~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Le lycée c'était un foutu bordel. Pourtant si j'devais y retourner, j'ferais surement tout pareil, encore une fois. C'est vrai j'en ai ch*é. J'me suis souvent battu , parce que les types comme moi, comme lui, on les aimait pas trop là-bas. L'internat. J'préferais passer mon temps avec lui, puis y avait cette découverte. J'bandais rien qu'à le regarder. Les douches. Puis les moments volés, ceux qu'on passait planqué dans un coin noir. Ses fesses. Le goût salé de ses larmes. Je l'ai si souvent fait pleurer. J'continu d'ailleur. C'était dur, j'acceptais pas, pas encore. Les étreintes sauvages, violentes et douces à la fois. J'pensais tout le temps à lui. P*tain d'm*rde c'était foutrement beau. Et dure. Le secret, toujours garder le secret. Ma peur, sa déception. Puis la fin, le diplôme. Les adieux, le soulagement. Les rêves et les espoirs,l'avenir, le grand. J'voulais être écrivain. C'était comme un poème de baudelaire, ou un été sous l'orage. A la fois puissant et triste, beau et violent, inoubliable.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Heureux, je pense pas. J'ai laissé tomber mes rêves de gosse. J'ai laissé tomber tellement de choses. J'ai tout foutu en l'air, sans vraiment m'en rendre compte, j'ai piétiné tout ce qui en valait la peine. On appelle ça de l'autodestruction. J'ai soigneusement saboté tout ce qui me tenait à coeur. Celui qui osera dire devant moi qu'il suffit d'le vouloir pour pouvoir, j'lui casse sa p*tain d'g*eule. Je sais pas pourquoi, mais j'arrive pas. Dès qu'je sens qu'le bonheur approche, que tout commence à aller bien, j'peu pas m'empêcher de tout foutre en l'air. Et d'le blesser, au point qu'mon propre coeur semble prêt à s'déchirer dans ma poitrine. Encore et encore. Et le pire, c'est qu'j'en suis foutrement conscient. J'ai plus rien du garçon rêveur et doux que j'étais avant, et j'me suis bien arrangé pour que personne me retrouve. Mais j'avance, je continue. Même si je sais plus trop c'que j'fous là, je survis plus que je ne vis. Je baise, je bois, j'essaie d'oublier. Oublier qu'il est là, à m'attendre. Oublier ses larmes quand il me voit me foutre en l'air comme ça. Je vis ma vie comme tu t'torche le cul, d'un geste rapide, en laissant d'la merde partout. J'étais pas prêt pour ce monde. Je passe mon temps à fuir. Je suis l'eau, celle que personne ne peut retenir, celle qui se fraye toujours son chemin, qui s'échappe inexorablement et dont personne ne peut sécher les larmes. Pourtant je ris, je souris et pleure en dedans. Je vis ma vie à cent à l'heure, parce qu'on la vit qu'une seule fois. Y.O.L.O. On m'a diagnostiqué maniaco-dépressif.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
J'en sais foutrement rien. J'sais même pas si j'aurai pas réussis à m'foutre sérieusement en l'air dans dix ans. C'est tellement long dix ans p*tain ! J'sais même pas c'que je vais faire demain. J'aimerais bien pouvoir vous dire qua dans dix ans j'serais pausé, qu'j'aurais une belle vie, dans une jolie maison, avec l'homme que j'aime. Que j'aurai arrêté toutes ces merdes, mais sérieusement j'y crois pas , et vous non plus. Tout c'que je peux vous dire 'est qu'dans dix ans, j’enterais encore son cœur, ou alors j'serais dans une p'tite boite sous une dalle de béton. J'sais même pas si lui sera toujours là, alors moi ?

