Les yeux clos, ses écouteurs sur les oreilles, Astrid peinait à trouver le sommeil. Cela faisait bien des heures qu'elle était réveillée, toutefois, elle n'allait certainement pas sortir du lit à trois heures du matin. Qu'aurait-elle fait ? Du ménage ? Elle n'en avait pas vraiment le courage, encore moins à cette heure aussi matinal. Sept heures, après avoir tourné dans son lit toute la nuit, elle se décidait finalement à en sortir. Glissant sa main dans ses cheveux décoiffés, elle ne s'attardait pas devant le miroir. Il était temps pour elle d'aller se préparer, Keith arrivait dans moins de deux heures et même si elle n'allait pas prendre beaucoup de temps pour se préparer, elle devait rejoindre l'aéroport. Soufflant un bon coup, elle prenait place sur son tabouret, à côté de son plan de travail, histoire de savourer tranquillement son café, son téléphone à la main. D'un côté, elle avait particulièrement hâte qu'il débarque, parce que cela faisait quelques semaines qu'elle ne l'avait pas vu, depuis l'enterrement de sa mère en réalité. En apprenant cette affreuse nouvelle, Astrid était tombée des nues, elle ne s'y attendait pas, mais alors absolument pas. Malgré tout, elle espérait qu'elle n'avait pas souffert en rejoignant les cieux.

Posant sa tasse dans l'évier, Astrid attrapait un verre d'eau pour prendre les différents cachets de son traitement. Elle n'allait pas les laisser en évidence ici, surtout avec la venue de Keith chez elle. Oui, Astrid s'était proposé pour l'héberger, le temps qu'il trouve sa place ici et un appartement adéquat. Cela allait lui faire un peu de compagnie, ça lui ferait du bien de voir un visage familier. Bref, elle posait les yeux sur la pendule qui annonçait déjà huit heures. Le temps filait à vive allure et Astrid devait se presser. Elle fonçait donc à la douche, attachant rapidement ses cheveux et enfilant les premiers vêtements qui se trouvaient sous sa main. Elle n'allait pas au bal, donc bon. Saisissant son sac, ses clés et son téléphone, elle prenait rapidement la route en direction de l'aéroport. Heureusement qu'elle vivait en extérieur de la ville, elle n'avait pas à se taper tout le centre-ville. Une fois sur place, elle s'installait sur un banc à l'intérieur, guettant attentivement autour d'elle pour ne pas le manquer.
Quelques minutes plus tard, elle remarquait Keith, deux grosse valise à la main, un léger sourire sur son visage enfantin qu'Astrid aimait tant. « Keith. » Elle s'empressait de le serrer dans ses bras, heureuse de le voir. « Comment vas-tu ? Tu as fait bon vol ? » Demandait-elle, un large sourire sur les lèvres. Aussitôt, elle agrippait l'une de ses valises, pour ne pas l'encombrer un peu plus qu'il ne l'était déjà.

Aujourd'hui c'est le grand jour pour Keith. Le jour d'un nouveau départ, d'une nouvelle page, d'une nouvelle vie. Il n'a pas dormi de la nuit, ne réussissant à trouver les bras de Morphée. Il est excité Keith, impatient. Il allait enfin partir. Partir pour de bon. Partir de ce trou à raz et ne plus jamais revoir ce visage qui lui donne la gerbe, chaque jour à chaque heure. Il ne pourra plus jamais posé la main sur lui, il ne pourra plus jamais le rabaisser et l'envoyer valser. Son père. Son père qui ne mérite même plus ce titre aux yeux de Keith, tant il le déteste. Depuis que sa tendre mère avait perdu la vie, celle de Keith n'avait fait que se dégrader. Pourtant, il tient bon Keith, malgré la douleur et la peine. Il s'envolera Keith, de cette ville maudite pour ne plus jamais se retourner. Pourtant, il y a toujours une ombre au tableau. Et Keith ne peut prétendre ne pas la voir, puisqu'il s'agit de son frère. Son petit frère, celui auquel il a promis l'éternité. Mais si tout recommencer à zéro, signife abandonner son petit frère, alors oui, oui Keith l'abandonnera. Parce qu'il y a des moments dans la vie, où il est temps de faire des choix, de prendre des décisions sans regarder derrière soi. Même lorsqu'il s'agit de son propre frère. Mais tampis, pour une fois dans sa vie, Keith se montrera égoïste, parce qu'il en a rêvé de cette évasion, Keith, depuis toujours. Et il doit saisir sa chance tant qu'elle est là. Oui il doit l'attraper avant qu'elle ne s'évapore. Alors, il s''est levé tôt, Keith, son avion décollant à l'aube. Il a laissé une lettre, avant de partir. L'a déposé au chevet de son frère, sur sa table de nuit. Il se sera déjà envolé Keith, lorsqu'il la lira. Il se rend donc rapidement à l'aéroport, et peut enfin pénétrer dans l'avion après une bonne heure d'attente.

