thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
♡♡♡

la lune épouse le soleil de ses cratères célestes tandis que l'orage menace, farouche il te guette. agnès tu ne comptes plus les larmes qui coulent et les mascaras épuisés, fatigués de salir tes joues pâles. non, tu ne comptes plus les regards de travers et les murmures sur ton passage, ceux des commères de bas-étages. parce que plus rien ne compte quand il n'est pas là. il t'a tué, tu l'as achevé. tu t'es enfuie aussi loin que tu pouvais, et tu n'as plus reposé les pieds dans ces ruines dorées. tu t'es laissée mourir au loin, emportée par la brume de nicotine, tu t'es laissée emporter et te voilà larguée. à quoi ça sert de vivre une vie sans lui? à rien. ça fait des heures que t'es assise sur ce banc déchiré, des heures que tu pleures pour ce coeur qui ne bat plus, dans l'ombre de ses sourires et dans le flot amer des souvenirs. des heures que tu retraces les chemins de votre enfance à deux ou à milles, que tu grimpes aux arbres et t'écorche les mains, des heures que tu hasardes marmonnant dans le vide son nom qui n'réponds pas : oman.

agnès la pluie tombe et les passants se font sombres : ils ne te regardent plus princesse, ils courent pour fuir la crève et les larmes des anges, ils courent dans les maisons chez les amis chez les amants. t'essaie vainement de protéger tes affaires, cherchant des yeux un abri, quelque part où dormir ce soir. et la seule chose sur laquelle tu bloques c'est sa silhouette qui te passe devant. fantôme de ses souvenirs, princesse tu hallucines. c'est son ombre qui se dessine,parmi la pluie qui te fait divaguer, son ombre qui tourne au coin en silence, que tu poursuis, le soleil noir de tes nuits blanches.
il est là.
thybault?

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
♡♡♡

il aurait du tracer. filer comme un voleur. un p'tit con comme on en fait plus, qu'on croise à tous les coins de rues. un pauvre enfoiré qui possède plus qu'un vieux cliché pour se masturber. il aurait du. mais thybault reste le thybault qu'elle a connu. le gars sympa, au sourire avenant, le mec accueillant aux bras trop grands.
un long soupire s'échappe de ses pauvres lèvres meurtris. par trop de fois mordues jusqu'au sang à s'en vouloir, à plus pouvoir.
il a le palpitant meurtri, répandu sur le sol de sa chambre en pièces de mille.
il arrête ses pas dans la terre molle de pluie. il sent l'orage qui menace, menace au dessus de lui. rentre oman. fais comme si t'avais rien vu.
thybault ?
rien entendu.
il pivote vers elle, les cheveux déjà bien lourd de la tristesse du ciel qui se dépeint sur lui. agnès.
le nom qui effleure ses lèvres n'est qu'un vieux murmure du passé. un souvenir douloureux qu'il a du mal à évoquer.
pourtant elle se tient devant lui la poupée fauve, la belle éplorée, la princesse à secourir des contes de fées.
il est un peu gauche alors que ses stan smith se couvrent de terre. mais il se fiche bien de la saleté du sol. lui tout ce qu'il voit c'est la beauté de cette personne.
agnès putain.
il a la gorge nouée d'un trop plein de maux qui menacent se l'écorcher. d'un trop plein de mots qui menacent de s'échapper.
il a trop de choses à lui dire, et alors que ça menace de s'enfuir, il s'approche, il éclabousse autour d'eau, marchant dans les flaques boueuses alors que les éclairs débutent leur redoutable concert. il écarte les mèches rousses qui l'empêche d'accrocher le regard de la belle. il se fiche de l'explosion de la planète.
il a devant ses yeux son étoile pure, sa comète.

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
♡♡♡

agnès, t'aurais du te taire et le laisser passer son chemin, à nouveau. ( encore. ) parce qu'après tout, il n'étais pas revenu, le prince. il était parti avec la nouvelle reine, te laissant pleurer dans les coins sombres et les bras louches. il était parti pour ne plus jamais revenir, thybault.
et le voilà, sous la pluie. le voilà qui se tourne vers toi, princesse déchue au cœur brisé, palpitant dysfonctionnant, asphyxié, disloqué par tout ses sentiments. et laissé vide, vide de sens. vide d'espoir. ( vide de lui. )
son regard te consume, et ton nom qu'il souffle entre ses lèvres abîmées. le tien.
agnès.
la pluie tombe encore plus et l'orage n'a plus le pouvoir d'éteindre la flamme, âcre feu qui se rallume en toi, incandescente poupée, brûlée et brûlante de cet amour encore vivant.
agnès putain.
ça y est il se rappelle, ça y est il te voit. il te voit, oman, tremblante sous la pluie, abandonnée au bord de la route. il te voit et prends ton visage entre ses mains, repousse les mèches rebelles qui cachent ton regard mouillé, ton regard qui cherche le sien. le monde sombre et le monde tombe aux mains des fous, c'est l'orage qui gronde et le ciel qui se déchaîne.
thybault? c'est toi?
t'es plus sûre de rien, t'as trop mal au cœur pour y croire. tes mains cherchent les siennes, ton regard s'accroche au sien. sous la pluie et sous l'orage, c'est la fin des temps mais il est là.
et entre tes lèvres, trois petits mots qui tremblent mais que tu n'avoues pas. qui font mal. alors juste,
( et si tu m'aimes,
ne pars plus. )