"Vas te faire foutre Zef !" Je remonte sans un mot mon pantalon sur mes hanches dénudées, le corps encore tremblant et humide de l'étreinte, certes brève, mais intense. Je m'efforce de ne pas le regarder, baissant les yeux sur mes pieds encore chaussés. «T'as même pas pris le temps de te déshabiller. T'es vraiment un connard.» Sa voix est tremblante, je sens que si je ne lui réponds pas cette fois il va vraiment se mettre à pleurer. Oui je suis un connard, et depuis le temps cet imbécile devrait le savoir. Je sais bien que j'fais l'con avec lui, mais p*tain j'arrive pas à faire autrement. J'sais pas pourquoi, mais j'suis comme ça. J'lève les yeux vers le garçon assis sur son lit en face de moi. Il est encore nu, et la vue de ce corps éveille à nouveau mes sens. Non je ne dois pas céder, sinon je vais vraiment finir par perdre le contrôle. Je le sais, je le sens. Ses yeux sont humides, bordel il va vraiment se mettre à chialer. Pourquoi me regarde-t-il toujours avec cet air implorant, j'ai envie de lui foutre une baffe. Et en même temps, j'aimerais le serrer dans mes bras, lui dire que je suis désolé. Que je... Non je ne dois pas y penser. «Si tu l'dis.» C'est tout ce que j'arrive à dire. Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre de toute façon ? Cela fais plusieurs mois que je le traite comme ça, comme si seul son cul m'importait. Mais bordel qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ? Marcher dehors en lui tenant a main, on est des mecs tous les deux, m*rde ! C'est foutrement l'bordel dans ma tête depuis que j'ai rencontré ce type. Cette fois il a vraiment l'air mal, et je commence a sentir cette boule dans mon ventre. J'aimerais pouvoir le serrer dans mes bras, lui dire qu'il se trompe, que je ne peu pas m'empêcher de penser à lui, que son visage me hante, que je ne pense qu'à lui, et pas seulement à ces moments volés que nous passons tous les deux, mais à lui dans toute sa personne. Même si c'est un homme. Ca y est cette fois il pleure, les larmes rondes coulent sur ses joues pales. «Arrête ça Fel'» put*in pourquoi j'y arrive pas ? Pourquoi est-ce si dur d'assumer ce que je ressens pour lui. Ce que je suis. Il essuit ses larmes d'un revers de main en me lançant un regard mauvais. « Arrete quoi p*tain ? Dégage Zef, fou le camp p*tain ! Tu veux quoi ? Que j'vienne te voir comme ça, que j't'offre mon cul sans dire un mot ?! Mais j't'aime moi bordel, tu comprends ça ?! » sa voix tremble quand il me parle, il a l'air si fragile dans ces moments. Je le fais toujours pleurer à la fin. J'm'en veux tellement. «P*tain mais ça t'arrive de penser un peu aux autres, ou y a que ta queue qui t'intéresse? Parce que tu sais, les humains en général ils sont sensibles, ils ont même un truc pas mal qui s'appelle les sentiments, tu devrais essayer un d'ces jours, pour changer. J'en ai mare d'être ta pute ! Tu baisses ton froc, puis tu t'essuis, sans même enlever tes chaussures ? T'a peur de quoi bordel ?! Tu crois qu'tu vaux mieux qu'moi ? P*tain mais vas te faire foutre Zef, t'es aussi pédé qu'moi alors assume un peu ! » Les mots de Felix me frappent l'estomac comme autant de coups de poignard. Depuis quand a-t-il deviné ? Je lui colle mon poing dans la joue, assez fort pour que sa tête aille cogner le mur. " Ta g*eule Fel' p*tain! Ta g*eule !" je hurle, alors que mes épaules se mettent à trembler. Son nez saigne tandis qu'il me regarde comme si j'étais le pire des monstres. C'est ce que je suis, un monstre. Je me jette sur lui, j'ai envie de le frapper, encore et encore, pourquoi est-ce que ça finis toujours comme ça entre nous ? Mes poings s'abattent sur son visage, et lui se laisse faire, jusqu'à ce que la violence de mes coups se calme. Il lève alors son visage sur lequel les bleus commencent déjà à apparaitre et pose ses lèvres sur les miennes, son baisé est doux, rassurant, tandis que les larmes amères coulent sur mes joues, je laisse sa langue chercher la mienne, ses mains douce caressent tendrement mon crane rasé, j'arrive peu à peu à me calmer "Je suis désolé Fel, j'voulais pas."