White Oak Station. Elle est belle cette ville. Enfin de ce qu'il en avait entendu en tout cas. Parce que oui, il n'y a jamais posé les pieds, Keith. Il ne sait même pas dans quoi il s'embarque en arrivant dans cette ville. Il s'est inscrit dans une université, et y aller certainement passer les prochaines années. Mais heureusement pour lui, Keith avait trouvé une épaule sur qui pleurer. Métaphoriquement. Parce qu'il ne pleure jamais Keith, non, il est bien trop arrogant pour ça. Astrid. Elle lui avait proposé son aide quelques semaines auparavant, lors de l’enterrement de sa mère. Et elle ne s'attendait sûrement pas à un coup de fil de Keith, lui disant qu'il voulait changer d'air. Puis elle lui proposa de l'héberger quelques temps. Le temps qu'il trouve un logement, et qu'il prenne ses marques. Il n'a pas pu refuser Keith, c'était une chance. Sa chance. Celle qu'il attendait depuis tellement longtemps. Alors il avait sauté sur l'occasion Keith, et avait prit le premier vol en direction de White Oak Station. Le voilà donc au quai de débarquement, ses valises en mains et la boule au ventre. Et si elle a oublié ? Et si elle ne s'est pas réveillée ? Et s'il ne lui a pas communiquer la bonne date ? Et si, et si, et si. Tant de questions qui tournent dans son crâne. Il est stressé Keith, et il y a de quoi après tout. Il ne connait rien, ni personne ici. Et plus il avance dans le hall, et plus ses yeux balayent l'endroit à la recherche de la chère blonde. Puis il l'aperçoit enfin, assise sur un banc. Un sourire s'esquisse alors sur ses lèvres à sa vue. Cette fille il l'a connaît depuis longtemps Keith. Même trop longtemps pour tout avouer. Et malgré le fait que l'adolescente qu'elle était, venant lui donner des cours de soutien n'ait jamais succombé à son charme, elle reste une de ses plus vieilles connaissances. « Keith. » lance-t-elle en l’enlaçant de ses bras. Et il en a bien besoin Keith, ces temps-ci, de marques d'affection. Parce qu'il a beau jouer au gros dur Keith, il n'en reste pas moins un gamin déboussolé. « Astrid... » murmure-t-il, heureux de la revoir. « Comment vas-tu ? Tu as fait bon vol ? » s'empresse-t-elle de demander, tout en attrapant une de ses deux valises. «  Hum... ça c'est bien passé. Enfin, si on oublie le fait que j'étais assis juste derrière deux gamins, je croyais que ma tète allait exploser. » avoue-t-il en laissant échapper un rire. Il se gratte l'arrière du crâne alors qu'il pouvait parfaitement se rappeler les cris de ces deux garnements. « Je déteste les enfants, c'est définitif. Sérieusement, je sais pas comment tu fais toi, au boulot. » dit-il en allusion au travail d’institutrice de la blonde. « Mais dis-moi, toi, ça va ? Je me répète, mais tu es sûre que je ne te dérange pas au moins ? » continue-t-il alors qu'ils se dirigeaient tout deux vers la sortie de l'aéroport. « Ta voiture est loin ? » demande-t-il alors en sentant son estomac crier famine.

Avec l'arrivée de Keith aujourd'hui, Astrid n'avait pu s'empêcher de faire le ménage la veille, toute la journée. Déjà qu'elle était très ordonnée, sachant que quelqu'un allait vivre sous ton toit pendant plusieurs semaines, voir quelques mois, elle se devait de bien entretenir sa demeure. Bien sûr, elle se doutait bien que Keith avait déjà vu du désordre dans sa vie, mais jamais chez elle, elle faisait toujours tout son possible pour que sa maison soit clean. Son arrivée lui trottait dans la tête et avec les douleurs qu'elle ressentait, elle n'avait pas réussi à trouver le sommeil. De ce fait, elle s'était levée assez tôt, faisant le point sur cette journée, journée qui s'annonçait d'ailleurs très sympathique. Étant donné qu'il arrivait dans la matinée, elle s'était déjà mise en tête de l'inviter à manger au restaurant le midi, puis lui faire une visite guidée de la ville, qu'il connaissait très peu. Tout se remue-ménage lui rappelait son arrivée à elle-aussi. Elle s'était sentie désemparée, perdue dans la nature. Après tout, la seule personne qu'elle connaissait vraiment c'était Elza, sa meilleure amie, qui avait repris le chemin de San Francisco peu de temps après son arrivée. Du coup, elle se retrouvait seule ici, sans le moindre repère.

Soufflant un bon coup, la jeune femme patientait tranquillement dans l'aéroport, faisant au début les cent pas avant de finalement s'asseoir, ne préférant pas s'épuiser avant qu'il arrive. La fatigue était constante et Astrid avait pris soin de cacher ses cernes pour ne pas paraitre trop maussade. Astrid était à la fois impatiente et soucieuse de l'arrivée de Keith en ville. Après tout, il avait perdu sa mère et il prenait un nouveau départ, chose qu'elle avait fait aussi. Pourtant, elle ne regrettait pas ses choix, non, elle aimait cette ville, bien qu'elle la découvrait encore un peu plus chaque jour. Après de longues minutes d'attentes, elle l'apercevait. Aussitôt, un large sourire se dessinait sur son visage enfantin, heureuse de voir une tête connue dans les parages. Il n'avait pas changé, toujours aussi beau garçon, toujours lui-même. Elle chuchotait alors son prénom, d'une voix particulièrement douce, s'avançant vers lui pour le rejoindre. Rapidement, elle attrapait l'une de ses valises, autant dire qu'il voyageait plutôt léger. Resserrant l'étreinte, elle s'interrogeait sur son état d'esprit. Comment allait-il ? Arrivait-il à garder les idées claires ? Bref, elle avait besoin d'en savoir plus. A ses mots, elle ne pouvait s'empêcher d'émettre un léger rire, les longs vols étaient souvent désagréables et visiblement le sien n'échappait pas à la règle. « Oh, du coup tu n'as pas pu te reposer ? Tu dormiras mieux cette nuit, j'en suis sûre. » D'un côté, elle doutait, parce qu'avec les récents événements qu'il avait traversés, ce n'était pas chose facile de trouver le sommeil, elle connaissait ça elle, mais pour une raison bien différente. « Il faut toujours voir les bons côtés, parfois je ressors avec un mal de crâne, mais j'aime les instants passés à leurs côtés. » Astrid aimait les enfants depuis toujours, d'ailleurs elle avait toujours rêvé de fonder une famille, mais bon, encore fallait-il trouver le père pour ça. « Je vais bien et non tu ne me déranges pas, et puis si c'était le cas, je ne t'aurais pas proposé de venir chez moi. » Généreuse, comme toujours. « Ça me fera un peu de compagnie, je me sens seule dans cette maison. » Parfois, certains bruits la réveillait, en même temps, elle était vraiment au bord de la ville, de ce fait, une forêt se trouvait juste à côté, de quoi l'angoisser. « A deux pas, allez viens on va aller manger. » Commençant à marcher, elle attrapait le bras de libre de Keith, le tenait fermement, bras-dessus bras-dessous. Elle était si contente de le voir. « Je t'invite au restaurant, ton arrivée ça se fête ! »

