vant, le shopping ne m'intéressait pas du tout et je ne voyais jamais le but de toutes ces filles qui devenaient hystériques devant une paire de chaussures, un sac ou encore la dernière robe à la mode. Il fallait dire que je ne supportais pas du tout les vêtements que mes grands-parents tentaient de me faire porter, pour donner une image de moi de la fille modèle. Lors de soirées desquelles je ne pouvais partir, j'étais obligée de m'habiller dedans, me sentant comme prisonnière de ceux-ci, alors qu'ils me ceignaient trop et collaient beaucoup trop à mon corps, révélant des formes féminines qui se construisaient et que je voulais cacher à tout prix. Sinon, je mettais des vêtements trop amples, sales et vieux, telle la junkie que j'étais. En dehors de l'uniforme de mon établissement, j'appréciais le style rock et punk.

Avec le temps, j'avais bien évidemment changé. Tout d'abord parce que désormais, je m'achetais toute seule mes vêtements et je pouvais choisir ce que je souhaitais. De plus, j'avais fui ma vie d'antan et je n'avais plus spécialement envie d'être aperçue dans le même style qu'autrefois. Je m'étais donc construit un style boyfriend, garçon manqué, en rajoutant des touches de rock et restant féminine et plus ou moins à la mode. Parce que s'il y avait une seule chose qui n'avait pas changé, c'était probablement que je n'étais toujours pas aussi folle de shopping et de vêtements que pouvaient l'être les autres filles. Mais celles qui étaient devenues mes amies m'avaient tirée dans des centres commerciaux plusieurs fois et parfois, j'aimais bien aller essayer des habits depuis. Cela ne m'arrivait que rarement, souvent quand je manquais de nouveaux vêtements.

En cette après-midi libre, j'avais envie de me rendre au centre commercial pour faire un peu de shopping, aux côtés de ma collègue et amie, Nastasya. Après lui avoir envoyé un message et avoir confirmé avec elle sa disponibilité, je me rendis donc au Cherry Blossom, là où je savais que j'allais certainement trouver quelque chose qui m'allait et me convenait. J'arrivai un peu avant elle et ce fut pour cela que je me postai devant l'entrée, bien en vue et je l'attendis. Pendant ce temps, je mis ma musique dans les oreilles et je me perdis dans celle-ci, effectuant quelques mouvements passionnés de la tête et sans me préoccuper du regard des autres sur mon comportement. Qu'ils me prennent pour une folle, je n'en avais que faire ! »