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 appel de julian à vic.

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Message(#) Sujet: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyJeu 29 Aoû - 17:38

Un verre de plus. Peut-être celui de trop, à moins que ce ne soit l'autre, là, celui d'avant, le coupable. Qu'importe, les rues de Toronto portent un goût de nostalgie qui me remonte jusqu'à la bouche. Elle me brûle la gorge, nerveuse, à la recherche d'un échappatoire. Mon corps la referme avec force et dignité. Premier soir dans les entrailles du passé, premier soir à se défoncer la tête pour oublier la raison de mon retour. Oublier ce cadavre. La foutue réalité. Et maintenant qu'il n'est plus là, ce connard, tout semble perdre de la consistance. Le regret de ne pas lui avoir dit la vérité me dévore encore plus que tout le reste. Mon père est mort avec un inconnu en guise de fils. Son dernier souffle était baigné de mensonges, tout comme sa mort. Adossé contre le mur humide d'une boîte de nuit, la musique résonne à mes tympans. Ma tête rencontre les briques glacées par la nuit. Non ça ce va pas. Je ne sais même pas combien de temps le masque résistera. Celui que je montre aux autres et à moi-même, qui cache cette tristesse permanente. Celui qui me persuade de ma force mentale et physique alors que tout tremble dans ma tête. Tout est brisé, depuis trop longtemps déjà. Mes jambes me lâchent, laissent mon âme tomber sur ce bout de trottoir, téléphone déjà posé contre l'oreille. Mon souffle est court, jusqu'au son de sa respiration. Il me faut quelques secondes avant de prendre les choses en main. Raccrocher serait peut-être plus simple, au fond. « J'sais que c'est pas une heure pour appeler. » Mon estomac se contorsionne, me fait souffrir plus que jamais. Comme s'il renfermait un être vivant, absurde, cruel ; une petite personne que l'on prénomme Haine. Et cette douce Haine, elle fait des allers-retours entre ma boîte crânienne et mes genoux. C'est une danse perpétuelle, qui ne s'épuise jamais, dont la musique est infinie. « Mais c'est de ta faute, fallait pas me passer ton numéro comme le pauvre con que t'es. » Toujours la faute des autres, surtout la sienne.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyJeu 29 Aoû - 23:33

Ils ne cessent de danser, les mots, sous mes prunelles abîmées. Je ne parviens pas à fermer l'œil, ce soir. Ou cette nuit, peut-être ; je n'en sais rien. Je ne trouve pas la force, aussi maigre soit-elle, de tourner les yeux en direction de l'horloge. Sa mélodie infinie, inlassable et lassante pourtant, ne cesse de résonner au fond de mon esprit. Qu'importe. Je n'ai pas cette envie, non, de plonger de nouveau dans la réalité, je crois. Et toi, Julian ? À quel point t'es-tu envolé ? Quelle effet cela fait-il, ce sentiment, tu sais, celui-là, de planer, de ne plus exister le temps d'oublier. Tu vas crier, je crois, lorsque tu apprendras ; je suis allé a ton cabinet, l'autre jour, pour savoir la raison de ton voyage. La curiosité a toujours été mon truc, je crois. Mes lèvres se sont plissées, et mes sourcils se sont froncés, lorsque j'ai su. Idiot, tu aurais pu m'en parler, tu sais.
