incapable de rester aux côtés de la petite brune. Voilà pourquoi il ne ramenait jamais personne chez lui. Le réveil, le lendemain, était bien plus facile lorsqu'on n'avait pas à faire face à son partenaire de la veille. Seulement, aujourd'hui, ça paraissait presque différent. Pas gênant, pas contrariant, seulement différent. Peters ne ressentait pas le besoin urgent de foutre Ainsley à porte comme il l'avait fait presque un mois plus tôt, lorsqu'elle avait eu le malheur de s'épancher sur ses sentiments. Il n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait avoué mais il l'avait plus ou moins digéré. Il pouvait composer avec sans avoir envie de déguerpir au plus vite. C'était bizarre et totalement inconnu. D'ordinaire, si une fille qu'il avait par le plus grand des hasards revu plus d'une fois commençait à lui lancer des regards énamourés, il se tirait plus vite qu'il ne fallait de temps pour le dire. C'était plus ou moins ce qu'il avait fait lorsqu'Hoover se l'était jouée fleur bleue et romantisme. Jusque-là, rien d'anormal. Seulement elle était revenue et lui avait sauté dessus sans qu'il n'oppose de résistance, bien au contraire. Et ça n'avait rien eu à voir avec ses besoins naturels. Tout homme qu'il était, Gabe ne sautait pas une nana qu'il avait décidé de fuir. C'était là que les choses prenaient un virage inattendu. Il l'avait laissée faire, pire, il avait participé à leurs ébats avec un enthousiasme et une ardeur dont il faisait rarement preuve. Parce que quelque part, elle lui avait manqué et ça, c'était mauvais. Don't get him wrong, Ainsley Hoover était un bon coup mais il n'avait pas besoin d'elle pour assouvir ses besoins naturels. Toutefois, il était manifestement plus agréable de le faire avec elle. Et ça, ça risquait de devenir un foutu problème. Aussi avait-il bondi sur ses pieds dès qu'il avait réalisé qu'il se trouvait au lit avec elle, chez lui. Il avait passé un vieux survêtement de coton et s'était empressé de se faire un café, histoire d'avoir les idées claires quand viendrait le moment de la mettre dehors en lui expliquant que c'était vraiment fini, cette fois. C'était la seule solution, non ? Gabriel ne pouvait pas prendre le risque de s'attacher à elle. Il avait déjà fait cette erreur plusieurs fois et chaque fois, il avait vu ses espoirs balayés par la déception. Everybody leaves, right ? Right. Il était plus sûr pour sa santé mentale qu'il la repousse avant qu'ils ne commettent l'erreur de tomber stupidement amoureux ou une connerie du même genre. Pourtant, son café à la main, appuyé contre le plan de travail et perdu dans la contemplation des longs cheveux étalés sur les oreillers, il n'avait aucune envie de la foutre à la porte. Plutôt d'aller se recoucher et de la réveiller en la caressant doucement. Merde. Il était là, le problème.

«  Ainsley Hoover, consentez-vous à prendre pour époux …  ? » HEIN ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je suis devant un prêtre ?! Je baisse les yeux et oh mon dieu … Je suis en robe de mariée. Attention ! Pas n'importe quelle robe, non... C'est la plus belle des robes. Tout en dentelle, avec un collier de perles précieuses autour de ma taille. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi beau. Je pose mes mains sur mes ventre, puis sur mes hanches. C'est .. il n'y a pas de mots assez fort pour décrire cette beauté. Je prends le risque de tourner la tête et remarque la longue traîne derrière moi. J'ai de bons en matière de robes en fait.. Puis le styliste qui l'a fait est vachement doué. Peu à peu, je relève doucement les yeux et remarque les quelques centaines d'invités. C'est pour mon mariage qu'ils sont là ? Han... Au premier rang se trouve mes parents. Ma mère un mouchoir à la main et les yeux humides me fait un signe de la main alors que mon père se contente de sourire. C'est une blague hein ? Ca ne peut pas être vrai. Je ne vais pas me marier maintenant.. J'ai 23 ans ! Et puis surtout.. Qui est l'Elu ? J'ai peur de tourner la tête pour voir le jeune homme à côté de moi. « Ainsley ? C'est le moment où t'es censée dire que oui, tu veux être ma femme... » Cette voix que j'aurais reconnu parmi mille semble quelque peu paniquée. Alors je prends mon courage a deux mains et me tourne doucement... Non, ce .. « Gabriel... » C'est lui mon futur mari ? C'est avec lui que je suis entrain de me marier ? Mon cœur se met à battre la chamade alors que je reste là, pétrifiée, incapable de sortir le moindre son. Évidemment que je suis heureuse... Sauf que Gabriel Peters n'est pas fait pour ça. Il ne le sera jamais. Il ne veut pas s'attacher et ça, il me l'a bien fait comprendre. Même si je pense qu'au fond, c'est peut-être déjà le cas et il ne veut juste pas se l'avouer.. Dans un sens, c'est tellement plus facile de se raccrocher à cette idée. Se dire qu'il tient à moi, mais qu'il ne veut pas l'admettre, que je compte un minimum pour lui. Bien sûr, je n'aurais jamais à une déclaration comme on en voit dans tous les films à l'eau de rose mais juste le fait de penser qu'au fond de son petit cœur, il y a une petite place pour moi, ça suffit à me rendre heureuse.

