hey, sis!

joanne & espen, terrain de foot

Au fur et à mesure que l’avion dans lequel je me trouvais s’avançait sur le sol canadien, mes oreilles bourdonnaient, laissant place à un drôle de sifflement dans mes oreilles. Depuis que je suis enfant, et même ses dernières années, je prends souvent l’avion, peut-être même un peu trop souvent, et mes tympans commencent à me faire la misère. Je mâche mon chewing-gum un peu plus, afin de désensibiliser mes tympans et d’apprécier un minimum la fin du voyage. Mes yeux se ferment peu à peu, jusqu’à ce que je m’endorme ou m’évanouisse à cause de la pression, je ne sais pas vraiment. Une fois au sol, c’est une hôtesse de l’air qui me sort de mon sommeil et de mon état second, et part récupérer mes bagages, aussi peu nombreux qu’ils soient, mon voyage étant fait un peu à la dernière minute.

L’avion depuis la Norvège avait atterri il y a environ deux heures. Ne voulant pas attendre, j’avais décidé d’aller directement retrouver ma sœur. J’allume mon téléphone, et m’aperçois que mes parents ont essayés de m’appeler plusieurs fois, et je décide rapidement de ne pas les rappeler pour le moment, je le ferrais lorsque je serais avec Joanne histoire qu’ils l’entendent aussi. Nova, ma fiancée m’a simplement envoyé un sms pour me souhaiter un bon voyage ; mais je ne lui répond pas, préférant l’avoir rapidement au téléphone. Je tape son numéro, et retrouve rapidement sa voix, la plus douce que je n’eus entendu depuis des heures. Marchant dans la rue en attendant qu’elle me réponde, je tombe finalement sur son répondeur au bout de quelques minutes. Je me trouvais désormais devant l’appartement de ma petite sœur. Je dis à ma fiancée que je dois raccrocher et que je dois la rappeler plus tard, mais  Souriant, je décide de sonner de plus belle et de me décaler de la porte afin qu’elle ne me reconnaisse pas de suite, et que sa surprise soit plus grand qu’elle ne le soit. J’entends des pas se rapprocher, puis la porte s’ouvrir, et quel fut mon étonnement lorsque je remarque que ce n’est pas Joanne se trouvant en face de moi. La personne, enceinte, me sourit et je comprends rapidement la situation : soit je me suis trompé d’adresse, ou simplement Joanne a déménagé sans m’en parler. Je m’excuse envers la jeune femme, puis décide de partir en direction du terrain de football sur lequel se trouve certainement Joanne. Je sillonne les rues de White Oak Station, puis arrive au terrain et reconnais au loin ma sœur, qui est en train de jouer en solo au niveau des buts, sans doute pour s’entrainer. Je l’admire quelque instant, me ressassant les souvenirs de notre enfance et de ses débuts au football. Je l’observe, et lorsqu’elle part boire un coup, je m’approche d’elle, le sourire aux lèvres. « Hey, frangine! » Elle se retourne, et semble d’abord surprise de ma venue ici. Je m’approche plus près d’elle pour la serrer contre moi, lui chuchotant qu’elle m’a manqué. Je la garde un petit moment contre moi, puis la lâche afin de me mettre devant elle et de la regarder. Depuis la dernière fois que je l’ai vu en chair et en os, elle n’a pas changé. Cependant, elle a l’air plus joyeuse, plus heureuse. Je lui souris, en attendant sa réponse et son étonnement de me voir ici, au Canada.

hey, sis !

espen & joanne

une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ Comme d'habitude, aujourd'hui j'ai entraînement de dix heures à midi, puis j'ai une longue pause avant de revenir à seize heures. Enfin entraînement est un grand mot. Ce matin, c'est séance de musculation, c'est la partie que j'aime le moins dans le sport, car c'est à ce moment-là que je ne peux pas toucher de ballons et tout le monde sait que ce que je préfère dans le foot, c'est justement ce contact. Mais pas de panique, je vais bien toucher un ballon ce matin ! Avant de partir au boulot, Astrid m'a laissé un petit mot dans la cuisine alors que je dormais encore pour me proposer qu'on se rejoigne en ville pour manger ensemble. Je ne peux bien sûr pas refuser, mais finissant un peu plus tôt qu'elle, cela va me laisser un peu de temps pour vaquer à mes occupations avant de la rejoindre. En gros, du temps pour tâter un peu le terrain, respirer l'air frais. C'est donc après deux heures d'exercices intensifs que je sors de la salle qui se trouve juste à côté du terrain avec mes crampons et mon ballon. Je le pose rapidement au sol et je commence divers exercices de dribble et de tir.

J'ai entamé mon entraînement depuis plus de trente minutes maintenant, ma gorge est sèche et j'ai besoin de calmer un peu mon rythme cardiaque, alors je laisse le ballon au sol et me dirige vers le banc où j'ai mis ma bouteille d'eau. « Hey, frangine ! » À ces deux mots, je me retourne et ma surprise est grande quand je comprends que mon frère se trouve face à moi. J'ai bien reconnu sa voix, mais ça me paraissait peu probable. « Espen ? » J'ai besoin d'une réponse pour être sûre qu'il est bel-et-bien là, mais à la place de ça, il s'approche de moi et viens m'enlacer. Je comprends alors que je ne rêve pas : mon grand-frère que je pensais en Norvège est juste là, à White Oak Station. Il me murmure que je lui ai manqué et je ne peux m'empêcher d'en faire autant. Malgré ma surprise, je suis ravie de le voir. Même si je risque de déchanter quand je comprendrais qu'il n'est pas forcément là que pour deux ou trois jours. « Mais qu'est-ce que tu fais ici ? » Il ne m'a pas téléphoné, ni envoyé de mails et nous n'avions pas convenu de sa venue ici. Rapidement, j'essaye de parcourir les différentes possibilités qui pourraient l'amener ici, mais rien ne me vient à l'esprit hormis une chose, que je n'espère pas. « Il est arrivé quelque chose aux parents ? Aux petits ? » J'ai pris l'habitude d'appeler nos frères et sœurs ainsi, cela m'évite d'énumérer chacun de leurs prénoms et puis c'est correct, à côté de nous, ils restent les petits. J'attends patiemment sa réponse, qu'il me rassure un peu et puis petit à petit, je réalise que sa venue ici risque de compliquer un peu les choses. Je ne leur ai jamais mentionné, à lui et au reste de ma famille, que je vivais ici avec quelqu'un, je n'ai plus qu'à espérer que le sujet n'arrive pas trop vite sur la table.

