~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Lorsque nous sommes au lycée, nous n'avons qu'une envie: celle d'avoir notre diplôme, et pouvoir commencer les études supérieures! Les adultes nous disent souvent que c'est pourtant la meilleure partie de notre vie, mais on ne s'en rend compte que quelques années après. Pour ma part, je ne m'en suis pas encore rendue compte. Je n'étais pas le genre de fille stéréotypée des films américains : blonde, bien faite, un peu idiote, cheerleader, en couple avec le capitaine de l'équipe de football américain : j'étais certes blonde et fière de mon physique, mais j'étais intelligente. Je n'étais pas la fille la plus populaire, qui gagnait chaque année le titre de plus belle fille du lycée, et je faisais partie de l'équipe de natation de l'université, et l'avais fièrement amenée jusqu'à la coupe de la finale l'une de mes années lycée . J'avais une petite dizaine d'amis, mais ne dit-on pas qu'il vaut mieux en avoir peu et de bons, que beaucoup et de mauvais ? Je me rendais parfois aux fêtes organisées le vendredi ou le samedi soir avec mes amis, et je me réservais la semaine pour travailler. Je savais être chic et sexy, mais cependant pas superficielle et vulgaire. Quant à la relation que j'entretenais avec mes tuteurs, elle était plus fusionnelle que conflictuelle. Il arrivait parfois que le ton monte entre nous, mais cela ne durait jamais plus de quelques jours.  

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Néanmoins, une fois le lycée terminé, c'est une toute autre vie qui s'offre à nous. J'étais pour ma part rentrée dans l'une des meilleures universités privées de médecine des États-Unis, dans le but de devenir chirurgien. Ma meilleure amie avait également trouvé sa place dans cette filière que je savais très sélective et difficile, et m'étais refait des amis, apprentis artistes et autres apprentis avocats. J'avais commencé à goûter à cette nouvelle liberté et à fréquenter plus de personnes et donc de soirées entre « districts » comme j'appelais les différentes universités présentes autour du campus, même si le travail passait souvent encore au premier plan. L'ambiance de ces écoles était excellente, et je pratiquais toujours la natation, en plus de quelques autres sports, tels que le volley et la danse. Je n'avais pourtant pas choisi de suivre une carrière sportive, car je voulais me sentir utile dans la vie, et pouvoir devenir chirurgien et soigner des vies était pour moi une responsabilité à laquelle je me sentais à la hauteur. Je n'habitais plus chez mes tuteurs depuis la rentrée puisque j'avais changé de ville. Je gardais cependant contact avec eux, et leur rendais visite le dimanche, autour d'un bon repas préparé par la mère de famille. Nous nous appelions plusieurs fois par semaine pour avoir des nouvelles, et j'étais toujours très heureuse de savoir que tout allait pour le mieux.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
J'espère un jour faire ce pourquoi je suit des études de médecines : devenir chirurgien, oui oui comme Derek en neuro, ou Owen, en trauma, dans Grey's Anatomy. Ma tutrice est chef de la chirurgie dans la ville ou elle réside, ce qui m'a permis de passer plusieurs nuits et journées à l'hôpital, même si ce rêve d'y travailler est arrivé un peu plus tôt, suite à l'accident qui a ôté la vie à plusieurs membres de ma famille lorsque j'étais encore enfant. J'ai repris la photo et fait quelques défilés, dirigée par quelques amis baignant dans la cinématographie et la photographie à l'université, m’apprêtant tantôt d'un simple maillot de bain, pour me voir une autre fois porter un simple jean-baskets ou une robe de soirée crée par l'un de ces amis, et continuerais dans le futur à m'épanouir dans ce domaine. J'ai d'ailleurs quelques contrats avec diverses marques représentées dans le monde, mais ne souhaite pas faire passer le mannequinat avant la médecine. J'aimerais un jour fonder ma propre famille, celle que je n'ai en quelques sortes jamais véritablement eue, mais ne veux pas me mettre en ménage avec le premier venu, sinon ce serait déjà fait depuis longtemps ! Mes études sont encore longues, et je voudrais être déjà ancrée dans le monde du travail avant d'avoir un enfant. Je sais que je ne resterais pas indéfiniment à White Oak Station, et espère intégrer les plus grands hôpital du monde, les uns après les autres, puis partir dans les pays sous-développés afin de permettre aux personnes qui ne peuvent pas se soigner seuls de le faire pour eux.

