~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
   Même si mon enfance pourrait se qualifier de magique et belle, je ne pourrais pas en dire autant pour mon adolescence. J'avais toujours été une personne obéissante et calme, pourtant un beau jour, sans trop savoir pourquoi, j'ai fini par être emmené dans le monde obscur, auquel aucun parent ne souhaiterait que son enfant fasse partie. Je pensais être heureux, avoir des amis et être dans un monde tellement beau, où toutes les sensations éprouvées sont intenses. Dès l'âge de 15 ans, je me retrouvais souvent avec la tête explosée, à ne plus savoir ce que j'avais fait la veille. Je me droguais constamment et j'avais souvent la vision totalement de bancal, je vivais dans le flou. En plus de cela, je me battais souvent, sans véritable raison apparente. Il me suffisait d'un rien et des encouragements de ma bande, pour partir au quart de tour et attaquer mon adversaire. Je n'étais pas moi-même, l'effet de la drogue me jouait des mauvais tours. Mais j'ai toujours cette cicatrice au niveau de la joue, pour me rappeler cette période saignante. Cicatrice due à la blessure que m'avait faite un homme plus vieux que moi, à l'aide d'un couteau, pour une histoire de drogues dures dans laquelle j'étais visiblement impliqué.

J'ai complétement déconné à cette époque : non seulement je me droguais et buvais comme un trou, mais en plus je me laissais entraîner par ma bande au niveau des cours. Je ne travaillais absolument pas, insultais par moments les professeurs. J'allais même parfois en cours sous l'effet de la drogue : certains le remarquaient, d'autres avaient pris goût à mon tempérament hystérique, vulgaire et brutal. J'en oubliais tout le reste, il n'y avait plus que ma dépendance qui comptait. Ce que j'aurais au moins appris pendant ces années, c'est qu'un manque de travail m'aura voulu un refus pour mon entrée dans une école de journalisme. Forcément, avec des résultats pareils, je ne paraissais pas brillant aux yeux du directeur et n'avais aucune chance. Déchéance totale.

Cette situation a duré jusqu'à mes 18 ans, l'âge où mes parents ont pris la décision de m'enfermer dans un centre de désintoxication. C'est que plus tard que j'ai compris qu'au lieu d'être de véritables amis, ils étaient mes pires ennemis et qu'ils m'avaient enfoncé dans ce monde sombre et cruel. Pour oublier ce passage et mon ennui mortel au sein de l'hôpital, je me suis mis à dessiner sur les murs. Les médecins n'ont pas apprécié, mais quant à moi, je me suis petit à petit retrouvé. Le monde artistique, celui auquel j'appartiens réellement, revenait tout doucement à moi.

Je suis sorti à 19 ans et c'était ma renaissance. J'ai tout de suite attrapé mon appareil photographique et pris tout et rien pour me défouler par rapport à cet isolement subi. Quelques temps ensuite, je me suis lancé un nouvel objectif, pour effacer les traces de cette période, celui de devenir un journaliste ; par l'intermédiaire d'une autre manière que l'obtention du diplôme nécessaire, autrement dit par mes propres moyens.

L'adolescence est donc une période de déchéance et de remontage de pente, mais je l'ai plus ressenti comme un moment difficile à vivre qu'un instant de bonheur. Dans tous les cas, c'est une période inoubliable.

      ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
   Je suis partagé entre le bonheur et la souffrance, tiraillé entre ces deux sentiments bel et bien opposés. Je suis heureux car j'ai enfin réussi à réaliser mon rêve, qui était de traverser le monde entier pour récolter les meilleurs images de chaque événement national. Puisque je n'ai pas pu intégrer une école de journalisme, j'ai décidé de tout apprendre pour tout de même le devenir. J'ai désormais les moyens de l'être grâce aux clichés et vidéos récupérés par mes soins, alors bien évidemment, je ne peux que ressentir un réel sentiment de joie en comprenant qu'un de mes plus grands rêves, autrement dit celui de devenir un grand reporteur, peut se concrétiser.

