#0022 - lucine

◊ Se faire jeter dehors n'est certainement pas la chose que les humains, normalement constitué, aiment. Franchement ? Devoir, au milieu de la rue, deux grosses valises à la main, se demander où est-ce que l'on peut bien passer la nuit, n'est pas une chose des plus plaisantes. Pourtant, il y a bien une fille qui prend l'exercice avec le sourire. Il y a bien évidemment qu'une seule fille sur terre à trouver ça marrant, et ça ne peut même pas être la faute à une cigarette magique puisqu'elle sort à peine d'un v(i)ol qui fut interminable. C'est simplement à cause d'un cerveau trop longtemps exposer à la bêtise humaine.
Ainsi, si vous passiez dans le centre-ville de White Oak Station en ce magnifique après midi d'avril, alors que le soleil brille, le ciel est bleu et que les oiseaux chantent, vous pourrez admirer ce spécimen rare que l'on appelle Capucine. Une magnifique jeune fille, à peine majeur en Europe, avec de beaux cheveux blonds, de beaux yeux bleus et un sourire à faire tomber par terre plus d'un homme. Elle était belle, et elle l'est toujours. Mais cette beauté naturelle qu'elle ne tient pas de sa famille, jugez en par son frère, ne va pas permettre à la jeune fille de trouver un toit pour la nuit.
En effet, elle revient tout juste d'un long et périlleux voyage en France. Elle était censée travailler dans un lycée Parisien le temps d'un semestre afin de perfectionner sa langue de Molière et surtout de pouvoir s'éloigner un peu de sa ville natal. Or, rien ne s'est passé comme prévu et elle a été, au bout de seulement quelques mois, expulsée directement vers l'Canada en moins de temps qu'il n'en faut pour acheter une baguette de pain dans la boulangerie du coin. C'est sûrement pour cette raison que les parents de la jeune fille ont décidé de la mettre dehors, histoire de lui apprendre la vie, de lui apprendre à se débrouiller un peu par elle-même et d'arrêter d'attendre toujours après ses parents. Dans un sens, Capucine a été élevée de cette manière là, et pourquoi changer une équipe qui fonctionne ? Les parents sont des êtres incompréhensibles.
Et toute cette réflexion ne change absolument rien au problème actuels. Capucine a besoin d'un toit. Et vu que cela fait quelques mois qu'elle n'a donné absolument aucun signe de vie à pratiquement personne en ville, elle ne peut pas se pointer, la bouche en coeur, chez une de ses anciennes amies du lycée en disant quelque chose du genre « Yo tu m'laisses dormir dans ton canap ? » Ça ne se fait pas, et puis Capucine n'est pas du genre à venir quémander des choses auprès des gens, elle comptait les laisser revenir, laisser le bruit courir comme quoi la plus belle fille du lycée, la meilleure capitaine des cheerleaders était enfin de retour et paf, les gens allaient lui offrir un toit et allaient surtout lui manger dans la main. Mais pour l'heure, elle a faim.
Et mise à part ses anciennes amies, il n'y a pas grand monde chez qui elle peut aller dormir. Il y a bien son meilleur ami, mais elle n'a pas très envie de passer toutes ses journées avec lui. Enfin il est gentil, adorable, le garçon le plus mignon de la terre, mais elle le supporte, comme tout le monde, à petite dose. De toute manière elle déteste avoir quelqu'un sur le dos toute la journée, Capucine a besoin d'espace et elle le fait savoir ! Et la seule personne qu'elle peut supporter est son frère, pour la simple et bonne raison qu'elle l'a supporté pendant très longtemps déjà. Alors, quelques jours de plus ou de moins.
Le problème avec son frère c'est sûrement le fait qu'elle n'était pas très sûre de l'adresse exactement où il vit et surtout si oui ou non il allait bien vouloir la laisser zoner sur son canapé, mais elle pouvait toujours tenter puisqu'elle n'a absolument rien à perdre. Elle tenta de se remémorer rapidement dans sa tête le chemin qu'il faut emprunter pour rejoindre l'appartement qui se trouve à Downtown Area, heureusement pour elle son cher frère au prénom de citron ne vivait pas très loin. Elle eut quand même le temps de sortir une cigarette de son paquet de commencer à la fumer.
Une fois devant la porte elle sonne, tire une dernière taffe sur sa cigarette et pendant que la porte s'ouvre elle crache la fumée en pleins dans la tête de son frère. Elle n'a pas fait exprès, et même si elle l'avait voulu elle n'aurait pas pu faire aussi bien, un don très certainement. En tout cas elle ne pu s'empêcher de sourire en voyant la tête de son frère. Elle ne prit même pas la peine de lui dire bonjour et entra directement dans l'appartement, se tourna vers le bouclé et lui lança une question totalement rhétorique : « J'peux crécher ici quelques temps ? »

◊ Cela faisait des mois que Capucine n'avait pas adressé un seul mot à une quelconque personne qui vit ici, à white oak. La jeune fille n'a jamais été du genre à prendre des nouvelles ou à faire tout simplement du social. Elle préfère vivre au jour le jour, voir si les gens ont besoin d'elle ou si elle a besoin des gens. Tout par intérêt. Mais à côté de ça, qui ne marche pas par intérêt ? Franchement. On est tous amis avec cette personne parce qu'elle est pote à avec le mec que l'on kiffe ou tout simplement parce que dans son jardin il y a une piscine ou parce qu'elle nous offre toujours des clopes, parce que si, parce que mi. En somme l'amitié n'est jamais gratuite, tout comme les liens du sang et aujourd'hui Capu venait réclamer ce qui lui est dû. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'a posé qu'une question rhétorique avant de rentrer dans l'appartement comme si c'était chez sa mère.