Avec un peu de chance, elle répéterait les mêmes mots stupides que la dernière fois, ces mots qu'il ne supportait pas. Comment osait-elle supputer sur ses.. ses sentiments, hein ? A lot of people are in love and refuse to see it. Bullshit. Il n'était pas amoureux d'elle. Être amoureux, c'était être faible, c'était se laisser avoir, c'était prendre des risques inutiles. Il en avait assez bavé dans sa chienne de vie pour se laisser berner par cette petite emmerdeuse à la tête trop bien faite. Bordel de merde, pourquoi n'avait-il pas pu tomber sur une conne ? C'était bien sa veine, tiens, d'avoir trouvé cette nana-là. Il lâcha un soupir en la voyant remuer. Les ennuis allaient commencer. Elle allait très certainement vider son sac encore une fois, pérorer sur ce qu'il pensait et ressentait, et il finirait par la foutre à la porte. Encore une fois. « Mh.. bonjour toi » fit-elle, de cette voix basse et grave que tout le monde a au réveil. Sans un mot, il la regarda passer une main dans la masse désordonnée de ses cheveux bruns, le drap remonté sur sa poitrine. Comme s'il ne l'avait pas déjà vue nue et ce, à plusieurs reprises. « Tu t'es levé tôt ? s'enquit-elle avant d'ajouter : t'aurais dû me réveiller.. » Oh surtout pas, eut-il envie de répondre. Pour quoi faire ? Qu'elle ouvre la bouche plus tôt ? Non merci. Il se contenta toutefois de hausser les épaules, puisqu'après tout, ce n'était pas bien grave. Et puis il fallait bien avouer qu'elle était assez mignonne lorsqu'elle dormait. « Il est quelle heure ? » demanda la jeune femme, tenant manifestement énormément à rester couverte à en juger par la vigueur avec laquelle elle serrait le drap contre sa poitrine. Gabriel arqua un sourcil avant de répondre calmement : « pas loin de dix heures » Il se leva et une clope à la main, sans se soucier le moins du monde de sa nudité, gagna le milieu du loft où s’amoncelaient leurs vêtements. Sans bien regarder, il lui lança ce qui ressemblait à un tee-shirt ― le sien, probablement. « Café ? Jus d'orange ? Cigarette ? » proposa-t-il en rejoignant le vaste placard qui occupait tout un pan de son appartement. Il fit coulisser la porte derrière laquelle étaient rangés ses vêtements et s'empara un vieux pantalon de jogging au gris délavé et un sweatshirt. Il était hors de question qu'il reste à poil avec Hoover plus ou moins dans le même état à proximité. Qu'il se la tape le soir de temps en temps, d'accord, mais Gabriel n'était pas vraiment du matin, que ce soit sur le plan sexuel ou un autre.

