~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Au lycée ? J'ai été surnommée "la grosse tête", tout ça parce que le bruit que j'avais un Q.I supérieur à la moyenne s'était répandu. On m'a de suite cataloguée dans le groupe des nerds, de la fille qui ne pouvait pas avoir de sujets de conversations autre que la méiose ou la trajectoire des planètes. En fait, on me disait venir d'une autre planète, d'autant plus que j'avais un peu plus d'embonpoint que maintenant. Une adolescente un peu rondouillette, qui comptait sur son cerveau pour la sauver. J'ai bien vite changé par la suite, après le départ de Ben. Ça m'a pris du temps, et surtout, mes parents étaient contre. Ils ne voulaient pas me voir changer, mais il était hors de question pour moi de me morfondre. Jusqu'à la fin de mes années lycée, j'ai donc été une bonne élève, qui avait un cercle d'amis assez fermé, et si vous me demandez si j'aimerais y retourner, je vous répondrais que oui, pour pouvoir tenter d'avoir une autre adolescence, allez savoir.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
C'est difficile comme question. Le bonheur, on ne peut jamais réellement l'avoir, ça va, ça vient. La fin du lycée a été synonyme de renaissance pour moi tout de même. J'ai perdu mes kilos en trop, et surtout, j'ai fait une croix sur mon cerveau pour une jour me sauver. Assez d'être la parfaite petite fille. Je suis donc de ce qu'on pourrait dire une fêtarde, une fille qui profite de son adolescence cinq ans trop tard. On ne peut pas réellement dire que j'ai gardé contact avec mes parents, puisque depuis mon "changement", ils refusent de m'adresser la parole. D'un naturel conservateur et assez étriqué, ils ne comprennent pas que je puisse vivre et être heureuse ainsi. Dieu merci, j'ai l'impression d'être un peu plus heureuse en adoptant cette philosophie de vie, bien que niveau boulot, j'aimerais bien reprendre mes études sur le long terme, et quitter l'accueil de l'hôpital.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Dans dix ans, j'aurai trente-trois ans. Le temps de se poser que tout le monde vous répondra. Personnellement, j'ai du mal à m'imaginer dans le futur. Ça me fiche sacrément la trouille. Je veux dire, j'ai déjà du mal à savoir ce que je vais faire demain, alors dans dix ans. J'aimerais bien être une professeure de français bien installée, avec sa petite routine quotidienne. Je rentrerai le soir, retrouverai mari et enfants. Seigneur, ça paraît tellement incroyable dit comme ça. Arrivera bien le jour où je serai confrontée à celle que je suis, et où je ne pourrai plus me cacher derrière mes extravagances. J'aimerais rester en ville bien entendu, cet endroit est pratiquement le seul que j'ai pu connaître. Et j'aime White Oak, ses habitants, l'ambiance qui s'en dégage. Alors pourquoi chercher ailleurs ?

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: lily. ÂGE: dix-huit ans. LOCALISATION: dans ma chambre. PRÉSENCE: tous les soirs. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? par bazzart. AUTRE CHOSE À AJOUTER? big up à vous tous !