Désolée pour le retard

Quand il aperçoit Astrid, au loin, un soupir de soulagement traverse la barrière de ses lèvres. Il est heureux de la voir, soulagé aussi. En quittant sa ville natale, et même son pays, Keith a tout laissé derrière lui, toute sa vie, en long et en large. En passant par son petit frère et ses amis. Il n'a plus aucune attache, et voir Astrid lui fait du bien. Alors il la serre dans ses bras, Keith, heureux de ne pas être totalement seul au monde. Parce qu'il sait Keith, que sans elle, il serait probablement encore dans ce trou à raz, à attendre une lumière. Mais sa porte de sortie, c'est elle, alors, il lui en est réellement reconnaissant. À la fin de leur accolade, Astrid prend la parole, lui demandant comment s'est passé son vol. Une grimace traverse le visage de Keith en se remémorant ces quelques heures, et surtout, les deux monstres qui lui avaient servi de voisins. « Oh, du coup tu n'as pas pu te reposer ? Tu dormiras mieux cette nuit, j'en suis sûre. », se reposer, ça lui paraît tellement lointain. Voilà bien plusieurs semaines que Keith ne parvient pas à trouver le sommeil, les cernes sous ses yeux en sont la preuve fulgurante. « J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas eu une bonne nuit de sommeil. Surtout, depuis que... enfin, tu vois, quoi. », depuis que sa mère avait perdu la vie. Même après l'enterrement, il ne parvient pas à l'entendre à voix haute, alors le dire lui-même lui parait impossible. Il change alors rapidement de sujet, se plaint des deux garnements, en se demandant comment Astrid fait avec son métier d'institutrice. « Il faut toujours voir les bons côtés, parfois je ressors avec un mal de crâne, mais j'aime les instants passés à leurs côtés. », il esquisse alors un sourire Keith. Astrid a l'air vraiment épanouie dans son travail, et ça l’impressionne Keith, parce que lui, il ne sait même quoi faire de son futur. Et ces quelques mots lui remémorent les anciens moment passés ensemble, lorsqu'il était plus jeune, la blonde lui donnait des cours de soutien. Et malheureusement, ce n'était jamais bien concluant. Keith n'en faisait qu'à sa tète, la draguant plus qu'il ne travaillait. « Ça me rappelle quand tu venais m'aider avec mes cours. Moi aussi, j'étais un vrai monstre. Mais je suis impressionné, t'as franchement l'air de te plaire dans ton métier. » qu'il dit alors un sourire sur les lèvres. « Je vais bien et non tu ne me déranges pas, et puis si c'était le cas, je ne t'aurais pas proposé de venir chez moi. Ça me fera un peu de compagnie, je me sens seule dans cette maison. », Keith lui est tellement reconnaissant de l'avoir permis de venir ici. Même après toutes ces années, Astrid n'a pas changé, toujours aussi généreuse. « Tu te sens seule ? Et moi qui croyait que j'allais avoir à faire à une crise de jalousie de ton petit-ami. Ahh, je suis déçu. » qu'il dit sarcastiquement. Keith, il ne peut s’empêcher de plaisanter un peu, même si ce n'est pas totalement faux. « Je t'invite au restaurant, ton arrivée ça se fête ! » qu'elle lance Astrid, en attrapant son bras. « Hein ?! Non, non, mais pas besoin d'aller au restaurant ! Je vais monopoliser une moitié de ton appart', c'est déjà assez suffisant comme ça. Un sandwich ça me va tu sais, ou même des pâtes. » qu'il dit, en secouant la tète. Son estomac crie certes, famine, mais Keith, il sait se contenter de peu. C'est comme ça, lorsque l'on naît dans une famille qui se serre la ceinture à chaque fin de mois. Après avoir traversé le parking, ils arrivent enfin prés de la voiture d'Astrid, et les valises se retrouvent dans le coffre en peu de temps. « … merci. Je te l'ai déjà dis une cinquantaine de fois au téléphone, mais merci de m'accueillir chez toi. C'est vraiment gentil de ta part. Je te le revaudrai, promis. » qu'il dit un peu gêné tout de même alors qu'Astrid referme le coffre de sa voiture. Au fond, Keith, il s'incruste un peu dans sa vie, alors qu'elle doit sûrement déjà avoir ses propres problèmes. Et c'est pas dans ses habitudes, de s'imposer aux gens. C'est pour ça qu'il n'a pris que le strict minimum, Keith, histoire de ne pas l'encombrer encore plus.