Spoiler:

C'est calme, silencieux. On croirait qu'il n'y ait personne dans cette maison. Il me faut quelques minutes pour réaliser que je ne suis pas chez moi, mais chez Gabriel. C'est rare qu'il m'emmène chez lui, très rare même. Mais les quelques fois où j'y suis, j'apprécie. Je me dis qu'il n'inviterait sûrement pas n'importe qui. La dernière fois que j'y étais, j'ai parlé d'amour et de sentiments. Il m'a littéralement foutu à la porte. Il m'a mise dehors en me criant dessus. J'en ai pleuré pendant des jours... Mais finalement, je suis revenue. Comme à chaque fois. C'est toujours moi qui fait le premier pas, parce que je sais que si je ne le fais pas, il ne le fera jamais. Pourtant, je ne me plainds pas, je me contente du peu qu'il me donne et ça me suffit. Je porte mes mains à mes yeux, les frottant doucement avant de tourner la tête, à la recherche d'une quelconque présence. « Mh.. bonjour toi. » Je souffle d'une petite voix à la vue de Gabriel. Petite tasse de café à la main, j'ai bien du mal à croire que c'est moi qu'il regarde. Il est peut-être juste perdu dans ses pensées ? Je me redresse, ramenant le drap contre moi pour couvrir ma poitrine. « Tu t'es levé tôt ? T'aurais dû me réveiller.. » Je n'ai pas entendu le moindre réveil pourtant, quand il s'est levé. La fatigue m'a gagné et puis, il faut savoir qu'il peut faire preuve de grande discrétion quand il veut. Je me rappelle encore de toutes ces fois où on a couché ensemble et où il est parti avant mon réveil. Je prends une grande inspiration. Est-ce que ça changera un jour ? Ou est-ce que j'aurais toujours l'impression qu'il me considère comme un simple plan cul ? A cette pensée, j'ai un pincement au cœur. Je ne devrais pas penser à ça, ça va me faire mal. Puis je suis chez lui, je viens à peine de me réveiller, donc autant rester positive, la journée n'a même pas encore commencé. Je me redresse encore, me retrouvant assise sur le lit et tirant le drap contre moi. Il m'a déjà vu des centaines de fois nue, mais on était sur le point de coucher ensemble, ça paraissait naturel.. Sauf que là, on n'est pas en pleine action. D'origine plutôt pudique, je n'aime pas spécialement me montrer nue. En plus, j'ai des petits seins. « Il est quelle heure ? » Mes yeux scrutent la pièce, à la recherche de quelque chose que je pourrais enfiler. Je me pince la lèvre inférieure, je ne vois rien que je pourrais mettre. « Pas loin de dix heures » Il s'avance, complètement nu et je le regarde, ébahie. Je crois même que je commence à légèrement rougir. Ce qu'il est beau … Avec ce corps magnifiquement taillé, digne d'un Apollon. Je  ne me rends pratiquement pas compte que je suis entrain de franchement le mater et que j'aurais presque envie de lui sauter dessus. Il ne fait rien pour cacher son corps, pas même ses parties intimes et honnêtement, j'apprécie le spectacle. Je n'arrive plus à détacher mes yeux de lui. « Déjà ? » Je souffle d'une voix toute basse. Pas de panique Ainsley, on est samedi, tu ne travailles pas, tu n'as aucun rendez-vous, tu n'es donc pas en retard, tu peux traîner au lit autant de temps que tu veux. Il me lance un espèce de Tee-shirt, je ne sais même pas si c'est le sien ou le mien, je le prends juste au vol en souriant. « Merci. » Je ne l'enfile pas tout de suite, je me contente de me lever, cherchant mes sous-vêtements. D'abord ma culotte ou mon string, je ne sais plus tellement ce que j'avais hier soir. « Café ? Jus d'orange ? Cigarette ? » Je me lève du lit, mes yeux scrutant le sol, à la recherche de mon précieux. « Jus d'orange. » Je continue à avancer sur la pointe des pieds, cherchant désespérément mon sous-vêtement. « Et ma culotte a disparu ! » J'ajoute naturellement. Puis je m'arrête, croise mes bras sur ma poitrine et pose mon regard sur Gabriel, en faisant une petite grimace. « Tu ne la vois pas de là où tu es ? » Je soupire, tant pis pour elle. Je reste comme ça. Je continue d'avancer en direction de Gabriel, mais le drap fait trois mètres de long et ce n'est pas très pratique. J'arrive presque au niveau du jeune homme mais je m'en mêle les pieds, je me prends le draps, celui-ci glisse, tombe et une fraction de seconde plus tard, je me retrouve nue et sur Gabriel. Il était juste devant, je suis tombée sur lui. « Miiiince ! » Je m'exclame aussitôt. Puis, l'information percute mon cerveau et je me rends compte que mon corps nu est collé au sien qui est aussi nu. Géniale... Je commence à avoir chaud. « Je .. euh... hum... » Je n'arrive pas à sortir une phrase correcte, je perds totalement et complètement mes moyens.. « Pardon. » Je me racle la gorge, fais quelques pas en arrière et baisse immédiatement les yeux. Je me sens terriblement gênée. Il faut vraiment que j'arrête de me mettre dans des situations embarrassantes...