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
♡♡♡

il en a tellement foiré des instants le gamin au coeur déviant, à l'esprit échauffé de ses douleurs passées. il en a tellement souillé la jolie poupée de sa connerie. il l'a simplement démoli.
pour une simple et sauvage envie de vengeance. il a putréfié son nom d'hématomes. il a bleui le regard de son amour, il a fait chuter le printemps de ses iris pour y laisser flotter des océans de rancoeur.
agnès putain, tu pourras me pardonner ?
il l'a terni, il l'a pourri la fleur vermeille. il a dégueulassé c'coeur dont il s'était juré de prendre soin.
gamine tu souris plus ? pourquoi ? parce qu'aux commissures de tes lèvres ce ne sont plus des pommettes mais des meurtrissures, des blessures, des putains d'égratignures.
il voudrait la faire sourire, refaire germer dans ses iris c'qu'il a dérobé de ses propres mains sales.
thybault? c'est toi?
il peut plus s'cacher, il peut plus mentir. alors doucement, doucement il expire. acquiesçant de ce faible hochement de tête, cherchant délibérément à s'emparer de ce trésor interdit. il ose pas. il ose pas les prendre à nouveau ces lèvres qui chuchotent son prénom. il ose pas se les approprier parce qu'elles ne sont pas à lui.
définitivement pas.
alors il se contente de dire oui, d'acquiescer comme un pantin déréglé.
oui. oui c'est moi. j'suis là. j'ai pas disparu tu sais.
il a le palpitant de porcelaine qui se fendille, qui s'éparpille en morceaux brisés de poudre blanche. il y a dans ses yeux qui brillent le souvenir dévorant de ce qu'il a osé dire, de ce qu'il a eu le cran de faire.
se rebeller pour des vanités.
malgré c'que j'ai fait. j'ai pas disparu.
il a beau jeu le magicien réapparu. il sait pertinemment que ça suffira pas. que les comètes se brisent et que les falaises s'épuisent. sous ses pieds ça se dérobe.
il a merdé comme un bel enfoiré.

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
♡♡♡

cours, fuis. prouve que tu existes encore, prouve que tu respires, prouve que tu vis. cours, fuis. juste une dernière fois. sèche tes larmes et relève toi, fais sortir l'air de tes poumons, fais battre ce coeur une dernière fois jusqu'à la fin des temps. assez pour que lui aussi il se brise sur le bitume, que lui aussi endure le manque et la peine, qu'il broie du noir et reste dans le brouillard. qu'oman tu déchires son palpitant.
si seulement.
si seulement tu en avais encore la force gauthier.
oui. oui c'est moi. j'suis là. j'ai pas disparu tu sais.
fabulateur, sacré magicien. oman il a disparu, oman il s'est épris, le coeur prisonnier d'une autre. il s'est envolé, il n'a même pas cherché à revenir. sûrement trop occupé à goûter à toutes ces princesses dorées, ces divines vanités.
et sous les océans perchés au dessus de leurs têtes, il sourit.
il sourit, et tu te déchires. tu vacilles entre douleur et colère, sombre délire.
malgré c'que j'ai fait. j'ai pas disparu.
les larmes redoublent tandis que l'orage gronde, étouffant un rire méprisant, méprisé. t'essaie vaguement de te détacher de lui, le repoussant sans jamais le quitter. oman il ne sait pas qu'il a éteint les étoiles de son ciel et percuté le soleil de son système solaire, petite comète.
il t'a détruit comme personne ne l'avait jamais fait.
t'aurais du disparaître.
l'amertume aux coins des lèvres, tu finis par déposer ton regard humide sur le sien.
pourquoi t'as fait ça, thybault? pourquoi tu reviens..?