La sonnerie de mon téléphone retente, soudain, me coupant dans mes pensées. C'est au travers d'un quelconque soulagement que je dépose mon livre au creux des draps, répondant ; " Victor Sawatzky, bonsoir ? " Ma voix est morne, automatique, mais la tienne ferait pleurer, je crois bien. " Julien, c'est toi ? " Et tu parles, encore. T'entends-tu, Julian ? Moi, j'ai l'impression de voir les larmes, au creux de tes prunelles. Cesse de te faire mal, tu veux ? Sois gentil, un instant. Je soupire doucement, retirant mes lunettes, me redressant un peu, à peine. " Mais qu'est-ce que tu me racontes là, toi ? Je t'ai donné mon numéro justement pour cela, tu sais? " Ma voix est trop douce ; j'ai peur que tu raccroche, peut-être. Qu'importe. Je n'aime pas t'imaginer seul, là bas. Nous sommes capable du pire, alors que nous sommes seuls.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 1:22

Cet appel sonne un peu comme une bouteille lancée à la mer. Un SOS envolé dans les nuages. Des conneries dans le genre qui ont toutes le même point commun : le désespoir. Mes yeux d'épileptiques se lèvent vers le ciel, à la recherche d'un espoir, d'une réalité moins douloureuse. Mais rien n'en sort. Seule la voix de Victor caresse encore mes tympans. Fragile, l'un de mes doigts résiste à l'envie de raccrocher. Le cœur se serre, appelle une énième fois le père perdu. J'ai envie de hurler, de l'appeler, ce connard, de lui dire, d'une voix trop haute de me piétiner totalement avant de crever. La mort le garde si bien entre ses bras qu'il ne m'entendrait même pas. Mon corps détruit se recroqueville sur cette parcelle de goudron sale. Les paroles ne suffisent plus, à libérer les maux, effacer la douleur. Ils n'ont plus aucun effet sur le tiraillement au creux de mon ventre. La vie n'est qu'illusions, un putain d'océan noir dans lequel je me noie. La voix de Victor ressemble à la lune, plantée dans l'horizon, rassurante. Elle est floue mais envoûtante. « Ouais j'le sais mais ça change rien, il est tard, c'était pas une bonne idée. » Je me perds, les mots se cassent, la nuit m'encercle, m'étouffe. Je suis loin de tout. Je ne comprends plus rien à ce qui m'arrive. C'est un peu comme si on venait de m'ouvrir le bide, à coups de couteau rouillé, mes tripes quittent mes entrailles, s'étendent au sol. Ma gorge nouée parvient à faire vibrer mes cordes vocales. « Vic ... » C'est peut-être le moment de se mettre à nu, au fond. Maintenant ou jamais. Et le jamais, il est loin, irréversible. « Il est mort. Mon père, j'veux dire. Envolé, comme ça, crise cardiaque. Ce connard, même pas le temps de boire un dernier verre avec. » ça me fait presque rire, cette idée d'avoir raté un verre avec lui. Ça me fout juste un peu plus bas encore, comme si c'était pas suffisant. « Je … J'sais pas quoi faire. J'ai pas envie de faire une connerie, pourtant l'envie manque pas tu sais. L'avantage d'être un connard, tu peux partir sans rien demander à personne. Puis tu sais, un enterrement, ça coûte la peau des couilles. Tu te rends compte, payer une fortune pour crever ? J'espère qu'on me donnera à bouffer aux cochons, ça coûtera moins cher. » Ma voix se brise, au milieu de mes inepties. Quel con. « Fin on s'en fout. Tu dormais ? » Mon regard se baisse, comme honteux de mes propres paroles. Il fixe mes pieds.
Mais regarde ce que tu fais Julian, regarde ce que t'es sur le point de devenir.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 4:27