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hey, sis!

joanne & espen, terrain de foot

Lorsque ma sœur se retourne vers moi, elle semble vraiment surprise. « Espen ? » Je lui souris, et l’enlace afin de confirmer que oui, c’est bien moi qui me trouve devant elle. Joanne m’a tellement manqué que la voir en face de moi suffirait presque à me faire pleurer, du moins si j’étais un émotif mais ce n’est pas vraiment le cas. Une fois en face d’elle, c’est ma sœur qui reprend la parole. « Mais qu’est ce que tu fais ici ? » Je lui souris. Il est vrai que ma venue est une réelle surprise, organisée au dernier moment. Les membres de mon équipe de hockey n’ont pas eu le temps de m’empêcher de partir –contrairement à d’habitude- et je m’en réjoui. Quant à ma fiancée Nova et bien… disons que c’est plus compliqué. Mais peut-importe. « Il est arrivé quelque chose aux parents ? Aux petits ? » N’aillant toujours pas répondu, je remue un peu la tête. Mes parents ne sont même pas au courant de ma venue au Canada. Encore moins de mon départ en Norvège… ils le découvriront tôt ou tard, quand ils verront que je ne suis pas rentrée de la nuit, même si ils s’en sont certainement déjà rendu compte. Je regarde ma sœur. « Tu me manquais trop Jo. La Norvège, c’est nul sans toi. » A la fin de ma phrase, je pèse le poids de mes mots. La Norvège, c’est nul sans toi. Cette phrase est exagérative, mais finalement pas tant que ça. En Norvège j’ai Nova qui me réclame un enfant et avec qui je suis sur le point de me marier, il y a mes parents qui me pousse à prendre mon envol, mes autres frères et sœurs qui semblent s’amuser toujours autant à se cacher dans mon armoire pour me faire peur et a couper l’eau chaude lors de ma douche. La Norvège n’est pas nulle, simplement différente sans Joanne. C’est comme ci on retirait la neige au Canada –ou même en Norvège- et le soleil en Australie. C’est comme cela que je vois les choses. Je rassure Joanne quant à mes parents et à nos frères et sœurs. « Ils vont bien t’inquiète. Ils ne sont pas au courant de mon départ. » Je lui souris un peu, et la regarde, pensif. Depuis la dernière fois où j’ai vu Joanne, elle a vraisemblablement déménagée. Où je n’en sais rien, pourquoi encore moins mais le fait est là et je repense un instant au sentiment de honte que j’ai ressenti lorsque je me suis retrouver face à cette femme enceinte –à croire que j’en croise partout depuis que Nova me pousse à le devenir elle-même-.

Je reviens au présent afin de demander simplement à Joanne. « J’ai vu que tu avais déménagé. Quoi de neuf depuis la dernière fois ? » Je pense vaguement au fait que Joanne puisse avoir un petit ami. Après tout il est fort possible que ce soit le cas, même si je pense qu’elle m’en aurait parlé. J’en suis même sûr. Après tous, elle a été la première au courant pour Nova et moi. Mais peut-importe.

hey, sis !

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une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ Après lui avoir témoigné ma joie de le voir ici, je lui demande ce qui l'amène à White Oak Station. Rapidement, je m'imagine le pire, car après tout, pourquoi viendrait-il ici sans me prévenir ? « Tu me manquais trop Jo. La Norvège, c'est nul sans toi. » Un large sourire s'installe sur mon visage et je viens de nouveau le prendre dans mes bras. C'est vrai que la vie ici n'est plus aussi drôle que lorsqu'il était avec moi. Espen a toujours fait partie de ma vie, il a toujours été très proche de moi et rares étaient les moments où l'on n'était pas ensemble. « Ils vont bien t'inquiète. Ils ne sont pas au courant de mon départ. » Je penche légèrement la tête. « Ils ne sont pas au courant ? » Je répète cette phrase, car dans un premier temps, je pense avoir mal compris. Mais mon frère ne me contredit pas et je comprends que nos parents pensent qu'il est toujours en Norvège, à l'entraînement. L'expression de mon visage change et je me retrouve un peu énervée contre lui. « Mais tu es fou ! Ils doivent être morts d'inquiétude ! » J'ai beau être plus jeune que lui, c'est généralement moi la plus mature de nous deux. Je croise les bras sur ma poitrine et le regarde, attendant une réaction de sa part. Est-il réellement conscient de ce que son départ sans les avertir a pu entraîner ? Vu le temps qu'a dû prendre son trajet pour venir jusqu'ici, ils sont certainement déjà en train de s'inquiéter. « Appelles-les ! » Savoir que j'avais accepté de partir jouer au Canada les avaient un peu déprimer, alors je n'ose pas les imaginer quand ils apprendront que leur fils aîné est lui aussi parti de l'autre côté de l'océan Atlantique. Je soupire longuement avant de décroiser mes bras. De toutes façons, le mal est fait, alors qu'il appelle maintenant ou dans une heure, ça ne changera pas grand-chose. Le jeune me regarde et reprend la parole. « J'ai vu que tu avais déménagé. Quoi de neuf depuis la dernière fois ? » Oups. J'avais un peu oublié ce détail. J'ai toujours été honnête envers ma famille, mais pour cette partie de ma vie, je les ai tenus à l'écart. Ils ne savent pas que je suis avec quelqu'un et encore moins que cette personne est une femme. Je me racle la gorge avant de finalement lui répondre. « Oui, j'habite dans une maison plus grande maintenant. » Si je commence par cette phrase, c'est pour lui laisser l'occasion de se concentrer là-dessus et donc de négliger un peu ce qui va suivre. « Avec quelqu'un. » Je ne suis pas idiote, je sais très bien que je vais devoir lui parler d'Astrid, mais si ce moment pouvait arriver le plus tard possible, ce serait parfait. Je n'ose pas imaginer sa réaction quand je lui dirais la vérité et surtout quand il apprendra que j'ai omis de lui dire. « Je vais me doucher et on s'en va d'ici, ça te va ? » Vas-y Joanne, change de sujet de conversation rapidement, ça te rend encore plus coupable.  