Dès que Keith était là, c'était un grand soulagement pour Astrid qui s'inquiétait. Même si elle savait que l'avion était le moyen de transport le plus sûr, elle ne pouvait s'empêcher de se faire du soucis. Après tout, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver, de ce fait elle lâchait un long soupir en le voyant s'approcher d'elle. Elle faisait alors quelques pas elle aussi, un peu plus rapidement, puis elle le serrait dans ses bras, nichant sa tête dans son cou. Quel plaisir de le revoir ! Elle ne l'avait pas vu depuis l'enterrement de sa mère, lorsqu'elle avait passé trois jours à San Francisco. Elle aurait aimé rester un peu plus longtemps, juste pour pouvoir veiller sur Keith, mais elle ne pouvait pas tout laisser tomber à White Oak, elle avait des obligations désormais et un travail qu'elle ne comptait pas perdre de si-tôt. Le marché du travail étant fermé, elle avait mis plusieurs mois avant de trouver ce qu'elle cherchait, donc elle y tenait beaucoup. Elle esquissait donc un large sourire en voyant son ami resplendissant. Il était toujours aussi beau et Astrid ne pouvait s'empêcher de l'admirer. Elle le connaissait depuis pas mal de temps maintenant et elle l'avait vu évoluer au fil des années. Astrid demandait alors au jeune homme s'il avait pu se reposer un peu dans l'avion, mais bon, avec les bambins à côté de lui, elle connaissait déjà la réponse à sa question. D'ailleurs, il lui avouait qu'il ne trouvait plus vraiment le sommeil depuis la mort de sa mère, enfin ce n'était peut-être pas dit comme ça, mais elle savait très bien que cette épreuve était difficile pour lui. « Je sais... mais tu verras le changement d'air ça fait du bien et d'ici peu, tu retrouveras le sommeil. » De toute façon, la blondinette allait tout faire pour qu'il remonte la pente et qu'il retrouve une vie plutôt normale. Cela allait certainement prendre du temps, mais ce qui était sûr c'est qu'elle n'allait pas abandonner, elle allait être présente pour lui. Keith évoque alors les deux enfants qui se trouvaient à ses côtés dans l'avion. C'est sûr que pour exercer le métier d'institutrice il faut de la patience et du courage, deux qualités qu'à la jeune femme. De toute façon, quand on aime les enfants, on y parvient, c'est quelque chose que la demoiselle a appris au fil du temps. « Mais non tu n'étais pas un monstre, tu prenais un peu les cours à la légère c'est tout, j'ai vu bien pire que toi ! A côté, tu étais même très sage. » C'était le bon temps, le temps où les problèmes n'étaient que futiles pour elle. Keith était un élève un peu déconcentré, mais cela amusait beaucoup Astrid. Il avait tenté de la draguer à plusieurs reprises, mais la jeune femme avait vite pris ses distances, le trouvant bien trop jeune. Maintenant, elle le considérait plus comme le frère qu'elle n'avait jamais eu, celui qu'elle devait surveiller et protéger. « Tu pourras être jaloux du chien, mais je n'ai personne dans ma vie, donc tu n'auras pas du fil a retordre de ce côté-là. » Pas d'histoire d'amour, pas depuis qu'elle avait quitté San Francisco en tout cas. Il n'y avait personne dans sa vie et pour le moment elle s'en contentait. Avec sa maladie et son travail, elle n'avait pas de temps à consacrer pour le moment.

Attrapant le bras de son protégé, Astrid clamait haut et fort qu'elle l'invitait au restaurant pour fêter son arrivée. Cela lui faisait plaisir et puis, elle savait qu'il avait très faim, donc elle n'allait pas se contenter d'un simple sandwich. « Certainement pas ! On va manger au restaurant et tu n'as pas ton mot à dire là-dessus très cher. » Il n'avait pas changé, il ne voulait pas être un profiteur, de toute façon il n'en était pas un. Astrid le connaissait assez bien pour le savoir. Elle quittait donc l'aéroport pour rejoindre le parking où se trouvait sa voiture. « Tu ne m'es pas redevable. » Répondait-elle, à la remarque du jeune Keith. « Ça me fait plaisir de te voir, tu m'avais manqué et je ne veux pas que tu vois cela comme de la pitié. Je tiens à toi et si je t'ai proposé de venir, ce n'est pas pour obtenir quelque chose en retour. » C'était de bon cœur, elle ne voulait pas qu'il lui soit redevable, certainement pas. C'était quelqu'un qu'elle appréciait et qui avait besoin d'un nouveau départ, tout comme elle, il y a quelques mois. Elle montait donc dans sa voiture, quittant ainsi le parking pour rejoindre un restaurant qu'elle avait aperçu en passant. C'est donc quelques minutes plus tard qu'elle se garait devant un restaurant traditionnel. L'odeur lui donnait déjà très faim. « Je sens qu'on va se régaler ! »

Keith, il se sent mitigé. Il ne sait pas trop quoi penser, partagé entre la nostalgie de son passé, et l'excitation de prendre un nouveau départ. Et dire, qu'il y a quelques heures à peine il était encore à San Francisco, tournant en rond dans sa chambre. Et redoutant à chaque instant que son ivrogne de père se réveille alors qu'il préparait ses affaires dans la plus grande discrétion. Il va certainement passer un coup de fil à son jeune frère Keith, mais pas maintenant. Il préfère attendre le bon moment, quand la pilule sera passée. Après tout, il est parti en ne laissant qu'un vulgaire bout de papier derrière lui, alors il ne peut définitivement pas venir aux nouvelles comme si de rien n'était. C'est un peu trop facile, même pour lui. Alors, il est surpris, Keith, lorsque Astrid l'invite au restaurant pour son premier repas à White Oak. « Certainement pas ! On va manger au restaurant et tu n'as pas ton mot à dire là-dessus très cher. », au fond il est ravi Keith, heureux de voir qu'il n'est pas seul dans ce monde. « Je suppose que ça ne sert à rien d'essayer de te faire changer d'avis... mais dans ce cas, ce soir c'est moi qui cuisine ! Tu vas voir, je fais des pizzas à tomber par terre. J'ai un peu de sang italien qui coule dans les veines tu vois, donc les pizzas, ça me connaît ! », c'est faux, il n'a aucune origine italienne Keith et Astrid le sait bien. Sauf qu'il aime bien plaisanter et sur le moment c'est la seule explication qu'il a trouvé quand à son don pour la gastronomie italienne. Puis, il remercie Astrid, le plus sincèrement du monde. Il sait qu'elle ne demande rien en échange, mais il n'y arrive pas Keith, à se dire qu'elle accepte de l'accueillir dans sa vie. Il ne s'est jamais rendu compte à quel point ils étaient proches. Après tout, Keith, s'était juste le gamin à qui elle venait donner des cours de soutiens, cet adolescent un peu lourd qui la draguait sans arrêt. Mais peut-être que ces éclats de rire (ceux qui résonnaient dans toute la ville) devant la tronche dubitative de Keith en face de formules scientifiques n'ont pas complètement disparu lorsque Astrid s'est envolée pour White Oak Station. Peut-être que les paroles un peu réconfortantes de la blonde suite à la première peine de cœur de Keith, sont restés gravées en lui. Et même s'ils n'ont plus vraiment gardés contact, leur amitié n'en est pas moins altérée, oui Keith, il en est sûr. « Merci. Désolé... je... je ne sais pas trop quoi dire d'autre. » qu'il répond, en baissant le regard, ça lui fait tellement plaisir ce qu'elle lui dit. Au fond, sous ses airs de grand garçon, il lui manque un peu de confiance en lui, Keith. Enfin, ils s'engouffrent tout deux dans la voiture d'Astrid pour finalement passer la porte du restaurant une dizaine de minute plus tard. Il se sent bizarre Keith. Tout ça c'est nouveau pour lui, alors il observe la ville comme un enfant, il se dit que c'est beau ici. « J'ai tellement faim ! », heureusement pour eux, Keith a débarqué un jour de semaine, il n'y a donc pas grand monde au restaurant. Le serveur leur indique alors leurs tables, et apporte les menus. Puis, ils passent commande, et Keith, il est impatient de voir son plat débarqué. Mine de rien, les voyages ça creuse l'estomac. « Quand je pense qu'à l'époque j'aurai tout donner pour un tète à tète avec toi. », qu'il dit avant de laisser échapper un rire. Il n'a jamais eu de chance Keith, avec Astrid. Pourtant, il aurait bien voulu s'en vanter devant ses amis. Il aurait été le seul de la bande à sortir avec une fille plus âgée, mais Astrid, elle n'a jamais dit oui. « J'ai hâte de visiter la ville. Du peu de ce que j'ai vu dans la voiture, ça a vraiment l'air sympa. », il tourne son visage vers la fenêtre, et un sourire s'esquisse. « Alors, parle-moi un peu de ta vie ! Déjà, est-ce que je dois m'attendre à ce que ton chien me saute dessus, ou pas ? Et puis, comment il s'appelle ? », pas qu'il ait peur des chiens, mais Keith, il n'a jamais eu d'animal de compagnie alors il préfère s'informer un peu sur le genre de spécimen avec lequel il va cohabiter (juste au cas ou).

