La vie tournait en rond. Il épluchait ses dossiers, il les traitait, il appelait des clients, il appelait des confrères, il déjeunait avec des collègues, il épluchait des dossiers, il prenait des bouquins de droit, il appelait des confrères, il répondait aux clients. Il rentrait. Il mangeait rapidement. Il allumait la télé, s’énervait. Jouait de la guitare, saignait de n’avoir pas assez pratiqué depuis quelques temps. Ne touchait plus à sa trompette. Allait au lit, morose. Se réveillait, maussade. Recommençait. Maxwell était plus exécrable que jamais, alors même qu’il aurait dû être heureux. Après tout, c’était lui qui trouvait que le mariage allait l’empêcher de profiter de ses dernières années de jeunesse. C’était lui qui estimait qu’il avait raté sa vie en se mariant avant trente ans et qu’il allait s’ennuyer. Le divorce aurait dû le soulager. Il pouvait reprendre en main sa vie, faire tout ce qui lui plaisait, n’était plus contraint ni limité par son statut et son attachement à Emma. Néanmoins rien ne se passait comme prévu. Plutôt qu’un vent de liberté, c’était une bourrasque orageuse qui soufflait au-dessus de lui et il ne voyait pas comment en sortir. Au lieu de faciliter la démarche du divorce, il la compliquait. Au lieu de passer des soirées exaltantes, il s’emmerdait plus que jamais. Alors, ce soir, pour tromper l’ennui, il avait appelé sa sœur pour le distraire. À eux deux, ça irait peut-être mieux. L’infernal duo Jenkins rassemblé pour une soirée animée. C’était, du moins, ce que se figurait Maxwell en attendant sa cadette. Il se sentait pourtant encore assez irrité, mais espérait qu’en voyant le visage de sa sœur, il se détendrait – bien qu’ils aboyaient souvent l’un sur l’autre, il fallait se l’avouer. La seule personne qui détendait vraiment les traits de son visage, et son esprit avec, c’était Emma. Mais Emma n’était plus là. Il n’avait plus qu’à croiser les doigts en espérant que la fibre fraternelle l’adoucisse.