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hey, sis!

joanne & espen, terrain de foot

Après ma réflexion sur le fait que nos parents ne sont pas au courant de notre départ, ma sœur répète la fin de ma phrase, avant de paniquer un petit peu. « Mais tu es fou ! Ils doivent être morts d’inquiétude ! » Je la regarde. Elle n’a pas tout à fait tord, mais je sais très bien qu’ils n’auraient jamais pu garder le secret de ma venue ici, et qu’ils auraient tout fait pour m’en empêcher. Maman est tellement sur mon dos en ce moment il faut dire. Entre Nova et les petits qui sont pénibles –sans doute l’époque de l’année-, elle est très irritable. Elle aurait prit mon départ pour une fuite si je l’avais prévenu. Je soupire un peu. Elle termine par dire que je dois les appeler, ce qui est clairement impossible pour le moment. Je n’en ai pas la moindre envie, et puis fatigué comme je suis-je n’ai pas envie de m’éterniser au téléphone avec eux sur la raison de mon départ. C’est assez dur comme ça. « Inquiets peut être, morts peut-être pas non plus. Maman se plaint d’avoir trop de travail en ce moment, ça ferra toujours un enfant en moins sur le dos. » Je termine ma phrase sur un ton un petit peu ironique, avant de poursuivre. « On ferra un skype plus tard. Ils seront heureux comme ça. »

La discussion continue, et vient au fait qu’elle a déménagée, et elle me répond qu’elle habite dans une maison plus grande, avant de poursuivre pour préciser qu’elle habite avec quelqu’un. L’idée de la colocation se termine rapidement dans ma tête. Ce n’est pas le style de Joanne, et puis elle a les moyens de vivre seule désormais. Je lui souris, en m’imaginant qu’elle a enfin trouvé un homme a son pied, depuis que les parents attendent ça de sa part. Cependant, je ne m’y attendais pas vraiment, moi qui pensait que nous allions partager un peu son logement au départ, et être tranquille tous les deux. L’idée que quelqu’un puisse empêcher mes plans me perturbe un peu, mais j’essaie de m’y faire. J’ai cependant besoin de bien plus d’informations, pour savoir si oui ou non elle est en couple, et si oui avec qui, voir si la personne est gentille avec elle. Faire mon rôle de grand frère finalement. Je la regarde à nouveau, en penchant un peu la tête. « Avec quelqu’un ? » Elle essaie de changer de sujet en proposant qu’elle aille se doucher et qu’on s’en aille d’ici, sans doute pour aller chez elle. Je trouve sa réaction un petit peu étrange, ne comprenant pas pourquoi elle a l’air de ne pas avoir envie de parler de ce « quelqu’un ». Je hoche la tête pour accepter, avant de prendre la parole. « Aucun problème, va te laver, tu pues. » Je rigole un peu histoire de détendre l’atmosphère, mais je comprend bien qu’il y a un souci. « Donc ce quelqu’un ? Il s’appelle comment ? » Je la regarde avec un grand sourire, en attendant sa réponse.

hey, sis !