Keith venait tout simplement de débarquer et s'il s'attendait à manger un simple sandwich, il faisait fausse route. Astrid avait déjà planifié toute la journée et ce n'était pas maintenant que cela allait changer. Il devait mourir de faim et un sandwich ne calerait même pas son estomac. C'est donc avec un air strict qu'elle lui assurait qu'ils allaient manger au restaurant ce midi et que ce ne serait pas autrement. Prendre cet air, ce n'était pas vraiment son habitude, mais elle voulait tout de même paraitre crédible, même si elle mourrait d'envie de pouffer de rire. « Il ne vaut mieux pas que tu négocies, je suis difficile à faire changer d'avis. » S'il voulait cuisinier ce soir, elle n'allait pas l'en empêcher, elle n'avait pas encore choisis le repas pour ce soir, donc ça tombait plutôt bien. « D'accord pour ce soir, mais attention si je me régale, je t'utiliserais tous les jours pour faire la cuisine ! » Elle esquissait un large sourire, un sourire qu'elle n'avait pas affiché depuis plusieurs semaines. En même temps, elle s'était un peu apitoyé sur son sort avant de finalement prendre une décision importante : se soigner. Elle ne voulait pas mourir aussi jeune et se battre c'était la meilleure solution pour elle. Elle avait la vie devant elle, ce n'était pas le moment de la gâcher. Le retour de Keith la motivait davantage. Astrid était rassurée de le voir à ses côtés, à présent elle allait pouvoir veiller sur lui. Leurs rendez-vous réguliers lui manquaient beaucoup, car lorsqu'elle lui donnait des cours, elle ne peut pas nier qu'une l'alchimie était présente. Tout aurait pu être très différents, si elle avait accepté ses avances et franchie le pas avec lui, peut-être qu'ils seraient encore ensemble ou bien qu'ils se détesteraient à cause de leur différence d'âge ou pour une tout autre raison. Après tout, Astrid le considérai quand même plus comme un petit frère que comme un prétendant et c'est quelques années plus tard qu'elle se rend compte qu'elle avait le bon choix. Il lui était reconnaissant de ce qu'elle faisait pour lui, mais ce n'était pas de la pitié, non c'était de l'amitié, une très belle amitié. Elle pénétrait donc dans le restaurant avec lui, le tenant fermement pas le bras. Son ventre commençait à crier famine et l'odeur de la nourriture lui donnait encore plus faim. « Oh moi aussi ! » Leur réaction ressemblaient plus à celles d'un enfant, mais tan-pis, elle l'assumait parfaitement. Il n'y a pas trop de monde et de ce fait, ils furent rapidement dirigés vers une table où le serveur leur donne leur menus pour qu'ils puissent passer commande. Astrid imagine déjà son plat en face d'elle, du coup, elle a encore plus faim. « Mais tu l'as ton tête-à-tête, sauf que c'est pas tout à fait pareil. Les choses ont changé, évoluées. » Oui, il n'y a pas d'ambigüité entre eux et c'est tellement mieux ainsi. « C'est très sympa, très calme. Après c'est bien différent de San Francisco. » La ville est nettement plus petite et les mentalités sont très différentes. « Il faudra t'y faire ! » Les premières semaines avaient été compliquées pour elle, surtout que sa meilleure amie Elza l'avait fait venir pour quitter la ville quelques jours après. « Et bien, oui, mais il ne fait pas de mal à une mouche, tu n'as pas avoir peur. Il s'appelle Pepito il avait trois ans quand je l'ai adopté, il avait été abandonné. » Malheureusement elle n'avait pas choisi son nom, mais il est tout de même très gentil comme chien et puis Astrid l'aime beaucoup. « Et toi alors, tu as tout quitté, tu n'avais pas de petite amie ou autre qui te retenait ? » Astrid en mode détective.