Le silence est lourd, beaucoup trop lourd. Il hurle les mots qui, pourtant, ne peuvent s'évader de ta gorge. Il glace mon sang au creux de mes veines et retient mon souffle, m'empêchant de rire, tout bonnement, et de sortir des grossièretés. Tu veux la vérité, Julian? Je me suis inquiété. Elle est toujours là, en fait, au fond de mes tripes, bien en place, les ongles enfoncés dans mes nerfs, l'inquiétude, C'est peut-être elle, au final, qui me donne le tournis, depuis des heures, et qui me vole le sommeil qui caresse mon être, sans jamais s'y glisser. Qu'importe. Ça n'a pas réellement d'importance, tout ça. J'ai les doigts contre mon portable, après tout, et ta voix au bout du fil. L'inquiétude se calme, un peu, et parvient à tenir en plus. Mon coeur se calme un peu, mais sans réellement y arriver, face aux cris de ton âme. J'ai envie d'hurler fort, de te secouer. De les faire taire, enfin, pour entendre de nouveau ton arrogance, et puis voir encore, au coin de tes lèvres, ce putain de sourire qui donne envie de te frapper fort, bien fort. « Ouais j'le sais mais ça change rien, il est tard, c'était pas une bonne idée. » Un noeud se crée, là, au travers de ma gorge, Il n'a pas sa place. J'ai envie d'y enfouir mes doigts, et puis de tirer fort, pour le détacher, le faire disparaître. Le sais-tu, Julian, que tu n'es pas seul ? « Ne dis pas n'importe quoi. C'était une très bonne idée. » La douceur se glisse, là, contre le noeud d'un mouvement presque moelleux. Elle s'évade, au travers d'un souffle léger, et d'une caresse trop tendre. Mes yeux se ferment, et j'avale lentement. Il y a tant de mots, tu sais, pris au travers de ma gorge, qui aimeraient sortir avec force, et puis te serrer dans leurs bras, fort, toujours trop fort, pour que tu quitte ce ton si pitoyable. « Vic ... » Le noeud grandit. J'ai envie de t'insulter. Je te déteste, tu sais, pour faire naître de tels sentiments, en moi. Le voilà, le vic enfant. Il tient une main, une fois, et puis à jamais, il y reste lié. Le voilà, le petit coeur fragile qui s'éprend trop facilement. Désolé, Julian, il y a un enfant au bout de tes doigts, maintenant, et un coeur trop tendre. « ... Julian ? » Petit souffle brisé, il s'est sauvé de mes lèvres, se fracassant contre le noeud, au passage. Ne vois-tu pas les blessures qu'il porte sur son être ? Je plisse fortement mes lèvres, l'une contre l'autre, retenant un soupir trop lourd, et puis sort des draps, lentement, à pas légers. Je ne sais pas quoi te dire. Les mots qui n'arrivent pas à sortir de ta bouche résonnent fort, vivement au creux de mes oreilles, et je ne sais plus où donner de la tête. Mes orteils se posent sur le plancher de bois, de vieux bois trop froid, et tu parles. Un frisson me prend. « Il est mort. Mon père, j'veux dire. Envolé, comme ça, crise cardiaque. Ce connard, même pas le temps de boire un dernier verre avec. » J'écoute en silence, suspendu entre le lit et le sol. Ma respiration a cessé d'être, peut-être. J'essaie de comprendre ; je n'y arrive pas. « Je … J'sais pas quoi faire. J'ai pas envie de faire une connerie, pourtant l'envie manque pas tu sais. L'avantage d'être un connard, tu peux partir sans rien demander à personne. Puis tu sais, un enterrement, ça coûte la peau des couilles. Tu te rends compte, payer une fortune pour crever ? J'espère qu'on me donnera à bouffer aux cochons, ça coûtera moins cher. » Je grimace, un peu, la mine basse. Je n'aime pas t'entendre parler comme ça. « Ne dis pas ça. » La phrase cesse aussi vite qu'elle est née. Je ne sais pas d'où elle est sortie. Je crois, au fond, qu'elle m'a surprise autant que toi. « Fin on s'en fout. Tu dormais ? » Je soupire lourdement, cette fois, sans le cacher. Il est tremblant, tanguant, brisé, ce soupir, et percute tes traits brusquement. Je me mets sur pieds, lentement, avant de te répondre, quittant la chambre. « Non, j'en suis incapable, présentement. » À pas légers, je parcours les couloirs obscurs sans le moindre bruit, fermant la porte de la chambre d'Heath, avant d'aller la lumière de la salle de séjour. « J'ai appelé à ton travail, en fait. Je m'inquiétais pour toi. idiot. » Je tousse un peu, à cause du froid peut-être, avant de laisser tomber ma carcasse contre le canapé en cuir bien trop froid pour mon âme pourtant gelée. « J'étais au courant, pour ton père... mais je suis content que tu m'en parles... enfin, j'imagine. » Je me racle la gorge, pris d'un certain malaise. « Tu veux que je vienne, Julian ? » Mes lèvres se plissent, de nouveau, alors que mes pieds remontent contre le cuir, se glissant sous les coussins.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 13:47

