La vie est belle sur un skate. Oui, sentir le vent dans son visage, avoir une sensation de légèreté et cette vitesse. Plus vite, encore plus vite mais t’as beau poussé encore et encore sur tes jambes, au bout d’un moment la vitesse n’augmente plus. C’est sûrement ta plus grande frustration mais tu ne peux pas battre la science et les forces de la Terre. Tu n’es qu’une simple mortelle mais une mortelle super cool quand même. Enfin bref, tu pousses quand même sur tes jambes parce que t’es un peu à la bourre pour retrouver Agnès et c’est moche de faire attendre les copines. Même si en même temps les tiennes ont l’habitude, t’es pas vraiment la personne la plus ponctuelle de la Terre. Tu le fais pourtant pas exprès, c’est juste que t’arrives jamais à partir à temps. Soit parce que t’ars oublié quelque chose, soit t’avais la tête ailleurs et t’as pas vu l’heure. Bref, y a tout un tas de raisons contre lequel tu peux rien faire. Tu dois juste accepter ton sort.
Vêtue de ta salopette, ton gilet, ta casquette et tes baskets, t’es vraiment en mode baroudeuse. Sac à dos sur seulement une épaule, tu te la joues « cool » sans le chercher. C’est ce que tu es même si c’est facile de le dire. T’as une certaine nonchalance qui te caractérise bien. Cet air de garçon manqué parce que t’es toujours un skate et que t’es la première à être volontaire pour faire un truc fou et dangereux. A croire que t’as peur de rien et que c’est justement ça qui t’excite. C’est pas totalement faux. Enfin tu aperçois une crinière rousse, pas de doute c’est Agnès. Cette chevelure, tu l’as reconnaîtrais partout même parmi les foules les plus denses. Tu continues de foncer vers elle et alors qu’arrive le moment pour toi de stopper le skate et de l’attraper dans tes mains pour rester debout, tout s’enchaîne très vite. Tu t’arrêtes pas, fonces dans Agnès, l’attrape et l’a fait tomber avec toi sur le côté (heureusement dans l’herbe). Le skate continue son chemin un peu plus loin jusqu’à rencontrer le trottoir et s’arrêter dans sa course folle. Pendant ce temps, toi t’es morte de rire, les cheveux en pagaille devant les yeux et tu dois bien le reconnaître une petite douleur sur les fesses sur le côté. T’auras sûrement un bleu. Agnès doit pas être super contente de cette arrivée mais TADAAAAAAA, tu fais les choses en grand. T’essayes de t’arrêter de rire avant de dire : « Désolée, je suis désolée. Ca va ? Je t’ai pas trop fait mal ? J’ai mal calculé mon coup je crois bien. » Tu ris encore un peu. Tu sais bien qu’Agnès elle t’en voudra pas ou en tout cas pas longtemps, vous êtes trop amies pour ça. T’essayes de te relever. Tu y arrives assez rapidement sûrement parce t’es jeune et fraîche comme on dit. Tu restes assises sur l’herbe, jambes un peu écartée, portant ton regard sur Agnès. « Agnès ?? Si tu réponds pas, je vais commencer à me faire du souci. »