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une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ Voir Espen ici ne me rassure pas, surtout qu'il ne m'a pas prévenu de son arrivée. Cela aurait enlevé le côté surprise, c'est vrai, mais il m'a fait peur, pensant qu'il était arrivé quelque chose, à lui ou à quelqu'un d'autre de notre famille. « Inquiets peut-être, morts peut-être pas non plus. Maman se plaint d'avoir trop de travail en ce moment, ça ferra toujours un enfant en moins sur le dos. » Je le regarde, d'un regard noir que je sais parfaitement faire. Parfois, on pourrait presque se demander si c'est réellement lui le grand-frère. Je peux paraître plus mature que lui, avec des décisions plus réfléchies. La preuve encore aujourd'hui. Jamais je n'aurais décidé de partir de l'autre côté de l'océan sans prévenir nos parents, sans leur dire au revoir. « On fera un skype plus tard. Ils seront heureux comme ça. » Je hoche la tête de haut en bas, appuyant ses propos. Le fait qu'il ne leur a rien dit est une chose, c'est lui qui prendra la possible colère des parents. Par contre, s'ils pensent que j'étais derrière tout ça et que je leur ai caché, c'est sur moi qu'ils s'énerveront et je n'ai pas envie, mais alors pas du tout. Ne voulant pas se faire disputer plus longtemps, il change rapidement de sujet, enchaînant sur mon nouveau logement. C'est à mon tour d'être au centre de la discussion et je n'aime pas ça, pas du tout, surtout quand je ne me retrouve pas en position de force. « Avec quelqu'un ? » Je grimace légèrement. J'ai échappé ses mots aussi vite que possible, espérant qu'il ne le relève pas, mais c'est raté. Je tente alors de faire diversion et lui propose d'en parler après, quand je serais un peu plus propre. « Aucun problème, va te laver, tu pues. » Toujours agréable à ce que je vois, il ne changera pas de ce côté-là, enfin surtout pas quand il s'agit de m'embêter un peu. « Donc ce quelqu’un ? Il s’appelle comment ? » Je hausse les sourcils, laissant le mystère planer. « On en parle après, d'accord ? » Je m'approche un peu de lui, dépose un tendre baiser sur sa joue, puis tourne les talons et m'éloigne en direction des vestiaires. La pièce est vide et ce n'est pas plus mal. La présence de mon frère au Canada et son intérêt pour la personne qui partage ma vie me laisse perplexe. C'est normal qui s'intéresse à ça, mais j'ai peur de sa réaction. Je suis avec Astrid depuis longtemps maintenant, quasiment deux ans, une relation non négligeable et pourtant, je n'en ai jamais parlé à ma famille. Finalement, je ressors rapidement de l'établissement, propre et dégageant une odeur bien plus agréable que tout à l'heure. « On va prendre un café ? » Dis-je à mon frère, essayant une nouvelle fois de repousser le sujet sensible. Il accepte et c'est dans le silence que je le guide à travers la ville. Arrivée au café où je viens habituellement, je commande et laisse mon frère en faire autant avant de payer pour nos deux boissons. Il se dirige vers une table et je le suis. Une fois assise, je commence à jouer avec ma tasse, attendant le bon moment pour lui parler. Attendre encore plus n'est pas une bonne idée, je dois lui avouer tout et tout de suite. « Il s'appelle.. »  Je me retrouve finalement beaucoup moins courageuse que ce que je pensais, mais à quoi bon essayer de mentir ? Il finira bien par découvrir la vérité. « C'est une femme. »

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hey, sis!

joanne & espen, terrain de foot

Après ma question à propos de ce fameux quelqu’un, j’ai un mauvais pressentiment vis-à-vis de ma sœur. J’ai l’impression qu’elle ne veut pas en parler, et c’est une situation que je n’apprécie pas du tous. « On en parle après, d'accord ? » Elle me dépose un bisous sur la joue, et je souris en la regardant partir vers les vestiaires. Je soupire un petit peu puis part m’asseoir sur une chaise se trouvant non loin d’eux, puis réfléchie un moment à ce quelqu’un. Si ça se trouve, elle me fait une blague et c’est un chien ou un chat. Ou peut être même qu’elle est juste en colocation… mais elle m’aurait prévenu dans ce cas présent. J’ai soudain une idée de scénario assez affreuse. Et si ce quelqu’un c’était un mec qui lui faisait du mal, et qu’elle était enceinte et que elle voulait repartir en Norvège ? Non, c’est impossible après tous, ma Jo n’est pas comme ça. Les minutes passent, et je décide de commencer une nouvelle partie de candy crush en attendant la douche de ma sœur. Je joue une dizaine de minute avant de l’apercevoir à nouveau. « On va prendre un café ? » Je la regarde en souriant. Elle sent vraiment meilleure que tout à l’heure, et ça fait du bien une odeur pareille. Après les transpirations dans l’avion des autres voyageurs, puis celle d’une sportive après son entrainement, c’est quand même mieux comme ça. « Tu sens bon. Et ouais je veux bien, ça me tiendra éveillé comme ça. » Je rigole un peu, puis nous partons en direction du centre-ville que Joanne me fait visiter un peu histoire que je me repère une fois que je serais seul. Nous arrivons finalement plus rapidement que je ne l’aurais pensé au café dans lequel Joanne a l’habitude d’aller d’après ce que j’ai compris, puis nous commandons. Un café bien corsé pour moi, je remercie le serveur en souriant. Joanne paye, et je me tourne vers elle. « Bonne éducation ! Non sérieux j’aurais pu payer quand même. » Je rigole un peu, puis nous partons nous asseoir à une table, où après quelques minutes de silence, ma sœur entame enfin la conversation sur ce fameux quelqu’un. « Il s’appelle… » Je sens qu’elle est nerveuse, tandis que moi je m’impatiente un peu de savoir qui il est. La fin de sa phrase me laisse cependant un peu sur le tas. « C’est une femme. » J’écarquille cinq minute les yeux, avant de boire une gorgée de café et de me pincer la main pour vérifier que je ne suis pas dans un rêve. Je fixe ma sœur. « Une femme ? Une amie à toi ? Ou une de tes partenaires que tu héberges, ça doit être ça. » Au vue de son regard, je comprends rapidement que ce n’est pas le cas. « Ah, j’ai compris. » Les minutes passent, et je me rends compte qu’un silence s’installe. Ma sœur vit avec une femme. Ma sœur est en couple avec une femme. Ma sœur couche… Oui bon, je retire rapidement l’idée de mon esprit, puis soupire un peu, en m’adressant à ma sœur. « Ca fait combien de temps Joanne ? » Je la regarde, sans vraiment sourire. On voit bien sur mon visage que je ne m’attendais pas à une révélation pareille.

hey, sis !