Chute en arrière, infinie, et la douleur qui ne veut plus s'arrêter. Les pas de sa danse sont assurés, presque amoureux, elle m'épouse, ne veut plus me lâcher. Et lorsque je désire en finir avec cette cruelle, ses crocs s'enfoncent un peu plus contre mon coeur. Je n'ai même plus la force de pleurer, au final. La force de rien, si ce n'est de raconter des conneries à qui veut bien l'entendre. Victor, il est l'une de ces personnes encore capable de m'écouter et croire à ce que je peux lui dire. Parce que lui, je peux le descendre plus bas que terre, il ne sera jamais blessé. Rien ne l'atteint, du moins, pas venant de moi. Et c'est ce manque d'émotion qui me donne la sensation de respirer normalement. « Ne dis pas n'importe quoi. C'était une très bonne idée. » En fermant les yeux, je m'imagine son regard, juste de quoi rendre la chose plus réelle. Effacer le vent devant mon visage. Mes doigts se perdent dans ma chevelure, s'accrochent à mes racines dans un douleur vive. Je perds les pédales et le contrôle des choses. Tout semble m'échapper froidement entre les phalanges. Des lambeaux de bonheur nagent encore dans mes veines, parfois, comme lorsque mes lèvres rencontrent la peau d'Arseniy. Ma voix éteinte tente de trouver un semblant d'étincelle mais le ciel est trop loin, les étoiles étouffées par les nuages. Il n'y a plus d'espoir, cette nuit. Tout semble avoir été perdu dans le néant que forme mon coeur, là, sous ma cage thoracique. Je suis un rien. Un rien informe et indélicat. Les pensées s'embrasent, perdent de leurs valeurs, j'ai déjà oublié les mots juste. « J'ai appelé à ton travail, en fait. Je m'inquiétais pour toi. idiot. » Ma bouche s'ouvre légèrement. Il me faut quelques minutes avant de faire le lien entre les paroles de Victor et la mort de mon père. La colère gronde, donne des coups. Je tente de la dissimuler mais elle est plus forte que tout. « J'étais au courant, pour ton père... mais je suis content que tu m'en parles... enfin, j'imagine. » Dans une poussée d'adrénaline mon corps se relève, tel un soldat, pour marcher sur un champs de ruines. La désolation se lit sur mon visage. « Tu veux que je vienne, Julian ? » La question est perçue comme une agression, le bouclier se reforme. Je me replie une énième fois dans ma médiocrité. Les larmes menacent de couler, elles submergent mes paupières, le barrage est en train de se casser la gueule. « Tu t'inquiétais pour moi ? Mais putain, tu pensais quoi ? Que j'allais me tailler les veines peut-être ? Tu croyais qu'en apprenant la chose tu pourrais changer la face du monde ? Si j'ai envie de crever ou de faire je ne sais quoi, c'est pas toi qui m'en empêchera. J'connais quoi de toi, après tout ? Rien. » Je me déteste à réagir comme ça, comme un putain de pauvre con. « J'ai pas besoin de toi et tes foutues leçons de morales. Si j't'en ai pas parlé jusque là c'est que j'avais de bonnes raisons. » Ma voix perd de sa puissance, pour mieux remonter, plus haineuse, plus désespérée. « Joue pas au super héro avec moi, ça marche pas. Et puis venir pour quoi ? Je te dois rien, t'entends ? Je te déteste. » La dernière phrase est basse, brisée. Qu'il aille se faire foutre, lui et ses bonnes intentions. Qu'ils brûlent, en harmonie.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 17:00

