NAHLA + you become what you believe

   ~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
   Nahla était presque une lycéenne normale; elle avait des amis, comme tout le monde, allait aux soirées organisées, buvait de l'alcool, faisait quelques écarts de conduite. La seule différence avec ses camarades était que peu importe ce qu'il arrivait la nuit, elle était toujours debout très tôt pour bosser ses cours. Elle n'a jamais relâché la pression monstre qu'elle s'était imposée ; car elle avançait avec ça, constamment sous pression pour se motiver à ne jamais baisser les bras. Nahla était une battante, elle créait la jalousie et pourtant elle bossait comme une malade pour avoir tout ce qu'elle obtenait. Jamais aucun cadeau. Jamais aucune récompense, sauf les admissions en années supérieures ; et elle ne le devait qu'à elle.
Certes, elle a souvent été jugée pour ses bons résultats, souvent été rabaissée même, mais en fait, Nahla s'en foutait au plus haut pour des dires des autres. Pour elle, ces personnes là n'étaient que des personnes jalouses qui rêvaient d'avoir ce qu'elle avait sans faire le moindre effort. Des personnes qui recevaient tout, servi sur un plateau d'argent ; elle avait été élevée pour toujours se battre, toujours considérer les autres en tant que rivaux, toujours se méfier même de ses amis. Ses parents lui avaient transmis son dur caractère qu'elle avait renforcé au cours des années.
A présent, la jolie blonde continue de travailler avec acharnement pour réussir au mieux ses études d'avocate et s'autorise donc peu de sorties ; ses seules habitudes sont de boire un café au Starbucks du coin vers midi. Mais depuis qu'elle a soupçonné un jeune homme de la suivre, cette habitude devient plus compliquée car elle veut à tout prix l'éviter, le faire tourner en bourrique, mais en même temps, elle veut aussi savoir s'il est toujours là, et bientôt savoir pourquoi il fait ça...

      ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
   Être heureux, voilà encore une chose dont beaucoup de gens se préoccupent de façon bien trop importante sans savoir même ce que c'est d'être heureux. Nahla était heureuse, simplement parce que pour elle, le bonheur est la réussite, et que chaque jour, elle réussit. Elle est stagiaire dans un cabinet d'avocat très réputé et cela lui plait. Elle rentre chez elle ou sort boire un verre avec des amis ou des connaissances, appelle ses parents quand elle le peut pour rester proche d'eux. Ça lui suffit amplement.
Souvent, les gens pensent que le bonheur est d'obtenir tout ce que l'on a toujours désiré. Mais Nahla sait que ce n'est pas ça, elle a bien trop les pieds sur terre pour croire à ce genre de choses. Pensez une seconde que vous avez tout ce que vous avez toujours voulu : que feriez vous de votre vie ? Rien. La vie est une succession de limitations, d'objectifs a atteindre, c'est ça qui fait vivre. Ne plus rien avoir à désirer ne rend pas plus heureux, au contraire, ça rend con. Ca pousse les personnes à faire n'importe quoi.
Alors Nahla a appris a être heureuse avec ce qu'elle a, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne veut jamais plus. Elle veut toujours plus mais ne se considèrera jamais malheureuse si elle ne l'obtient pas, voilà la différence. La blonde n'est pas une utopiste, il suffit pour elle de s'accrocher à tout ce que la vie peut apporter de meilleur, et de laisser le reste s'envoler.

      ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
   La question mille fois posée par tout le monde car ça semble être LA question qui effraye. Pourquoi se la poser ? Personne ne peut savoir ou il sera demain, alors encore moins dans 10 ans. Mais Nahla sait qu'elle sera là ou elle aura toujours voulu être car elle fera tout pour y être : c'est sa personnalité. C'est une battante, jamais elle ne se laissera marcher sur les pieds, jamais elle ne voudra entendre qu'elle n'en est pas capable, elle voudra toujours réussir, quitte à écraser tout le monde autour d'elle comme tout le monde voulait toujours l'écraser, à la moindre de ses failles.
Souvent, quand elle répond à cette question, on lui rétorque : "et ton mari? le nom de tes futurs enfants? combien t'en veux? tu veux tu marier?"
Ou comment leur rire au nez.
Nahla n'avait jamais connu l'amour, alors comment penser à ce genre de choses. Elle connaissait le désir, comme beaucoup de gens ; souvent, ces mêmes personnes confondent le désir et l'amour. Ils se sont fourvoyés dans des histoires inutiles à ses yeux, ont dilué leur identité en un autre, leurs valeurs dans de stupides aventures ou dans des idées trompeuses. Ils se sont perdus. Dès lors, ils se trompent de vie, de route, de personne. Pour Nahla, tout ce qui ne mène pas assurément à la victoire est une perte de temps. Ces personnes là rencontrent un homme, une femme, et pour toutes sortes de mauvaises raisons, pensant qu'il s'agit de l'être qui leur était destiné. Le destin, parlons en. Cette chose futile que les hommes ont inventé pour pouvoir s'exclure de leurs propres fautes. Pour pouvoir dire : "c'est mon destin d'être devenu clochard ou de n'être qu'un fils à papa". Complètement ridicule. Et dès qu'ils pensent alors avoir trouvé leur double, dès le lendemain de leur première nuit, ils commencent à s'évaluer. Ils deviennent comme comptables de leur relation, et quand ils font le bilan, il est déficitaire. Ce qui devrait être en harmonie devient désaccord, se transforme en querelles, jusqu'à la désunion. Alors pourquoi parler d'amour quand c'est l'objet le plus instable au monde, un simple sentiment.
Et tous ces films que nous voyons, toutes les histoires qu'on nous raconte depuis le berceau, tout cela nous implore d'attendre que ça nous arrive. La déclaration d'amour inattendue. L'exception qui confirme la règle.
Nahla savait qu'elle n'avait pas besoin de ça. Et vu que sa franchise la perdra, elle riait simplement au nez des autres sans répondre. Ca aurait été bien trop long a expliquer.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: julie. ÂGE: 20 ans. PAYS: france. PRÉSENCE: 3-4j/7. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? topsite.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? inventé par adriel   . AUTRE CHOSE À AJOUTER?   .

Il était 15h05. Nahla sortait du supermarché avec sa mère, allait entrer dans la voiture ; elle fut attirée par un groupement plus loin de policiers, de camions de pompiers, de personnes attroupées. "Accident de moto", qu'elle entendit, et elle détourna son attention. Nahla n'était pas le genre de commères qui restaient 2 heures a côté du camion pour savoir qui c'était, pourquoi, comment, bref, elle rentra en voiture chez elle.

La journée s'était bien terminée, elle s'était penchée sur un livre, assise sur son balcon, un rayon de soleil caressait sa peau. C'était la fin de l'été, les vacances avaient été chaudes, agréables, parfaites. Elle entendit une voiture qui s'arrêta devant chez elle, n'y prêta pas attention, trop absorbée par Jane Eyre. Ce n'est que lorsque la voiture repartit et qu'elle entendit des cris de douleur, de rage, des cris presque animaux - inhumains, en fait - qu'elle commença a s'inquiéter. Elle se précipita vers la source des cris : sa mère, son père la tenant dans les bras, essayant de la soulever, de la maintenir à flots. Nahla ne compris pas tout de suite, avant que son père tente de lui expliquer entre 2 sanglots.

Sa soeur. Sa soeur était derrière, sur cette moto. Comment le comprendre, comment se rendre compte de ce qu'on te balance a la figure d'un coup ; morte. Nahla dut le répéter, mille fois, avant de pouvoir pleurer, avant de pouvoir s'écrouler à son tour. Elle connaissait sa grande soeur, elle savait qu'elle cachait énormément de choses à ses parents : elle était son opposé total. Elle sortait avec des garçons, faisait la fête chaque soir, mettait ses études entre parenthèses, profitait de la vie.

Comment réapprendre à ne plus savoir comment elle allait ? Comment renaître du fond de ses silences ? Nahla avait peur de ses souvenirs qui lui ramenaient aux regards d'adolescente de sa soeur, au son de sa voix de femme qui égayait ses jours, aux battements de son cœur quand elle l'écoutait dormir. En la perdant, elle perdit un amour, une amie et une soeur. C'est un long deuil à faire.

