mardi, 12h02” Pendant plusieurs mois, Ellie avait travaillé en tant que stagiaire chez Belli&Sario. Une des deux propriétaires, Jolene Bellisario, l'avait prise sous son aile et tout ce que la jeune fille savait maintenant sur le métier, elle le lui devait. C'était donc grâce à elle qu'Ellie eu le courage de lancer son propre commerce. Cependant, même avec une bonne gestion et des vêtements qui plaisaient à toutes les clientes, financièrement, la boutique ne rapportait pas suffisamment. Cela stressait de plus en plus Ellie et elle ne savait pas si elle pourrait continuer longtemps comme cela. C'est pourquoi elle décida de faire appel à Jolene. Elle y avait longuement réfléchi, car l'idée de lui demander de l'argent ne l'emballait pas vraiment, mais elle ne voyait plus aucune autre solution. Les deux jeunes femmes avaient donc convenues de se retrouver au Madisons Grill durant leur période de dîner, Ellie lui ayant seulement dit qu'elle avait « quelque chose à lui demander ». Stressée, elle partit une dizaine de minutes à l'avance et se rendit au Madisons Grill, situé tout près de sa boutique. Le serveur lui indiqua une table où elle s'assit, attendant l'arrivée de Jolene. ”

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mardi — 12h03” je dois admettre que je fus particulièrement étonnée lorsque je reçus un appel d'Ellie Cartwright, une ancienne stagiaire à moi. Elle voulait que nous allions manger ensemble, durant notre heure de dîner. Elle m'avait simplement dit qu'elle avait quelque chose à me demander. Venant d'elle, je pouvais m'attendre à tout. Elle avait piqué ma curiosité. J'avais donc accepté son offre avec plaisir, parce que oui, c'est toujours un réel bonheur de la voir hors du boulot. Le début de la journée s'était donc très rapidement déroulé. J'avais fait quelques retouches sur des robes qui seront envoyées à une exposition et j'avais même eu le temps de prendre les mensurations d'une de mes mannequins. L'heure du dîner arriva sans même que je m'en rendes compte. Je quitta donc la boutique, me rendant à pied au Madisons. Une fois à l'intérieur du resto, une hôtesse vint à me rencontre et me dirigea gentiment - et mécaniquement - à ma table. Ellie y était déjà. « Hé, ma belle ! » dis-je en m'approchant d'elle, alors debout pour m'accueillir. Je lui fis une grande étreinte avant de prendre place, face à elle. ”

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mardi, 12h02” Ellie était en train de jeter un oeil à son téléphone lorsqu'elle entendit Jolene arriver. « Hé, ma belle ! » Elle se leva pour l'enlacer, très contente de la voir. Comme toujours, la propriétaire de Belli&Sario était parfaitement bien vêtue et Ellie espéra que celle-ci penserait la même chose d'elle. Elle s'était vêtue d'un blazer rose pastel et d'un slim noir, dans le but d'avoir l'air la plus profesionnelle possible, tout en ayant du style. C'était essentiel dans cette situation, puisque Jolene ne devait pas douter de ses goûts en matière de mode si elle voulait être prise au sérieux. Les deux jeunes femmes prirent ensuite place à la table et commencèrent à consulter le menu. « Qu'est-ce que tu vas commander » demanda Ellie alors qu'elle parcourait la liste des repas, hésitant entre des pâtes ou une salade césar. L'ambiance était plutôt tranquille dans le restaurant, seules quelques personnes étaient présentes, probablement elles aussi venue dîner avant de retourner au travail. ”