Je l'entends, tu sais. Ton souffle précipité, la coupure, là, qui toujours retente au creux de mes oreilles. C'est certainement car j'ai le combiné solidement pendu au crane, au point d'avoir la tête en feu, mais qu'importe. Mes doigts sont trop crispées pour que je parvienne à l'éloigner. Tu m'inquiètes, pauvre idiot. Une bête se tord, au fond de mes entrailles, et mes sourcils se froncent. Tu vas crier, d'ici quelques minutes. Je crierais, moi, et tu en feras de même, je crois. Les larmes couleront-elle, en même temps ? Je ne sais pas. Mon corps glisse sans grâce contre le cuir trop froid du canapé, ma tête s'affaisse contre l'accotoir. J'attends tes mots. J'entends tes cris. Ne laisse rien derrière, Julian. Tu en as certainement de besoin, oui, de crier. Je ne sais pas si tes mots, je les accepterais, mais je te laisserais les dire, du moins. « Tu t'inquiétais pour moi ? Mais putain, tu pensais quoi ? Que j'allais me tailler les veines peut-être ? Tu croyais qu'en apprenant la chose tu pourrais changer la face du monde ? Si j'ai envie de crever ou de faire je ne sais quoi, c'est pas toi qui m'en empêchera. J'connais quoi de toi, après tout ? Rien. »  Un souffle se glisse hors de mes lèvres. Tu es pathétique. Nous le sommes tous, au final. Ces mots-là, les penses-tu, Julian ? Aimerais-tu que j'y parvienne, au fond, à changer la face du monde ? Que je dise au monde, à la terre entière de se faire enculer, et qu'elle en vienne à m'écouter ? Ferme les yeux, Julian, et crois y fort, hurle fort, mais pas contre moi, parce que je ne te laisserais pas faire. Tu le sais, n'est-ce pas, que je ne suis pas comme ça ? Tu le sais, oui ? Je crois bien.  « J'ai pas besoin de toi et tes foutues leçons de morales. Si j't'en ai pas parlé jusque là c'est que j'avais de bonnes raisons. » Et lesquelles sont-elles, Julian, ces bonnes raisons ? Pourquoi les fais-tu taire, si elles sont si belles, si bonnes ? Montre moi les donc. Un sourire moqueur se dessine sur mes lèvres, alors que silencieux, j'écoute le son de ta voix. Tu semble hurler de toutes tes forces, parler d'un ton bien trop précipité, comme pour m'empêcher de bien penser, de te couper. En as-tu peur, Julian, de mes mots ? De la vérité, la mienne du moins, que je pourrais te répondre sans la moindre gêne ? As-tu peur, Julian, de perdre pied face à moi, et cela malgré les kilomètres qui nous séparent, présentement. « Joue pas au super héro avec moi, ça marche pas. Et puis venir pour quoi ? Je te dois rien, t'entends ? Je te déteste. »  La tempête s'est calmée, brusquement. Tu n'as plus assez de souffle, entre tes lèvres, pour crier de ton plus fort, de ton plus haut. J'ouvre les yeux, alors. Je ne m'étais pas rendu compte de les avoir fermé, tout au long de ton discours, mais qu'importe. Qu'importe, au final. «  Tu as fini, c'est bon  ? » Ma voix est calme, peut-être un peu brusque aussi. Comme un parent, peut-être, qui parle à un enfant, après une crise au supermarché. « Sérieusement, Julian, tu n'as rien ; tu n'es rien. Tu comprends ? À mes yeux, tu pourrais être la déesse du vagin que j'en aurais rien à foutre, tu comprends ? Te venir en aide ou être un super héros avec toi, quelle utilité ? Ne viens pas croire que je fais cela pour une quelconque raison. Je pourrais facilement raccrocher, et puis t'appeler de nouveau, dans quelques jours. M'amuser, quoi. J'aime bien ça, m'amuser. » Ma voix est calme, beaucoup trop calme. Peut-être te fait-elle mal, mais qu'importe. Il fait des mots brusques, vifs, pour faire réagir les gens. « Mais ce n'est pas le cas. Tu n'as pas plus d'importance que cela, à frais bénéfique ou quoique ce soit. Je pourrais facilement me trouver un autre avocat. Je n'ai aucun avantage à te parler, présentement, et à essayer de te venir en aide. » J'observe mes doigts, au dessus de ma tête, chacun bien écarté des autres. Ils tremblent un peu. « Mais je le fais. Tu comprends ? Aussi pénible que cela puisse être - car oui, tu es pénible, mais bon, tu dois certainement déjà être au courant - , tu comptes à mes yeux. Alors que cela te plaise ou non, plais toi à crier et à faire l'enfant, qu'importe, mais je m'inquiéterais, pauvre con. » Le ton est brusque, cette fois. Sans failles, autoritaire, même. « Alors, je répète la question ; est-ce que tu veux que je vienne, oui ou non ? » Et doucement, aussi brusquement que la météo, elle devient douce.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 20:42

