La soirée était pas mal avancée. J’avais chanté une petite dizaine de chanson. Minuit était déjà passé depuis quelques minutes mais les gens qui étaient présent me demandaient encore une chanson. J’allais être en retard pour ma course de voiture mais tant pis. J’avais décidé de chanté une chanson que j’avais écrite moi-même en anglais. Depuis que j’avais débarqué en ville, il y a maintenant quatre ans, je m’étais habituée à écrire des chansons en anglais. Certes, j’en écrivais toujours en espagnol mais personne ne les comprenais. Assise sur le bar, les pieds sur l’un des tabourets devant, j’accordais une nouvelle fois ma guitare pour ne pas avoir de fausses notes. J’entendis deux copines à moi m’encourager. Je regardais dans leur direction et je souris. S’était en partie grâce à elles que j’étais là. C’est elles qui m’avaient poussé à chanter dans les bars. Je commençais à me faire de l’argent grâce à ça. D’ailleurs, les billets que je récoltais tous les soirs ne restaient pas bien longtemps dans mon porte-monnaie puisqu’ils me servaient essentiellement à entretenir la voiture avec laquelle je faisais des courses. Bref, je testai deux ou trois notes pour voir si ma guitare était bien accordée, puis je commençais à chanter :

When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready, when you’re ready ready…
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na


You ain’t gotta worry it’s an open invitation
I’ll be sittin’ right here real patient
All day all night I’ll be waitin’ standby
Can’t stop because I love it, hate the way I love you
All day all night maybe I’m addicted for life, no lie.


I’m not too shy to show I love you, I got no regrets.
I love you much to, much to hide you, this love ain’t finished yet.
This love ain’t finished yet…
So baby whenever you’re ready…


When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready, when you’re ready ready…
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na


You got the kind of love that I want, let me get that.
And baby once I get it I’m yours no take backs.
Gon’ love you for life I ain’t leaving your side
Even if you knock it ain’t no way to stop it
Forever you’re mine baby I’m addicted no lie


I’m not too shy to show I love you, I got no regrets.
So baby whenever you’re ready…..


When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready, when you’re ready ready…
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na


This love will be the death of me,
But I know I’ll die happily
I’ll know I’ll know I’ll know
Because you love me so…Yeah!


When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na
When you’re ready, when you’re ready ready…
When you’re ready come and get it
Na na na na, Na na na na, Na na na na

Une fois que la chanson fut finie, les gens applaudirent. Je les remerciais Ca faisait réellement chaud au cœur. Je descendis du bar et commença à ranger mes guitare dans son étuis tout en commençant à parler avec un serveur que je connaissais bien depuis le temps. Je lui fis part du fait que j’avais une course de voiture qui m’attendait et qu’il fallait vraiment que je me dépêche. Il me salua et je commençais à partir en direction de la sortie. C’est à ce moment-là que j’entendis quelqu’un m’interpella, une voix masculine que je ne connaissais apparemment pas. Si quelqu’un commençait à me parler maintenant, je ne serais jamais à l’heure pour le départ.

« Stanley, je crois que tu nous dois des explications. » Je suis assis devant mon père et ma mère. Cette dernière m'envoie un regard pleins d'amour, sûrement pour essayer de me rassurer et surtout pour éviter qu'on en vienne aux mains avec mon père. Vu que c'est déjà arrivé par le passé... Mon cher paternel tient mon dernier bulletin de notes levé en l'air, son regard est froid. Il est furieux. Comme toujours depuis plusieurs mois maintenant. Je hausse les épaules pour toute réponse. « Ne lève pas les yeux en l'air Stanley! » Je retiens de soupirer, ce qui pourrait l'achever mais l'envie est très forte.