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
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il a beau jeu le môme quand sous ses paumes enfumés de mensonges suintant de vérité il y a l'eau de ses larmes et la pluie salée. il a profané le soleil thybault, il a enterré la lune, brûlée d'ecchymoses galactiques.
connard. bâtard. crevard.
il a le poids des mecs orduriers, de ceux qui font chialer les filles et éclater les coeurs. il a le puzzle d'un palpitant de diamants entre les phalanges tuméfiés de ses dernières colères d'enfoiré. il a l'injection dans les veines de son blasphème, il a le sang qui circule du venin écoeurant de sa trahison.
t'aurais du disparaître. brûle les lèvres de vénus. t'aurais du mourir l'autre soir, s'étrangle perséphone, reine des enfers. elle le dit pas mais ça résonne. écho morbide des vies qu'il gâche à longueur de temps.
gamin t'étais bien, pourquoi t'as dévié autant ?
pourquoi t'as fait ça, thybault? pourquoi tu reviens..? les cascades qui découlent de ses yeux, tordent un peu plus le ventre d'oman. il a perdu son sarcasme, il a perdu sa vengeance. elle a rien pigé que sa propre descente aux enfers.
j'aurai peut-être du mourir ouais. ça aurait épargné des désagréments à beaucoup de gens. ses dents se crispent un peu alors que ses yeux divaguent, se perdant dans l'écho maronnasse de la bout qui bouillonne à leur pied. mais j'ai fait ça pour qu'tu comprennes. que t'apprennes enfin c'que c'est que l'indifférence.
il a les phalanges blafardes de trop serrer les poings, il a le regard emprunt de la tristesse des princes déchus, des repentirs aux armes échouées au sol. parce que quelques mois d'mon indifférence, ça vaut définitivement pas toutes les années de ton absence. il relève les deux ambres moirés sur le visage de la poupée, cherchant l'étincelle de culpabilité qu'il voudrait encore éveillé.
j'ai foiré agnès.
mais t'as foiré la première.
et d'ton mépris. ton putain de mépris princesse.
il a le coeur au bord des lèvres, l'envie de gerber, de dégueuler cet absinthe vaniteux de leur relation bancale. quand est-ce qu'on arrête ? quand est-ce qu'on abdique la couronne des rois ?
quand est-ce qu'on s'aime agnès ?

thybault & agnès
et si deux tours manquent à new-york,
mon amour toi, tu manques à moi.
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la peine se répand, fait battre ton palpitant. chaque battement semble être un dernier supplice, une dernière fois encore, un dernier battement de cils, des derniers mots lancés à la volée. puissants, puissants comme des épées qui traversent la chair de l'être aimé. l'être désiré. l'être qui a tout brisé, entre deux amours, deux baisers échangés. il a brisé les derniers espoirs, il a rallumé la flamme oman, lancé l'allumette dans tes mains tendues vers le ciel, cruel eden d'où tombait une pluie kérosène. t'es devenue le feu dans la nuit pâle, t'as laissé tes poumons et ton cœur se remplir de fumée noire. et le voilà qui revient, sous la tornade de tes sentiments, le voilà lui et ton cœur qui se dessine sur sa peau diaphane, galaxies des ecchymoses, comètes des amours. agnès tu perds la tête, ta gorge se serre, étau de souffrance inavouée. quelques mots s'en échappent, ta voix se perds entre deux sanglots vainement étouffés.
j'aurais peut-être du mourir ouais. ça aurait épargné des désagréments à beaucoup de gens. mais j'ai fait ça pour qu'tu comprennes. que t'apprennes enfin c'que c'est que l'indifférence. parce que quelques mois d'mon indifférence, ça vaut définitivement pas toutes les années de ton absence.
les secondes, les minutes. les jours entiers à se dire que tout est fini, qu'on a tout gâché. que jamais la machine ne recommencera à marcher, cette fois-ci sur les battements d'un cœur, d'un cœur qui aime, d'un cœur qui ressent. mais il n'y a que le vide et le froid, et la machine s'est arrêtée en même temps qu'il a déserté, le prince de ses nuits froide. et puis les mois, les années qui passent. celles qui semblent durer des siècles, qu'on compare à l'éternité. agnès enfin tu comprends, enfin tu ressens. senteurs d'absintes comme seule compagnie, tu te souviens. tu te souviens de ces regards insistants, de ses mains, innocemment posés sur les tiennes. pauvre gamin au cœur amouraché d'une poupée. gamin devenu roi, poupée perdant la foi.
et d'ton mépris. ton putain de mépris princesse.
princesse.
ça te heurte, ça te fends le cœur. il a encore l'espoir de te voir devenir reine, le bon petit prince. sourire triste au coin des lèvres, tu finis par te détacher, reculer. peut-être pour mieux détaler, s'enfuir sans même se retourner. espérer que ce n'est pas la fin du monde. encore un peu.
mais, et si ça l'était?
je suis désolée je..
et si ça l'est, la fin du monde, alors t'avoue tout. la peur, la culpabilité. les regrets et les remords. l'amour, surtout. l'amour qui s'éteindra peut-être à jamais.
non, je suis pas désolée. la vérité, c'est que je t'ai aimée depuis la première fois que je t'ai vue, depuis ma fenêtre. je venais de déménager avec mon père, et tu m'espionnais d'en bas. je t'ai parlé parce que je savais que si je ne le faisais pas, je le regretterais. je ne l'ai jamais regretté. sauf que les sentiments grandissaient, et j'y arrivais pas, j'avais peur, tu comprends.. j'avais peur alors j'ai commencé à devenir la agnès que tu détestes. l'indifférente, la princesse. je t'ai tellement repoussé, je t'ai tellement détesté d'être toujours là.. quand tu m'as sauvé, je suis devenue fragile, parce que je pouvais enfin montrer que je t'aimais, mais je t'avais tellement blessé que tu m'as puni en retour, et tu vois, thybault.. j'ai pas supporté! je voulais pas être l'esclave de mes sentiments que je cachais depuis des années, et c'est horrible, tu sais, parce que je t'aime thybault oman, je t'aime depuis toujours et.. et j'ai peur! j'ai peur de tellement t'aimer, parce que ça me tue! tu me tues, thybault, tu me tues..