espen & joanne

une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ Il ne me faut pas beaucoup de temps avant de ressortir des vestiaires, je sais être rapide quand il faut. La proposition que je fais à mon frère semble lui plaire et c'est bien là le plus important. « Tu sens bon. Et ouais je veux bien, ça me tiendra éveillé comme ça. » Je souris, ravie de voir l'effet que peux avoir mon gel douche sur lui. C'est sûr que c'est toujours plus agréable, pour lui, comme pour moi. Généralement, je tente toujours de prendre ma douche rapidement après les entraînements et les matchs. Je pose la lanière de mon sac sur mon épaule et nous partons en direction du café. Depuis mon arrivée ici, je commence à bien connaître la ville et c'est donc tout naturellement que je lui fais visiter. Une fois arrivés au café, nous commandons et naturellement, je m'avance la première pour payer. « Bonne éducation ! Non sérieux j’aurais pu payer quand même. » « Tu viens d'arriver au Canada, dans ma ville, je t'invite. » La galanterie aurait pu être mise en avant, mais je considère Espen comme mon invité et je trouve donc logique de lui offrir ça, surtout après son long trajet. Nous allons nous installer sur une petite table, l'un en face de l'autre. Si je l'ai amené ici, c'est bien pour discuter, il a envie de savoir ce qui a changé dans ma vie et c'est important qu'il en soit informé avant que l'on aille chez moi. C'est donc sans attendre plus longtemps que je lui lâche la vérité, comme ça, rapidement, en espérant que ça passe plus facilement de cette manière. « Une femme ? Une amie à toi ? Ou une de tes partenaires que tu héberges, ça doit être ça. » Je rigole légèrement, plus gênée qu'autre chose. Je ne sais pas comment lui expliquer et je ne sais pas si je serai capable de le faire. Ce fut déjà assez dure de lui avouer qu'une femme partageait ma maison, ma vie, je ne pourrais rien lui dire de plus, il va devoir faire marcher son imagination. C'est donc avec mon regard que j'essaye de lui faire comprendre. « Ah, j'ai compris. » Je soupire légèrement, de soulagement. Petit à petit, un silence s'installe entre nous. Comme je m'y attendais, ma déclaration a eu l'effet d'une bombe. « Ca fait combien de temps Joanne ? » Je suis restée longtemps concentrée sur ma tasse et la question du jeune homme me surprend. Je relève le visage et plante mon regard dans le sien. Annoncer à mon frère que je sors avec une femme est une chose, lui annoncer que ça fait plusieurs années que ça dure s'en est une autre, c'est encore plus compliqué. « Longtemps.. » Je baisse les yeux, honteuse. Ce n'est que maintenant que je comprends à quel point cela doit aussi être compliqué pour lui, d'apprendre ça, comme ça, alors qu'il pourrait au courant depuis de longs mois maintenant. « Presque deux ans. » Je me racle la gorge et reporte mon attention sur Espen. J'ai envie et besoin de connaître sa réaction. Comme je pouvais m'y attendre, un nouveau silence s'installe entre nous et ce n'est que quelques minutes plus tard que je décide de relancer le dialogue. « Je suis désolée de te l'annoncer que maintenant et dans de telles circonstances. » Pas de décès ou d'accident comme pourrait le laisser paraître ma phrase, mais bel-et-bien que s'il ne se tenait pas face à moi, il n'en saurait encore rien. Je fais cette déclaration par obligation, dans la hâte, avant qu'il ne tombe nez-à-nez avec la jeune femme. « Elle s'appelle Astrid. » Dis-je, comme pour essayer d'apaiser les choses.

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hey, sis!

joanne & espen, café

Lorsque je remercie Joanne d’avoir payé en aillant évidement précisé que j’aurais pu le faire, elle prend la parole. « Tu viens d'arriver au Canada, dans ma ville, je t'invite. » Je la remercie encore une fois, puis lui souris, et la conversation prend son envol par rapport à la fameuse personne avec qui vit Joanne. […] Je comprends rapidement que cette personne n’est pas une simple personne, mais qu’elle est sa petite amie. Je vais l’avouer, mais je ne m’attendais pas vraiment à apprendre en arrivant au Canada que ma sœur est homosexuelle. Je ne suis pas homophobe, loin de là, mon meilleur ami est même gay, mais de savoir qu’elle me la caché cela me blesse un peu. Je lui demande depuis combien de temps elle sort avec, et ma sœur me fixe dans les yeux. Si cela se trouve, ça ne fait que quelques semaines. Voire même quelques jours seulement, et c’est pour cela qu’elle ne m’en a pas parlé. Je me rends rapidement à l’évidence que ça fait beaucoup plus longtemps lorsqu’elle me répond. « Longtemps… » Elle baisse les yeux, et moi aussi. J’attrape ma tasse de café, et boit une gorgée alors qu’à nouveau, le silence s’installe. Je n’ose rien dire, ne voulant pas la brusquer. Franchement, j’suis cool comme frère, je suis calme et tout. Non en vrai, c’est le choc qui me calme. Mais au fond de moi, il y a quand même de la colère qui dort. « Presque deux ans. » Je relève les yeux vers elle, et la fixe, d’une façon pas forcément amicale. Le silence retentit à nouveau. Deux ans. Pétard. C’est long deux ans. Je pousse un très long soupir, deux ans, c’est juste pas possible ! C’est trop long. Je me prends la tête dans mes mains pour réfléchir, et surtout pour digérer la nouvelle. Au fond de moi, j’ai l’impression d’être dans un rêve, ou plutôt un cauchemar, et de ne pas réussir à me réveiller. Joanne relance le dialogue, et je relève la tête vers elle. « Je suis désolé de te l’annoncer que maintenant et dans de telles circonstances. » Je lui lance à nouveau un regard un peu énervé, voir même beaucoup, puis le son de ma voix se fait entendre, très légèrement. « Excuse toi ouais. » Je ne sais pas vraiment si elle a entendu mes mots, mais j’avoue que ce n’était pas très aimable à entendre si c’est le cas. Elle prend à nouveau la parole, et je l’écoute. « Elle s'appelle Astrid. » Je rigole, non pas car c’est drôle mais car un souvenir retentit. Lorsque j’étais ado, ma professeure de français s’appelait Astrid. Alors l’idée que sa meuf (ce terme me fait mal) s’appelle pareil, ça me fait rire. Bizarrement, j'ai hâte de rencontrer cette fille. Je ne sais pas si c’est amical ou quoi, je ne sais pas. J’espère qu’elle est cool quand même. Je regarde ma sœur dans les yeux, et lâche mes mots. « Bon sang Joanne ! Deux ans. Deux ans que tu me caches un truc pareil ! Et tu osais tout à l’heure me reprocher de ne pas avoir prévenu les parents. » Je reprends mon souffle, puis poursuis. « Ils vont être malades. Fous. Pire que ça même. Déjà que maman est stressée en ce moment, mais là je n’imagine pas. Non mais franchement ! Deux ans bon sang ! Tu aurais pu m’en parler. Tu aurais du. » Mes yeux la fixe, et montre très bien que je suis un peu en colère quand même. Je poursuis, en essayant de me calmer un peu, et de comprendre. « Non franchement Joanne. Je suis content pour toi, si tu es heureuse. Mais pourquoi tu m’en a pas parlé ? Je te parle de tout moi. De Nova, sans rentrer dans les détails, mais tu es au courant de quasiment tout ! DE TOUT ! » Je respire, puis continue à nouveau. « Pourquoi Joanne ? Je t’aurais pas mangé, et je suis pas de ces gens là qui aime pas les homos quoi ! Sérieusement, Pierrick est gay quoi. » Pierrick, c’est mon meilleur ami. Et elle est bien au courant qu’il est gay. Alors vraiment, je ne comprends pas. Je la regarde dans les yeux, attendant sa réponse, en espérant avoir des précisions sur le pourquoi du comment.

