~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Le lycée... C'était le paradis, j'étais la reine et tout le monde se prosternait devant moi. Honnêtement, c'était une belle période malgré le fait que je détestais les cours. En fait, ma seule envie de rejoindre le lycée venait du fait qu'il y avait mes amis, mes larbins et les gens dont je pouvais me moquer. La vie était belle mais bon, j'étais tout de même perçue comme une garce mais très franchement, j'assumais totalement en être une car tout le monde a peur de la garce, personne ne la défie.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Pourquoi je ne le serai pas ? Il faut voir le bon côté des choses, j'ai toute la liberté dont je rêvais depuis des années et je vis comme je le sens, sans personne pour me donner des ordres ou me guider. Je serai d'autant plus heureuse si ma chère sœur ne m'ignorait pas comme elle le fait si souvent, si elle s'occupait de moi comme une véritable sœur.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Mariée, trois enfants... Non je plaisante. Je ne me vois déjà pas en couple actuellement alors dans dix ans ? Je ne crois pas. J'ai besoin de ma liberté, de pouvoir faire ce que je veux et je ne veux pas être contrainte de rester à la maison tous les jours car j'aurais des enfants insupportables et un mari collant. En fait, à vrai dire, je suis tellement malchanceuse que je vais sûrement me retrouver avec un enfant sur les bras, en mère célibataire. Ma vie finira certainement mal puisque personne ne se préoccupe de moi hormis mes parents. Mais honnêtement, qui écoute ses parents ?

« Honnêtement, t’es déguisé en quoi là ? » « Huum… En sorcière Charleen. » « Ce n’est pas réussi, je peux te l’assurer ma chère. » Du haut de ses talons aiguilles, Charleen toisait son interlocutrice, Linda, qui selon elle, n’arrivait pas à sa cheville. « Aller ! Va me chercher un verre. » Linda s’exécuta, ne voulant pas mettre en colère son amie qui, bien que déguisé en infirmière, ne paraissait pas plus gentille que d’habitude comparé aux véritables infirmières. Andy apparaissait au loin, s’approchant doucement de Charleen dont les yeux étaient remplis d’étoiles. « Alors ma chérie, on va faire un tour tous les deux ? » Prenant un air détaché elle lui lança : « Huum… Oui, pourquoi pas. » Son ami l’attira contre lui et l’emmena dans une chambre de la maison où se déroulait cette belle fête d’Halloween. Tout était sombre, la maison était vieille et dans les chambres, des couvertures ornaient le sol soigneusement installées par l’organisateur de la soirée. Charleen entra dans la pièce et vint se poser sur le rebord de la fenêtre. La nuit était belle et l’instant particulièrement romantique. Andy lui saisit le bras et l’entraîna sur le sol d’un geste, se postant au dessus d’elle. Charleen respirait de plus en plus fort, l’excitation qu’elle ressentait à ce moment là était véritablement intense. A quinze ans, elle allait enfin perdre sa virginité avec l’homme idéal, son homme. Andy s’empara de sa blouse d’infirmière qu’il jeta d’un geste rapide de l’autre côté de la pièce. Charleen tremblait comme une feuille, en y réfléchissant, elle n’avait pas vraiment envie de se faire déflorer sur une couverture dans une maison quasi hantée. Elle poussa délicatement son petit ami en arrière et lui déposa un baiser sur les lèvres. « Je ne suis pas prête. » Il passa une main dans ses longs cheveux blonds. « Tu l’étais il y a deux minutes, puis j’en ai tellement envie bébé… » « Je suis désolé. » Charleen se releva, laissant Andy sur la couverture. Se rhabillant, elle l’admirait car étant d’une telle beauté elle se demandait pourquoi elle avait refusé de faire cela. Il l’attrapa par le bras et la jeta par terre assez violemment. « Andy, lâche-moi s’il te plaît. » « T’es qu’une allumeuse Charleen, une salope. » Elle était pétrifiée à en entendant ces mots qui l’avaient terriblement blessé. Elle ne bougeait plus, il lui tenait les bras, serrant de toutes ses forces, elle ne pouvait plus faire un geste. Essayant de se débattre, elle ne fit qu’un bond lorsqu’elle sentit qu’elle ne portait plus de sous vêtements. « Arrête... » Elle fermait les yeux pour oublier mais non, le geste était fait. Il l’avait fait, partant rapidement après l’acte, lui ayant mis un coup à la tête, la laissant pour morte. Les heures étaient passées, deux heures et demie. Il s’était écoulé tant de temps que Charleen n’avait plus les idées claires à son réveil. Ni une, ni deux, elle ne tarda pas à rentrer chez elle, le mal était fait, elle ne pouvait plus faire machine arrière.