Mes parents, enfin surtout mon père, n'accepte toujours pas les quelques changements que j'ai opéré dans ma vie. Avant, j'étais le petit garçon, sage et studieux. Je ne ramenais que des bonnes notes et j'aspirais à de grandes études. Je me suis toujours habillé comme si j'allais à la Messe pour aller à l'école et je portais des lunettes digne des plus grands riches de la ville. Mais j'en souffrais. Je ne vais pas dans une école privée et ça fait des années et des années que je m'en prends plein la figure à cause de mon prénom de coincé, mon style de petit BCBG et mes moyennes irréprochables à l'école. Et puis, il y a cette idée de groupe de rock qu'on a monté avec mes deux meilleurs amis. Ca m'a donné envie de faire quelque chose de fou pour une fois. J'ai abandonné les cours de piano et me suis mis à la batterie. Ca a été un vrai déclic. J'ai troqué mes lunettes pour une paire de lentilles et j'ai été faire du shopping avec la carte de crédit de maman. Oui, parce que maman est de mon côté. Ca fait depuis qu'elle a épousé mon père qu'elle est coincée à la maison et qu'elle n'a pas le droit de rêver à une vie un peu plus... Folle. Mais ça ne lui dérange pas non plus. Elle aime jardiner et parler pâtisseries avec la jeune femme qui s'occupe de notre ménage et des repas. Mais me voir en train de prendre ma liberté la ravi. Alors quand papa m'a retiré ma carte de crédit, c'est celle de maman que j'ai emprunté. Avec Chuck et Puck, on a trouvé mon style; pantalons serrés, bottes de motards et t-shirt de groupes troués. Je ne plaque plus mes bouclettes en arrière, ce qui me donne un petit côté "Wild". Je ne suis plus la risée du lycée et notre groupe de rock est de plus en plus connu au Canada.

Mais papa ne voit pas tout ça du même oeil... C'est dont pour la énième fois que je me fais réprimander. « Tant que tu seras sous mon toit, tu feras ce que je te dis. Tu ne sors plus, tu ne vas plus voir tes amis et tu améliores tes moyennes. Il est hors de question que mon fils souille notre nom de famille. » Faut toujours qu'il fasse dans l'exagération. Je le défie du regard puis lâche un petit soupir désespéré malgré moi. « Je peux monter dans ma chambre maintenant? J'ai un devoir de philo à rendre. » Mon père, interdit, hoche la tête. Je me lève et traine les pieds jusqu'à lui pour reprendre mon bulletin de moyennes puis je me traine dans ma chambre. Tout ça sous le regard amusé de ma maman. Mais elle devrait faire attention. Je n'ai pas envie que mon père s'en prenne à elle comme il s'en prend à moi...

Une heure plus tard, me voilà en route pour aller boire un Coca avec les garçons. On doit parler de notre mini tournée dans les salles de la ville et malgré l'interdiction de papa, je me suis glissé par ma fenêtre pour venir en ville. Je m'installe au bar, comme toujours et je commande mon soda. Je n'ai pas l'âge de commander autre chose de toute manière. Pas loin de moi, une jeune femme anime la soirée. Elle est mignonne et surtout elle chante bien. J'aime bien son style. Ca passe bien. Et dire qu'il y a pas longtemps, c'était nous trois qui faisions nos premiers pas comme elle. Ca me rendrait presque un peu nostalgique. Comme je suis en avance par rapport à notre rendez-vous avec Puck et Chuck, je me commande un deuxième Coca et me concentre sur la chanteuse. Plus elle chante, plus j'apprécie son grain de voix. Et il faut dire qu'elle est vraiment mignonne. Sa musique est loin d'être ce que j'ai l'habitude de jouer avec mes amis mais c'est vraiment pas si mauvais non plus.

Lorsqu'elle termine de chanter, elle range ses affaires et va parler un peu avec le serveur. J'ai bien envie d'échanger quelques paroles et pourquoi pas un numéro de téléphone. Elle me plaît bien et je m'en cache pas. Depuis ma transformation, les filles ne me fuient plus et c'est plus facile pour moi de leur parler. Je ne pense pas être un serial baiseur mais j'aime bien ce nouveau petit statut de vedette rockeuse. Lorsque je vois la jeune femme prête à partir, je pose mon verre de Coca et la suit dans la foule pour l'attraper par le bras. « Hey! Attends. » Elle s'arrête et me dévisage. C'est le moment où jamais Bradford... « Salut. Scuse moi, je veux pas t'embêter mais j'ai beaucoup aimé ce que tu as fait ce soir. C'était vraiment sympa. » J'hésite un instant, enfonçant mes mains dans les poches de mon pantalon. « J'peux t'offrir un verre? J'aimerais bien parler un peu. Je suis dans la musique aussi. » Avoir davantage de succès avec les filles ne veut pas dire que je suis forcément moins maladroit... Bien sur, j'ose les aborder mais dès que j'ouvre la bouche, les mots ne sortent jamais comme je le veux et c'est souvent à elles de faire le premier pas. Pourvu qu'elle accepte ce malheureux petit verre.