Elle s'enferma petit à petit dans le travail, s'acharnait à devenir meilleure, a s'interdire de vivre, comme la vie de sa soeur avait été volée, la sienne s'était perdue en même temps. Elle se disait que le mieux serait peut-être de ne plus jamais aimer. Pouvoir tout effacer ; combien de jours et de nuits faudrait-il pour cicatriser ?

Personne ne peut comprendre, c'est incompréhensible pour tout le monde. Et curieusement, Nahla en voulait à la terre entière, de cette incompréhension, alors que personne n'était coupable d'être dans l'impossibilité de comprendre. La blonde en voulait aux vivants de ne pas savoir ce que c'était que la mort, elle en voulait à ceux qui sont restés de ne pas savoir ce que c'est que d'être parti, elle en voulait à ceux qui racontent quelque chose qu'ils n'ont pas vécu de parler sans savoir.
Et cette hargne là aussi, d'une certaine façon, l'aidait à tenir. Elle s'était forgée une carapace, une force surhumaine et ne voulait plus jamais échouer. Elle considérait qu'elle avait échoué, qu'elle n'avait pu protéger sa soeur ; aujourd'hui, elle s'était promis qu'elle ne connaitrait plus rien à part la réussite.

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Des années plus tard, Nahla était finalement devenue ce qu'elle voulait être, ou plutôt, ce qu'elle n'avait pas eu le choix d'être pour vaincre sa terrible phobie de l'échec. De ne pas rendre fière sa soeur. Elle s'était imposée un métier d'avocate, en prime il lui plaisait bien. Elle passait ses journées au bureau pour un salaire de misère - car n'était que stagiaire -, ses nuits à plancher sur des nouveaux cas, et certaines de ses soirées à boire un verre ou à des galas auquel son patron était invité et où elle devait faire acte de présence. Aucune vie sentimentale ; des liaisons. Des hommes qu'elle désirait mais qu'elle ne revoyait pas, juste pour s'évader quelques heures et rentrait chez elle. Pas d'amour ; il n'y avait plus de place pour l'amour dans sa vie.

L'ironie, c'était que Nahla avait l'impression d'entretenir une sorte de lien, une relation qui n'en était pas une, des sentiments qui se mélangeaient, formant une cavité pleine de peurs, d'angoisses, mais aussi d'intrigues au creux de son ventre. Elle ressentait un drôle de sentiment dès qu'elle le voyait l'observer. Mais qui était-il, et que voulait-il ? Elle pensait à un genre de psychopathe à qui elle avait dû dire une fois quelque chose de travers, où à un des clients de son patron qui n'avait pas apprécié la tournure des évènements lors de son procès ? Nahla était un peu parano sur les bords, mais cet homme, au regard doux et à la fois perçant, qui la suivait constamment, comme si elle ne l'avait pas vu, cette homme la rendait encore plus parano. Il était beau, c'était indéniable, car même si la jeune femme ne connaissait pas l'amour, elle connaissait la beauté, le désir, ce qui vous attire chez quelqu'un ; c'était drôle, un paradoxe qui ne lui plaisait pas, mais il l'attirait en même temps qu'il lui faisait peur. C'était physique et en même temps, plus profond que ça. Mais qu'est ce qu'elle pouvait bien faire pour éviter ça ? éviter de la croiser constamment et d'avoir affaire à un tourbillon d'émotions dans son corps et d'autres dans sa tête ? Déménager ? Elle était là avant lui, donc c'était plutôt hors de question en fait. C'était difficile, parce que l'impuissance engendre souvent la peur. Elle annihile nos réactions, notre intelligence, notre bon sens, ouvrant la porte à la faiblesse.

Une faiblesse que Nahla ne montre pas mais qui commence à la ronger. Comment est ce possible qu'un inconnu puisse bouleverser autant votre quotidien ? Ce n'était pas acceptable, alors la blonde pris la décision d'aller l'affronter lors de leur prochaine rencontre... Ne plus rester à distance. Affirmer qui elle était et faire fuir cet homme. Mais ce qu'elle ne sait pas c'est que cette rencontre risque de les rapprocher bien plus que de les éloigner...