hey, sis !

espen & joanne

une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ La bombe est lâchée et malgré mes excuses, Espen semble toujours énervé contre moi, contre le gros morceau de ma vie que je lui ai caché. « Excuse toi ouais. » À cette phrase, mon sang se glace. Mon frère n'est là que depuis une heure, même pas, et je suis déjà en train de me le mettre à dos. Je viens pincer ma lèvre inférieure entre mes dents, m'empêchant ainsi de craquer face à lui. J'ai cherché tout ça, alors je dois rester forte. Je décide de passer à autre chose, de lui parler un peu d'elle. Peut-être que comme ça, il s'apaisera un peu. Mais sa réaction est loin de correspondre à celle que j'attendais et je soupire longuement avant de baisser une nouvelle fois la tête. « Bon sang Joanne ! Deux ans. Deux ans que tu me caches un truc pareil ! Et tu osais tout à l'heure me reprocher de ne pas avoir prévenu les parents. Ils vont être malades. Fous. Pire que ça même. Déjà que maman est stressée en ce moment, mais là je n'imagine pas. Non mais franchement ! Deux ans bon sang ! Tu aurais pu m'en parler. Tu aurais dû. » Je sais, c'est honteux. En arrivant ici, il y a eu Sacha dans ma vie. Au départ, c'était une expérience, mais avec Astrid, je ne peux plus dire cela et j'aurais dû parler d'elle à ma famille, je le sais. « Espen.. » Si seulement son prénom peut l'apaiser. Mais non. De ma place, je ressens la colère qui est en lui et ce n'est pas quelques mots qui pourront le calmer. « Non franchement Joanne. Je suis content pour toi, si tu es heureuse. Mais pourquoi tu m'en as pas parlé ? Je te parle de tout moi. De Nova, sans rentrer dans les détails, mais tu es au courant de quasiment tout ! DE TOUT ! » Je hoche la tête de haut en bas. Je suis consciente que tout ce qu'il me dit est justifié et je peine à trouver ma place en ce moment. J'aimerais bien m'enfoncer dans ma chaise et ne pas revenir avant plusieurs jours, voire mois. « Pourquoi Joanne ? Je t'aurais pas mangé, et je suis pas de ces gens-là qui aime pas les homos quoi ! Sérieusement, Pierrick est gay quoi. » Mes doigts passent sous mes yeux, essuyant sur leur passage les larmes qui ont pu se former, puis ils remontent jusqu'à mes tempes. Je reste ainsi, silencieuse, pendant plusieurs minutes. Je recherche ce que je pourrais bien lui dire. Il me faut une réponse valable, quelque chose qui le convainc. Mais finalement, aucune raison valable pour mon silence ne me vient en tête. J'ai eu peur, c'est tout. « Pierrick est un ami Espen, peut-être le meilleur pour toi, mais ça reste un ami. Ce n'est pas ton frère. » Il faut se faire à l'idée que quelqu'un qui partage le même sang que toi aime une personne du même sexe et ce n'est pas toujours facile. Espen est certainement ouvert d'esprit, mais ce sera peut-être une autre histoire pour nos parents. Ils ne pourront pas avoir de petits-enfants ''biologique'' de ma part, ni de mariage traditionnel et pourtant, je sais très bien que c'est ce que rêve ma mère depuis que je suis toute petite. « J'ai eu peur. Les parents sont des personnes ouvertes, mais je ne pouvais pas connaître leur réaction. C'est bien beau d'accepter l'homosexualité chez des amis, il faut aussi le faire dans sa propre famille. Imagine qu'ils n'acceptent pas ce côté de moi, je fais quoi ? » Ayant toujours été proche de ma famille, je ne supporterais pas d'être mise de côté, d'être exclue. Je passe une main dans mes cheveux, puis viens poser les deux sur la table. « Je suis heureuse avec elle, je l'aime vraiment et si je devais être amenée à faire le choix entre elle et les parents, je serais devenue folle. Du coup, j'ai gardé tout ça pour moi. Je suis désolée Espen, vraiment. » Je viens attraper ses mains et je les serre entre les miennes.