Mais en rentrant dans l'appartement, elle ne s'attend pas à trouver un grand-frère aussi ronchon. Enfin certes elle n'a pas donné de nouvelle, mais quand même qu'il fasse un minimum le gars heureux de revoir sa plus belle soeur. Mais au lieu de ça il lui arrache sa clope de la bouche, premier roulement des yeux de la part de la jeune fille suivi d'un long soupir. Mais lorsqu'il tire une taffe avant de jeter la-dite clope elle hausse les sourcils et tente de se défendre, mais il est plus rapide. Dans sa tête, elle avait pensé qu'il allait simplement tirer une taffe ou deux et lui redonner sa clope, mais au lieu de ça il la gaspille sous prétexte qu'un bambin, qui ne sait même pas vivre tout seul, vit dans ce 3 mètres carrés. Excuse bidon. De plus, il suspecte que la drogue qu'elle aurait pris en France aurait pu éventuellement lui endommager la zone cérébrale. Deuxième roulement des yeux de Capucine. En moins de deux secondes la voilà de mauvaise humeur. « Tu sais même pas s'que j'ai fait là-bas donc s'te plait arrête de faire de croire s'que tu penses, ok ? » lâche-t-elle pour essayer de se défendre. Ce n'est pas dit méchamment ou dans l'but de blesser son frère, c'est simplement comme ça qu'elle parle aux gens, constamment en train d'agresser le monde. Mais soit, qu'il pense ce qu'il veut, qu'il raconte ce qu'il veut, du moment qu'elle sait ce qu'elle a fait et pas fait là-bas, l'opinion des autres Capucine n'en a absolument rien à faire. De toute manière elle préfère avoir une réputation plutôt qu'être le genre de fille qui passe inaperçu en ville.
Tout en répondant à son frère, la blondinette s'avance dans l'appartement, cela faisait tellement longtemps qu'elle n'y était pas veneu qu'elle en avait oublié la manière dont il n'était pas rangé. (je suppose que lennon ne range pas son appartement hein) Et tandis qu'elle avance pour faire une petite visite des lieux, son frère continue de lui parler. N'avait-il rien appris des années passées à ses côtés ? Arg, soit il allait falloir qu'elle fasse la conversation. La jeune fille marche, la main glissant sur le canapé, et lorsque Lennon fini sa première question elle pivote vers lui et tente de trouver une réponse cohérente à la Capucine. Qui n'en dise ni trop, ni pas assez. Qui laisse l'interlocuteur en fasse d'elle perplexe. « Ca c'est la raison pour laquelle je suis partie. J'suis rentrée parce que Paris n'est pas en accord total avec mon mode de vie. » Puis elle continue sa phrase, afin de répondre aux autres interrogations de son cher frère. « Paris n'est pas d'accord avec mon mode vie, et papa et maman non plus. Donc ils ont décidés que je devais apprendre à vivre toute seule, comme une grande, un peu comme toi. Donc j'envisage d'avoir un enfant. J'ai commencé l'expérience à Paris, j'attends simplement la réponse de mon p'tit bâton blanc. Je croise les doigts. » Elle sourit à son frère, assez fière de sa petite agression verbale en lien direct avec l'enfant qui dort dans la pièce à côté. Elle se tourne à nouveau et continue à marcher, faisant le tour du canapé pour s'allonger, les pieds sur le dossier.« Une bière. » Elle suit des yeux son frère qui se dirige vers la cuisine, espérant que cette réponse allait éventuellement l'énerver. Si elle a dans l'idée d'avoir un enfant, l'alcool n'est pas dans les prescriptions du docteur. Et une fois qu'il eut disparu elle passa en revue la pièce dans laquelle elle, elle se trouvait. Un salon de jeune parent, à vomir. Si elle voulait dormir ici il allait falloir qu'il y est quelques petits changements. Franchement, les jouets de moins de cinq ans n'était pas son truc, de toute manière son truc n'était certainement pas les enfants. Elle trouvait cela absolument inutile. Elle croise d'ailleurs mentalement les doigts pour ne pas être de corvée Solange lorsque papa et maman Solange ne sont pas en état de la garder, parce que s'ils ne sont pas en état, elle, aussi, peut ne pas être en état de la garder. Ou mettre la gamine K.O, au choix. Mais plus que d'espérer avoir la chance de son côté, elle préfère en avoir le coeur net. « D'ailleurs j'espère que je n'aurais pas à garder ton démon. »