❝ I DON'T TRUST YOU, BUT I HAVE TO ❞
ZOE & GAÏA

Comme un poisson ne cessant de tourner dans son bocal, Zoe n’arrête pas de tourner entre les quatre murs de sa chambre. Sa tante a dû s’absenter de la maison pour un moment et la brune trouve que le temps ne passe pas assez vite. Elle le sait, il faut qu’elle se trouve une occupation, mais ce n’est pas forcément évident. Reprendre ses études ? Oui, pourquoi pas. Mais dans quelle branche ? Elle étudiait le journalisme comme son père et les récents évènements dans sa vie ont fait qu’elle a voulu tout arrêter. La brune se doute bien que l’arrêt de ses études est à cause de ses parents et de ce qu’elle a bien pu découvrir sur eux, sur ce qu’ils ont pu lui cacher depuis des années. En revanche, elle ne sait pas si elle pourrait se plaire dans cette branche ou s’il faut qu’elle reparte dans une toute nouvelle branche d’études. Zoe préfère se laisser un peu de temps pour réfléchir, surtout qu’entamer une année à partir du second semestre serait ridicule. Elle attendra patiemment quelques mois, histoire de se renseigner un peu sur les branches d’études proposées à White Oak Station pour voir dans quoi elle pourrait s’épanouir. Une fois son choix fait, elle pourra remplir le dossier d’inscription et elle verra à ce moment-là. Chercher un travail ? Oui, pourquoi pas. Mais dans l’immédiat, ses parents continuent de lui envoyer une belle somme tous les mois donc elle n’est pas forcément dans le besoin. Après, sachant qu’il y a tout de même un véritable problème de communication dans cette famille, ce serait un bon moyen de s’émanciper un peu, de prendre du recul et de mettre une certaine distance avec ses parents. Ce qu’elle souhaite vraiment depuis sa dernière tentative de suicide. La question est la même que pour ces études, dans quoi peut-elle travailler ? Pendant quelques minutes, elle alluma son ordinateur et elle se mit à travailler sur un curriculum vitae. La brune ne sait pas s’il est accrocheur ou pas donc elle l’envoie par e-mail à son meilleur ami. Rhys pourra certainement lui donner quelques conseils sur ce point. En attendant, elle peut tout de même aller voir quelques commerces ou autre et déposer des CV un peu partout. Le faire au feeling, en fonction de ses coups de cœur. Elle alla dans son armoire pour mettre d’autres vêtements avant de s’attacher les cheveux en queue de cheval haute et de quitter la maison, chemise en carton sous un bras et sac à main sous l’autre. Toutes les options sont bonnes, tant qu’elle travaille, alors elle laisse son CV au centre commercial, au cinéma, dans les cafés, dans une librairie, chez un fleuriste ou encore dans un salon de coiffure. Elle finit par se rendre dans un bar. Zoe n’est pas contre de travailler de nuit, le salaire est meilleur en plus. La brune entra alors dans le bar et alla s’installer directement au comptoir avant de s’adresser à la serveuse qui était de dos. « Excusez-moi, est-ce que le propriétaire est là ? » C’est plus agréable de se présenter au propriétaire plutôt qu’aux serveurs. Et là, la serveuse se retourna et Zoe manqua de tomber de sa chaise haute. « Gaïa ? » Elle ne rêvait pas ? Elle se retrouvait bien en face de la petite sœur de Rhys ? Son Rhys. « Qu’est-ce que tu fais là ? T’es pas en cours ? » Elle est au courant par le biais de son meilleur ami que Gaïa fait des études d’art. Son ton n’était pas froid mais il n’était pas non plus agréable. Peut-être parce que quand il s’agit de Gaïa, elle se sent menacée, vis-à-vis de Rhys. Elle est sa sœur, et elle sait qu’il ferait tout pour elle. Parfois, Zoe peut se montrer possessive, même envers la blonde.

© LOYALS.