J’allais vraiment être en retard. A peine avais-je rangé ma guitare dans son étuis que je recevais un message d’un mec que je connaissais des courses de voiture. Je lui répondis que j’arrivais. Ca va, au pire ils avaient qu’à la commencer sans moi, je participerais à la prochaine. Je me dirigeais donc vers la sortie lorsque j’entendis une voix masculine me parler. Je me retournais et le dévisageais. Je ne pensais pas le connaître. Il lâche ensuite mon bras et me fit des compliments. Je lui souris et le remercia, s’était gentil. Il me demanda ensuite s’il pouvait me payer un verre. Il était plutôt pas mal dans son genre. Mais je ne savais pas si je devais accepter. J’avais une course à faire. Je regardais l’heure sur mon téléphone. De toute façon être en retard pour être en retard… Et puis si je ne montais les rapports de ma voiture ce soir, mes parents seront contents. Ca ne fera que reculer ma date d’échéance après. Je finis par reposer mon regard sur lui et répondis :

« C’est d’accord. » De toute façon, je n’avais rien à perdre. Il était dans la musique, ça faisait un point commun. J’espérais juste que ce n’était pas le genre de mec qui, parce qu’il m’offre un verre, pense que je suis une fille facile. Loin de là d’ailleurs. Je me dirigeais avec lui vers la table où il était et commanda un cocktail à base de Vodka. Le serveur ne prit pas la peine de me demander ma carte d’identité : je n’avais pas l’âge requis, il le savait mais il s’en moquait. Je le remerciais, puis reporta mon attention sur le garçon : « Alors comme ça, t’es dans la musique ? »

Je lui souris. Mes deux amies passèrent à côté de notre table et me firent des signes que je compris très bien. Je levais les yeux au ciel : ça va s’était juste un verre, il n’y avait pas de quoi s’emballer non plus. Attendant sa réponse, je sortis mon portable pour envoyer un texto à l’un des organisateurs de la course que je connaissais. Je lui dis que finalement, je ne participerais pas à la course se soir. J’allais me faire incendier parce que je prévenais au dernier moment mais bon, je me rattraperais certainement la fois d’après. Je lui demandais ensuite :

« Tu joues d’un instrument ou tu chantes juste ? »

Il devait certainement entendre mon accent. Tout le monde remarquait que j’avais un accent. Certains le trouvaient mélodieux. Ouais enfin, c’est un accent quoi. Il n’y a pas quoi en faire tout un fromage non plus. Néanmoins, ça ne s’entendait pas trop lorsque je chantais. J’attendais donc sa réponse tout en buvant une gorgée de mon cocktail.

L’inconnue en face de moi semblw hésiter, on dirait qu’elle est attendue quelque part et ça serait pas bien grave qu’elle me mette un vent parce qu’elle avait déjà quelque chose d’autre de prévu. Après tout, ce n’est qu’un verre et si je tiens vraiment à parler avec elle, je peux bien prendre son numéro et lui proposer un verre une autre fois. Mais finalement, après avoir jeté un dernier coup d’œil à l’heure, elle accepte mon offre. Je lui souri à pleines dents avant de la suivre entre les tables du bar pour retourner s’asseoir au bar. Elle se commande une boisson alcoolisé et moi je me contente de reprendre un Coca. Je sais que s’il y a des contrôles, le barman peut avoir des ennuis pour avoir donné de l’alcool à des mineurs. Personnellement, je ne veux pas avoir ce genres de choses sur la conscience même s’il a pris le risque tout seul. L’homme derrière le comptoir nous donne nos boissons et je bois une gorgée avant d’entendre sa question. Je lui ai dit qu’on parlerait musique alors c’est ce qu’on va faire. Je hoche la tête. « Oui ! Je fais partie d’un groupe en fait. On commence à être bien connu dans le coin, c’est super. » Je détourne le regard vers ce qui semble attirer l’attention de la jeune femme pour constater que deux de ses copines lui font des signes. Les filles sont vraiment insupportables ensembles. D’après ce que je comprends, elles pensent qu’il va se passer quelque chose entre la jeune femme et moi. Je secoue la tête, un peu exaspéré de la réputation qu’on peut avoir les mecs puis boit une nouvelle gorgée de mon soda. L’inconnue sort son téléphone portable de son sac et je la regarde faire, c’est bien une fille ; jamais sans son téléphone. « Tu sais, si tu avais rendez-vous tu pouvais bien refuser et on aurait bu un truc une autre fois. Je suis pas pénible. » Je lui souris, lui faisant comprendre que je trouvais moyen son attitude mais bon, après tout on est là pour parler musique et sa prochaine question me fait hausser les épaules. « Je suis batteur en fait. Je fais les chœurs mais c’est tout. » Je lui souris une nouvelle fois. J’ai un peu soucis qu’elle me « rabaisse » d’un coup en pensant que je ne suis « que » batteur. Du coup j’enchaine la conversation. « C’est quoi ton prénom au fait ? »