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hey, sis!

joanne & espen, café

J’observe Joanne passer ses doigts sous ses yeux pour essuyer ses larmes, et la voir comme ça me rend particulièrement mal à l’aise. Le silence s’installe doucement après mes paroles, poignantes  et surtout blessantes dans un certain sens. Je ne veux pas rendre Joanne mal, mais savoir qu’elle m’a caché la vérité me rend plutôt nerveux. J’essaie de trouver une raison, j’ai essayé de la rassurer pour montrer que je suivrais ses choix, que je ne suis pas homophobe, mais j’ai du mal à comprendre. Je me retourne vers le serveur afin de recommander deux cafés, nous en avons bien besoin, vraiment, puis Joanne reprend la parole. « Pierrick est un ami Espen, peut-être le meilleur pour toi, mais ça reste un ami. Ce n'est pas ton frère. » Je soupire. Dans un sens, elle a raison, Joanne. Pierrick, j’ai accepté son homosexualité parce que je n’avais pas le choix, et puis ça ne m’atteint pas vraiment (même si j’ai du mal à me foutre torse nu devant lui, et on en rigole parfois), alors que ma sœur elle, et bien c’est ma sœur et son homosexualité m’atteint en plein cœur. Ça ne changera rien à ma vie, enfin peut-être un petit peu quand même, mais au final, l’important c’est qu’elle soit heureuse. Lorsqu’elle reprend la parole, je sens dans son timbre de voix qu’elle est vraiment anxieuse, ce qui n’est pas le cas d’habitude. « J'ai eu peur. Les parents sont des personnes ouvertes, mais je ne pouvais pas connaître leur réaction. C'est bien beau d'accepter l'homosexualité chez des amis, il faut aussi le faire dans sa propre famille. Imagine qu'ils n'acceptent pas ce côté de moi, je fais quoi ? » Je soupire à nouveau. Même moi, je ne sais pas comment les parents vont réagir. Papa lui je doute qu’il ne s’énerve, il sera sans doute  choquée, mais maman c’est une autre histoire. Elle aime trop les traditions, et elle rêve tellement d’être une famille normale. Déjà le fait d’avoir cinq gamins ça fait tourner les regards vers nous, mais avec une homosexuelle ? Je ne sais pas comment elle va réagir, mais je me mets soudain à comprendre Joanne. Lorsque j’ai annoncé à notre mère que je ne voulais pas d’enfants pour le moment avec ma fiancée, elle est devenue complètement folle, elle voulait presque me faire changer d’avis. Notre mère est une personne adorable, qui aime ses enfants, mais qui a surtout parfois des réactions inappropriées, et je comprends que Joanne ai peur de lui annoncer. « Je suis heureuse avec elle, je l'aime vraiment et si je devais être amenée à faire le choix entre elle et les parents, je serais devenue folle. Du coup, j'ai gardé tout ça pour moi. Je suis désolée Espen, vraiment. » Après ses paroles, elle attrape mes mains et les serres dans les siennes. Je lui adresse un petit sourire histoire de la rassurer. Sa raison, sa peur, le fait de mieux comprendre fait peu à peu retomber ma colère, et je me contente du silence pendant quelques minutes. Elle est tellement honnête et sincère quand on l’entend parler de sa copine, c’est beau à voir. Je n’ai jamais vu Jo comme ça, mais c’est tellement cool. Au fond de moi, en fait, Joanne c’est encore un bébé je crois.

Au bout de plusieurs minutes, je décide de rompre le silence et de reprendre la parole. Je serre les mains de Joanne dans les miennes. « Je vois. » Je respire, puis continue sur ma lancée. « Je suis content que tu sois heureuse Joanne, tu sais très bien que je ne veux que ton bien hein ? Je comprends mieux ta peur, mais tu aurais quand même du m’en parler, au moins à moi. J’aurais rien dit, tu le sais Jo. » Je lui souris, puis poursuis à nouveau. « Et même que si tu veux mon avis, on pourrait garder ce secret encore un peu. Maman est à cran là en ce moment. Sérieusement. Un jour de plus, un jour de moins, ça n'y changera pas grand chose. » J’essaie d’être le plus sincère possible dans mes paroles, et cela se ressent. Ma colère est retombée, et ce qu’il reste d’elle ne se ressent plus dans mes paroles, et je suis devenue à nouveau le Espen que je suis. Je regarde Joanne, puis me lève pour la prendre dans mes bras. Elle ne s’attendait peut-être pas à ce geste de ma part, mais je vois très bien qu’elle est toute bousculé de m’avoir avoué sa relation, et je n’aime pas la voir comme ça. Je la serre un moment contre moi, puis reprend la parole. « Il va me falloir du temps Joanne pour m’y faire. Mais je vais faire des efforts ok ? Tu grandis trop vite, moi j’arrive plus à te suivre. » Je lui souris un peu histoire de détendre l’atmosphère, puis me retire des bras de Joanne pour l’avoir en face de moi.

hey, sis !