❝ I DON'T TRUST YOU, BUT I HAVE TO ❞
ZOE & GAÏA

Les ongles enfoncés dans tes paumes de mains, tu maudissais les jours où ton esprit ne pensait qu'à lui. Lui. Celui que tu avais excessivement aimé, ta passion interdite, ton bourreau adoré. T'aurais bien voulu ne plus jamais y penser, mais t'en étais pas capable. Ton, ex, ton ex, ton ex, tu le voyais partout, tout le temps. A chaque coin de rue, dans chaque magasin, dans le deuxième rayon du supermarché, partout. Aujourd'hui c'était pas ton jour non, c'était le jour où la vie t'ordonnait de devoir déprimer dans ton coin, où plutôt dans ton bar bondé. Du moins bondé, c'était un bien grand mot, en pleine journée c'était assez calme, calme jusqu'à s'en tourner les pouces. Ca te fait chier quand c'est calme, tu préfères t'activer dans tous les sens plutôt que de tourner en rond à attendre qu'un client commande enfin quelque chose. T'aimais bien être derrière le bar, parce que la plupart du temps t'écoutais tout ce que les habitués te racontaient. Problèmes d'argent, problèmes de couple, pension alimentaire, divorce, mariage, enfants, tous les sujets possibles et imaginables étaient abordés. On disait souvent que les barmans étaient aussi des psychologues, et tu pouvais confirmer. Bizarrement tu t'étais accrochée à ce job, jouer la psy t'adorais, venir en aide à des gens que tu ne connaissais pas, t'en raffolais, la bonne patte en toi prenait toujours le dessus. Debout derrière le comptoir, tu rangeais tous les verres que tu venais de laver. Torchon au creux de la main, tu essuyais mécaniquement, les yeux dans le vague. T'aimes décidément pas du tout quand personne ne vient, tu te sens outrageusement inutile, et t'aimes pas être inutile. Le visage impassible, tu scrutais la porte d'entrée, attendant désespérément qu'on vienne te sauver de ton ennui mortel. Les deux coudes sur le comptoir tes yeux suivaient les allers et retours des personnes présentes dans la pièce, tandis que tes paupières commençaient sérieusement à devenir trop lourdes. T'aurais peut-être dû dormir un peu plus cette nuit. Le bar te prenait du temps, et t'assurais quasiment tous les services depuis une semaines. Tu commençais à être exténuée, ouais. Tu te levas alors et rangeas les quelques verres disposés sur le comptoir. T'entendis un bruit de cloche, signe d'une arrivée, mais tu n'y prêtas pas attention. T'aurais peut-être dû si t'avais su, mais avec des si on changerait le monde. La voix dans ton dos te demanda si le proprio était là. Tu souris au coin des lèvres en pensant à lui, cet incompétent. « Ouais il est là, sûrement avec son bourbon dans la main droite. » lanças-tu en te retournant. Tes yeux s'écarquillèrent et ta gorge se noua instantanément. T'aurais pu tomber sur tout le monde, mais pas sur elle, pas sur Zoe. Zoe, sûrement celle que t'avais jamais pu sentir, par jalousie surtout. Elle était belle, agréable, et surtout proche de ton frère. Trop proche. Sa question résonna comme un gong dans ta tête, les fils de connexion dans ta tête cherchaient un moyen de lui mentir, parce que tu ne pouvais te résigner à lui dire la vérité, surtout si c'était pour qu'elle répète tout à Rhys. « J'ai pas cours aujourd'hui, je viens ici en bénévole dès que j'ai le temps. » Tu mordilles nerveusement tes lèvres, ton mensonge ne tient qu'à un fil. « Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? » Tu tentes de détourner l'attention, mais elle est pas bête, Zoe. Elle va te demander ce qui cloche.

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❝ I DON'T TRUST YOU, BUT I HAVE TO ❞
ZOE & GAÏA

Il est temps pour Zoe de se prendre un peu en main. Elle est consciente que c’est un peu malsain de continuer à accepter l’argent que ses parents lui envoient tous les mois, alors qu’elle ne les considère plus comme tels. Elle est réellement tombée de haut quand elle a surpris leur conversation, quand elle a compris qu’ils lui ont caché ce détail de sa vie depuis sa naissance. Depuis, c’est un peu comme si elle ne désirait pas entendre parler d’eux. Ils ont des nouvelles, quand ils prennent la peine d’appeler, et c’est surtout parce que les nouvelles viennent de sa tante et non d’elle directement. En tout cas, pour réussir à ne plus dépendre d’eux, il faut bien qu’elle trouve un petit boulot, surtout en attendant de reprendre ses études en septembre prochain. Zoe sait que son dossier d’inscription n’est pas le meilleur et qu’il y a tout de même des chances pour qu’il ne soit pas accepté. De toute évidence, pour le moment elle ne sait pas dans quelle filière s’orienter donc la question ne se pose même pas. Elle a donc imprimé quelques papiers avant de les laisser dans plusieurs boutiques et commerces. Peut-être que quelqu’un sera intéressé, au moins pour la prendre à l’essai, dans un premier temps. Quel fut donc sa surprise quand elle se retrouva en face de la sœur de son meilleur ami, de son seul et unique ami en réalité. Zoe était entrée dans un bar pour proposer ses services et c’est une tête blonde qui se tourna et lui fit face. Curieuse, trop curieuse peut-être, Zoe lui avait demandé pourquoi elle était là. Elle est censée être en cours à cette heure-là, non ? Gaïa lui répondit qu’elle n’avait pas cours, et qu’elle était bénévole ici, donc par conséquent, qu’elle y travaillait seulement de temps en temps, quand elle est disponible. Zoe n’eut pas forcément le temps de répliquer que Gaïa lui demanda ce qu’elle faisait là, à son tour. « Je cherche du travail. » Avec des parents riches, elle n’en a pas besoin, mais elle a envie de ne plus dépendre d’eux, de devenir un peu plus autonome, si on peut le dire ainsi. En revanche, si Gaïa pensait qu’en lui posant cette question elle allait oublier ce qu’elle lui a dit quelques instants avant, elle se trompe littéralement. « Et en réalité ? » La brune soutenu le regard de la blonde derrière le comptoir. Certes, elles ne se connaissent pas énormément, surement parce qu’elles ne supportent pas que l’autre soit trop proche de Rhys, et qu’elles n’ont pas eu l’occasion de se rendre compte qu’elles peuvent apprendre à se connaitre plutôt que de batailler. « Je ne suis stupide, tu sais. » C’est un peu comme si elle s’était adressée à une pro du mensonge. Alors, forcément, Zoe allait se rendre compte de la supercherie. Elle sait reconnaitre quand quelqu’un est en train de lui mentir et c’est exactement ce que Gaïa était en train de faire. « Ton regard t’a trahi au bout de trois mots. » Autrement dit, elle est au courant qu’elle n’est pas simplement une bénévole. « Rhys est au courant que tu as arrêté les cours pour travailler ici ? » Elle continua de la regarder, avant d’esquisser un mince sourire. « Bien sûr que non. C’est Rhys, il ne supporterait pas l’idée que tu foutes ta vie en l’air en étant une simple serveuse. »

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