Ça ne le dérangerai pas Keith, de faire la cuisine tout les jours. Au contraire, il en serait même ravi. Enfin, les premiers jours du moins, puisqu'il est presque sûr qu'il serait prêt à mettre le feu à la cuisine, tant il ne parvient pas à rester concentré très longtemps. Mais pourquoi ne pas essayer, au moins il aura l'impression d'avoir quelque chose à offrir à Astrid, en échange de son hospitalité, de sa gentillesse, et peut-être de son amitié. Même si les repas qu'il peut cuisiner ne seront pas à la hauteur de ce qu'il entrevoit sur le menu du restaurant. Tout ces noms de plats lui mettent l'eau à la bouche, tellement qu'il en devient impatient. « Mais tu l'as ton tête-à-tête, sauf que c'est pas tout à fait pareil. Les choses ont changé, évoluées. », elle a raison, bien des choses ont changé. À commencer par eux deux, ainsi que leurs vies respectives. Ils ont grandis, mais ont parvenu à garder leur amitié intact, malgré la distance et la différence d'âge. « C'est vrai... et c'est peut-être mieux ainsi. », c'est peut-être mieux qu'il soit partis de chez lui, c'est peut-être mieux qu'il rebattisse une nouvelle histoire ici, dans une nouvelle ville. «  Mais n’empêche, tu n'as jamais réussis à me faire comprendre ces formules de physique. », il s'en souvient comme hier, Keith, de ces heures passées à chercher la logique de ses cours. Oui, il n'a jamais été très friand des matières scientifiques. « C'est très sympa, très calme. Après c'est bien différent de San Francisco. Il faudra t'y faire ! », il n'a pas le choix, de toute façon. S'il est venu ici, ce n'est pas pour faire la fine bouche et repartir à la moindre difficulté. « Oui, j'imagine. Tu sais quoi ? Je te nomme officiellement guide personnelle ! Ça signifie que tu devra me montrer tout les petits recoins sympas de la ville. Et les moins-sympas aussi, tant qu'à faire. », avec Astrid pour guide, Keith est au moins sûr de ne pas tomber dans des recoins un peu louches de White Oak Station.  « Et bien, oui, mais il ne fait pas de mal à une mouche, tu n'as pas avoir peur. Il s'appelle Pepito il avait trois ans quand je l'ai adopté, il avait été abandonné. », il laisse échapper un rire quant à l'entente du nom du chien, visiblement mexicain. « Oh non, j'ai pas peur... hum... c'est quoi sa race déjà ? Mais il doit être encore tout petit alors, non? », Keith, aura au moins un autre être à qui raconter ses péripéties. Par sûr qu'Astrid soit toujours présente à l'appartement, alors Keith pourra certainement se plaindre de ses recherches de logement au petit chien. « Et toi alors, tu as tout quitté, tu n'avais pas de petite amie ou autre qui te retenait ? », tout quitté, oui c'est bien le mot. Depuis des jours qu'il prévoyait de partir, il ruminait à l'idée de laisser son petit frère, mais maintenant qu'il est là, Keith, il préfère ignorer ses remords. « Non, pas vraiment... Disons que je suis devenu un peu associable sur les bords, avec tout ce qui s'est passé. Enfin... j'avais bien mon frère, oui, mais c'était impossible de le ramener avec moi... », il a dû faire face à un ultimatum, Keith. Rester chez lui, ou partir en abandonnant son frère. Ça n'a pas été facile, mais il avait finalement fait son choix. Alors, rapidement, il change de sujet, encore un peu mal-à-l'aise face à toute cette histoire. « D'ailleurs, y'a Madame Emerson qui te passe le bonjour. Tu sais, ma voisine d'en face. Elle a voulu que je te ramène quelques trucs, comme des épices, ou je-ne-sais-quoi. Tu la connais, c'est un peu la caverne d'Ali Baba chez elle. », Astrid a toujours eu le don d'attirer la gentillesse des gens. Elle savait se montrer sociable et serviable, c'est sans-doute pour cette raison que la mère de Keith l'appréciait grandement.

Astrid aimait bien taquiner Keith, c'était un peu son petit plaisir. Elle lui avouait donc que s'il cuisinait bien ce soir, elle l'utiliserait tous les jours pour faire à manger. Bien évidemment, ce n'était pas ce qu'elle allait faire, car même si elle se doutait bien que sa cuisine étais bonne, il n'avait peut-être pas forcément envie qu'on lui colle l'étiquette de "cuisinier" à plein temps. De toute façon, Astrid aimait beaucoup faire à manger. Sa mère lui avait transmis cette passion, de ce fait, il lui arrivait de faire de très bons repas et des desserts à tomber par terre. Parfois, lorsqu'elle s'ennuie, elle cuisine et même si elle n'a pas la force de tout manger après ou peur de revomir après la première bouchée, elle les offre à ses amis ou à ses voisins. Et oui, elle est très généreuse Astrid. Les choses ont bien changées depuis leur premier rencontre et avec le recul, Astrid se dit qu'elle a bien fait de ne pas avoir de relation avec lui. Il est son ami, son petit protégé et Astrid préfère de loin être une oreille attentive, plutôt qu'une vaste ex, sans contact avec lui. « Bien que tu sois très brillant, tu n'étais pas vraiment très attentif. » Ils avaient passé de très bons moments ensemble, Astrid avait de très bons souvenirs, des souvenirs gravés dans sa mémoire et qu'elle n'était pas prête d'oublier. « Je te redonnerais des cours si tu veux. » Keith voudrait certainement fuir, elle savait très bien qu'il n'aimait pas vraiment la physique et la chimie.