D’un autre côté, je me demande comment je pourrais l’être réellement. Le bonheur ressenti par la réalisation de mon rêve n’est autre qu’une satisfaction inavouée. Je suis simplement empli de fierté en pensant à ce que je viens d’entreprendre par ma propre autonomie, seul comme un grand. Seulement, je ne ressens rien d’autre, je ne parviens plus à éprouver le moindre sentiment. Je me sens vide et je sais ce qu’il me manque pour me retrouver, ne plus être prisonnier de mon corps meurtri. Sa présence, son corps contre le mien, ses baisers. Sans lui, j’ai le sentiment de n’être rien, d’être seulement mort de l’intérieur, rongé par son absence. Il me manque et sans lui, je ne suis définitivement pas grand-chose. J'ai beau être indépendant et réussir dans la vie en ce moment, je remarque péniblement que mon être a extrêmement besoin de lui, de son amour, de ses marques d'affection, pour pouvoir vivre en paix. J'ai toujours fonctionné par ambitions, mais il est grand temps que je saisisse que sans lui à mes côtés, mon avenir n'est pas prometteur. Même si je compte revenir auprès de lui et que je m'en réjouis d'avance, je risque de déchanter rapidement. Je crois savoir à quelle réaction m’attendre : à de la colère pure et dure, à des insultes cinglantes qui font mal au cœur et donnent un goût amer dans la bouche. Comment pourrais-je être heureux en prenant conscience de ça ?

      ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
   Il faut tout d'abord savoir que je suis quelqu'un qui vit le jour le jour, qui ne se préoccupe ni du présent ni de l'avenir, à part quand ça concerne un certain Félix. Alors prévoir pour moi n'est pas faire des suppositions, mais avoir des rêves.

Pour le moment je vis chez mes parents parce que je viens tout juste de revenir dans la ville, alors forcément dans 10 ans je me vois soit dans un appartement, soit dans une maison. C'est le premier critère qui me vient en tête. Je me vois habiter dans la ville, car connaissant Félix, il ne voudra pas bouger d'ici : il tient trop à son pays natal. Je tiendrai quand même à le faire voyager, car très aventurier et curieux, j'ai un penchant pour parcourir le monde et il me reste encore beaucoup à voir.

J'aimerais être un grand journaliste, que l'on envoie carrément sur le terrain et qui s'occupe lui-même des clichés et vidéos à prendre. J'aimerais retrouver ma famille, mais surtout mon Félix. J'ai beau ne pas avoir beaucoup d'espoirs sur le fait qu'il puisse me pardonner assez rapidement, j'aimerais qu'il ait oublié cet abandon au bout de dix ans. J'aimerais que nous soyons heureux, tous les deux... Dans un appartement, avec une bague aux doigts, avec un chien, avec un enfant. Je me fiche des conditions, tant que dans dix ans il soit à mes côtés.

En vérité, tout ce dont j'aurais besoin dans dix ans, c'est de lui. C'est le seul à pouvoir m'offrir un avenir stable et heureux.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Emeline ou Meuh, c'est comme ça vous chante.   ÂGE: J'ai 18 ans. PAYS: France, dans le ch'nord, tout proche de Lille.  PRÉSENCE: 7j/7, sauf exceptions, genre famille ou examens. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Par une annonce facebook du créateur du scénario, sur un groupe pour les forums rpg.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? Le scénario sublime de Félix.    AUTRE CHOSE À AJOUTER? Votre forum est très beau et je sens que je vais m'y plaire.

notes - en construction.

09 Février 2009, État de Victoria ▬ Australie.

J'ai regardé la télévision avant que tu n'arrives à la maison, après avoir tapé le code correspondant à ma chaîne favorite, à l'aide d'un de mes doigts et de la télécommande. Tu sais, la chaîne qui informe sur les nouveaux événements qui se passent dans le monde ? Le présentateur déclarait la présence de nombreux incendies au Sud-est de l’Australie. J’ai eu le déclic avec cette information. J’avais déjà envie de réaliser mon rêve de parcourir le monde pour faire les meilleurs clichés et vidéos de chaque incident, seulement en observant les flammes, assis sur le canapé et derrière le poste, je me suis demandé ce que je faisais encore là. Bien évidemment, la réponse semble évidente ; je n’ai jamais osé partir à sa découverte, car tu étais présent dans mon quotidien et que je ne me voyais clairement pas vivre sans toi. Mais en voyant ces étincelles embraser des forêts entières, je n’ai plus hésité une seule seconde : je devais me rendre là-bas, tel un brillant journaliste, pour pouvoir immortaliser le moment.