« Tu as fini, c'est bon ? » Retour sur terre, j'ai encore la tête qui tourne, le cœur qui bat trop fort. J'ai envie de lui rire, là, haut nez, de raccrocher et moisir dans un coin de rue. Sa main tendue me donne envie de lui briser les doigts un à un, sentir ses os craquer sous mes phalanges. Mais à la place de ça, je me tais, la gorge nouée. Je ferme ma grande gueule parce que je sais que Victor va me refoutre à ma place. Je sais que ces mots seront aussi froids que les miens. Aussi durs et réels que la mort de mon père. Mon front prend place contre le mur de briques glacées. J'ai l'âme qui tremble, séisme interne. Je ferme les yeux, pour capter la violence de ses mots contre mon esprit. Il m'arrive de sourire, pour me donner une certaine force. Un je ne sais quoi encore capable de me tenir sur mes jambes. Mais il est si fragile, ce sourire, qu'il perd de sa forme à la voix de Victor. « Sérieusement, Julian, tu n'as rien ; tu n'es rien. » Mais j'le sais déjà, tout ça. Et c'est ce que j'ai toujours cherché à être au fond. Un espèce de connard creux que l'on apprécie le temps d'une partie de baise. « Je pourrais facilement raccrocher, et puis t'appeler de nouveau, dans quelques jours. M'amuser, quoi. J'aime bien ça, m'amuser. » Je ris à cette remarque, évite de renchérir un peu plus. C'est pas le moment, j'en ai même pas envie, de toute façon. On peut plus appeler ça une question de fierté. Ma voix tremble trop, les pleurs sont trop proches. J'ai perdu les armes dans la bataille. Le grand Novotny s'est cassé la gueule sur le goudron. Il a envie de déverser ce surplus de larmes, celles qu'il contient depuis trop longtemps. Depuis tout petit. Mais il a peur. Peur de quoi ? De tout. Même de la vie. « Mais je le fais. Tu comprends ? Aussi pénible que cela puisse être - car oui, tu es pénible, mais bon, tu dois certainement déjà être au courant - , tu comptes à mes yeux. Alors que cela te plaise ou non, plais toi à crier et à faire l'enfant, qu'importe, mais je m'inquiéterais, pauvre con. » Compter à ses yeux. Nouvel échec. Nouvelle connerie de ma part. Pourquoi je l'ai fait venir chez moi ? Pourquoi je lui ai parlé de mon père ? Y a qu'à voir le résultat. La panique s'insinue dans mes veines. Un peu la même que j'ai pu ressentir pour Arseniy ou Lupka, quelque chose de dérangeant, qui ne peut coller avec l'être abject que j'incarne. Ca me fout en l'air, l'être humain me détruit. « Alors, je répète la question ; est-ce que tu veux que je vienne, oui ou non ? » Raclement de gorge, mal à l'aise. La fierté s'éveille, l'égo me tape sur le système. Répondre oui reviendrait à baisser la garde. Refuser m'enfoncerait d'avantage. Une toux désastreuse quitte mes poumons, comme pour interdire le silence de s'intégrer dans la conversation. « Ramène moi de la bonne dope, tu sais, un truc qui te défonce au point de plus savoir qui t'es. J'ai le fric. » Lui demander directement de venir est encore trop difficile à admirer. J'enrobe mes paroles, dans un élan de fierté dégueulasse.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyVen 30 Aoû - 23:23

Le bruit résonne au creux de mes oreilles, percute contre mon coeur et mon âme maudite, qui sait. Le bruit de ta toux, forte et démente. Il habite des mots et des larmes, des choses que je ne comprends même pas, et je reste là, sans mouvement, attendant. Mes sourcils sont froncés, attentifs au moindre mot qui pourrait se faire entendre, au travers de ce crachat de l'âme. « Ramène moi de la bonne dope, tu sais, un truc qui te défonce au point de plus savoir qui t'es. J'ai le fric. » Un sourire se dessine sur mes lèvres, fin, presque inexistant. Qu'importe, pour le fric. En avoir la force, je te la refuserais, cette drogue, mais elle doit être, pour que je puisse venir jusqu'à toi. Je me contente de ta réponse, alors. « C'est bon. Elle sera pas coupée, cette fois. » Je suis un connard, j'assume. Elle est toujours coupée, la came. Avec les pires trucs qui soient, parfois. Un peu moins que les autres trafiquants, certes, mais suffisamment pour que le stock dure plus longtemps. Par principe. Pour se moquer des pauvres drogués, aussi. « Garde ton argent pour toi et donne moi l'adresse de ton hôtel, plutôt. Si je prends le prochain vol, je serais là avant l'aurore, je crois. » Mes doigts s'agitent déjà sur la tablette, alors que le portable est coincé entre ma tête et mon épaule.