White Oak Station, c'était bien différent de San Francisco. Astrid avait l'impression d'avoir pris un nouveau départ en venant ici. Pourtant, cela ne faisait pas énormément de temps qu'elle s'y trouvait, à vrai dire, elle ne connaissait pas encore tous les recoins de la ville. Elle connaissait juste quelques restaurants sympa et quelques boutiques qu'elle avait pris l'habitude de fréquenter, mais celui lui suffisait. De plus, les gens n'étaient pas ordinaires ici et sachant que la ville n'était pas très grande, tout le monde se disait Bonjour, sans même se connaitre. Dix ans plus tôt, elle ne se serait jamais vue dans une telle ville, c'était bien trop petit pour une femme aussi ambitieuse qu'elle, mais maintenant qu'elle est là, son avis à bien changer. « Je ne connais pas parfaitement la ville, mais je te montrerais des endroits sympas avec un grand plaisir. » Un sourire se dessinait donc sur son visage, alors qu'elle jetait un oeil par la fenêtre. « Je serai ton guide ! » Elle avait pris une voix différente, tentant d'être convaincante, mais cela semblait tout droit sorti d'un film. Visiblement son chien l'intéresse puisqu'il veut quelques détails, ce qu'Astrid trouve plutôt marrant. « Euh c'est un chien avec des oreilles ? Mais il est tout petit oui... » Astrid ne s'intéresse pas vraiment aux chiens et hormis le caniche, le dalmatien et quelques autres, elle n'est pas très douée pour les reconnaitre. « Je crois que c'est un labrador, enfin tu me confirmeras ça, toi qui es l'expert. » Astrid lui posait alors une autre question. Elle avait envie de savoir ce qui se tramait avant qu'il ne débarque. Elle se doutait bien qu'il avais quelques attaches dans sa ville natale. « Tu as prévenu ton frère avant de partir ? Tu pourras toujours lui envoyer des lettres, tu sais. » La situation de Keith était plutôt compliquée, mais Astrid ne perdait pas espoir, dans quelques années, il reverrait son petit frère. Le changement de sujet est tout de même radical, mais Astrid comprend bien que c'est difficile pour lui. Il a fait une croix sur son ancienne vie et il lui faudra certainement du temps pour passer outre. « Oh c'est très gentil de sa part. D'ailleurs, j'ai toujours cru que cette femme était une sorcière, elle agissait toujours bizarrement... » Elle affichait une petite moue, perplexe à l'idée de cette femme. Elle était très très bizarre et même si Astrid la trouvait très gentille, elle n'était pas très rassurée. Quelque chose se tramait chez elle.

Un sourire s'esquisse sur les lèvres de Keith, alors qu'ils se remémorent le passé. Il ne saurait dire si c'était mieux avant. Il y a quelques jours encore, Keith aurait tout donné pour retourner dans le passé, mais maintenant qu'il est ici, accoudé à cette table, il ne sait plus trop quoi penser. Peut-être que c'est encore un peu trop tôt pour lui. Bien qu'il souhaiterait passer à autre chose, son passé le rattrapera sans-doute un jour. Comme son passé de cancre des mathématique, que lui rappelle si bien Astrid. Un rire s'échappe d'entre ses lèvres, Keith, il aime bien la façon qu'a la blonde de le taquiner, au moins elle ne s’apitoie pas sur son sort. « Bien que tu sois très brillant, tu n'étais pas vraiment très attentif. », une fausse moue traverse le visage de Keith. Il feint d'être touché dans son estime, même si au fond, il sait que c'est bon enfant. « J'avais quinze ans à l'époque, tu en avais dix-neuf. Tu comprends certainement pourquoi j'étais... distrait. », ils en reviennent toujours à cette potentiel relation. Aujourd'hui, Keith, il se trouve un peu naïf d'avoir cru pouvoir plaire à Astrid, tellement ils étaient aux antipodes l'un de l'autre. Il n'a jamais eu aucun sentiment pour elle de toute manière, l'adolescent qu'il était souhaitait simplement frimer auprès de ses amis. « Je te redonnerais des cours si tu veux. », cette fois-ci Keith il préférerait passer son chemin. Astrid sait se montrer très convaincante lorsqu'il faut ingurgiter des pages et des pages de cours. « Ça me fait penser que je me suis inscrit à l'université de White Oak pour la rentrée. Il ne me reste plus que l'inscription administrative à faire. », il ne sait pas pourquoi, mais ça lui paraît soudain important à dire, comme s'il avait besoin du consentement d'Astrid. Elle vient d'accepter de devenir son guide après tout, alors son soutien lui semble primordiale. Il laisse échapper un rire face à la fausse voix convaincante que prend Astrid, puis s’intéresse à son chien. « Euh c'est un chien avec des oreilles ? Mais il est tout petit oui... », il laisse échapper un rire face à l’ignorance d'Astrid quant à la race de son chien. Il a l'impression de lui avoir demandé quelque chose d'absurde. « Je crois que c'est un labrador, enfin tu me confirmeras ça, toi qui es l'expert. » , « Je suis loin d'être un expert mais je croyais que tout les bons maîtres savaient tout ce qu'il y a savoir sur leurs chiens... » qu'il dit en appuyant bien sur le mot bons, un sourire en coin. Puis vient le moment fatidique, celui où il doit parler de son petit frère. Keith, abandonne alors son sourire, ne sachant pas vraiment comment répondre à ces interrogations. « Tu as prévenu ton frère avant de partir ? Tu pourras toujours lui envoyer des lettres, tu sais. », il passe une main dans ses cheveux, mal à l'aise. « Hum... je... je lui ai laissé une lettre avant de prendre l'avion, ce matin. » qu'il dit en baissant la tète, comme s'il a avoué avoir tuer quelqu'un. Mais à cet instant, Keith il se trouve plus que pathétique. Il n'a même pas eu le courage de lui dire au revoir les yeux dans les yeux, alors soutenir le regard d'Astrid lui parait impossible. Même s'il sait que la blonde ne le jugera pas, il hésite encore, Keith, tiraillé par des sentiments contraires. Il décide finalement de changer de sujet pour parler de sa fameuse voisine et des ces épices. « Oh c'est très gentil de sa part. D'ailleurs, j'ai toujours cru que cette femme était une sorcière, elle agissait toujours bizarrement... », Keith chasse alors ses mauvaises pensées, et se prend au jeux afin de se remémorer les petites manies de cette vieille femme. « Alors toi aussi ?! Tu sais qu'à un certain moment, des rumeurs couraient sur le fait qu'elle faisait du vaudou ? Enfin, on se transmettait le mot entre jeune du quartier, mais, je sais pas. Je l'ai toujours trouvé bizarre avec son chat noir. » oui, parce que le chat noir c'est une preuve irréfutable de la présence d'une sorcière dans les environs. Enfin, alors qu'ils discutent autour de cette fameuse Madame Emerson, le serveur arrive avec leurs plats, qu'il dépose sur la table avant de s'éloigner. « Bon appétit ! »