Je t’écris ainsi, alors que je suis positionné à côté d’un hublot à regarder les nuages défiler devant mes yeux. Je me souviens de notre dernière nuit, c’était justement hier soir. Tu as fini par arriver dans la pièce, j’ai éteint l’engin technologique et je t’ai demandé de venir dans mes bras. Tu n’as pas refusé, mais tu savais parfaitement que je te cachais quelque chose. J’ai longuement hésité à t’en parler, seulement j’ai pris conscience que ce n’était pas une bonne idée. Tu m’aurais supplié de rester ou de t’emmener avec moi, et j’aurais été si impuissant face à ton regard si innocent. J’aurais insisté sur le fait que c’est important pour moi de partir en compagnie de ma solitude, tu aurais clamé haut et fort que je suis qu’un pauvre égoïste et on se serait probablement engueulés, tout en s’insultant de tous les noms. Alors j’ai préféré rester sur la meilleure fin possible et imaginable, autrement dit par un dernier baiser, un dernier je t’aime, une dernière étreinte et une dernière partie de jambes en l’air. Je me rappelle alors de toi, puisque je viens tout juste de te quitter. De tes lèvres sucrées ; de ton corps nu lié au mien ; de tes soupirs qui en disent long sur ton désir. Tu crois que j’arriverai à oublier le son de ta voix et la douceur de ta peau ? Je n’en ai pas la moindre envie, en tout cas.

J’espère que tu comprendras pourquoi je t’ai lâchement abandonné. J’ai pris ma décision sans t’en parler, mais pour une fois, j’ai réfléchi longuement au choix à prendre. Habituellement, tu me connais, je ne pense pas à ce que je vais faire plus tard et entreprends tout par simples coups de tête. Mais tu es trop précieux pour que je me résolve à quitter la ville sans réflexion. Je tiens à t’exposer mes raisons, que tu les saches une bonne fois pour toutes – encore faut-il que je trouve le courage de poster cette lettre.  Tout d’abord, mon rêve doit se faire seul. Je ne dois pas obtenir de l’aide extérieure, sinon je n’aurais pas la satisfaction de l’avoir réalisé par mon propre chef. Ensuite, tu es trop fragile. J’ai beau t’avoir fait visiter quelques coins de pays, ça n’a rien à voir avec l’aventure qui m’attend. Je vais courir un peu partout, être chaque fois à bout de souffle, sans véritable repos. Tu ne l’aurais pas supporté, tu n’aurais pas tenu le choc et je n’aurais pas pu prendre soin de toi comme je le voudrais. Je préfère te savoir chez toi plutôt qu’en plein tour du monde en ma compagnie, ça ne me rassurait aucunement. Je ne pouvais pas me permettre de t’emmener, tout simplement car ton état de santé se serait dégradé pendant nos voyages. Si tu n’étais pas aussi fragile physiquement, si j’avais eu la certitude que tu puisses supporter ce tour du monde improvisé, je t’assure que je t’aurais emmené avec moi. Je sais que tu ne comprendras pas, que tu m’en voudras très certainement, mais la principale raison de ce que tu ressentiras comme un abandon, te concerne. Je suis censé faire ton bien, m’occuper de toi, et non te mettre en danger inutilement. Qu’est-ce que tu aurais fait de toute manière, si tu étais venu ? Tu as des études qui t’attendent, tu es loin d’en avoir terminé et j’ai l’espoir que tu te concentreras là-dessus. Parce que y’a de ça aussi : je sais que tu seras le plus doué dans ton domaine et que tu continueras à l’être. En étant venu avec moi, tu aurais gâché ton potentiel, piétiné ce que tu as si bien commencé. Et je ne pouvais pas permettre ça. J’étais incapable d’accepter le fait que tu puisses gâcher ta vie pour moi. Je ne le mérite pas. La preuve, je suis en train de m’envoler à l’autre bout de la Terre, sans même t’avoir expliqué. Tu dois être en train de t’inquiéter à l’heure qu’il est, mais tu finiras par m’oublier. J’y crois.

