A SKY FULL OF STARS
i lose myself tonight

« Enzo ? Regarde… » Du haut de ses cinq ans, le petit Enzo leva la tête vers sa mère. Sa mère, installée dans un lit, qui tenait quelque chose dans ses bras. Il se mit sur la pointe des pieds et finit par distinguer un petit visage emmitouflé dans une couverture. « C’est ta sœur mon chéri. C’est Julia. » Julia. Sœur. La dite Julia bougea légèrement et Enzo sourit enfin. Demain, il pourra dire à ses copains qu’il a une petite sœur et qu’elle s’appelle Julia. Après de longues minutes passées à regarder sa petite soeur, Enzo entendit son père lui demander de dire au revoir à sa mère. Ils devaient la laisser se reposer. Le petit garçon embrassa donc sa mère et, délicatement, déposa un baiser sur le front de Julia.

Quelque chose n’allait pas. Enzo le sentait, le voyait. Ses parents ne souriaient plus vraiment, ils étaient toujours occupés avec Julia. Ils partaient avec elle et il restait avec sa grand-mère dans la demeure familiale. Souvent. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Il n’était encore qu’un jeune enfant. Un soir de février, ses parents partirent en trombe avec Julia. Pendant la nuit, le téléphone sonna, ce qui réveilla Enzo. Il descendit les escaliers et se rendit dans le salon où il découvrit sa grand-mère en pleurs. « Mamy ? » demanda-t-il d’une toute petite voix. La grand-mère marqua un temps d’arrêt, releva la tête et tenta d’essuyer ses larmes. En vain. « Viens là Enzo, viens là. » Il se rendit près de sa grand-mère qui le prit dans ses bras. Elle le serra fort, plus fort que d’habitude. « Pourquoi tu pleures ? » La vieille dame émit un énième sanglot et plusieurs minutes passèrent avant qu’elle ne lui réponde. « Ta petite sœur Julia … Tu… tu ne la verras plus Enzo. » murmura-t-elle. Enzo, toujours dans les bras de sa mamy, fronça les sourcils. Il ne la verra plus ? Comment ça ? Il ne comprenait pas.  Et même quand ses parents rentrèrent sans Julia, il ne comprit pas de suite.

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Elle se sentait dans un beau mensonge, elle s'y promenait comme dans un jardin idéal, aux fruits d'or, ou elle buvait toutes les illusions. Emile Zola. Une page d’amour. Cette phrase issue du livre, Enzo la répétait souvent dans sa tête. C’était l’une de ses favorites. Issue de son roman préféré de Zola. Enzo et sa passion pour la lecture, la littérature étrangère … Toute une histoire.

Sa passion pour la lecture, il a commencé à l'attraper à l'âge de dix ans. Un livre pris au hasard dans la bibliothèque de son père et voilà. Ses parents étaient bien contents de voir leur fils s’intéresser à la littérature. La littérature, ce n’était point dangereux. Oui, ils s’inquiétaient beaucoup pour leur fils. Et ce, depuis la mort de Julia à peine âgée de deux mois. Insuffisance cardiaque. Ils avaient perdu un enfant, ils ne voulaient pas perdre Enzo également. Ils ont alors commencé à le protéger, voir le surprotéger un peu trop. Au début, Enzo n’en était pas vraiment gêné. A force, oui. Bien qu’au fond de lui, il comprenait pourquoi ses parents agissaient ainsi.  Avec la littérature, il arrivait à oublier un peu cela. La littérature lui permettait de s’évader, d’imaginer d’autres mondes. Quand il lisait, il était dans une bulle indestructible. Cet amour pour la littérature qui le poursuivit jusqu'au lycée et même à l'université où il suivit des études pour devenir professeur de littérature étrangère. En particulier la Française. Ah ça. Ses parents furent fiers de lui. Et eux, avec les années, avaient appris à se montrer plus "cool", moins protecteurs. Il était temps.