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mardi — 12h03” Sur l'heure du dîner, j'étais plutôt du genre à rester au bureau et papoter avec le reste de mon équipe. J'aime créer des liens avec les gens qui travaillent pour moi puisque je trouve que ça donne une meilleure ambiance, un atmosphère plus propice à la réussite. Aujourd'hui, Ellie souhaitait me voir et comme cela devait faire au moins un mois que nous ne nous étions pas vues, je n'avais pas pu refuser cette invitation. On était assise l'une face à l'autre et je trouvais que la jeune femme qui se tenait devant moi était splendide. Elle paraissait très bien et c'est quelque chose que je juge très important. Je regardais le menu, d'un air songeur. J'hésitais entre la brochette de poulet toscane et une salade grecque. « Qu'est-ce que tu vas commander » me demanda alors Ellie. Je leva la tête du menu, lui fit un grand sourire et finit par répondre. « Je vais prendre la salade grecque. Et toi ? » demandais-je finalement avec un grand sourire. ”

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mardi, 12h08” « Je vais prendre la salade grecque. Et toi ? » Suite à la réponse de Jolene, Ellie décida alors d'opter elle aussi pour la salade, n'ayant pas énormément faim de toute manière. « Pour moi, ce sera une salade césar avec poulet grillé. » Alors qu'elle terminait sa phrase, la serveuse arriva justement pour leur apporter à boire et prendre leur commande. Une fois celle-ci repartie, Ellie reporta son attention sur Jolene. Elle se doutait qu'elle ne devait pas avoir énormément de temps à lui accorder, donc elle ne devrait pas tourner autour du pot trop longtemps, mais elle préféra tout de même attendre un peu avant de lui expliquer clairement la raison de son invitation. « Alors, ça va toujours bien chez Belli&Sario? » Ellie esquissa un grand sourire, tout en prenant une gorgée de son verre d'eau. ”

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mardi — 12h03” La serveuse arriva à notre table et prit nos commandes tout en nous apportant deux grands verre d'eau. Habituellement, je préfère l'eau gazéifié, mais pour cette fois je ne ferai pas de chichi. Ça me faisait un étrange crépitement au fond de l'estomac que d'être installée face à Ellie. Elle avait tellement fait du chemin depuis la dernière fois que nous avions dîné toutes les deux ensembles. Ça me faisait presque plaisir de voir à quel point elle était rendu loin. Peut-être y étais-je un peu pour quelque chose ? « Alors, ça va toujours bien chez Belli&Sario? » me demanda-t-elle, soudainement. Je fis un petit sourire en coin, un peu étonnée de la question. Elle a toujours été très intéressée par la boîte et ça me faisait plaisir, mais étrangement, je sentais qu'elle y portait un autre intérêt, cette fois. « Ça va très bien. On vient de recevoir une passe pour le festival de mode de cet été, à Paris. C'est juste fantastique ! » m'exclamais-je, encore plus souriante que précédemment. J'étais heureuse de l'essor de notre petite entreprise. Ça faisait plaisir. « Et toi ? » me permettais-je de demander. Si elle le demandait, elle-même, c'est qu'elle devait s'attendre à se faire poser la même question en retour. ”

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mardi, 12h09” Lorsqu'Ellie interrogea Jolene sur Belli&Sario, celle-ci lui raconta, très emballée, que tout allait très bien et qu'ils avaient été invités au festival de mode de Paris, l'été prochain. Même si l'entreprise fonctionnait déjà très bien à l'époque, ça faisait drôle pour Ellie de voir à quel point elle avait grandi dans les dernières années. De son côté, elle n'était pas aussi ambitieuse, elle ne rêvait pas particulièrement d'être à la tête d'une grande entreprise comme cela, mais c'était toujours agréable de voir comment ça se passait. « Et toi? » Oups. Ellie avait posé la question, bien sûr car cela l'intéressait, mais aussi pour gagner un peu de temps avant de devoir expliquer à Jolene la raison de son appel. Elle n'avait toutefois pas pensé que, bien sûr, la créatrice lui poserait la question en retour. « Ça va très bien. J'ai rencontré plusieurs nouveaux créateurs qui seraient intéressés à vendre leurs créations dans la boutique, les clientes sont toujours satisfaites et parlent de la boutique à leurs amis. Bref, tout est parfait! » Elle aurait facilement pu s'arrêter là, mais ça n'aurait été qu'encore plus difficile d'aborder le sujet par la suite. Elle pris donc son courage à deux mains et se lança. « Bon, peut-être pas tout... Les factures commencent à s'accumuler, tout coûte plus cher que prévu et même si on vend pas mal, j'ai peur que ça ne suffise pas. » Le stress devait se sentir dans sa voix. Elle cherchait comment poursuivre, comment lui demander de l'aide sans avoir l'air de vouloir profiter d'elle, mais les mots ne venaient pas. Elle attendit donc de voir comment Jolene allait réagir. ”