Le lendemain était arrivé rapidement et quoi qu’il se passait dans le salon, ce bruit, Charleen n’avait pas envie de descendre. Elle avait une folle envie de parler à quelqu’un et malgré tout, après un instant à hésiter, elle se décida à aller voir Zélie dans sa chambre. Elle frappa doucement et entra, voyant sa sœur occupée avec des papiers et du rangement, ce qu’elle-même ne faisait jamais. « Zélie, il faut que je te parle… » Zélie tourna la tête en direction de sa petite sœur, l’obligeant à arrêter ce qu’elle faisait sur le moment. « Ecoute Charleen, je n’ai pas le temps là, reviens plus tard ! » « Mais c’est important en fait… » « Oui, eh bien j’ai autre chose à faire vois-tu ! » Charleen lui lança un regard noir et sortit immédiatement de la chambre de sa grande sœur en claquant la porte. Elle marmonnait des tas de trucs, étant sur les nerfs à ce moment là. « Ooh non, tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, non ! » Elle retourna dans sa chambre, se jeta sur son lit et versa toutes les larmes de son corps. Personne ne l’écoutait jamais et même si Zélie était en permission pour une fois, elle aurait très bien pu faire l’effort d’écouter sa sœur. Leur mère les appelait à présent pour manger, le repas était servi disait-elle. Charleen sécha ses larmes et descendit dans la cuisine où la table était déjà mise. Zélie s’installa tandis que Charleen tarda pour enfin s’assoir à l’opposé de sa grande sœur. « Charleen, tu peux aller chercher la salade ma puce ? » « Demande à Zélie ! » « Ta sœur est en permission, elle se repose, alors vas-y ! » Charleen soupira et se leva, elle ne ressentait l’amour de personne aujourd’hui, elle se sentait sale, à tel point qu’elle n’osait plus se regarder dans un miroir. Ses parents écoutaient attentivement ce que racontait Zélie, elle parlait de la guerre, de ses collègues, de tout mais pas un mot pour demander si Charleen allait bien. Après le repas, la jeune femme monta dans sa chambre, pleurant de nouveau, se sentant terriblement blessée. Zélie avait tellement changé depuis la mort de Jared, tellement, mais elle n’avait certainement pas conscience que malgré que ça ne soit que son demi-frère, Charleen en souffrait tout autant, et pourtant le monde ne s’était pas arrêté de tourner, la vie continuait.


« J’ai une question à te poser Charleen ! » « Baah, vas-y, n’hésite pas ! » « Honnêtement, toi qui est si jolie et si gentille… » Elle le coupa. « Moi gentille ? La blague. » Elle éclata de rire. « Oui, gentille… Bref, tu penses que tu pourrais tomber amoureuse de quelqu’un ? » « Amoureuse ? Connais pas. » « Arrête Charleen, je suis sérieux… » « Moi aussi. » Charleen continua à arpenter les rayons du magasin de luxe dans lequel elle se trouvait. « Au fait, pourquoi tu voulais aller dans ce magasin si c’est pour ne rien acheter ? » « Qui parle d’acheter ? » Au fur et à mesure qu’elle parcourait les rayons, elle volait de petites choses comme des rouges à lèvre de grandes marques, des lunettes de soleil, ou encore des foulards hors de prix. « Charleen, arrête on va nous voir… » « Tais-toi ! » Liam regardait tout autour de lui, en voyant sa jeune amie voler toutes ces choses, il n’était pas rassuré. Il ne voulait pas participer à son jeu, et encore moins aller en prison pour quelque chose qu’il n’aurait pas fait. « Là, c’est le moment. » « Le moment de quoi ? » Charleen se mit à courir hors du magasin, les vendeuses hurlaient à la mort tandis que perchée sur ses talons hauts, la jeune femme courrait de plus en plus vite. Enfin, à un croisement, elle s’arrêta pour regarder derrière elle. Liam n’était pas là. A ce moment précis, Charleen paniqua un petit peu. Il n’était pas idiot au point d’être resté là bas et de s’être fait arrêter par les flics. Elle ne se risqua tout de même pas à lui téléphoner et rentra chez elle où sa mère l’attendait. « Mon dieu, Charleen tu étais où ? » « Huum… Partie faire des courses ! » « Et tu reviens les mains vides toi ? » « Mais non, j’ai tout laissé à Liam, à son appart ! » « Ton père et moi étions inquiets. » « Baah je vais bien ! Puis ooh, j’ai vingt quatre ans, je rentre quand je veux ! » Soudain, son téléphone portable sonna. Elle ne connaissait pas le numéro mais elle se risqua quand même à décrocher. « Oui, c’est qui ? » « Charleen, c’est moi… » Elle reconnut immédiatement la voix de Liam. « Ah, t’es où ? » « Au poste de police, on m’a attrapé. » Charleen sortit de la pièce où se trouvait ses parents et alla dans sa chambre. « Putin, mais t’es con ! » « Ooh c’est bon hein ! C’est de ta faute ! » « Tu ne cours pas assez vite c’est tout. » « Les flics te cherchent, ils me demandent où est ce que tu te trouves ! J’ai rien dit ! » « Baah encore heureux ! » « Ils ne tarderont pas à te trouver Leen… » « Ca n’arrivera pas ! » Elle raccrocha et sortit un sac de voyage. « Bon. » Sa mère entra dans sa chambre tandis que Charleen enfouissait des tas de choses dans sa valise. « Tu vas quelque part ? » « Huum… Oui, je dois partir ! » Tout était dans sa valise et c’était l’occasion ou jamais de partir pour rejoindre Zélie, pour se venger d’elle. « Charleen, où vas-tu ? » « Faire le tour du monde m’man ! » Elle attrapa son sac à main, déposa un baiser sur la joue de sa mère et descendit avec sa valise. Elle fit une bise à son père et sortit de la maison direction l’aéroport. « White Oak Station me voilà » murmura-t-elle.