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« Papa ? Tu me fais un bisou avant que je m’endorme ? » Enzo sourit tout en ébouriffant les cheveux de Charles, son fils de quatre ans. « Bien sûr mon cœur. » Il se pencha et l’embrassa sur le front. Puis, en veillant à faire le moins de bruit possible, il sortit de la chambre en n’oubliant pas d’éteindre la lumière. La porte mise contre – Charles n’aimant pas que celle-ci soit entièrement fermée- il s’éloigna et se rendit au rez-de-chaussée. Sa femme l’attendait dans le salon. Assise dans le divan, elle regardait la télévision, rien de bien passionnant. « Ca va ? » lui demanda-t-il en s’installant à ses côtés et en la serrant contre lui.  Il aimait sa femme, vraiment. Ils étaient heureux, ils étaient une famille. Tout allait bien, il n’y avait pas une ombre au tableau. « Oui .. Prêt pour l’université demain ? » Ah oui, demain rentrée universitaire. Demain, il allait faire une nouvelle rentrée. Toujours en tant que professeur de littérature étrangère. Enzo répondit que oui, comme toujours. Ce fut donc avec assurance que le lendemain, dans un amphithéâtre, il se présenta aux étudiants. « Je suis Enzo Artman, le professeur de littérature étrangère. j'espère vous voir à mes cours. » Beaucoup d’étudiants. Du regard, il parcourut cette foule du regard. Et puis … Et puis l’espace d’un instant, son regard croisa celui d’une jeune femme. Blonde, belle. Très belle. Un instant de magie sans doute. Un instant bien vite rompu car il y était obligé. Elle n’était pas la seule dans cet amphithéâtre quand même.

Il avait espéré qu’elle suive son cours et cet espoir se réalisa. Elle suivait son cours. Charlotte. Leur histoire commença donc. Une relation entre un professeur et son étudiante, cela sonnait tellement mal dans un sens mais Enzo, ah Enzo, il s’en fichait. Surtout qu’au début, ce ne fut que des sourires ici et là, de beaux sourires, des discussions aussi brèves soient-elles … Rien que cela faisait naitre quelque chose de nouveau chez le jeune professeur. Il se sentait en quelque sorte revivre de nouveau. C’était comme si le fait de côtoyer Charlotte lui faisait prendre conscience que sa relation avec sa femme s’essoufflait un peu, qu’elle devenait monotone. Des baisers finirent par être échangés. Quand ils en avaient l’occasion. Ils se voyaient dans son bureau, assez vite, ... Leur relation était plus forte chaque jour. Une relation d’autant plus forte qu’elle partageait sa passion pour la littérature, la Française en particulier. Quoi demander de plus ? Charlotte était parfaite à ses yeux, leur relation l’était tout autant. Bien qu’il avait toujours cette alliance à son annulaire. Une alliance qui devenait de plus en plus lourde à porter.

« Je t’aime. » Ces mots, Enzo ne pourra jamais les oublier. Jamais. « Je t’aime. » lui avait-elle dit.  Mais elle est partie. Il n’avait pas compris. Il n’avait rien vu venir. Pendant un certain temps, il s’était mis à la chercher. En vain. Il a fini par se résigner. Il avait toujours sa femme et son fils après tout. Il avait d’ailleurs passé son temps à mentir à sa femme au sujet de ses soirées passées plus tard au travail et autres. Il revint à sa vie d’avant. Sa vie monotone d’avant Charlotte.

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Alaska. Un aussi beau prénom que Charlotte. Alaska qui n’était autre que sa fille. A lui. Et à Charlotte. Enzo crut tomber des nues en apprenant la nouvelle. Quand Charlotte lui fit part de cette information, le bébé était déjà né. Déni de grossesse lui disait-elle. Il se ficha bien de savoir qu’elle n’attendait rien de lui, mais absolument rien. Il s’en ficha et commença à envoyer une somme d’argent chaque mois.

« J’ai un autre enfant. Une petite fille. Alaska. » déclara-t-il à sa femme. Il avait mis longtemps avant de l’avouer à son épouse. Epouse, ce mot sonnait étrangement à présent. « Ce n’est plus comme avant entre nous Alice. Je… Je ne t’aime plus comme avant. » Il faisait du mal à sa femme, il voyait dans son regard de la souffrance. De la souffrance mais aussi de la colère. Mais les choses ne pouvaient plus continuer comme cela. Tu me manques aussi. de Charlotte par message. Un déclic, encore un. Une procédure de divorce qui commença et un billet d’avion qui fut acheté. Il allait la rejoindre elle et leur fille. Sa décision était prise.

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Il a rencontré sa fille, la craquante et merveilleuse Alaska. Si belle, si petite. Et il a enfin revu Charlotte. Son coeur n'avait jamais battu aussi fort quand il a pu enfin de nouveau poser ses yeux sur elle. Elle en chair et en os. Réelle. Un nouveau départ, une remise à zéro. L'espoir.

Spoiler:

Bienvenue parmi nous.
Très bon choix de scénario, et Sam est un excellent choix aussi On ne peut que baver devant ce beau minois