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptySam 31 Aoû - 21:00

Victor va venir. Ce connard va me rejoindre et tout ira mieux. Je tente de m'en persuader. J'essaie. Son visage me sera toujours plus agréable que celui de ma mère, désespéré. Ou bien de la famille toute entière, un putain de gros tas de merde ambulant. Je sais très bien qu'en restant avec eux je risque de finir pas péter un câble. Je le sais et c'est bien ça le plus effrayant. Quitte à dériver, autant le faire avec lui, lui qui possède déjà un aperçu de l'âme détruite que j'habitude. Il pourra se moquer, s'il le désire, en voyant des petits bouts de moi se perdre sur le trottoir. Mais au moins, je ne serais pas seul. Victor ne compte pas sur moi, lui, alors autant se laisser mourir en sa présence. « Garde ton argent pour toi et donne moi l'adresse de ton hôtel, plutôt. Si je prends le prochain vol, je serais là avant l'aurore, je crois. » Silence. Nouvelle hésitation, juste le temps pour moi de ravaler larmes et dépression. J'écoute le son de sa respiration, là, à l'autre bout de fil. Je me perds dans ce bruit constant et régulier, presque apaisant. « Hazelton Hotel, 118 Yorkville avenue. Chambre 52. » Encore un endroit puant l'argent, une chambre bourgeoise pour mieux s'envoyer en l'air. « Mais si tu veux qu'on se retrouve quelque part, dis le. » C'est qu'il en deviendrait presque serviable, le Julian.
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Message(#) Sujet: Re: appel de julian à vic. appel de julian à vic. EmptyDim 1 Sep - 0:01

 Les chiffres descendent doucement, mais quelle importe. Je ne les observe pas. La tablette s'en va mourir sur la table basse alors que, depuis le salon, je peux entendre l'imprimante du bureau qui imprime mon billet d'avion. Les billets d'avion. Parce que l'évidence n'est même pas tangante ; Arse va vouloir suivre, s'il me voit partir là-bas. Arse va chigner comme un enfant, en apprenant que je l'ai laissé derrière. De nouveau, mon dos épouse le cuir frais du canapé dans un mouvement lent ; mes yeux se perdent contre le plafond, là, trop blanc. J'attends toujours ta réponse. « Hazelton Hotel, 118 Yorkville avenue. Chambre 52. » Il suffit d'un instant, à peine, pour que je me redresse, faisant craquer quelques vertèbres de mon dos, pour noter l'adresse sur un papier qui traîne. Il est tâché de bière, mais qu'importe. Qu'importe tout le reste au final, dans une pareille situation. Qu'importe le monde, et puis l'humanité, pourquoi pas. « C'est noté. » Le papier se froisse entre mes doigts, et se glisse sous l'élastique de mon boxer, contre ma peau, à défaut d'avoir une poche quelconque à porter de main. « Mais si tu veux qu'on se retrouve quelque part, dis le. » Un soupir se glisse entre mes lèvres, alors que mes sourcils se froncent. Le penthouse est tout près. Feather y est peut-être, encore. L'idée est douce, et apeurant. Mes doigts se crispent, un instant. Mes pensées s'emballent. « 77 charles street west, le numéro 1. C'est à deux coins de rue de là, tu connais peut-être l'immeuble.... C'est un de mes penthouse.. On sera certainement mieux là-bas, et puis, j'ai de l'alcool vieilli. » Feather. Feather. Feather. Je mords mes lèvres, comme pour chasser les pensées, avant de me lever et d'aller chercher les billets.
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