Je finis cette lettre à l'intérieur de ma chambre d'hôtel, après une journée éprouvante. J’ai pris des clichés des débris qu’il restait sur cette zone, le cœur en miettes non seulement car j’ai rapidement saisi que tu ne te trouverais pas dans mon lit cette nuit, mais aussi parce que c’est difficile de voir la nature se faire dévaster autant. En plus, pour en ajouter davantage à mon organe désormais vide, je viens d’apprendre qu’il y a 374 morts. Ce monde n’est qu’une cruauté et j’ai pour intention de ne plus le dissimuler aux yeux des autres. Rien ne m’empêchera de poursuivre ma lancée. Je ne compte pas en rester là, ni même me contenter uniquement de ce pays. Je vais passer une mauvaise nuit sans ta présence pour m’apaiser et je continuerai ensuite mes petites enquêtes à travers le monde.

Je t’embrasse, mon ange.

22 Janvier 2010, Haïti ▬ Grandes Antilles.

Je pense que tu as dû en entendre parler de ce séisme qui a ravagé la plupart d’un pays, mais aussi qui s’est emparé de la vie de pauvres innocents. Je me suis également rendu à cet endroit, histoire de remarquer les dégâts moi-même et de l’ajouter dans mon inventaire des pires catastrophes au monde. Tu verrais à quel point ce tremblement de Terre a causé de grandes pertes ; certaines personnes n’ont plus de toit, d’autres plus de famille ou encore plus de vie. C’est fou comme on se transforme en observant les événements mondiaux, je veux dire, en vrai. C’est réel, c’est face à moi. Et ça me donne encore plus envie de continuer mon projet.

J’ai aidé les habitants à sortir des débris, à retrouver les membres de leurs familles ; je suis devenu un peu plus ouvert au monde humainement parlant. J’espère que tu es fier de moi, je me montre un peu plus tolérant qu’auparavant. Pendant un instant, je me suis mis à leurs places et je me suis demandé ce que ça me ferait de te perdre dans ce type d’accident. J’ai fondu en larmes. Tu me connais, tu sais que je pleure rarement alors j’ai trouvé ça étonnant. C’est pour ça que je t’ai appelé, après avoir pris le temps de me calmer. Je ne voulais pas te blesser encore plus ou que tu te fasses de faux espoirs, je désirais seulement entendre ta voix. Le manque et la sensation de vide au creux de ma poitrine étaient si importants que je n’ai pas pu faire autrement. Tu as fini par décrocher, tu m’as engueulé, tu étais furieux. Je n’avais pas réfléchi à la réaction que tu aurais en m’écoutant, je n’avais pas pensé que tu serais en colère. J’ignore ce à quoi je m’attendais, mais je crois qu’au fond je m’en fichais, tant que je m’habituais à nouveau à ton son. J’ai fini par raccrocher, après m’être légèrement énervé sur toi en te disant que je reviendrai. Je ne sais pas si tu m’as cru, mais quant à moi, je croyais ce que je disais. J’ai toujours su que je te reviendrai. Pourtant, ce soir-là, j’ai versé toutes les larmes de mon corps sans pouvoir m’arrêter. Tu me manquais encore plus et la seule envie que j’avais, c’était de rentrer et de te retrouver. Tu n’avais pas le droit de me retenir inconsciemment, alors j’ai fait en sorte de ne pas craquer, de ne pas acheter ce billet d’avion qui m’emmènerait à Alberta. Près de toi. Par ailleurs, pour que ça n’arrive jamais, intérieurement je me suis fait la promesse que jamais plus je devrais te contacter à nouveau. J’ai saisi combien c’était risqué.

Je reste encore quelques jours dans le pays pour avoir le temps de filmer toutes les destructions, en espérant de tout cœur que ta voix cessera de résonner dans ma tête.