Impassible, il la regarda se lever, son tee-shirt à la main. Mademoiselle Neurones Performants n'avait-elle donc pas compris qu'elle était sensée l'enfiler, ce foutu tee-shirt, au lieu de se traîner les draps qu'elle allait d'ailleurs finir par arracher du matelas ? Arquant un sourcil, il ne pipa mot tandis qu'elle balayait les environs, probablement à la recherche de ses fringues. « Jus d'orange » répondit-elle distraitement lorsqu'il lui proposa à boire ou à fumer. Cette dernière idée le fit sourire. La voir défoncée était certainement.. intéressant mais il doutait que ça lui fut jamais arrivée. C'était d'Ainsley dont il était question, pas de Daisy. « Et ma culotte a disparu ! » lança-t-elle comme si elle lui avait annoncé aller acheter des oranges. Un rien surpris, Gabriel ne put s'empêcher d'éclater de rire, un peu trop naturellement d'ailleurs. What ? She was being cute after all. « Tu ne la vois pas de là où tu es ? » s'enquit-elle, toujours à la recherche du précieux sous-vêtement. Il haussa les épaules. Honnêtement, il n'était pas contre l'idée de la garder simplement habillé par ses draps. Ça avait un côté assez excitant, de la voir vêtue ainsi. Hey, non. Il fallait qu'elle foute le camp. Pas qu'il la saute. Encore une fois. C'était une sale habitude, il le savait, il en était foutrement conscient ― pun intended ― et il fallait que ça s'arrête. Le fait qu'il la laisse revenir, s'insinuer dans sa tête et son loft comme une foutue maladie était stupide. Elle n'était pas si exceptionnelle que ça au fond. Des filles comme elle- screw that, elle était spéciale et il le savait pertinemment. Elle était revenue alors qu'il l'avait foutue à la porte. Au fond, Ainsley Hoover avait du mérite et il était un sale con. Comme d'habitude.

Avant qu'il ait eu le temps de se mettre réellement à la recherche de sa petite culotte ― probablement traînait-elle sous son lit ou sur un abat-jour ou ailleurs ― il se sentit basculer en arrière, à la seconde même où elle le percuta. Okay, elle était peut-être très intelligente mais bordel, ce qu'elle pouvait être maladroite. « Miiiince ! » Sauf si elle l'avait fait exprès. Grimaçant de douleur, il lui jeta un coup d’œil peu amène. « Je .. euh... hum... » bredouilla la jeune femme, peinant visiblement à former une phrase. Était-elle réellement gênée ou juste une très bonne actrice ? Il n'aurait su le dire, peu disposé à réfléchir alors qu'elle était collée, nue, contre lui, son cerveau soudainement beaucoup moins irrigué au profit d'une autre partie de son corps, beaucoup plus importante à ses yeux. Et plus intéressante, pour le coup. Merde, il était à peine dix heures du matin et il avait une nana complètement à poil, étalée sur lui, toute disposée à lui faire plaisir à en juger par la nuit qu'il avait passé. Inutile d'espérer qu'il se conduise en gentleman. Il ne le faisait déjà pas en temps normal de toute manière. « Pardon » murmura-t-elle en esquissant un mouvement pour s'éloigner. Il entoura sa taille d'un bras, un sourire un rien moqueur aux lèvres. « Très subtil Hoover, souffla-t-il contre sa bouche, le coup de la petite culotte, je n'y aurais jamais pensé. Mais tu sais, si tu tiens à remettre ça, il suffit de demander » précisa-t-il avant de l'embrasser. D'accord, il n'était pas tellement dans d'excellentes dispositions pour la mettre dehors et là, alors que ses mains se perdaient dans ses boucles brunes, il n'en avait pas vraiment envie. Plus tard.. oui, plus tard.