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mardi — 12h03” j'écoutai Ellie avec attention, si bien que je ne remarqua pas tout de suite que la serveuse était déjà venue nous porter nos assiettes. la blonde assise face à moi m'annonçait que ça se passait bien pour sa boîte. sa clientèle était satisfaite et continuait d'en parler à d'autres. ça, c'est l'une des choses les plus importantes. oui, on fait ce que l'on aime, on crée ce que l'on imagine, mais en quelque part, il ne faut pas perdre de vue que notre succès, on le doit à nos clientes. j'étais ravie pour la belle Ellie. elle le mérite tellement. alors que je pensais que sa phrase allait se terminer par « tout est parfait ! », elle reprit la parole. « Bon, peut-être pas tout... Les factures commencent à s'accumuler, tout coûte plus cher que prévu et même si on vend pas mal, j'ai peur que ça ne suffise pas. » à ces mots, je ne pus m'empêcher de mettre mes coudes sur la table et de croiser les doigts sous mon menton. je l'observa attentivement, voyant très bien que derrière cet aveux ce cachait quelque chose; une demande. « Tu sais, Ellie... Ça fait partie de la vie. Ce serait faux que de te dire que Belli&Sario n'a jamais été faible... J'ai du faire de nombreux emprunts, en plus de tout l'argent que m'a gentiment donné mon fiancé. » avouais-je. parfois on croit que Sarah et moi sommes les deux seules propriétaires de la compagnie, mais si on se réfère à tous ceux qui nous on signé des chèques, je pense qu'on serait environ dix autour de l'administration. « Tu es dans le rouge, en ce moment ou tu arrives quand même à joindre les deux bouts ? » demandais-je avant de décroiser mes doigts pour empoigner ma fourchette, toujours en la regardant. j'avais envie de savoir à quel point sa situation est grave parce que parfois, on peut penser que c'est bien pire que ça l'est en réalité. ”

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mardi, 12h09” La serveuse arriva avec leurs repas, qu'elle déposa sur la table. Cela fit sursauter Ellie. La nervosité, probablement. Jolene l'écoutait toutefois avec attention. Une fois qu'Ellie eu terminé de lui expliquer la situation, elle lui expliqua que c'était naturel, qu'elle aussi avait eu certaines difficultés au départ. C'était difficile à imaginer, lorsqu'on voit où en est Belli&Sario aujourd'hui. La jeune fille tenta de se raccroche à cela. Jolene ajouta ensuite: « Tu es dans le rouge, en ce moment ou tu arrives quand même à joindre les deux bouts ? » Ellie tenta de lui résumer la situation de façon précise. Elle lui indiqua que les banques ne pouvaient plus lui prêter plus et qu'elle arrivait tout juste à rembourser les intérêts de ses emprunts. « En fait, c'est en partie pour cela que j'avais eu envie qu'on se voie... Je me demandais si tu pourrais m'aider, d'une manière ou d'une autre. Je pourrais te céder des parts de la boutique. Mais bon, je comprends que tu dois être plutôt occupée et que tu as probablement d'autres priorités. » La présence de Jolene était plutôt rassurante, pourtant Ellie ne pouvait s'empêcher de se sentir nulle. Elle s'était crue capable de gérer une entreprise, cependant la tâche s'avéra beaucoup plus difficile qu'elle ne l'avait pensé, même si elle s'y était préparée très longuement. Elle prit quelques bouchées de sa salade, qu'elle mâcha longuement, n'osant plus trop regarder Jolene directement. ”

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