Je t’aime quand même, malgré tout.

25 Décembre 2011, Paris ▬ France.
Je m’accorde une pause à Paris, le temps de profiter de Noël et du nouvel an. Seul, mais je ne peux pas me plaindre, je suis tout de même dans une des capitales les plus célèbres. J’ai visité les monuments connus, tels que la Tour Eiffel (c’est épuisant de monter toutes ces marches !) mais je me suis surtout fait la réflexion que ce serait vraiment agréable de passer ces moments avec toi. Tu dois être accompagné de ta famille et j’espère sincèrement que tu passes un bon moment, que tu en profites pour rire avec eux. Je t’aurais bien offert un cadeau, mais encore une fois, il ne vaut mieux pas. Un voyage en amoureux, ça t’aurait plu, pas vrai ? On le fera un autre jour, je te le promets. Je rattraperai tous les cadeaux ratés, ceux de Noël, de la Saint Valentin et de ton anniversaire : 15 au total. J’ai déjà mes idées, ça devrait le faire.

Puisque je me sens seul et vide, je prends le temps de regarder certaines photographies prises quand nous étions encore ensemble. Je n’ai jamais oublié de les prendre, en toute franchise c’est le premier truc auquel j’ai pensé et que j’ai glissé dans ma valise. Je te les ai mises à l’intérieur de l’enveloppe avec quelques commentaires, regarde un peu à quel point tu es sublime. Est-ce que c’est permis d’être aussi beau ? J’ai toujours été impressionné par ta beauté naturelle, mais je n’en ai encore jamais été troublé à ce point.

Tu as toujours été le plus beau entre nous deux, j’étais seulement le seul à le remarquer. Les gens de l’université faisaient une obsession sur mon corps, mais c’est parce qu’ils n’ont jamais pris le temps d’observer le tien. Sinon ils auraient compris à quel point tes formes sont plus jolies à regarder que les miennes ; que tout est mieux formé chez toi. Après tout, je suis le seul à avoir découvert ton corps nu, alors je suis le seul à pouvoir véritablement en juger. Je me demande d’ailleurs si quelqu’un t’a touché pendant mon absence. Au fond de moi j’espère que non, même si je ne m’y suis jamais opposé depuis toutes ces années. Après tout, je ne donne plus signe de vie, il serait normal que tu aies commencé tout doucement à m’oublier dans les bras d’un autre. Jamais je ne pourrais t’en vouloir pour ça, je suis le seul responsable de cette situation. De mon côté, pour être honnête, j’ai tenté mais ça s’est voué à l’échec. J’ai pourtant essayé de les apprécier, de les caresser du bout du doigt, de les embrasser ; mais rien n’y faisait, le manque m’emportait davantage à chaque toucher plus intime avec ces hommes. J’aurais pu faire n’importe quoi, jamais ça ne fonctionnerait ; au fond de moi j’ai compris que mon cœur t’appartenait toujours.

Je ne cesse de penser à toi, tu me rends dingue. Ce n’est pas humain de rendre les gens fous à ce point… Bref, tu me manques affreusement.

Joyeux Noël, mon Félix.

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Tu es définitivement mon meilleur modèle.

10 Août 2012, Vancouver ▬ Canada.

Je visionnais  et regardais respectivement mes dernières vidéos et photos axées sur les derniers jeux olympiques d’hiver, quand j’ai aperçu la date sur mon écran d’ordinateur. C’est bientôt la rentrée de l’université. Je me demande ce que tu as fait de tes vacances d’été, si tu t’es encore rendu aux endroits habituels. Ce qui me préoccupe le plus, c’est de savoir si tu vas retourner à l’université. Je me demande à longueur de journée ce que tu es en train de faire et avec qui, mais malheureusement je ne peux pas te le demander – je n’en ai pas le droit, je me le suis promis à moi-même. Te connaissant, il me semble que tu n’abandonneras pas, en tout cas je l’espère du fond du cœur. Je te vois être le premier de ta promotion, être le meilleur et cartonner dans toutes les matières. Tu as toujours été sérieux, travailleur, attentif et tellement doué. J’ai confiance en tes capacités, je crois en toi. Je sais que tu peux le faire, même sans moi. Je n’ai pas besoin de t’encourager pour que tu y arrives, j’en prends conscience au fond de moi. En réalité, c’est ce que j’essaye de croire, c’est ce que je préfère croire. Je me sens soulagé en me disant que les bonnes notes sont au rendez-vous et que tu n’as pas gâché ton avenir à cause de mon départ. Mais tu me connais : si je revenais et que j’apprenais ton arrêt dans les études, je serais atteint d’une colère noire, si bien qu’il serait impossible de m’arrêter dans mes injures. C’est quelque chose que je ne peux supporter, ni même admettre. Alors j’ai confiance en toi et me conforte dans l’idée que tu comptes les poursuivre, être un gagnant. Parce que c’est ce que tu as toujours été à mes yeux.