❝ When she was just a girl, she expected the world. ❞« Dis-moi Noa, t'as entendu la nouvelle ? Le père Hastings est furax aujourd'hui. » La fameuse Noa, qui était en train de ranger ses livres de cours dans son casier, manqua de les faire tomber lorsqu'elle entendit Heather parler. Premièrement, parce que cette blonde décolorée de cheerleader ne lui parlait habituellement pas, et deuxièmement, parce qu'elle avait touché un point sensible en prononçant le nom des Hastings. Reprenant ses esprits, elle se retourna après avoir pris une grosse bouffée d'air, et fit face à Heather. Elle arborait un sourire victorieux sur le visage, si bien que Noa sentait qu'elle allait lui faire une crasse, encore une fois. Depuis deux mois, elle, la petite fille coincée s'était rapprochée de Ben Hastings, le sportif au beau minois qui faisait craquer toutes ces demoiselles. Personne ne comprenait ce qu'il pouvait bien lui trouver. Ils venaient de deux mondes différents, et pour toutes ces filles du genre Heather, chacun devait rester dans son propre monde : les losers de leur côté, et les winners du leur. Et le fait que ces barrières soient brisées entre elle et Ben faisait terriblement plaisir à Noa, puisque pour une fois, elle pouvait se vanter d'avoir accompli quelque chose qui clouait le bec de l'autre pie. « Qu'est-ce que tu leur veux encore aux Hastings ? » Sujet sensible que je vous dis. « Moi personnellement rien, mais je pense que tu changeras d'attitude quand tu sauras que Ben a filé. » Choc interplanétaire. Noa sentit ses mains qui se mettaient à trembler, et elle agrippa son livre un peu plus fort afin de ne rien laisser paraître. « Je te jure que si tu veux encore me faire du mal Heather, je te ferai ... » « Parti j'ai dit Wheeler. Il a pris ses clics et ses clacs sans prévenir, et pouf, gone. » Là, Noa commença réellement à défaillir. Ses jambes la portaient difficilement, et elle sentait ses yeux s'embuer. « Ferme-la Heather ... Tais-toi ... » C'était bien trop tentant. La cheerleader se rapprocha de la petite Noa, devant tout le monde qui les observait, et elle alla lui chuchoter au creux de l'oreille : « Tu t'attendais à quoi Wheeler, hein ? Qu'il t'emmène avec lui sur son cheval blanc ? Pour ça, encore aurait-il fallu que tu sois une princesse. » Cette fois, c'en était trop. Noa soutint le regard méprisant d'Heather, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas craquer devant elle. « En tout cas, le prince charmant n'embarque pas la sorcière sur son destrier non plus. » Puis, la jeune Wheeler partit, tête haute, et dès qu'elle fut hors de la vue de tous, elle se mit à courir, aussi vite que ses pieds purent la porter. Elle connaissait les rues de de White Oak par coeur, et elle arriva bien vite devant la maison des Wheeler. La voiture de Ben manquait, et la mère de ce dernier était en larmes dans les bras de son mari. Heather avait raison. Il était parti. Loin. Sans elle. Elle avait raison, à quoi est-ce qu'elle s'attendait ? A ce qu'ils finissent leurs jours ensemble, comme un beau couple formé au lycée ? La bonne blague. Ils n'avaient fait que sortir plusieurs fois ensemble, en tant qu'amis, à se raconter leurs vies, et ce durant deux longs mois. Elle n'était rien pour lui au milieu de toutes ces filles comme Heather. Sentant une grande douleur provenir de ses entrailles et la submerger entièrement, Noa tomba à genoux, cachée par les bosquets se trouvant juste derrière la maison des Hastings. Elle se mit à pleurer, terriblement, bruyamment, si bien qu'elle posa une main sur sa bouche pour tenter de se calmer.

❝ Que dire du bonheur ? Rien. Ça emmerde le monde. Le bonheur des uns fait le malheur des autres. ❞« Nono, dix dollars sur le beau brun au bar là-bas. » Noa regarda son amie, sourire aux lèvres, un peu éméchée. Elle s'était encore rendue à une soirée, histoire de se savoir encore jeune. De se dire qu'elle pouvait encore contrôler quelque chose dans sa vie, qui filait sous ses yeux. Il était bien loin le temps du lycée. A présent, elle était devenue une belle jeune femme de vingt-trois ans, et elle pouvait avoir tous les garçons qu'elle souhaitait. Enfin, presque tous. Il manquait toujours un au tableau, et probablement le plus important. Il lui arrivait parfois de penser à lui, de se demander ce qu'il avait pu devenir, s'il était encore vivant tout simplement. Elle n'avait eu aucune nouvelle de sa part, et ce depuis six ans. Chassant ces idées de sa tête, elle se remit dans l'ambiance de la soirée, et jeta un coup d'oeil en direction du fameux beau gosse du bar. Il était de dos, mais on pouvait déjà deviner qu'il était tout à fait attirant. Et seul surtout. Noa s'apprêtait donc à accepter le pari de son amie, jusqu'à ce que le bel inconnu ne tourne par inadvertance son regard vers elle. Ce qui eut l'effet d'un électrochoc pour la demoiselle. « Non Jude, pas lui. N'importe qui d'autre, mais pas lui. » Elle ne pouvait pas la laisser aller draguer Ben sous ses yeux. Oui, vous lisez bien. Ben le légendaire était de retour en ville. Noa le reconnaîtrait entre mille, aussi saoule soit-elle. Elle s'avança donc, laissant son amie complètement perplexe, et arriva à la hauteur du jeune homme, qui s'était levé. Ils se tenaient uniquement à quelques pas l'un de l'autre. Au bout de six ans. Noa sentit bien qu'il allait démarrer une conversation, et elle ne lui en laissa pas l'occasion, puisqu'elle le gratifia d'une belle gifle. Avant d'aller récupérer sa veste, et de quitter le night club. Merde, pourquoi est-ce qu'il était de retour ? Alors qu'elle pensait ne pas tomber plus bas, avec son métier qui ne la passionnait pas, avec ses parents qui ne lui adressaient plus la parole, et son énorme complexe d'ado pas résolu, il venait s'ajouter à la longue liste de ce qui n'allait pas sa vie. Elle avait appris à se sevrer de lui, d'apprendre à vivre avec son absence, et maintenant, il revenait en ville. L'imbécile. « Beh Nono, où tu vas ? Le beau brun ... » A ce même moment, Ben arriva en courant à l'entrée du club, et il chercha la brunette des yeux, mais elle était déjà partie. Il l'avait manquée une fois de plus. Peu importe, maintenant qu'il était de retour, ils auraient tout le loisir de se recroiser, de se revoir, de se retrouver.