L'arrivée de Keith en ville lui faisait un bien fou. Parfois, elle se sentait un peu perdue ici, elle ne connaissait pas énormément de monde, de ce fait elle n'avait pas grand monde à qui parler, à qui se confier. Keith avait été son "élève" pendant un temps, avant de finir par devenir son ami, un ami sur qui elle pouvait compter, dans n'importe quelle circonstance. C'était dans les deux sens d'ailleurs, car lorsque Astrid a appris le décès de sa mère, elle n'a pas hésitée un seul instant avant de prendre l'avion pour le rejoindre. Il avait besoin de son soutien, besoin d'elle et en tant qu'amie, Astrid a fait le déplacement. « Je comprends bien, heureusement que je ne te donnais pas des cours en maillot de bain... » Elle ne pouvait s'empêcher de rire suite à sa remarque. Elle savait très bien qu'il était intéressé par elle, certainement parce qu'elle était plus âgée, mais bon, elle n'était pas là pour l'aguicher ou le séduire, elle était là pour lui transmettre son savoir-faire. Bien sûr, Astrid le trouvait bien à son gout. En même temps, qui résisterait à ce visage d'ange et à son humour. Malgré tout, elle n'avait pas envie de se lancer dans une relation et puis à ce moment-là, elle était en couple avec un homme, avec qui elle se voyait déjà finir sa vie. Mais bon, ça c'était une tout autre affaire. « Si tu veux, je pourrais t'aider. » Elle savait que Keith n'aimait pas trop remplir des papiers, c'est pour cette raison qu'Astrid lui proposait son aide. Elle trouvait même ça bien qu'il s'inscrive à l'université, il avait bien raison de reprendre ses études. Elle était même assez contente qu'il lui en parle, après tout, elle allait être son guide. Ils changeaient rapidement de sujet, évoquant ainsi le chien d'Astrid. Elle l'avait adopté, mais elle n'était même pas sûre de sa race, c'était bien elle ça, à ne pas s'intéresser à la race de son chien. Pourtant, elle y était bien attachée, elle le laissait même dormir avec elle de temps en temps. « Et bien ce n'est pas mon cas, je l'aime ce petit chien, mais j'ai l'impression qu'il est un mélange de deux races. Enfin, tu me connais, je n'arrive jamais à me rappeler quel chien est tel chien. » Il y a tellement de chiens qui existent, c'est dur de s'en rappeler. « Hormis le chihuahua, lui je le visualise bien. » Elle esquisse un petit sourire, haussant rapidement les épaules, gardant cet air innocent. Le moment fatidique est bien là, Astrid s'interrogeait beaucoup et elle lui demandait donc quelque chose de très personnel. « D'accord, tu as bien fait. » Elle mettait rapidement fin au sujet, histoire de ne pas l'embarrasser encore plus. Elle se doutait qu'il n'avait pas envie de s'éterniser là-dessus, étant donné que c'est plutôt délicat. « Du vaudou ? Pourquoi ne suis-je même pas étonné par ça ? » S'exclamait-elle, affichant une légère grimace. « En plus, son chat s'appelle Salem, ça n'aide pas. » Bizarre bizarre, car bien que cette femme était très gentille avec Astrid, elle a toujours été très réticente et méfiante. Elle n'était jamais très rassurée en la voyant. « Merci, à toi aussi ! » Le serveur venait tout juste de déposer leurs plats sous leurs yeux et Astrid se réjouissait d'avance de le manger. « Et tu vas continuer tes études de commerce du coup ? »

Les assiettes posées devant eux, Keith et Astrid n'attendent pas une seconde de plus avant de s'attaquer au plat. Peut-être qu'ils ont autant faim l'un que l'autre finalement. Le chien d'Astrid semble passionnant, mais la conversation tourne bien vite vers leur ancienne voisine, Madame Emerson. Vieille femme qui terrorisait les enfants sans le vouloir, ni le savoir d'ailleurs. Son chat, le petit Salemn, était d'ailleurs l'attraction préférée des jeunes le jour d'Halloween. Alors Keith, il se demande même si les épices que cette bonne femme lui a donné pour Astrid sont comestibles. « Je suis peut-être mauvaise langue, mais ne compte pas sur moi pour goûter ses épices. J'ai accepté de te les ramener, mais mon job s'arrête là. Si tu veux mon avis, il doit y avoir des trucs pas très nets dedans. », il rigole, sachant bien qu'au fond ce sont de vieilles superstitions. Le concret, c'est ça qu'il aime, Keith. Bien qu'il accumule certaines lacunes en mathématique, c'est le commerce qui le branche. « Oui, oui. Je pense continuer dans cette voie là. » Pour faire quoi, ça il l'ignore encore, Keith. Du temps qu'il fait quelque chose et qu'il ne reste pas enfermé entre quatre murs à se tourner les pouces. Il deviendrait fou, sinon. Puis il n'est pas venu ici pour glander, mais pour se relever, avancer comme il se doit. Heureusement qu'Astrid est là pour l'aider, heureusement qu'il peut compter sur elle. Ce n'est pas n'importe qui, qui lui aurait proposé une telle offre. Il sait qu'il peut pleurer sur ses épaules, et ça Keith, il ne veut pas que ça disparaisse. Aujourd'hui, il a un peu de mal à se confier à elle, mais il sait que c'est simplement parce que c'est encore trop frais dans sa tète. Il a besoin de temps, Keith, pour digérer. Plus tard, ça ira mieux. Peut-être pas ce soir, mais dans quelques jours, quelques semaines. Et il sait qu'Astrid sera encore là pour l'écouter. Comme elle le fait maintenant, en lui changeant les idées, en l'acceptant dans sa vie, en lui lassant une place dans sa maison, en le ramenant dans un restaurant, en le laissant cuisiner ce soir, en acceptant d'être guide touristique, ou même, en parlant de Madame Emerson et ses drôles de penchants.

rp terminé.