Je suis actuellement dans le même pays que toi, au Canada ; nos deux provinces se touchent. Plusieurs fois l’idée de te rejoindre m’a traversé l’esprit, j’ai même consulté google maps pour calculer le temps que ça mettrait si j’empruntais une voiture à quelqu’un. 987km, 13h.  La durée ne m’impressionne pas, je sais seulement que je n’aurais jamais pu te quitter ensuite. Il m’aurait fallu un simple un regard et je n’aurais pas pu repartir à la conquête du monde, ni même réaliser mon rêve. Alors je reste là, allongé sur mon lit, à remémorer nos souvenirs communs. Nos soirées dans ta chambre, nos baisers à chaque coin de rue, nos caresses, qu’elles soient intimes ou tendres, nos fous rires, nos engueulades. Tout y passe, tout revient à ma mémoire. Et tu me manques, encore plus quand je sais que tu es seulement à quelques kilomètres.

Je ne t'oublie pas, même pas le temps d'une seconde.

01 Mai 2014, Londres ▬ Angleterre.

Encore une lettre que je ne t’enverrais jamais, de toute manière je vais bientôt refaire mon apparition dans la ville. Je préfère te laisser la surprise de ma revenue, plutôt que de te laisser t’y préparer.
Oui, j’ai décidé de rentrer. Pour diverses raisons :

1. Je suis usé, totalement exténué. J’ai besoin de repos parce que j’ai beaucoup trop voyagé, il faut l’avouer. J’ai eu le temps de voir un peu de chaque continent et j’en reviens avec des souvenirs riches en émotion.

2. J’ai enfin réalisé mon rêve. J’ai toutes les photos et vidéos qui m’aideront à terminer mon projet. Je n’ai plus qu’à contacter les journalistes pour leur montrer mon investissement et, je l'espère, enfin me faire une place parmi eux.

3. J’ai participé au premier mariage gay en Angleterre, car il est passé, et j’ai pensé à toi. Trop pensé à toi, en vérité. Beaucoup trop. Je ne dis pas que j’envisage de demander ta main, mais un jour ou l’autre, je suppose que ça arrivera puisque je suis persuadé que tu es celui qu’il me faut. Encore faut-il que tu me pardonnes pour la souffrance que j’ai dû te causer durant ces cinq années à vivre loin de toi, sans la moindre nouvelle. Mais tu ne dois pas oublier que j’ai pensé à toi, à chaque seconde. Tu étais toujours là, dans mon crâne.

4. En voyant les deux hommes s’embrasser, je me suis dit qu’il était tout simplement de temps de rentrer. Auprès de toi, auprès de ma famille. J’ai réalisé mon rêve, je suis fatigué de ces nombreux voyages, alors je n’ai plus qu’à vous rejoindre. Je n’ai plus de raisons de ne pas revenir désormais.

Je suis effrayé à l’idée que tu puisses me rejeter, même si je sais pertinemment que c’est ce que je mérite. J’ignore quel comportement tu adopteras, quelle réaction tu auras en me voyant à ta porte, tout ce que je sais c’est que je suis terrifié. Je suis inquiet mais ça ne va pas m’empêcher de revenir. Je compte me faire pardonner, rattraper ce temps perdu et t’aimer d’une folie pure.

A bientôt, Félix.