Peut-être n'était-elle pas si bonne actrice que ça, dans le fond. Il aurait dû s'en douter. Avec tous ses tics et ses tocs, elle était probablement l'une des rares personnes qu'il connaisse à tout montrer, absolument tout. L'innocence incarnée. L'idée le fit sourire alors qu'elle ondulait contre lui, caressant son visage, répondant avec enthousiasme à son baiser. « On remet quoi ? » demanda-t-elle, innocente. Il ouvrit les yeux pour la découvrir, penchée sur lui, les paupières closes, les joues légèrement rouges. Bonne actrice, tu parles. Elle ne se rendait même pas compte de l'effet qu'elle produisait ― effet qui s'apprêtait à devenir très gênant s'il n'y remédiait pas très vite. « T'es entrain de me demander si j'ai envie qu'on.. » bredouilla-t-elle, ignorant manifestement ce qu'il insinuait et où il voulait en venir ― où il avait désespérément besoin d'arriver. « Oh » souffla-t-elle en réalisant, sans aucun doute, la nature de ses paroles. Il aurait dû avoir envie de ricaner, de se foutre de sa candeur, de tourner sa naïveté en ridicule. Au lieu de ça, il se surprit à sourire, simplement, sans méchanceté, sans cruauté, juste à sourire, tendrement amusé. He doesn't do tenderness. The fuck is wrong with him ? Il n'eut cependant pas le temps d'y réfléchir bien longtemps, sans compter qu'il n'avait pas du tout envie d'y réfléchir. Hoover rouvrit les yeux, braquant sur lui deux orbes d'une couleur chaude, riche. Il déglutit avec difficulté. Avait-il jamais remarqué à quel point ses yeux noisettes pétillaient lorsqu'elle souriait comme ça ? « Tu sais bien qu'avec toi, je suis toujours partante » fit-elle, après une profonde inspiration. Comme si elle était une débutante dans ce domaine. Cute. Or, elle ne l'était pas, elle l'avait déjà prouvée de nombreuses fois, en de nombreuses occasions, au cours de nombreuses nuits. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Jusqu'à ce qu'elle débarque, les filles avaient défilé plus vite qu'une môme de quinze ne change son fond d'écran. Et elle, elle s'était installée dans son pieu, dans sa tête, pour ne plus en partir. Même après qu'il l'ait foutue dehors, elle était restée, dans un coin, malgré tout ce qu'il avait pu en dire. Bitch. Il fallait lui reconnaître sa détermination et sa ténacité, que ce fut volontaire ou non.

Ce qui n'était manifestement volontaire, c'était cet effet qu'elle avait sur lui. Oh, à présent qu'elle en était consciente, elle semblait l'accepter avec sa sensualité habituelle. C'était un jeu et elle était une excellente joueuse, il le savait. Mais Gabriel aimait le contrôle, par-dessus tout lorsqu'il s'agissait de ce genre de jeux. Il aimait posséder, il aimait tenir les rênes. Voir sa partenaire se tordre sous ses caresses était un plaisir bien plus grand que celui de la laisser retourner la faveur. Aussi, d'un habile mouvement de rein, inversa-t-il la tendance, reprenant l'avantage. Aussi bestial que ça pouvait paraître, il aimait dominer. Ainsley était, entre ses mains, plus qu'un jeu, plus qu'un jouet ; elle était comme un instrument dont il avait appris à caresser, à pincer les cordes pour en obtenir le meilleur son, le plus beau cri. Savamment, il laissa l'une de ses mains vagabonder sur la peau tendre de ses cuisses blanches, prenant appui sur l'autre. Sa bouche glissa de ses lèvres à son cou, tiède et doux. Peu de femmes appréciait qu'on les marque ; Gabe avait, lui, toujours trouvé ça particulièrement excitant. Laisser une trace violacée sur le cou d'une femme ravissait son côté possessif. Pour beaucoup, c'était signe d'engagement ; lui était simplement heureux de laisser une marque de son passage. Pourtant, aujourd'hui, il n'en ferait rien. Du moins, pas maintenant. He just needed to be inside her like, yesterday. « Nom de Dieu » jura-t-il en appuyant son front contre l'épaule nue de la jeune femme. Il lui fallait quelques secondes, une minute peut-être, pour reprendre ses esprits ou il serait incapable de se contrôler. Et la dernière fois qu'il avait fini son affaire avant la dame remontait à une époque lointaine. Hors de question que cette fille, aussi sexy soit-elle, le fasse passer pour un puceau vivant sa première fois. Inspirant profondément, il attaqua sa bouche avec une vigueur qui n'était sans doute pas nécessaire. Sa main, elle, remonta brutalement entre ses cuisses. She was his, all his.