espen & joanne

une famille qui crie est une famille unie. ✻✻✻ Dire que je cherche à me justifier serait mentir, enfin en partie. Aucune de mes excuses n'est valable. J'aurais dû tout avouer à Espen, à mes parents et aux autres membres de ma famille dès le début. Je n'aurais pas dû me cacher, je n'aurais pas dû leur cacher la personne que je suis. À travers les club où j'ai grandi et progressé, on m'a toujours dit que j'étais une personne courageuse. Mais ce n'est pas vrai, à la première difficulté j'ai flanché et je me suis cachée. Maintenant, il est trop tard et je ne peux que récolter le résultat de deux ans de mensonge. Au plus profond de moi, j'espère que mes paroles auront un impact sur mon grand-frère, qu'il se calmera un peu et qu'il arrêtera de me détester, enfin si c'est ce sentiment qu'il éprouve actuellement pour moi. Ce serait quand même dommage pour lui de devoir repartir aussi vite parce qu'il a appris que je sortais avec une femme. Un silence s'installe entre nous, il devient même rapidement étouffant. Il y a toujours eu un lien particulier entre Espen et moi, un lien différent de celui que j'entretiens avec mes autres frères et sœurs et ce n'est pas dans nos habitudes d'avoir autant de blancs dans nos discussions. Les mains du jeune homme resserrent les miennes et je relève les yeux pour le regarder. « Je vois. » Sa voix semble beaucoup plus calme et rien que cela, ça m'arrache un timide sourire. « Je suis content que tu sois heureuse Joanne, tu sais très bien que je ne veux que ton bien hein ? Je comprends mieux ta peur, mais tu aurais quand même du m'en parler, au moins à moi. J'aurais rien dit, tu le sais Jo. » Je pense mes lèvres entre elle et opine à ce qu'il vient de dire. Espen n'a jamais été du genre balance, il était même du genre à prendre ma défense, j'aurais dû lui dire ce qu'il se passait au Canada ou au moins le mettre sur le chemin avec quelques indices. « Et même que si tu veux mon avis, on pourrait garder ce secret encore un peu. Maman est à cran là en ce moment. Sérieusement. Un jour de plus, un jour de moins, ça n'y changera pas grand-chose. » Je rigole légèrement à sa remarque et viens une nouvelle fois essuyer les larmes qui ont pu couler le long de mes joues suite à son beau discours. « En effet, si on tient à son cœur, on devrait peut-être éviter de lui avouer que son fils est parti de l'autre côté de l'océan et que sa fille est homosexuelle le même jour. » À peine ma phrase terminée, Espen se lève. Je fronce légèrement les sourcils. Il me dit cela et s'en va ? Mais non. À ma plus grande surprise, il se rapproche de moi et me prend dans ses bras. Mes membres supérieurs viennent entourer son corps et je le serre un peu plus contre moi, profitant ainsi un maximum de ce contact. « Il va me falloir du temps Joanne pour m'y faire. Mais je vais faire des efforts ok ? Tu grandis trop vite, moi j'arrive plus à te suivre. » L'étreinte entre nous se finit et nous nous éloignons légèrement l'un de l'autre. « Tu sais.. ça fait quelques temps que je ne suis plus un bébé. » J'ai pris mon envol assez tôt et j'ai dû apprendre à me gérer seule rapidement. Il s'est passé beaucoup de choses, notamment à mon arrivée ici, mais je ne pense pas qu'il soit utile de lui parler de Sacha maintenant. Nous reprenons tous les deux places sur nos chaises respectives et après avoir bu une gorgée de mon café, je reprends la parole. « C'est une fille super, tu devrais l'adorer. » Il est facile de voir dans mes yeux tout l'amour que j'ai pour la jeune femme. Dès que je parle d'elle, mon coeur s'emballe et je ne peux m'empêcher de sourire. « Elle est.. un peu plus vieille que moi, mais comme on dit, l'amour n'a pas d'âge. » La différence entre Astrid et moi ne saute pas forcément à l'oeil, mais elle est bien présente. Sept ans.

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joanne & espen, café

Suite à ma proposition de garder encore un peu le secret, Joanne rigole un peu et essuie à nouveau ses larmes. « En effet, si on tient à son cœur, on devrait peut-être éviter de lui avouer que son fils est parti de l'autre côté de l'océan et que sa fille est homosexuelle le même jour. » Je hoche la tête, puis la prend dans mes bras. Je la serre contre moi, et elle fait de même. Ce moment m’avait manqué, de l’autre côté de l’Atlantique je ne pouvais pas la serrer contre moi, à moins de serrer une de ses peluches mais c’est un peu enfantin et étrange. Nous nous éloignons l’un de l’autre, et Joanne est la première à prendre la parole. « Tu sais.. ça fait quelques temps que je ne suis plus un bébé. » Je baisse un peu la tête. Au fond elle a raison, elle est partie de la maison depuis pas mal de temps maintenant, mais je n’arrive toujours pas à m’y faire. C’est trop un vide sans elle. « Tu devrais redevenir un bébé. » Je rigole un peu, puis me rassoie à ma place et Joanne fait de même, puis elle boit une gorgée dans sa tasse pendant que je regarde le sol. La discussion autour de sa copine reprend, et je bois moi aussi un peu de café comme pour me donner du courage. « C'est une fille super, tu devrais l'adorer. » Les yeux de Joanne pétillent, et elle se met à sourire. Ma sœur est visiblement vraiment amoureuse, et la voir ainsi me fait à la fois plaisir et étrange. Je suis content de la voir heureuse, et à la fois, je ne l’ai jamais vu aussi heureuse depuis qu’elle est née. Elle semble tellement épanouie, et contente de sa relation que je pourrais presque pleurer de joie. « Si tu le dis. » Je suis légèrement froid, mais mon sourire camoufle mes sentiments. Sa copine est peut-être super, mais je ne suis pas vraiment sûr de l’adorer comme elle le dit. Elle poursuit. « Elle est.. un peu plus vieille que moi, mais comme on dit, l'amour n'a pas d'âge. » D’un coup, j’ai un peu peur de la différence d’âge. Je l’imagine trente ans au dessus d’elle, plus vieille que nos parents et je prend un peu peur. « Elle n’a quand même pas cinquante ans, rassure moi ! » Je rigole et elle aussi. Elle me répond qu’elle est seulement âgée de sept ans de plus qu’elle. Puis la conversation continue, et continue sur sa relation. Elle me parle d’elle, qu’elle est institutrice, qu’elle fait de la pâtisserie. Et puis la conversation part sur ma relation avec Nova, et puis sur les parents. Nous continuons de parler ainsi jusque la tombée de la nuit où elle m’annonce qu’elle est de sortie ce soir et qu’elle ne sera pas à la maison, mais qu’Astrid devrait rentrer. Ma déception s’affiche sur mon visage, et je me dis finalement qu’être seul ne pourra me faire que du bien.

fin