Un petit écriteau définissant l'entrée d'un bloc opératoire, la singulière couleur blanche d'une salle d'opération, l'odeur unique des produits désinfectants, le bruit enivrant des portes automatiques, la chaleur agréable d'une lampe braquée sur un corps inerte et endormi : voilà ce que Joy aimait. Elle était venue ici pour la première fois lors de sa naissance, avec l'avocat aux affaires familiales qu'était son père, et sa mère qui avait bien du prendre une vingtaine de kilos pour laisser de la place aux trois petits bouts de choux qui évoluaient dans son ventre, le douze août 1994, comme la plupart des personnes qui naissent à l'hôpital ou à la clinique, et lorsqu'elle n'avait que six ans. Puis une seconde fois, un ciel immaculé, un soleil à son zénith, des arbres bordant une route de montagne ponctuée de virages, des panneaux de ralentissement, une barrière, de nouveau des arbres, une sensation de tomber indéfiniment, un choc, et enfin le trou noir. Du moins ce fut les seules choses dont elle se rappela de cette journée qui coûta la vie à sa mère, brillante mannequin américaine, à son cousin benjamin de deux ans, ainsi qu'à sa jumelle et à son jumeau, et quelques cicatrices sur son avant bras gauche: les avancées de la chirurgie font aujourd'hui des miracles, et ce sont les seules qui subsistent sur son corps. Triplés et donc liés tous trois avant même leur naissance, ils avaient la particularité de porter tous trois les mêmes prénoms, mais dans un ordre différent: Jonatan Madelaine Madaleina, ce qui n'était pas très pratique pour les légendes des shootings photos qu'elle faisait avec ses parents et ces derniers ! Eh oui, sa mère étant mannequin, elle emmenait parfois toute sa famille avec elle. Ils n'avaient pas besoin d'ouvrir la bouche pour se comprendre, et faisaient le bonheur de leurs parents. Lorsque Joy se réveilla, seuls sa tante et Taylor, son frère aîné, se tenaient à son chevet. On dit à Jo que son père ne pouvait plus s'occuper de ses deux enfants encore en vie car il revoyait en elle ses jumeaux disparus. C'était trop dur pour lui, et c'est donc sa tante l'éleva comme une mère, car elle aussi avait perdu un fils dans cet accident, et laissé sa fille choquée, devenue muette. Jo, n'ayant que très peu de souvenirs de sa mère car étant très jeune à l'époque, appela et appelle encore aujourd'hui cette tante « maman ». Elle fréquenta, jusqu'à l'université, des écoles privées, payées notamment par la pension que versait son père. Elle n'avait pas des centaines et des centaines d'amis, mais un bon petit groupe lui suffisait. Peu fêtarde durant le collège, ce n'est qu'à la fin du lycée qu'elle commença à fréquenter ce genre de soirées, n'étant précédemment allée qu'à des galas et autres repas et fêtes organisées par les grands noms de la mode. Son père, peu de temps en deuil, avait sombré dans l'alcool et avait fait un petit séjour en cure de désintoxication avant de revenir sur le devant de la scène au barreau, ayant simplement prétexté qu'il avait eu besoin de temps pour se remettre de la mort de sa famille. Pratiquer le sport permet à Joy de s'évader, de se dépenser après des nuits passées à cauchemarder, car même si elle ne se souvient que de peu de choses, son esprit, lui, s'en souviendra indéfiniment. Parfois, lorsque le temps change précisément, elle a mal aux endroits meurtris par le choc qu'elle a subi contre la porte de la voiture. Elle trouve cependant le temps, entre une partie de volley ou un footing entre amis, d'enfiler un bikini ou une tenue plus apprêtée pour prêter son image à des créateurs, pour lesquels elle adore poser : sans doute tient-elle ça de sa mère. Elle a donc le loisir de beaucoup voyager, ce qui ne lui déplaît pas, mais seulement durant les quelques vacances qu'elle a durant l'année : ses études passent avant ce loisir. Son père, qui n'a pas refait sa vie avec une autre femme mais qui enchaîne plus ou moins secrétement les conquêtes a repris contact avec sa tutrice, et aimerait aujourd'hui redevenir son tuteur légal. Jo ne le veut pas, et c'est une sorte de guerre familiale qui s'oppose entre sa mère adoptive et son père qu'elle n'a presque pas connu, ce qui promet de faire grand bruit dans la presse. Elle a ses petites manies et petits tics, comme tout être mortel: elle a la fâcheuse tendance de se mordiller l'intérieur des joues, de se mettre et remettre les cheveux en place, et de s'enlever les petites peaux autour des ongles. Elle fait très attention à son physique, accorde toujours le habits de son impressionnante penderie, passe une bonne petite demie heure chaque matin à se coiffer et à se maquiller, sans pour autant s'y enfermer pendant des heures.