~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Hum.. Comme je l'ai quitté il n'y a pas si longtemps.. on va dire que je n'ai pas tellement changé physiquement. Toujours de longs cheveux bruns.. des yeux verts.. peau claire. Juste je portais un uniforme de cheerleader au couleur de mon lycée et j'en étais la capitaine. Je crois que j'étais aimée de tout le monde, tout le monde me connaissait, je n'étais pas et je ne suis toujours pas, une des clichées qu'on voit souvent, la blonde arrogante qui dirige tout, enfaîte c'était plutôt l'inverse, déjà parce que je suis brune mais aussi parce que je faisais participer un maximum tous les membres de l'équipe pour les chorégraphies et tout ce que nous faisions, esprit d'équipe. Au lycée je suis aussi devenue populaire dès ma première année parce que le fameux capitaine de l'équipe de football américain sortait avec moi.. jusqu'à ce qu'il parte pour une université californienne.. j'ai préféré rompre.. même si je l'aime, c'était mieux pour lui comme pour moi. Je crois que je n'étais pas vraiment détestée.. je parlais à tout le monde et je ne me suis jamais pris la tête avec la popularité ou pas, je crois que le plus important c'est de savoir sur qui compter.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Je pourrais aller mieux. Je ne me plains pas, je vais bien, bien mentalement, plus ou moins enfin.. je suis presque heureuse, je tente de m'en remettre, mais je crois qu'une mort violente ne fait jamais du bien. Je pense que je suis bien, je vois un psy, je me soigne.. je m'occupe un maximum pour ne pas avoir à penser sur ce qui c'est passé, sur ce qui me hante. Heureuse n'est surement pas le mot. Mais je pourrais ne plus pouvoir me plaindre alors, je vais dire qu'aujourd'hui, je suis presque heureuse, il ne manque pas grand chose, la voie de bonheur.


   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Dans une boîte en bois.. surement pas très belle à voir.. mais surtout six pieds sous terre. Je serais probablement morte dans 10 ans. 10 années.. ce n'est même pas ce que me prédisent les médecins. Pour eux.. si je vais jusqu'à 25 ans ce sera bien. La tumeur appuie sur mon cerveau.. un jour je décéderais d'un AVC.. J'aimerais me dire que je vais vivre plus longtemps.. mais je ne sais pas comment.. vivre avec une telle maladie n'est pas la chance de ma vie.. je tente de ne pas y penser, mais souvent tout cela me rattrape à chacune de mes rechutes. Chaque fois que mon traitement change et que j'en suis doublement malade.. chaque fois que je perd des cheveux.. J'ai beau évité les chimios.. mon corps est fatigué.. dans 10 ans, si avec un minimum de chance, je suis toujours là, et bien je pense que je serais une femme déjà épuisée par la vie.. mais au moins je vivrais.

White Oak Station. Je suis née ici, j'ai poussé mon petit cris dans l'hôpital de la ville, j'ai fait mes premiers pas sur le parquet d'un restaurant du centre. J'ai grandi en clair ici. Mes parents ont choisi Adèle Elliott comme prénoms. Adèle c'est le nom de ma grand mère française  ( décédée peu de temps avant ma naissance, mère de ma mère ), Elliott.. j'avoue que là, je sèche, je ne sais pas pourquoi ils ont choisi un prénom masculin. D'après eux c'est mixte.. à voir honnêtement. Généralement les gens m'appellent Ellie, ou Ella.. Bon je passe la période pré-adolescence ou on m'appelait Lock en rapport à Lockness le monstre Écossais parce que j'avais des humeurs furieuses. J'ai grandi avec une soeur,  Isabelle, elle est plus vieille que moi, elle a 25 ans aujourd'hui, on a toujours été très proche. Isa c'est une soeur très protectrice.. un peu trop parfois.

J'ai eu une enfance parfaitement heureuse. Comme beaucoup de petite fille j'ai fait de la danse classique et ce, pendant longtemps. Ma mère je me souviens parfaitement voulait absolument qu'Isabelle et moi partage sa passion. Les livres. Ce qui a parfaitement fonctionné puisque très jeune on a été toutes les deux passionnées par les romans de la grandes littératures. Mes parents tenaient une librairie dans le centre, nous, on habitait jusque au dessus sur deux étages dans un petit duplex. Ma véritable passion a commencé à venir vers 10 ou 11 ans. Le dessin, il s'est avéré que je suis plutôt douée.. alors forcément l'appartement est plein de mes esquisses. Au lycée j'ai aussi fait partie des cheerleaders et pendant près d'un an j'ai été capitaine et j'en étais très fière, comme toute ma famille.

Seulement vous vous doutez qu'une vie qui semble si bien marcher ne pas durer. On revenait juste d'un match que mon équipe avait animé. Je ne sais plus tellement comment cela c'est produit, mes parents à l'avant, moi sur la banquette arrière à moitié endormie avec mes écouteurs.. tout s'est passé vite.. mais on est sorti de la route.. la voiture est passé par dessus un pont.. j'aurais surement dû mourir.. je ne sais pas tellement comment j'ai réussi à remonter.. L'eau s'engouffrer partout.. je pensais que mes parents étaient en train de me suivre.. mais non.. ils ne sont jamais remontés.. et moi j'ai deux quelques heures de coma.. Je culpabilise encore aujourd'hui.. j'ai l'impression que si je n'avais pas été à ce match, ils ne seraient surement pas morts..

Dans ce genre de moments on en va jamais bien, pendant des semaines j'ai refusé de m'alimenter.. de parler.. j'étais mal.. un malaise que moi même j'avais du mal à comprendre. Je n'ai jamais été aussi faible.. C'est lorsque j'ai voulu me battre pour Isabelle, pour qu'elle ne soit pas toute seule que j'ai rechuté.. différemment. Les malaises étaient de plus en plus fréquents.. J'ai dû passer des examens. Le résultat ? Lymphome cérébral. Logé dans une partie sensible du cerveau. Je pourrais mourir sous l'opération.. ou perdre ma mémoire.. parfois j'oublie des choses.. la tumeur grossit.. je refuse la chimios, je refuse d'être de la maladie.. Isabelle ne comprend pas.. elle voudrait que je me fasse soigner dans un grand hôpital, que je quitte la ville mais je refuse, si je dois mourir c'est ici. J'ai bien un traitement, il est fort, mais ne donne pas certain effet que la chimio.. je ne perd pas trop mes cheveux.. je ne suis pas aussi fatiguée.. Je tente de ne pas montrer que je suis malade, je déteste la pitié, j'en ai trop eu.. maintenant je veux aussi pouvoir me débrouiller normalement.. il y a bien des rechutes, des crises.. mais je m'en sors.. j'ai trouvé un petit boulot au cinéma, je vend des places.. pop corn et l'avantage c'est que je peux profiter du film lorsqu'il faut que je surveille les salles. J'aide aussi ma soeur qui a décidé de reprendre la librairie de mes parents.. ils continuent à vivre dans les livres. Et nous vivons toujours dans la même maison, ou le même appart' plutôt. Mais pas question que ma maladie gâche ma vie de jeune femme, je veux m'amuser et profiter, même si ma soeur un peu trop protectrice ne semble pas de cette avis.. elle fait trop attention à moi, elle a tendance à m'étouffer un peu parfois mais je ne peux pas lui en vouloir.