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Je marche dans la rue, les bras chargés de paquets. Je vais le voir aujourd'hui, peut être qu'il va me pardonner cette fois ? Ça fait un an que je suis pas revenus, une putain d'année merdique. Un an que j'ai pas vu Fel, et j'ai pas arrêté d'penser à c'type. J'pensais qu'une fois diplômé j'aurais plus besoin d'lui, qu'tout ça disparaitrait en foutant ma queue dans d'autres c*ls qu'le siens, mais rien à faire. J'peu pas m'empêcher de vouloir le sentir contre moi, près de moi. J'y ai pas mal réfléchi, et au bout de cette année à vadrouiller un peu partout, j'ai compris que pouvais pas faire autrement, j'aime les b*tes, ok. Merde ça fais chier quand même. C'est sa soeur qui m'a indiqué le lieu, j'connaissais pas cette ville. J'suis jamais venus dans l'Canada avant ce soir. P*tain je crois que j'suis foutrement accro. J'arrive devant cette porte et j"hésite, est-ce que je peu vraiment sonner ? Il va pas me jeter dehors comme ça ? Après tout j'l'ai laissé tomber sans rien lui dire l'an passé, j'me suis cassé comme ça. Est-ce qu'il m'a déjà oublié ? J'hésite, puis j'appuie sur ce foutu bouton, l'immeuble me parait sale et un peu minable, le haut parleur grésille puis je reconnais cette voix, "Ouai ?" Mon coeur fais un bond dans ma poitrine, et en quelques secondet j'oublie tout. Tous ces hommes avec qui j'ai passé tant de nuits, touc ces lits que j'ai connus, ces pays que j'ai vus, Tout."C'est moi" je dis simplement. Pas besoin de dire plus, je sais qu'il reconnaitra ma voix. Un long silence, puis le bip éraillé de la porte automatique, je me précipite à l'intérieur et grimpe les marches qui me séparent encore de l'homme qui hante mes rêves comme mes cauchemars. Il m'attend devant sa porte, l'air un peu perdu. " Zef ? Qu'est-ce que tu fou là ...Que.. Comment t'as su que j'étais ici ? Tu viens d'où ..?" Les questions sont hésitantes, embrouillée. Il a maigris, ses os se dessinent nettement sous la peau tirée. Des cernes noires soulignent ses yeux. " Fel...euhm Je ..." je commence à dire, mais il me tire par le bras sans me laisser terminer. " Rentre, vas t'assoir quelque part, et ferme-là Zef, j'attends quelqu'un" Cette simple phrase me donne la nausée, Il m'a remplacé alors ? Je sent la rage monter en moi, ça faisait tellement longtemps, je sent que je perds petit à petit le contrôle tandis que mes mains se mettent à trembler, et sans prévenir je lui envois un coup dans les côtes, puis l'attrapant par le T-shirt je le bloque contre le mur décrépit "Tu te fou de moi ?! P*tain j'ai traversé un p*tain d'océan pour toi !" Je lui hurle alors qu'il me regarde, effrayé. Je sent ses os , il a vraiment perdu beaucoup de poids. C'est là que je remarque le lieu dans lequel je me trouve, le matelas nu, le réchaud sur le sol, et la seringue pausé sur la table. Mes yeux ce pose alors sur les bras nus de Felix, et j'y distingue nettement les petites marques laissées par les shoot répété au creux de ses bras. Je lève mes yeux horrifié vers ce visage autrefois si doux, qui me regarde l'ai hagard. " Fallais bien que j'tiennes le coup, j'suis rien sans toi Zef, alors j'ai trouvé d'quoi oublier" me dit-il seulement avec un sourire en coin. Je sent mon estomac se tordre de douleur. C'est moi qui lui ai fais ça, même en restant loin de lui je continue de le détruire ?! Cette fois je crois bien que j'vais gerber. J'envoie un énorme coup de poing dans le mur en y laissant une marque profonde, juste à coté de sa tête, et comme à son habitude, Fel ne bronche même pas, il me sourit simplement. "Tu m'as manqué." Je déglutis, j'ai foutrement m*rdé cette fois. J'suis qu'une ordure, un monstre horrible incapable de rendre cet homme heureux. Pire, je le détruis, je le tue à petit feu.

