Il étais une fois...
   l'histoire de Bonnie & Clyde.

Tu étais allongée à ses côtés, le scrutant du regard. Il était devenu ton tout, ta drogue. Tu venais de faire sa première fois, la toute première, celle qu'on attend depuis qu'on est en âge de savoir ce que c'était. Il est simplement ton premier amour, le vilain garçon que ton coeur désirait tant. Le mauvais gars qui te révèle, qui révèle ta vraie personnalité. Celle qui adore jouer contre les lois, qui adore faire de la moto avec sans casque, posant ta tête sur son dos. Tu faisais les quatre cent coups avec, tu étais quand même la plus heureuse. Ton père était contre, cela donnait une image négative de vous. S'il savait seulement... Que c'était bien lui qui les avait cambriolé peu de temps avant. Mais ça, tu t'en fous, tu es amoureuse de lui. « Je t'aime... » Oui, tu l'aimes, tu ne passes pas à autre chose. Tu ne sais pas si c'est bénéfique pour vous que tu lui dises, mais tu lui as donné ta virginité et tu ressens le besoin de lui dire. Tu le penses, ça te bouffe les tripes de l'aimer autant, tu n'avais jamais connu cela auparavant. Tu ne savais pas ce que c'était, mais avec lui, tu découvres tout! 

* * *

Les sirènes étaient derrière vous, vous aviez prévu le coup du siècle. Tu avais des projets pour vous, cet argent allait vous aider. Tu voulais une maison et des enfants, tu voulais simplement faire ta vie avec. Devenir toute vieille et toute fripée auprès de lui, continuer les conneries avec lui même si vous aviez quatre-vingt-dix ans. Ton coeur s'accélère à l'allure de la moto qui va de plus en plus vite, tu fermes les yeux, la peur t'envahis, car tu n'avais pas l'habitude de cette vitesse. Tu lui tapes légèrement dans les côtes pour lui demander de ralentir. Après tout, les flics étaient bien loin, il pouvait se permettre de ralentir. La cagoule t'empêche de respirer, tu essayes tant bien que mal de la relever, ton souffle est saccadé par le vent qui vient vous frapper à contre sens. Tu baisses la tête, tu essayes de te camoufler derrière lui. Tu ne vois pas cette voiture qui déboule de nulle part, tu entends simplement les pneus qui brûlent le bitume. Tu relèves enfin la tête, mais il est trop tard .Tu sens le choc, tu te sens partir dans les airs. Un cri strident s'échappe de ta bouche, tu sens ton corps entrer en contact avec le verre, une douleur s'arrache de toi. Tu souffres, mais la souffrance s'efface peu à peu, tu t'endors tout simplement avant de t'étaler sur le sol. Tu es inconsciente, mais tu arrivais à entendre ce qui se passait autour de toi. Les cris de Tyler, les sirènes qui se rapprochent et cet homme, l'homme qui était dans la voiture qui composait le numéro des urgences. Tu n'entends presque plus rien, tu te sens tellement faible que tu laisses ton corps prendre le dessus.

Tu ne te réveilles que quelques jours plus tard, ta mère à ton chevet. Tu gémis de douleur, tu souffres à foison. Tu as l'impression de t'être fait écrasé par un troupeau d'éléphant, tu essayes tant bien que mal de tourner la tête vers cette blonde. Elle te ressemble fortement, elle a le visage tiré par la fatigue. Tu as du dormir plusieurs jours. « Maman... » Tu arrives à extirper ces mots de ta gorge, mais c'est bien douloureux. Tu as la gorge sèche, ils ont du t'entuber à cause de l'arrêt que tu as fait et pour l'opération.« N'essayes pas de parler, Aubrey! Tu as eu un tube dans la gorge, il faut que tu prennes ton temps!» Elle parait soulager que tu sois réveillée, mais toi, tu ne l'es pas. Tu cherches autour de toi, tu le cherches du regard. Il n'est pas là! « Ma tête... » Tu poses ta main sur ton front, tu grognes de douleur. Tu ressens une douleur bien plus forte vers le bas du corps. Tu baisses légèrement le regard en soulevant le drap, tu écarquilles les yeux. « Tu as eu un terriblement accident! » Tu ne te souviens de presque rien, que des passages qui arrivent à se remettre en place.  « Tyler ? » Tu sens déjà ton coeur s'arracher à la réponse de ta mère, tu te sens vide sans lui. Tu n'es plus toi.« Il est en prison, il a avoué ce qu'il avait fait. Ton père pense que tu étais de la partie, nous le savons... C'est pourquoi, nous avons pris une décision, Aubrey! Tu ne pourras plus le voir, tu as interdiction de lui parler que ce soit par lettre ou téléphone. Nous faisons cela pour ton bien, ma puce. » Ton monde s'écroule, tu es perdue. Tu as envie de pleurer, mais tu n'y arrives pas. Ton père refusera de venir à l'hôpital et de te parler. Il ne veut plus du tout te parler, il a honte, honte de toi et de ce que tu as fait.

* * *

Cinq longues années que tu te trimbales avec cette béquille, ta troisième jambe. L'accident t'a laissé de sacré séquelle, que ce soit physiquement que mentalement. Tu as besoin de ces cachets pour apaiser la douleur de ta hanche, tu es comme un robot maintenant. Ta prothèse te fait souffrir, horriblement, pourtant les médecins disent que tout est normal. Mon cul, oui! Tu ne vis de rien, à présent, tu te débrouilles comme tu peux. Malgré ton handicape, tu as trouvé un boulot, tu es une banale petite caissière de magasin. Tu es devenue une bonne à rien, tu as tout de même gardé le goût du risque. Il est enfoui, là, au fond de toi, il dort paisiblement accompagné du souvenir de Tyler. Tu l'aimes toujours ce type, mais tu as refait ta vie .Tu étais bien obligée, tu n'allais pas rester toute seule en boitant comme un canard. Il est là, lui, il t'aide chaque jour pour tout. Il t'aime comme tu es, avec cet accident, avec ton passé. Il t'accepte avec ton handicape, il ne te juge pas. Il te trouve plutôt courageuse. Il t'aide à oublier Tyler, mais tu ne l'oublies pas totalement. Tyler est un morceau de toi, un bout de ta vie, ton premier amour. Ton père ne te parle plus, tu le vis bien. Tu n'es plus sous son emprise, mais tu ne peux pas voir le restant de ta famille comme tu peux.