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J'ai encore craqué, j'ai pas tenu. J'ai essayé pourtant, mais j'y arrive pas. J'suis foutrement perdu au fond. J'comprends pas, qu'est ce qui va pas chez moi ? Je me lève sans un bruit et enfile mon caleçon, faisant bien attention à ne ps réveiller l'inconnus dans le lit. Je sors sans même finir de m'habiller, je ne trouvais pas ma chemise. Je marche dans les rues glaciales du petit matin, mais je ne pense pas au froid. Je pense à lui, à Fel' qui doit être en train de pleurer dans son lit. Dans notre lit. Ça fais aujourd'hui un an jour pour jour que je suis revenu, un an que j'ai pausé mon sac à dos sur le placher miteux de son appartement. Cette fois-ci j'pensais vraiment en être capable. J'pensais qu'ça irait, qu'on pourrait l'faire. Être heureux. P*tain quelle belle c*nnerie ! Pourtant je l'aime, c'est pas ça l'problème ! Je passe mes nuits entre les reins d'inconnus que je rencontre dans le noir, à la faveur d'un réverbère. Souvent je ne connais même pas leur nom. Je m'enfuis au matin, et comme à chaque fois je retourne vers lui. J'arrive devant cette petite porte, et j'entre sans frapper. "Je suis désolé Fel". Encore une fois. Comme d'habitude. Felix me regarde avec ses yeux rougis, il essai d'articuler un mot, mais rien ne sort, il a encore sa seringue plantée dans le bras. Je sent les larmes couler sur mes joues tandis que mes yeux sont pausé sur ce corps avachis contre le mus, je le prends délicatement dans mes bras pour le porter jusqu'à son... notre lit. Il est vraiment léger. Il ne dit plus rien, enfouissant simplement sa tête dans mon coup. Je sais, je sais qu'il me pardonne, qu'il m'aime. Les marques de coups dans son dos sont encore visibles, alors que ça doit bien faire une semaine que j'ai pas eu de crise. Je m’allonge avec lui sur ce matelas vide qui nous sert de berceau, et p*tain comme je voudrait qu'il soit assez fort pour me virer d'là ! Mais il dort déjà à moitié, l'héroïne coulant dans son sang. Je regarde cet homme que j'aime, cet homme si doux, si pur, cet homme que je pousse inexorablement vers le fond. Pourquoi ne suis-je pas simplement capable de le rendre heureux bordel ?! Je pose ma tête au-dessus de la sienne, embrassant ses cheveux bruns. J'allume un joint et je me laisse bercer par sa respiration, une boule d'amour pure et brut me brulant la gorge. "Je suis désolé." Je ne peu rien dire de plus, tandis que les larmes coulent à nouveau.

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"J'en peu plus de tes c*nneries! J'supporte plus tout ça ! Tu disparais pendant une semaine, parfois deux, puis tu t'pointes ici avec un grand sourire, mais p*tain Zef tu m'prends pour quoi ? J'suis toujours ta pute alors ? Y a rien qui a changé depuis l'lycée ?! Tu sais j't'aime moi, mais p*tain j'en peu plus d'vivre comme ça ! On 'vais être heureux p*tain, c'est c'que tu m'avais dit ! Mais t'es incapable d'être heureux Zef, t'es incapable d'aimer ! Tout ce que tu sais faire c'est détruire tout ce que tu touches ! M*rde mais j'peu plus vivre ça moi, j'vais crever d'toi sinon ! J'en ai ras le c*l d'passer mes nuits seul, à t'attendre dans l'noir ! J'peux pas vivre sans toi Zef, mais vivre avec toi c'est encore pire ! Prend ton p*tain d'sac et barre toi, fou le camp d'chez moi !"
Je le regarde sans oser lever les yeux, je sais qu'il a la joue meurtrie par mon poing, je sais qu'il va pleurer dans quelques secondes, et qu'il est hors de lui, mais j'peu pas l'assumer. Il a raison, tout ce que je touche j'le transforme en merde, tout ce que je fais c'est le détruire, presque autant que j'me bousille moi-même. J'aimerais lui coller mon poing dans la g*eule, le pousser contre le mur moisis et l'embrasser avec toute la passion fiévreuse qui m'enivre dès que je suis avec lui, je voudrais le porter jusqu'à ce lit sale et lui faire l'amour comme jamais auparavant, j'aimerais pouvoir poser mes mains sur ses joues et lui dire combien je l'aime, combien je suis désolé, combien ça me fait mal, ces mots. J'aimerais pouvoir lui promettre de tout arranger, de ne plus jamais recommencer, lui promettre que je ne partirais plus, que je vais tenir, et assumer cet amour trop puissant pour nous deux. Mais j'peux pas, je dois pas. Je sais bien que si j'reste, ça vas recommencer, encore et encore, jusqu'à ce qu'il se foute sérieusement en l'air. Alors tout ce que je fais, c'est prendre le sac qu'il vient de jeter sur les marches froides, et passer la porte, sans me retourner. Des larmes amères et cruelles tracent des sillons acides sur mes joues, alors qu'il tombe à genou devant la porte. "Ok." C'est tout ce que je dis, j'ai jamais été doué pour exprimer mes sentiments. J'entends ses sanglots me poursuivre tandis que sa silhouette disparait, avalée par la nuit. Je ne sais pas où je vais, j'suis mes pas dans le noir. J'ai envie de vomir, de hurler toute ma rage, mais tout ce qui s'échappe de ma gorge c'est ce sanglot gémissant. J'envoie mon poing se fracasser contre le mur, la douleur m'arrache un cris alors que le sang commence à couler. La douleur extérieure pour effacer celle des sentiments. Pourquoi ne suis-je pas normal ? Pourquoi suis-je incapable d'accepter le bonheur ? "Merde !"